Interview donné au journal en ligne Sawt Achaab (La Voix des Travailleurs), organe du Parti des Travailleurs de Tunisie.
L’interview réalisée par Moncef Khaldi a été traduite en arabe.

Un entretien avec un militant infatigable connu pour son engagement inébranlable au côté du peuple palestinien et de ses droits inaliénables, notre camarade Pierre STAMBUL, professeur à la retraite, militant politique et syndical, juif français antisioniste. Il est un des porte-paroles de l’UJFP (Union Juive Française pour la Paix), association juive antisioniste fondée en 1994.

Avec lui nous parlerons de la question juive, du génocide et des pogroms anti-juifs en Europe, du sionisme, de la cause palestinienne du projet sioniste au génocide actuel, de la position des États, du soutien et de la solidarité des peuples épris de liberté et de justice avec cette juste cause en France et à travers le monde.

Depuis des décennies, Pierre STAMBUL sillonne la France et l’Europe pour faire des conférences et des débats en plaidant cette cause universelle, celle des Palestiniens. Il a effectué plusieurs séjours en Palestine dont deux à Gaza, au Liban et en Égypte. L’UJFP anime des projets avec la société civile de Gaza. Le 7 octobre 2023, il était en route pour Gaza, mais a été bloqué au Caire. 

Il est aussi l’auteur d’ouvrages et articles sur les questions que nous aborderons dans cet entretien1.

Peux-tu nous parler de ton parcours de militant politique et syndical anticolonialiste et de ton passage du refus d’être complice à l’engagement antisioniste ?

Je suis un peu un enfant de mai 68. Je n’ai jamais appartenu à un groupe politique, je suis de sensibilité communiste libertaire. Originaire d’Europe de l’Est et parlant russe, le léninisme ne pouvait pas être un modèle pour moi. J’ai milité dans des comités d’action, au MLAC (Mouvement pour la Libération de l’Avortement et de la Contraception), dans des comités pour faire sortir de prison les victimes du fascisme en Amérique du Sud. Mon militantisme principal a été dans une tendance syndicale révolutionnaire enseignante. D’abord l’École Émancipée, puis Émancipation. Sur la question palestinienne, mon cheminement a été long et poussif. À 16 ans, j’étais sioniste et j’ai travaillé en kibboutz. Du coup, je connais les mensonges de l’intérieur. J’ai très vite été très hostile à l’occupation des territoires conquis en 1967 et au fait qu’Israël était du mauvais côté dans les conflits mondiaux (Vietnam, Afrique du Sud …). Mais il me faudra des années pour comprendre l’illégitimité de cet État et le fait que la création d’Israël a permis à tous les antisémites de faire payer leurs crimes aux Palestiniens. Ce sont mes voyages en Palestine, notamment à Hébron et Gaza, qui me feront comprendre l’horreur de l’apartheid et du sociocide en cours.

À partir des écrits de Karl Marx, de Jean-Paul Sartre, de Maxime Rodinson, d’Edgar Morin et des « nouveaux historiens » Ilan Pappé et Shlomo Sand, quelle est ton analyse de la question juive, de l’histoire du racisme anti-juif et du sionisme ?

L’UJFP était au départ juste « non sioniste » avec comme mot d’ordre : « pas de crimes en notre nom ». Pour moi, d’entrée, la question fondamentale était l’idéologie sioniste et, depuis 15 ans, l’UJFP est antisioniste. Le sionisme est un crime contre le peuple palestinien et c’est aussi une injure à notre histoire, notre mémoire, nos identités. C’est une idéologie suicidaire qui a abouti au fascisme le plus dément.

Le sionisme est la pire réponse à l’antisémitisme. Les fondateurs du sionisme considéraient que l’antisémitisme était inéluctable et que la solution était de séparer les Juifs du reste de l’humanité. Cette théorie de la séparation a affirmé, il y a 130 ans, que Juifs et non-Juifs ne pouvaient pas vivre ensemble, ni dans le pays d’origine, ni dans l’État juif qu’ils allaient construire. On ne comprend pas l’horreur du génocide en cours à Gaza si on ne comprend pas cette idée de séparation. Penser que la solution à une oppression et une discrimination est la création d’un État ethniquement pur est une théorie meurtrière.

Quand le sionisme apparaît dans la bourgeoisie juive viennoise, il est très minoritaire. Les Juifs occidentaux demandent l’égalité des droits. Les religieux attendent le Messie et, tant qu’il n’est pas arrivé, il est interdit d’aller en Terre Sainte. De nombreux Juifs, pour combattre les pogromistes, ont abandonné la religion et on retrouvera des Juifs dans tous les mouvements progressistes et révolutionnaires. Il y aura même un parti révolutionnaire juif athée, le Bund, qui prônait « l’autonomie culturelle », c’est-à-dire l’égalité des droits sans territoire. Le Bund sera majoritaire chez les Juifs de Pologne et de Lituanie jusqu’à 1939. Nous nous considérons, à l’UJFP, comme les héritiers d’une période où la majorité des Juifs considéraient que leur émancipation, comme minorité opprimée, passait par celle de l’humanité.

