Par Régis de Castelnau
Cracher sur ceux qui se sont dévoués pour lui, un président ne devrait pas faire ça.
Comme beaucoup de mes amis, probablement par dérision, j’ai reçu le PDF du livre de Nicolas Sarkozy. Je ne sais même pas quel est le petit malin qui s’est chargé de cet envoi ! Et il ne m’est évidemment pas venu à l’idée d’ouvrir le fichier. Il y a quand même des limites.
J’ai dit une fois de plus ce que je pensais de la décision d’incarcération de Nicolas Sarkozy décidée par le tribunal correctionnel de Paris. Infondée factuellement, infondée juridiquement, ce n’était qu’un épisode de la vendetta judiciaire que la magistrature inflige à l’ancien président depuis près de 20 ans. La volonté d’humilier en était la première raison. La deuxième, de s’inventer une image de capacité à punir les puissants, en forme de diversion pour la complaisance judiciaire dont bénéficie le système Macron. Après l’avoir fait élire, en prêtant la main au coup d’État finalisé au printemps 2017, elle lui assure une immunité judiciaire confortable. Pour des raisons juridiques incontournables, les magistrats savaient très bien, qu’à partir du moment où Nicolas Sarkozy aurait fait appel, la Cour le mettrait en liberté quelques jours plus tard en attendant l’audience. On notera d’ailleurs que celle-ci a été fixée étonnamment rapidement… Ce qui n’est pas nécessairement de bon augure pour lui.
Avec le carnaval de son arrivée à la Santé, Il nous a pourtant donné une nouvelle démonstration qu’il n’a toujours pas compris les ressorts politiques et personnels de l’acharnement judiciaire dont il est l’objet. Ou bien qu’il refuse de mener le combat sur ce terrain. La mise en scène de son entrée en prison et de son incarcération, le suivi heure par heure de sa détention par la presse amie, la description de ses menus, la scénographie de la sortie, du déjeuner dans un restaurant de luxe etc., ont été perçu par le corps judiciaire comme autant de provocations. Et ont bien sûr exaspéré cette partie de l’opinion publique qui le déteste depuis longtemps et avait acclamé la décision d’incarcération sans se soucier de sa validité juridique.
Et puis il y a eu le bouquin ! Un « Journal d’un prisonnier » pour trois semaines à l’ombre, difficile de faire plus ridicule. On sait depuis longtemps que celui-ci n’est pas létal même si cette nouvelle provocation n’est pas précisément ce qui incitera à l’indulgence, les magistrats de la cour qui interviendront dans quelques semaines.
Il ne m’est donc pas venu à l’idée d’ouvrir le PDF, et je ne l’ai toujours pas fait. En revanche m’est tombé sous les yeux un extrait sidérant de ce livre. Celui où l’ancien président a jugé bon de piétiner « son ami » Thierry Herzog, celui-là même qui durant toutes ces années d’acharnement judiciaire ne lui a jamais manqué. Mettant à son service ses capacités professionnelles, son savoir, son intelligence, sa puissance de travail et un dévouement sans faille. Jusqu’à être pris en otage et sacrifié, par une justice pour laquelle abattre Sarkozy, justifiait tous les écarts avec le simple respect de la loi et des principes.
Source : Vu du Droit
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