Des Palestiniens évacuent après que l’armée israélienne ait émis un avis d’évacuation pour plusieurs écoles et un hôpital dans le quartier de Rimal à Gaza, mercredi 14 mai 2025. [AP Photo/Jehad Alshrafi]

Par Andre Damon

Tandis que le président américain Donald Trump poursuivait sa tournée au Moyen-Orient, Israël a intensifié ses massacres à Gaza, bombardant deux hôpitaux et tuant au moins 80 personnes en une seule journée.

Mardi, le premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou a promis d’achever l’occupation militaire de Gaza, affirmant que « dans les prochains jours, nous entrerons […] avec toute la force nécessaire pour achever l’opération ».

Il a ajouté : « Il n’y aura pas de situation où nous arrêterons la guerre. » Nétanyahou a réitéré son plan de nettoyage ethnique de Gaza, déclarant que son gouvernement avait « mis en place un organe de direction qui permettra aux [civils] de quitter » Gaza.

Bien que de nombreux médias aient fait état d’une « rupture » entre Nétanyahou et Trump, qui ne s’arrêtera pas en Israël dans le cadre de son voyage, Trump a clairement indiqué que ses efforts visant à améliorer les relations avec l’Arabie saoudite et les monarchies du Golfe étaient dans l’intérêt d’Israël.

« C’est une bonne chose pour Israël d’avoir une relation comme celle que j’ai avec ces pays, les pays du Moyen-Orient, essentiellement tous », a déclaré Trump.

Dans une déclaration publiée mercredi, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche, James Hewitt, a déclaré à Politico qu’« Israël n’a jamais eu de meilleur ami dans son histoire que le président Trump ».

Mardi, Israël a assassiné le journaliste palestinien Hassan Aslih lors d’une frappe aérienne sur l’hôpital Nasser à Khan Younis. La frappe a tué deux patients et en a blessé d’autres. Dans une autre attaque, les forces israéliennes ont lancé neuf missiles sur la cour de l’Hôpital européen dans le sud de Gaza, tuant 28 personnes et en blessant 60 autres.

Aslih est l’un des 160 journalistes tués par les attaques israéliennes à Gaza depuis le début de la guerre.

En septembre, une commission d’enquête de l’ONU a conclu qu’Israël avait attaqué les hôpitaux à plusieurs reprises dans le cadre d’une « politique concertée visant à détruire le système de santé de Gaza ».

Les massacres se sont poursuivis mercredi, 80 personnes ayant été tuées depuis l’aube. L’Hôpital indonésien du nord de Gaza a indiqué avoir reçu 50 corps dans la nuit, dont 22 enfants et 15 femmes, à la suite des bombardements israéliens sur Jabalia.

Mohammad Awad, médecin urgentiste à l’Hôpital indonésien, a déclaré à l’agence de presse AFP : « Les corps des martyrs gisent sur le sol dans les couloirs de l’hôpital. »

Il a ajouté : « Il n’y a pas assez de lits, pas de médicaments et pas de moyens pour les traitements chirurgicaux ou médicaux, ce qui empêche les médecins de sauver de nombreux blessés qui meurent faute de soins. »

« Ces attaques ne visent pas seulement les infrastructures physiques ou les établissements de santé », a déclaré l’Observatoire euro-méditerranéen des droits de l’homme en réaction aux massacres dans les hôpitaux. « Elles semblent plutôt conçues pour provoquer une mort lente, poussant Gaza vers un effondrement total en privant les civils des moyens de survie les plus élémentaires et en leur ôtant toute chance de vivre. Cela fait partie d’une stratégie délibérée visant à déraciner l’existence palestinienne à Gaza de ses fondations. »

Lors d’une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies mercredi, Tom Fletcher, le responsable des affaires humanitaires de l’ONU, a déclaré qu’Israël « impose délibérément et de manière éhontée des conditions inhumaines aux civils dans le territoire palestinien occupé ».

Il a ajouté : « Je peux vous dire, pour avoir visité ce qui reste du système médical de Gaza, que la mort à cette échelle a un son et une odeur qui ne vous quittent pas. »

Il a accusé Israël de « faire passer son objectif de dépeupler Gaza avant la vie des civils » et de « faire de la famine une monnaie d’échange ».

Israël a également lancé de nouvelles mesures de déplacement de masse mardi, en donnant un « dernier avertissement » aux habitants de Jabalia et des zones voisines. Le lendemain, il a annoncé de nouvelles expulsions de masse de la ville de Gaza.