Le sionisme est un colonialisme. Theodor Herzl disait que les sionistes allaient construire une barrière de la civilisation contre la barbarie de l’Asie. Ce colonialisme ne vise pas à exploiter le peuple indigène, à « faire suer le burnous » comme disaient les colons français. C’est un colonialisme de remplacement qui nie l’existence, les droits et la dignité du peuple autochtone et cherche à l’expulser, l’enfermer ou le tuer. Le modèle des sionistes, c’est ce que les Européens ont fait avec les indigènes en Amérique ou en Australie.

Le sionisme a imité tous les nationalismes européens de la fin du XIXème. Ces nationalismes rêvaient d’États ethniquement purs et étaient antisémites. Mais le nationalisme sioniste a inventé le peuple, la langue et la terre. Il n’y a pas de « peuple juif », c’est une notion religieuse. Dire qu’un Juif yéménite et un Juif lituanien appartiennent au même peuple, c’est une construction idéologique. Les Juifs laïques comme les Juifs religieux se sentaient juifs là où ils vivaient, ils n’avaient aucune aspiration à partir en Palestine. Le judaïsme n’a pas été « territorialiste » pendant 2000 ans. Il y avait des langues juives : le judéo-espagnol (ou ladino), le judéo-arabe, le yiddish …. Mais l’hébreu était interdit comme langue profane, c’était la langue de la synagogue.

Le sionisme a inventé un roman national meurtrier. Les fondateurs du sionisme étaient athées ou agnostiques. Ils ont utilisé une Bible à laquelle ils ne croyaient pas comme un livre de conquête coloniale, comme un cadastre. On sait aujourd’hui que les Hébreux étaient un peuple autochtone. Il n’y a pas eu de « conquête de Canaan » et probablement pas de « royaume unifié de David et Salomon ». Les Juifs d’aujourd’hui sont pour la plupart des descendants de convertis de différentes époques et de différentes régions. Et les descendants des Judéens de l’Antiquité sont essentiellement les Palestiniens. La théorie de « l’exil et du retour » a été inventée pour « justifier » une conquête coloniale.

La colonisation de la Palestine et de la région Machrek/Maghreb était-elle un projet impérialiste-capitaliste de fragmentation-domination du monde arabe avant d’être un projet sioniste2 ?

 Les deux projets se sont ajoutés et rencontrés car ils avaient des intérêts communs. L’Europe est massivement antisémite vers 1900. Et le colonialisme est rarement critiqué, même à gauche. Louise Michel a été une exception. Pendant sa déportation, elle a rencontré et compris les Kanaks. Mais pour la plupart des socialistes, le colonialisme, c’est (comme l’a écrit Léon Blum en 1925) « des peuples ayant accédé à la science et à l’industrie qui apportent la civilisation à des peuples  mineurs ». La Société des Nations (SDN) qualifie les peuples du Proche-Orient de « mineurs » quand elle donne le mandat à la France et à l’Empire Britannique sur cette région.

Le sionisme n’a jamais combattu l’antisémitisme qu’il considérait inéluctable. Il s’est appuyé sur lui. Herzl est allé voir tous les dirigeants antisémites de son époque en leur expliquant qu’eux et les sionistes avaient les mêmes intérêts : que les Juifs quittent l’Europe.

Parmi ces antisémites il y a les Chrétiens évangélistes. Au XVIIème siècle est née dans le monde anglo-saxon une idéologie religieuse. Les Juifs doivent « retourner en Terre Sainte », chasser le « Mal », Armaggeddon, c’est-à-dire les Arabes, puis se convertir à la « vraie foi », sinon ils seront exterminés. Ces antisémites étaient nombreux parmi les colons partis en Amérique.

Arthur Balfour était l’un des leurs. Premier Ministre en 1905, il avait édicté des lois contre les Juifs polonais venus semer la Révolution à Londres. Et en 1917, il envoie aux sionistes la « déclaration Balfour » leur donnant la Palestine qui n’est pas encore conquise. Il n’y a pas de contradiction entre le Balfour antisémite et le Balfour sioniste. Si on reprend ce qu’a écrit Hannah Arendt, les Juifs étaient considérés par les antisémites comme des « parias asiatiques inassimilables ». En partant en Palestine, ils devenaient des colons européens pour les services de « Sa gracieuse majesté ».

Les sionistes ont permis à l’impérialisme d’avoir une colonie de peuplement. Mais il ne faut jamais oublier que le projet sioniste a été capable de s’émanciper de ses protecteurs : les sionistes ont déclaré la guerre à l’Empire britannique en 1939 et ils ont repris cette guerre entre 1945 et 1948. Et en 1967, pendant la guerre dite « des six jours », ils ont délibérément coulé un destroyer américain, le Liberty. Ils ont ainsi obtenu une aide politique et militaire illimitée des États-Unis.

Le sionisme est un mouvement ou une idéologie militariste, raciste, suprémaciste, colonialiste et pro-impérialiste. Comment a-t-il pu contribuer à une gigantesque manipulation de l’histoire, de la mémoire et des identités juives diverses ?

Dès 1880, l’émigration des Juifs de l’Europe de l’Est commence, essentiellement vers les États-Unis. Face à l’antisémitisme, les Juifs cherchent un refuge, un havre de paix et ce n’est pas la Palestine. Au moment de la déclaration Balfour, moins de 10 % de la population de la Palestine est juive. Dès 1920, les États-Unis ferment leur frontière. Entre les deux guerres, il n’y a quasiment qu’une seule possibilité pour ceux qui fuient : la Palestine mandataire.

