Logo de la Global Sumud Flotilla (GSF) [Photo: https://globalsumudflotilla.org/press/]

Par Alejandro López

Dimanche, plus de 50 navires transportant de l’aide humanitaire et des militants de 44 pays sont partis de Barcelone, Gênes, de la Sicile, de la Grèce et d’autres ports méditerranéens ; ils seront rejoints le 4 septembre par des navires en provenance de Tunis, sous le nom de Global Sumud Flotilla. Sumud signifie en Arabe «persévérance».

La Flottille est la plus grande mission maritime civile organisée à ce jour contre le blocus terrestre et maritime de Gaza organisé par Israël avec l’aide de l’armée égyptienne au sud. Elle regroupe quatre initiatives : la Coalition de la Flottille de la Liberté, le Mouvement mondial pour Gaza, le Convoi Soumoud du Maghreb et l’Initiative Soumoud de Nusantara en Asie du Sud-Est. Des milliers de médecins, d’avocats, de journalistes et de personnalités du monde culturel se sont inscrits pour rejoindre ou soutenir la flottille, et quelque 30 000 seraient sur liste d’attente.

Parmi les participants figurent l’ancienne maire de Barcelone Ada Colau, Mariana Mortágua du Bloc de gauche portugais, Emma Fourreau, députée de La France Insoumise, et Bruno Gilga du Movimento Revolucionário de Trabalhadores au Brésil. La militante suédoise Greta Thunberg embarquera également à bord de l’un des bateaux. La romancière irlandaise Naoise Dolan lauréate de nombreux prix a annoncé sa participation, aux côtés d’acteurs tels que Susan Sarandon et Gustaf Skarsgård. D’autres personnalités comme Mark Ruffalo, Liam Cunningham, Alessandro Gassman et Zerocalcare, ont publiquement soutenu l’initiative.

La Global Sumud Flotilla marque le plus grand effort maritime civil de solidarité avec Gaza depuis le Mavi Marmara de 2010. Des commandos israéliens avaient alors pris d’assaut le navire humanitaire dans les eaux internationales, tuant neuf personnes – huit citoyens turcs et un Américain d’origine turque – et en blessant grièvement de nombreuses autres.

Annoncé par Thunberg il y a deux semaines, l’objectif déclaré de la flottille est d’ouvrir un couloir pour acheminer l’aide à la population assiégée de Gaza et de sensibiliser le monde à la nécessité de briser le blocus israélien. Israël, soutenu sans réserve par Washington et les puissances européennes, a clairement indiqué qu’il ne permettrait pas l’ouverture imposée d’un tel couloir.

En mai, le navire « The Conscience » fut touché par des frappes de drones au large de Malte, provoquant un incendie et une brèche dans la coque, et blessant quatre personnes. En juin dernier, le Madleen quitta Catane, en Sicile, avec à son bord du matériel médical, du lait maternisé et de la farine, plus Greta Thunberg et la députée européenne de la France insoumise Rima Hassan, avant d’être violemment intercepté par les forces israéliennes dans les eaux internationales, son équipage enlevé et expulsé.

Le mois suivant, en juillet, le Handala a quitté Syracuse, en Italie, puis a été intercepté après avoir quitté Gallipoli. Les passagers ont été battus, leurs téléphones confisqués, interrogés et beaucoup d’entre eux ont été contraints à une grève de la faim pour protester contre leur détention.

En juin dernier, le Convoi Sumud a mobilisé environ 1 000 personnes pour tenter de se rendre à partir de la Tunisie au poste-frontière de Rafah, entre l’Égypte et Israël, jusqu’à ce que le gouvernement libyen, soutenu par l’OTAN, bloque leur passage. Parallèlement, des milliers de personnes ont tenté de rejoindre Rafah à pied depuis la ville voisine d’Arich, sous la bannière de la Marche mondiale vers Gaza. Elles ont été confrontées à une violente répression de la part du gouvernement égyptien ; des centaines d’entre elles ont été arrêtées ou expulsées.

Le World Socialist Web Site défend inconditionnellement le droit démocratique de cette flottille à naviguer et s’oppose à toutes les tentatives de la réprimer, que ce soit par les puissances impérialistes américaines et européennes ou par l’État israélien.