Les récents ordres d’expulsion d’Israël ont déplacé 20 % supplémentaires de la population de Gaza, 70 % de la bande de Gaza faisant l’objet d’ordres d’« évacuation » forcée.

Ni nourriture, ni eau, ni électricité n’ont pénétré dans la bande de Gaza depuis qu’Israël a unilatéralement abrogé le cessez-le-feu le 2 mars. En conséquence, toutes les boulangeries de l’ONU à Gaza ont été fermées, et plus de 60 % des 180 cuisines communautaires de Gaza ont été fermées.

Lundi, le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), reconnu par les Nations unies, a averti que l’ensemble de la population de Gaza était exposée à un « risque critique de famine ». La population entière est confrontée à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë et un demi-million de personnes – une sur cinq – souffrent de famine.

Mercredi, Reuters a rapporté que l’organisation soutenue par les États-Unis qui prévoit de prendre en charge la distribution de toute la nourriture à Gaza commencera ses opérations ce mois-ci.

Reuters a indiqué que la « Fondation humanitaire pour Gaza » commencerait à distribuer de la nourriture à partir de sites de distribution sécurisés, patrouillés par des entreprises de sécurité américaines, sous le contrôle de l’armée israélienne.

Ce plan correspond à une proposition annoncée par le gouvernement Nétanyahou au début du mois d’occuper militairement l’ensemble de la bande de Gaza, en fournissant des rations insuffisantes à la population en préparation de l’expulsion de la population de la bande de Gaza.

Dans une interview accordée à la BBC, Olga Cherevko, porte-parole des Nations unies pour les questions humanitaires, a condamné ce plan, affirmant qu’Israël cherchait à utiliser « la nourriture et le carburant comme moyen de pression, dans le cadre d’une stratégie militaire ». Elle a ajouté que « toute l’aide serait acheminée par une poignée de centres militarisés ». L’organisation caritative Oxfam a quant à elle condamné la proposition, la qualifiant de « farce » et déclarant : « Aucune solution logistique ne permettra de répondre à la stratégie israélienne de déplacement forcé et d’utilisation de la famine comme arme de guerre. »

Dans une déclaration séparée, Médecins sans frontières (MSF) a déclaré que le plan faisait partie de « la mise en place de conditions visant à l’éradication des communautés palestiniennes à Gaza ». L’organisation a qualifié ce plan d’« instrument supplémentaire dans la campagne de nettoyage ethnique qui vise actuellement les Palestiniennes et les Palestiniens » à Gaza.

« MSF rejette catégoriquement tout plan qui entrave davantage l’accès à l’assistance humanitaire et qui l’assujettit aux objectifs de l’occupation militaire israélienne. » La déclaration indique que l’organisation a signalé une augmentation de 32 % du nombre de cas de malnutrition à Gaza au cours des deux dernières semaines.

Elle ajoute : « Leur survie [celle des Palestiniens] dépend désormais entièrement des autorités israéliennes, qui privent les communautés de tout accès à la nourriture, à l’eau, aux soins médicaux et à des abris. Israël poursuit sa campagne de nettoyage ethnique en détruisant délibérément les conditions nécessaires à la vie. »

Dans une déclaration séparée, Gisha, une ONG israélienne, a condamné la création de la fondation soutenue par les États-Unis, déclarant qu’elle « est conçue pour provoquer le déplacement forcé de la population, tout en l’exposant au danger ». Elle a ajouté que « ce plan est la prochaine étape d’une série de mesures visant à consolider le contrôle de la bande de Gaza et à étrangler la population et tous ceux qui tentent de lui apporter de l’aide ».

Amjad Shawa, directeur du réseau des ONG palestiniennes, a ajouté dans une interview accordée à Al Jazeera : « Ce plan militaire de distribution de l’aide vise à déplacer de force les Palestiniens du nord de Gaza vers Rafah et à établir les soi-disant bulles humanitaires. » Il a ajouté : « Il s’agit d’une sorte de militarisation de l’aide visant à remplacer la structure humanitaire qui a fonctionné à plein régime pendant un an et demi. » Il a conclu que cela faisait partie d’un « plan israélien visant à détruire davantage et à pousser les habitants de Gaza à quitter Gaza ».

(Article paru en anglais le 15 mai 2025)

Source : WSWS
https://www.wsws.org/fr/…

Laisser un commentaire