En 1944, alors que l’extermination des Juifs est à son apogée en Europe, il y a des élections parmi les Juifs de la Palestine mandataire. 45 % votent contre la liste sioniste et pour un État binational. 4 ans avant la Nakba presque un futur Israélien sur deux n’était pas pour expulser les Palestiniens. Mais les sionistes avaient prémédité cette expulsion depuis 50 ans.

En 1945, des centaines de milliers de survivants du Yiddishland et des camps d’extermination se retrouvent dans des camps de transit en Bavière, en Autriche, en Tchécoslovaquie. Ils demandent des visas pour l’Europe de l’Ouest ou les États-Unis. On leur refuse, on leur dit : « vous avez un pays, vous partez quand vous voulez ». Les Palestiniens ont payé pour l’antijudaïsme chrétien, l’antisémitisme racial et le génocide nazi alors qu’ils n’avaient pas la moindre responsabilité pour ces crimes européens.

Le sionisme a fonctionné de tous temps avec le déni, le fait accompli et l’impunité. Le déni, c’est Ben Gourion déclarant : « nous n’avons expulsé personne, les Arabes sont partis d’eux-mêmes ».Le fait accompli, c’est le fait de détruire des centaines de villages palestiniens en 1948-49 alors que l’ONU avait voté la résolution 194 exigeant le retour des réfugiés palestiniens chez eux. L’impunité, c’est l’admission d’Israël à l’ONU alors que ce pays violait délibérément le droit international.

Pourquoi une grande masse de Juifs a adhéré à ce projet criminel ? Il y a eu tous ceux qui cherchaient un havre de paix et qui n’avaient pas d’autre destination possible. Il y a eu l’organisation de l’émigration des Juifs du monde arabe. Citons l’exemple de l’Irak. On sait que ce sont les services secrets israéliens qui ont fait sauter la grande synagogue de Bagdad en 1950, provoquant l’exode de 130 000 Juifs irakiens. Au Yémen, une légende juive disait que le Messie viendrait les chercher sur ses ailes. Les sionistes sont venus les emmener en avion et ils ont vidé une communauté vieille de plus de 2 000 ans. Il faut dire aussi que la plupart des régimes arabes n’ont rien fait pour retenir les Juifs.

En Israël, l’éducation a pour but de façonner un « homme nouveau ». Au jardin d’enfants, les petits fabriquent des tanks avec du papier toilette et des buvards. Dès l’école primaire, ils écrivent aux soldats. Et au collège, on leur explique que tout le monde veut tuer les Juifs et que, s’ils ne se défendent pas, ils vont être « jetés à la mer ». Résultat : une société juive israélienne raciste, même en son sein, militariste et fanatisé. 90 % des Juifs israéliens sont sionistes et pensent que les Palestiniens sont des envahisseurs.

De la naissance du projet sioniste au génocide actuel en Palestine, parle-nous de la colonisation de peuplement et de la résistance palestinienne contre l’occupation sioniste et quelles sont les perspectives d’autodétermination et de libération nationale du peuple palestinien après un siècle de sacrifices, de souffrances, de résistance à l’oppression et de lutte contre une injustice sans nom ?

 Il faut savoir que les institutions sionistes qui ont expulsé le peuple palestinien de son propre pays sont antérieures de plusieurs dizaines d’années à la création officielle d’Israël. La Banque coloniale juive est créée en 1898. Elle achète des terres à des féodaux absents pour expulser les paysans présents. Le Fonds National Juif est créé en 1901. Il a pour but de « judaïser la terre » et plante des arbres là où il y avait un village palestinien.

Il était impossible de coloniser la Palestine avec un colonialisme individuel. Il fallait un colonialisme collectif. Dès 1920, l’aile social-démocrate dirigée par David Ben Gourion devient majoritaire dans le mouvement sioniste. Elle fonde la Histadrout (syndicat général des travailleurs juifs) dont le premier article des statuts est la « défense du travail juif ». Ce syndicat est réservé aux seuls Juifs et sa première action est un boycott des magasins arabes. C’est la Histadrout qui a fondé la compagnie Mekorot des eaux (qui vole aujourd’hui l’eau en Cisjordanie), la compagnie Zim de navigation, la compagnie Solel Boneh des travaux publics (qui construira les colonies), les grandes banques, les caisses de retraite et d’assurance maladie, les kibboutz (interdits aux Arabes), l’Agence Juive (qui installe les nouveaux occupants) et la Haganah, ancêtre de l’armée génocidaire d’aujourd’hui. Des décennies avant la Nakba il y avait déjà dans les faits un État juif avec la protection du colonisateur britannique.

Le peuple palestinien avait des traditions d’accueil. Des Arméniens, des Tcherkesses, des Soudanais étaient arrivés en Palestine et étaient devenus palestiniens. Il y avait même une communauté juive autochtone qui vivait sans problème avec ses voisins musulmans ou chrétiens. Les Palestiniens ont vite compris que l’immigration sioniste était différente, qu’elle n’avait aucune intention de s’intégrer et qu’elle programmait leur expulsion. Il y aura des révoltes en 1920 puis 1929.

