JPR à Yanoun en 2003 devant la maison des internationaux
Par RM pour l’Agence Média Palestine
Les derniers habitants palestiniens ont quitté le hameau de Yanoun en Cisjordanie ce weekend. C’est la 45ème communauté palestinienne déplacée de force depuis octobre 2023. La violence des colons et de l’armée israélienne se déchaîne depuis plus de deux ans sur les territoires palestiniens occupés.
Les quatre dernières familles sont parties ce dimanche. Après plus de vingt ans de violences, de harcèlement et d’humiliation subies par ses habitant·es, le hameau de Yanoun, dans le district de Naplouse, est désormais totalement vidé de sa population.
Attaques de colons, vols de récoltes agricoles et atteinte aux pratiques cultuelles (l’accès à la mosquée était régulièrement empêché) des habitant·es du village ont eu raison de leur formidable résilience. D’après l’ONG israélienne B’Tselem, “cette expulsion fait suite à des menaces explicites des colons et à un ultimatum ordonnant aux familles de quitter définitivement la région.”
Une communauté ciblée depuis des dizaines d’années
Ce n’est pas la première fois que la localité de Yanoun voit ses habitant·es fuir sous la pression et le harcèlement des colons israéliens. La ferme “Giv’at Olam” d’Avi Ran surplombe le village. Cet israélien de la colonie Itamar est un des créateurs du mouvement Noar HaGiv’ot (Les jeunes des collines), explique l’historien Gadi Algazi sur le réseau social Facebook. Avec d’autres colons, ils ont pris le contrôle de plus de 85% des terres du village, à force d’attaques répétées contre la population locale.
Avant cette nouvelle vague de départs forcés, le village avait déjà été déserté une première fois en octobre 2002, après une vague d’attaques intenses des colons. Grâce à l’aide du mouvement Taayoush, un réseau d’organisations palestiniennes et israéliennes, des tours de garde avaient alors été organisés. Cette action spontanée avait permis aux habitant·e palestinien·nes du village de revenir s’y installer.
Depuis, les colonies autour du village se sont multipliées, et la pression à l’encontre des habitant·es s’est accentuée. S’ils ont tenu bon pendant plus de vingt ans, l’avancée inexorable du processus de nettoyage ethnique facilité par les violences des colons dans de nombreuses communautés palestiniennes en Cisjordanie se poursuit avec ce nouveau déplacement forcé des habitant·es de Yanoun. C’est la 45ème communauté forcée à quitter ses terres depuis le mois d’octobre 2023.
Turmus Ayya attaquée par des colons ce weekend
Les attaques de colons ont lieu partout en Cisjordanie. Ce weekend encore, la municipalité de Turmus Ayya, située à 22km au nord-est de Ramallah, a été la cible d’attaques. D’après l’agence de presse palestinienne Wafa, ils ont “attaqué les biens des habitants·e, en arrachant et en volant les portes principales de plusieurs maisons en construction, causant d’importants dégâts matériels.”
Si l’incursion a eu lieu ce dimanche, elle fait en réalité suite à une première attaque qui s’est déroulée vendredi dernier. Les colons avaient alors détruit des terres appartenant aux habitant·es de la ville, pour élargir une colonie nouvellement établie à l’ouest de Turmus Ayya.
Une fois encore, ces violences coloniales s’inscrivent dans une stratégie de harcèlement systématique pour arriver à l’expropriation des habitant·es palestinien·nes. Pour Wafa, “ces pratiques ont des conséquences directes sur la sécurité, la dignité et la vie quotidienne des populations locales : elles perturbent les activités agricoles, freinent le développement immobilier et créent un climat de peur permanent”. Même chose hier à Khirbet Al-Sidra au nord-est de Jérusalem occupée, où une attaque de colons s’est déroulée. D’après un communiqué de presse publié par le gouvernorat de Jérusalem, une quinzaine de colons ont attaqué les habitants de la ville et volé des projecteurs solaires. La nuit précédente, des colons avaient jeté des pierres sur les habitations.
La communauté bédouine de Khirbet Al-Sidra, près de la ville de Mikhmas, est entourée par six avant-postes de colons israéliens et subit tout comme à Turmus Ayya des attaques régulières des colons israéliens pour pousser les habitants à abandonner leurs terres. D’après la Commission de résistance du mur et des colonies, 621 attaques ont été perpétrées en novembre par des colons israéliens contre des Palestinien·nes en Cisjordanie.
Une série de raids israéliens ce dimanche
En parallèle des attaques menées par des colons en Cisjordanie, l’armée israélienne a procédé à de nombreuses incursions dans différentes localités des territoires palestiniens occupés.
Ce dimanche 28 décembre au matin, une “descente militaire” a eu lieu à Jaba, au sud de Jénine. Des perquisitions ont eu lieu dans plusieurs maisons, et des habitant·es ont rapporté le vol d’argent et de bijoux en or. Aucune interpellation n’a été effectuée.
Près de Ramallah, dans la ville de Silwa, trois habitant·es ont été arrêtés par l’armée israélienne, après que leurs domiciles ont été perquisitionnés. A proximité, dans le village de Kafr Al Malik, deux hommes ont été embarqués après la fouille de leurs domiciles par des soldats israéliens.
Ces interventions forment le quotidien de la vie des Palestinien·nes en Cisjordanie, qui dénoncent d’après Wafa “des pertes financières et matérielles ainsi que des dommages à leurs domiciles”. L’armée se retire de Qabatiya
Une attaque a été particulièrement importante en cette fin de semaine dans les territoires palestiniens occupés. C’est celle de Qabatiya, qui s’est achevée hier avec le retrait des troupes israéliennes de la ville. L’incursion a duré deux jours.
Les forces d’occupation avaient envahi la ville vendredi soir “avec plusieurs véhicules et une pelle mécanique”, détaille Wafa. Des snipers s’étaient alors positionnés sur les toits, appuyés par des troupes au sol. Bilan de l’attaque, “environ cinquante maisons ont été perquisitionnées, dont six transformées en postes militaires”.
Des habitant·es ont témoigné d’agressions et d’actes de vandalisme dans leurs maisons pendant le raid, alors qu’une cinquantaine de personnes ont été détenues pendant l’opération. Un couvre-feu total a été mis en place, paralysant l’économie locale.
D’après les premières estimations de la municipalité, les pertes sont évaluées à plusieurs centaines de milliers de shekels, après une incursion militaire israélienne qui laisse un nouveau traumatisme aux Palestinien·nes sous le joug constant de l’occupation.
Source : Agence Média Palestine
https://agencemediapalestine.fr/…
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