Il faut néanmoins affirmer sans détour que des initiatives comme la Global Sumud Flotilla ne peuvent mettre fin au génocide. Faire appel aux puissances impérialistes ou au régime israélien lui-même est une stratégie totalement banqueroutière. Le soulignent les appels lancés par les organisateurs aux responsables gouvernementaux d’Europe, d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient pour qu’ils se joignent à cette mission, dans l’espoir que leur présence protège les militants de la répression.

Des figures comme Colau, Mortágua, Hassan et Fourreau sont dirigeants de partis comme Podemos et Sumar en Espagne, le Bloc de gauche au Portugal et LFI en France, qui ont rejoint les manifestations pro-Gaza dans le but de faire pression sur les gouvernements capitalistes pour qu’ils posent des limites à Israël. Pourtant, le génocide n’a fait que s’intensifier parce que ces mêmes gouvernements facilitent les crimes d’Israël. Israël agit comme un exécutant de l’impérialisme au Moyen-Orient, et son génocide à Gaza est indissociable de leurs préparatifs en vue d’une guerre plus vaste, notamment contre l’Iran, la Russie et la Chine.

Le gouvernement d’extrême droite israélien, soutenu par Washington et les capitales européennes, mène une campagne génocidaire à Gaza depuis plus de 22 mois. Début mars, Israël a également bouclé Gaza par voie terrestre, interdisant l’entrée de ravitaillement. L’ONU a déclaré la famine dans la ville de Gaza. Plus de 62 000 Palestiniens ont été tués, en majorité des femmes et des enfants, et des centaines meurent désormais de faim. Hôpitaux, écoles et camps de réfugiés sont bombardés. Mercredi dernier, des avions israéliens ont effectué une double frappe contre l’hôpital Nasser de Khan Younis, tuant au moins 20 personnes, dont cinq journalistes.

Le génocide ne sera pas stoppé par des appels moraux ou des protestations visant à faire pression sur les gouvernements impérialistes. La seule force sociale capable de l’arrêter est la classe ouvrière internationale. Les travailleurs, unis par-delà les frontières par un intérêt et une lutte commune, ont le pouvoir de stopper les livraisons d’armes, d’arrêter la production et de briser les moyens financiers et logistiques vitaux de la machine génocidaire.

Le potentiel d’un tel mouvement est immense. Partout en Europe, aux Amériques, en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie, travailleurs et jeunes ont manifesté à maintes reprises leur opposition à la guerre et au génocide, en participant à des manifestations de masse. La semaine dernière, en Italie, des dockers ont bloqué à Gênes des cargaisons d’armes à bord du Bahri Yanbu, un navire saoudien à destination d’Israël. En juin, des dockers du port de Marseille-Fos ont refusé de charger un conteneur de pièces détachées pour mitrailleuses et tubes de canon sur un navire allant en Israël.

Les travailleurs portuaires de Barcelone, le personnel au sol des aéroports belges et le personnel de l’aéroport international d’Athènes ont tous pris des mesures similaires depuis le début du génocide. L’année dernière, les travailleurs de onze grands ports indiens ont déclaré qu’ils ne chargeraient pas d’armes à destination d’Israël, tandis que des dockers grecs ont bloqué une cargaison de 21 tonnes de munitions. Les dockers marocains ont également refusé de charger des porte-conteneurs Maersk transportant des pièces pour les avions de chasse F-35 utilisés par Israël pour son génocide à Gaza.

Les travailleurs et les jeunes de tous les pays doivent reprendre cette lutte, en formulant des revendications précises: arrêt immédiat de toutes les livraisons d’armes et de l’aide militaire à Israël; boycott des échanges commerciaux et de l’activité économique avec Israël pour couper les moyens financiers essentiels du génocide; inculpation et poursuite des sociétés qui fournissent à Israël les moyens de commettre ses meurtres de masse; et arrestation et poursuite pour crimes de guerre des dirigeants israéliens et de leurs complices.

(Article paru en anglais le 30 août 2025)

Source : WSWS
https://www.wsws.org/fr/…

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