La révolte et la grève générale de 1936 embrasent tout le pays. Elle sera réprimée avec férocité à la fois par l’armée britannique et les milices sionistes (Haganah et Irgoun). Il y aura des milliers de morts, les principaux dirigeants palestiniens sont exilés et les sionistes « cartographient » tout le pays en sachant précisément qui est capable de leur résister.

En 1945, les sionistes bénéficient d’un rapport de force favorable sur les plans militaire et politique. L’extrême droite sioniste commet de nombreux assassinats contre la population civile. Le Haut Comité Arabe propose à l’ONU la création d’un État binational qui est vite balayé avec le vote du plan de partition. Une fois de plus, la Palestine n’a pas droit à la parole.

Il n’y a plus aucun débat historique sur la Nakba. Les Palestiniens ont décrit un nettoyage ethnique prémédité. Ils avaient le choix entre l’exil ou la mort. 800 000 Palestiniens sont partis en exil, leurs descendants sont aujourd’hui 10 millions. Le plan Dalet (la lettre D en hébreu) prévoyait l’expulsion de tout le monde. Ceux qui ont pu rester sont des miraculés. Ces Palestiniens de 48 représentent aujourd’hui 22% des citoyens israéliens. Ils vont vivre dès le début un apartheid institutionnel, l’essentiel du territoire et des métiers leur étant interdit.

Dès l’armistice de 1949, alors que l’ONU demande le retour des réfugiés palestiniens, Israël détruit des centaines de villes et villages palestiniens et change les noms des villes, rivières et montagnes. Il s’agit « d’effacer » la trace du peuple autochtone. D’ailleurs en Israël, le mot « Palestine » n’existe pas. Les 22% de la Palestine historique qui échappent aux sionistes sont annexés par la Jordanie ou occupés par l’Égypte. La Palestine a disparu et les Israéliens sont persuadés qu’elle va se fondre dans le monde arabe.

La défaite arabe de 1967 va tout changer. Désormais, la moitié de la population entre Mer et Jourdain est palestinienne. La Palestine est occupée et fragmentée. L’OLP est créée. Elle va essayer la lutte armée. Sans succès. Elle sera chassée de Jordanie et du Liban.

Elle va essayer la diplomatie. Les accords d’Oslo ont été une gigantesque supercherie. On a bien discuté des questions clés de la Palestine : les colonies, les prisonniers, Jérusalem, l’État palestinien, les réfugiés. Et la seule chose qui ait été signée a été la coopération sécuritaire qui est l’obligation pour l’occupé d’assurer la sécurité de l’occupant. Entre la signature des accords d’Oslo et l’assassinat de Rabin, celui-ci a installé 60 000 nouveaux colons. Depuis 30 ans, le pseudo « processus de paix » a servi au développement du rouleau compresseur colonial. Il y a aujourd’hui 900 000 colons, 12% de la population juive israélienne. Oslo a abouti à la division palestinienne.

Les Palestiniens ont essayé la non-violence. En 2018-2019, les Marches du Retour ont eu lieu à Gaza avec pour toute arme des cerf-volants. Bilan 350 morts et 10 000 « jambisés » sans aucune réaction de la prétendue « communauté internationale ».

Malgré des souffrances infinies, les Palestiniens sont toujours là et ils sont aussi nombreux que leurs occupants. Fragmentés, expulsés, enfermés, tués, ils vivent, donc ils résistent. Leur exigence est toujours la même. Que le droit international leur soit appliqué : liberté, égalité, justice.

Dans un de tes écrits, tu dis que le sionisme n’est pas seulement criminel pour les Palestiniens mais qu’il est aussi suicidaire pour les juifs. Contribue-t-il à la montée d’un sentiment anti-juif à travers le monde ? 

Les sionistes ont toujours utilisé l’antisémitisme pour pousser les Juifs à émigrer. L’antisémitisme n’est pas seulement immoral, il sert de carburant au sionisme. Quand il n’existe pas, le sionisme l’invente.

En assimilant la solidarité avec le peuple palestinien et la dénonciation du génocide à Gaza à de l’antisémitisme, les sionistes mettent sciemment les Juifs en danger. Quand le Grand rabbin de France dit « qu’Israël doit finir le travail à Gaza », il déchaîne la haine contre la religion juive qui, historiquement, était une religion messianique non « territorialiste ». C’est le sionisme qui en a fait une religion coloniale qui sacralise la terre.

Les Croisés sont restés longtemps en Orient. Et ils ont fini par rembarquer. Il n’est pas sûr que, dans 20 ans, les États-Unis seront la première puissance mondiale ou que les intérêts des dirigeants de ce pays seront toujours de soutenir inconditionnellement Israël. Le projet sioniste, c’est « ça passe ou ça casse ». C’est donc suicidaire.

En France, ceux qui prétendent parler au nom des Juifs et à qui les médias donnent complaisamment la parole rivalisent entre négation du génocide, propos islamophobes décomplexés et attaques haineuses contre la gauche. Oui, ils contribuent à la montée de sentiments anti-juifs.

Après le 7 octobre 2023, Emmanuel Macron a appelé à une coalition internationale contre le Hamas. Comment peux-tu expliquer la position de la classe politique et médiatique occidentale qui a presque unanimement (en France, LFI est le seul grand parti à sauver l’honneur) salué l’horreur guerrière sioniste et le génocide en Palestine, en comparant la résistance palestinienne au terrorisme de Daesh, en justifiant la répression et la criminalisation du mouvement de solidarité avec le peuple palestinien et de tout débat ou activité critique même académique autour de la cause palestinienne3, malgré le discours officiel de Macron sur la reconnaissance de l’État de Palestine. Pendant qu’on diabolise la solidarité avec la Palestine, des milices paramilitaires sionistes agressent les manifestants et agissent en France en toute impunité depuis des années sans être inquiétées ni par la police ni par la justice. Des concerts musicaux, des soirées et des meetings sont organisés «pour soutenir Tsahal et le moral des soldats israéliens». Des entreprises et des marchands d’armes notamment sont invités à participer au Salon de l’Aéronautique et de l’Espace du Bourget et au Salon Milipol (sûreté et sécurité intérieure des Etats) à Paris-Nord Villepinte. Le criminel génocidaire Netanyahu sous mandat d’arrêt, poursuivi par la justice internationale est autorisé à survoler l’espace aérien français sans être inquiété. Pourquoi cette politique de deux poids, deux mesures ?

Ce génocide aurait été impossible sans une triple complicité. Celle des dirigeants de Washington bien sûr (Biden comme Trump), celle des États féodaux du Golfe et celle de l’Union Européenne avec en tête l’Allemagne et la France.

Pourquoi cette complicité ? Parce qu’Israël est l’État rêvé des dominants de ce monde. C’est une start-up technologique qui fabrique les armes les plus perfectionnées. Toutes les polices et les armées du monde vont se « former » en Israël. Pour tenir le Proche-Orient, les Occidentaux ont besoin d’Israël et des pays du Golfe. Ces régimes se sont alliés avec les accords d’Abraham. Israël, c’est une revanche coloniale. Israël est un laboratoire qui montre aux dominants comment on peut réprimer, enfermer et assassiner les dominés. C’est un pays qui montre qu’on peut piétiner sans conséquence toutes les formes de droit. Au moment du bombardement contre l’Iran, le chancelier allemand a félicité Nétanyahou qui faisait ce que l’Occident n’osait pas faire.

La complicité est militaire, politique, économique, commerciale, médiatique, judiciaire, bancaire … En France, nous payons le prix de deux paroles qui n’ont pas été dites : la parole sur le colonialisme français et ses crimes. Et celle sur le régime de Vichy et les soutiens qu’il a eus. Ce qui se passe à Gaza dédouane la France antisémite et est une revanche sur les « Arabes » qui ont gagné la guerre d’Algérie.

Dès le 7 octobre 2023, le Président du Sénat et la Présidente de l’Assemblée Nationale sont partis en Israël (avec le député des colons Habib Meyer) pour apporter le soutien français à Nétanyahou. La mairie de Paris « socialiste » a illuminé la Tour Eiffel aux couleurs d’Israël. Toutes les manifestations pour la Palestine ont été interdites avec amendes ou arrestations pour celles et ceux qui manifestaient. Il a fallu aller en justice pour pouvoir manifester. Une manifestation honteuse, théoriquement contre l’antisémitisme, a été un appui officiel à l’idée « qu’il n’y a pas d’innocents à Gaza ».

Les médias ont imposé un discours unique, celui des génocidaires. Très vite on a su que « les femmes éventrées et les bébés décapités », c’était une fake news. Cela a continué à être imposé comme LA preuve de la barbarie palestinienne. Les rares médias qui s’intéressaient à ceux qui ne propageaient pas le discours officiel commençaient leurs questions par « est-ce que vous condamnez l’attaque terroriste du Hamas ». Dès qu’on déconstruisait la question, on n’intéressait plus les médias.

Aucun média n’a en permanence rappelé l’interdiction faite aux médias étrangers de se rendre à Gaza. Les médias mainstream avaient à leur disposition le travail extraordinaire des journalistes de Gaza et les reportages permanents d’Al Jazeera. Ils n’en ont tenu aucun compte.

Des officines sionistes ont déposé des centaines de plaintes pour « apologie du terrorisme ». Ces plaintes visent des personnalités, mais aussi des gens simples, la plupart du temps jeunes et arabes. Certaines plaintes n’ont pas été suivies par la Justice mais, deux ans après, les condamnations continuent à pleuvoir. Par contre les plaintes contre les soldats franco-israéliens qui se sont vantés de commettre des crimes de guerre ne sont pas acceptées.

Malgré les dénégations officielles, la France vend des composants à l’armée israélienne. Les produits israéliens bénéficient toujours d’un accord avec l’Union Européenne qui fait qu’ils arrivent détaxés dans nos assiettes. Des artistes continuent d’utiliser leur notoriété pour justifier le génocide en cours. Toutes les banques européennes essaient d’empêcher les virements pour secourir la Palestine.

Il y a heureusement quelques exceptions à cette complicité institutionnelle. LFI, l’extrême gauche, la Confédération paysanne, Amnesty International …

Peux-tu nous parler des positions des différentes organisations politiques, syndicales et associatives, universitaires et estudiantines en France sur la guerre génocidaire en Palestine ? 

À droite, à part Dominique de Villepin, tout le monde soutient les génocidaires. Dans une certaine gauche « socialiste », on retrouve le comportement qui a été celui de Guy Mollet (en 1956) envoyant les paras en Algérie et couvrant la torture. Souvenons-nous de l’ancien Premier ministre Manuel Valls : « ma femme étant juiver, je suis indissolublement lié à la sécurité d’Israël ».

Le Parti communiste et plusieurs syndicats n’ont pas la fibre anticolonialiste. Ils ont tendance à renvoyer dos à dos Nétanyahou et le Hamas. Il n’y a heureusement pas unanimité dans ce refus de faire la différence entre occupant et occupé. Ce positionnement explique l’absence de ces forces dans les mobilisations et leur incapacité à sortir du mythe de la « solution à deux États ».

Certains groupes qui se disent « de gauche » voire « d’extrême gauche » mettent toute leur énergie à dénoncer un prétendu « antisémitisme de gauche ». Ils ont pour nom le Réseau d’Actions contre l’Antisémitisme et tous les Racismes (RAAR), les Juives et Juifs Révolutionnaires (JJR) , Golem ou l’Union Juive pour la Résistance et l’Entraide » (UJRE). Ces courants servent à criminaliser l’antisionisme qui viserait à « jeter les Juifs à la mer ».

Beaucoup de ces courants développent l’idée que le problème, c’est Nétanyahou et pas l’idéologie sioniste. Ils ont un mal fou à parler de génocide ou d’apartheid. Ils essaient de propager le mythe d’un autre sionisme, à visage humain.

Restent LFI, Solidaires et la plupart des groupes d’extrême gauche qui, courageusement, combattent les idées de nos dominants. Mais, pour donner une idée de l’ambiance, l’UJFP qui compte de nombreux descendants des victimes du judéocide nazi, est accusée d’être « la caution juive des antisémites ». Et les manifestations pour la Palestine en France, sont beaucoup moins importantes que dans les pays voisins.

Quel est le degré d’influence du lobby sioniste sur la scène politique, médiatique et intellectuelle française et occidentale et le rapport entre le sionisme et l’impérialisme ? Pour les organisations dites représentatives des juifs de France aujourd’hui, être favorable à la reconnaissance de l’État de Palestine, c’est être antisémite, Dire que « résister à l’occupation et à l’oppression est légitime» est antisémite. Comment en est-on arrivé à cette instrumentalisation grotesque du crime antisémite ?

La troisième « communauté juive » après Israël et les États-Unis se trouve en France. Le CRIF (Conseil Représentatif des Institutions juives de France) a été créé en 1944. Il regroupait au départ toutes les sensibilités, depuis les communistes jusqu’aux religieux. Pendant très longtemps, Israël n’était pas au centre des préoccupations du CRIF.

Depuis plus de 20 ans, le CRIF est dirigé par des proches du Likoud. L’ancien président, Francis Kalifat a même été membre du Bétar, une milice qui s’entraînait en Italie fasciste à la fin des années 1930. Autour du CRIF se sont créées une multitude d’associations sionistes disposant de nombreux avocats et de gros moyens : le « Bureau National de Vigilance Contre l’antisémitisme » (BNVCA), la « Ligue Internationale Contre le Racisme et l’Antisémitisme » (LICRA) qui fut autrefois une association antiraciste, « Avocats Sans Frontières », « Organisation Juive Européenne » OJE), « Jeunesse Juive de France », « Union des Étudiants Juifs de France » (UEJF) Des centaines de plaintes ont été déposées dès le 7 octobre 2023 pour « apologie du terrorisme ». Le webmaster de l’UJFP a été interrogé et perquisitionné pour un communiqué intitulé « résister à l’occupation et à l’oppression est légitime». Mon père a été le seul survivant des 67 membres du groupe Manouchian (groupe de résistance des étrangers du parti communiste) arrêtés et torturés par la police française puis remis à la Gestapo en novembre 1943. Manouchian est célébré au Panthéon et mon association est poursuivie pour défendre ses valeurs.

Les autorités françaises et les médias ont décidé que le CRIF représentait les Juifs et que l’antisionisme était « la forme réinventée de l’antisémitisme » (cette perle est de Macron). Ce soutien inconditionnel à Nétanyahou auquel l’extrême droite participe est rendu possible par l’amnésie sur le régime de Vichy. Il y a eu à l’époque 55 millions de lettres de dénonciation écrites par 3,5 millions de personnes. L’antisémitisme a été massif. L’écroulement des valeurs morales en France après le 7 octobre rappelle l’écroulement de la France « républicaine » en 1940. Et les racistes pensent laver leur mauvaise conscience en soutenant Israël.

Comment expliques-tu le silence et la complicité des régimes arabes avec la guerre génocidaire alors que plusieurs pays du Sud ont osé dénoncer les crimes perpétrés contre les Palestiniens et faire appel à la justice internationale pour juger les responsables de ces tueries de masse et ces horreurs ?

Il faut différencier les peuples et les régimes. La cause palestinienne a toujours été très populaire dans le monde arabe. Même aujourd’hui les manifestations pour la cause palestinienne sont importantes dans des pays qui ont « normalisé » avec Israël : Maroc, Jordanie. Même en Égypte, les seules manifestations depuis le coup d’État de Sissi (2013) ont eu lieu juste après le 7 octobre pour soutenir Gaza.

Les régimes politiques arabes, c’est différents : ils ont trahi la Palestine en permanence. En 1948, les pays arabes ont laissé les sionistes procéder à un nettoyage ethnique (400 000 expulsés entre le plan de partage de novembre 1947 et leur entrée en guerre de mai 1948). Puis ils se sont battus pour leurs propres intérêts. L’Égypte voulait conquérir le désert du Naqab (Néguev en Hébreu). L’Irak et la Syrie voulaient la Galilée. La seule armée capable de résister aux sionistes, celle de Transjordanie, avait un accord secret de partage de la Palestine et ne s’est battue que parce que les sionistes ont violé l’accord en détruisant les villages sur la route de Tel-Aviv à Jérusalem. Quand l’armistice est signée, 22 % de la Palestine échappe aux sionistes mais il n’y aura pas d’État palestinien : la Jordanie annexe la Cisjordanie et Jérusalem-Est et l’Égypte occupe Gaza, occupation qui a laissé des souvenirs de misère et d’abandon.

Après la fondation de l’OLP, tous les régimes arabes ont eu du sang palestinien sur les mains. Le régime jordanien du roi Husseïn lors de Septembre Noir (1970) a massacré des milliers de Palestiniens en bénéficiant d’une aide israélienne. La guerre civile libanaise commence avec le massacre des passagers d’un car palestinien par les Phalangistes. Ceux-ci massacreront le camp palestinien de Tel-al-Zaatar avec la complicité du régime syrien et les camps de Sabra et Chatila avec la complicité d’Israël. Alors que l’OLP et la gauche libanaise sont sur le point de gagner la guerre contre les Phalanges, les troupes d’Hafez-el-Assad les prennent à revers (1976). La même armée syrienne est à la base d’une défaite palestinienne majeure : l’exil de l’OLP à Tunis (1982). Et l’armée de Bachar est à l’origine du siège du camp de Yarmouk (plus de 250 Palestiniens morts de faim).

La signature des accords de paix entre l’Égypte et Israël ont abouti au blocus de Gaza. La première mesure prise par les Égyptiens a été d’interdire aux pêcheurs de Gaza d’aller au large du Sinaï.

Pendant longtemps, il y a eu dans le monde arabe des bourgeoisies nationales anti-impérialistes comme le régime de Nasser. La défaite arabe de 1967 a provoqué une mutation terrible. Un nouveau modèle social est né dans le Golfe : des États féodaux, ultra-capitalistes, patriarcaux et esclavagistes avec 80% de la population immigrée et sans droit. Ces féodaux, soutenus et armés par l’Occident sont devenus hégémoniques dans le monde arabe. Ils appartiennent au même monde qu’Israël et ont signé les accords d’Abraham.

Ils auraient pu arrêter le génocide en cours comme en 1973 quand ils ont coupé le robinet du pétrole. Le ministre des Affaires Étrangères des Émirats a expliqué que ce que les Israéliens faisaient à Gaza « posait des problèmes » mais qu’on saurait «les surmonter ». Et le lendemain de la reconnaissance d’Israël par le Maroc, le général israélien Avi Kochavi était au Sahara pour superviser une aide militaire israélienne contre le Polisario.

Alors les régimes arabes ne sont pas « silencieux ». la plupart sont complices.

Pourquoi la Chine et la Russie en tant que grandes puissances, membres du Conseil de sécurité de l’ONU n’ont rien fait pour arrêter le génocide en Palestine ?

Les deux pays ont soutenu l’arrivée de Trump au pouvoir. La Chine fait du commerce avec Israël. Elle a acheté à Israël des usines de dessalement de l’eau de mer. La façon dont Israël piétine le droit international lui donne des idées en cas d’attaque de Taïwan.

Entre 15 et 20 % de la population juive israélienne est d’origine soviétique et est russophone. Les liens entre les deux pays n’ont jamais cessé. Tous les jours, il y a des vols entre les deux pays. La façon dont l’Occident a sanctionné la Russie pour l’invasion de l’Ukraine alors que la complicité avec Israël ne s’est jamais démentie favorise la propagande de Poutine. Il est vrai que ce « deux poids deux mesures » est insupportable.

Il ne faut donc pas s’étonner que ces deux superpuissances n’aient pas fait usage de leur droit de véto. Elles ne défendent pas le droit international.

Les décisions de la Cour Internationale de Justice et de la Cour Pénale Internationale ont-elles une chance d’aboutir un jour à l’arrestation des criminels politiques et militaires génocidaires ?

Ces deux juridictions montrent qu’il existe une bataille importante sur la question du droit international. Nétanyahou, Trump, Poutine le piétinent ouvertement. Défendre le droit international est fondamental pour les Palestiniens. Sinon c’est le retour à loi de la jungle.

Le droit international, ce n’est pas l’ONU qui porte des responsabilités énormes dans la dépossession des Palestiniens de leur propre pays. Ce sont des textes qui devraient garantir pour la Palestine la Liberté, L’Égalité et la Justice. Avec le rapport de force actuel, les deux Cours internationales n’ont aucun pouvoir, mais ce rapport de force peut changer.

L’initiative de Macron pour reconnaître l’État de Palestine et le Plan Trump pour « l’arrêt » de la guerre génocidaire à Gaza, validé par le Conseil de Sécurité de l’ONU, ne sont-ils pas que des tentatives pour venir au secours du gouvernement criminel de Nétanyahou, liquider et enterrer la question palestinienne ? 

La France est le 150ème pays à reconnaître la Palestine. Le seul intérêt de cette reconnaissance, c’est qu’il rend difficile ce qui a toujours été la finalité du sionisme : que la Palestine disparaisse.

Macron est l’allié fidèle de MBS, le prince héritier saoudien, celui qui fait exécuter des centaines de personnes et qui dissout ses opposants à l’acide.. Ressusciter la « solution à deux États », transformer Gaza en Riviera ou faire voter au Conseil de Sécurité le plan Trump, c’est la même démarche : déposséder une fois de plus le peuple palestinien de son avenir, c’est essayer de légaliser une nouvelle occupation coloniale.

Quelles sont les activités et les actions menées ou prévues, en France ou en Palestine, par les deux associations antisionistes UJFP et TSEDEK-Collectif juif décolonial après la guerre génocidaire en Palestine et avez-vous des contacts ou une coordination avec d’autres organisations antisionistes à travers le monde ?

Nos deux associations forment la composante juive dans le mouvement de solidarité. Nous avons une tâche spécifique : lutter contre l’instrumentalisation de ce qui est notre histoire intime : l’antisémitisme. Ce qu’on dit aujourd’hui des musulmans ressemble beaucoup à ce qu’on disait des Juifs autrefois. Nous luttons contre l’islamophobie qui est devenue le dénominateur commun de toutes les idéologies de haine et d’exclusion. Nos deux associations ont considérablement augmenté le nombre de leurs adhérents ces deux dernières années.

Des associations juives antisionistes existent partout dans le monde. En Israël bien sûr : la petite minorité qui remettait en cause l’occupation et la colonisation est devenue antisioniste. Beaucoup quittent le pays parce qu’ils ne supportent plus la domination des fascistes messianiques.

Aux États-Unis, l’organisation sœur de l’UJFP, Jewish Voices for Peace (JVP) est une association de masse qui est antisioniste, dénonce l’apartheid et est antisioniste. Dans ce pays, la majorité des militants du BDS sont Juifs.

Il y a eu un modeste congrès juif antisioniste à Vienne au printemps dernier. Le rêve serait d’organiser un grand congrès juif antisioniste. Peut-être à Bâle, ça aurait de la classe.

Les antiracistes, les antifascistes, les anticapitalistes, les anticolonialistes et les antisionistes ont-ils le même combat ?

Le capitalisme domine la planète et il est entré en crise grave. L’accaparement des richesses dans les mains de quelques oligarques provoque partout des crises sociales et des guerres.

Faute d’alternative révolutionnaire crédible, cette situation engendre la destruction des acquis et un rouleau compresseur raciste et néofasciste.

Oui, les luttes doivent converger. Israël est devenu un poisson pilote de la marée brune qui déferle. Défendre les droits du peuple palestinien, ce n’est pas un supplément d’âme, c’est nous défendre nous-mêmes.

  1. La Nakba ne sera jamais légitime, Acratie, 2019 ; Contre l’antisémitisme et pour les droits du peuple palestinien, Syllepse, 2021 ; Parcours de juifs antisioniscotes, Syllepse, 2022 ; Du projet sioniste au génocide, Acratie, 2024 ; Gaza, Mort, Vie, Espoir, Brigitte CHALLANDE, Sarah KATZ, Béatrice ORÈS, Mutasem ELEIWA, Kamel ÉLIAS, Pierre STAMBUL, Riveneuve 2025[]
  2. Dans un rapport rédigé en 1907, dix ans avant la Déclaration de Balfour, le Premier ministre britannique, Henry Campbell-Bannerman a écrit : « Les peuples arabo-musulmans qui contrôlent de vastes territoires riches en ressources connues ou cachées, au carrefour des routes du commerce mondial, constituent une menace pour l’Europe et un obstacle à son expansion… Si par chance cette nation devait être unifiée en un Etat, elle aurait le destin du monde entre les mains et serait en mesure de couper l’Europe du reste du monde. Si l’on considère les choses sérieusement, un corps étranger devrait être implanté au cœur de cette nation afin de l’empêcher de s’unir ».[]
  3. Après de nombreuses pressions et des accusations infondées, le Collège de France annule un colloque sur la Palestine intitulé « La Palestine et l’Europe » suite à l’intervention du ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche. Le Tribunal administratif de Paris a validé l’annulation du colloque. Les organisateurs l’ont maintenu dans un lieu exigu en dénonçant, avec la communauté scientifique, «une atteinte aux libertés académiques et d’expression». Omar Al Soumi, militant franco-palestinien, porte-parole du collectif Urgence Palestine a été arrêté et placé en garde à vue pour «apologie du terrorisme» le 5 novembre 2025. Il sera jugé le 6 mai 2026. Des militants qui «dénonçaient le génocide et manifestaient contre la tenue du concert de l’Orchestre Philharmonique d’Israël à la Philharmonie de Paris», se font passer violemment à tabac par des spectateurs. Ils ont passé70 heures en détention et placés sous contrôle judiciaire etc…[]

Source : UJFP
https://ujfp.org/…

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