Rapport du CPI
Centre palestinien de l’information

La situation de l’entité occupante au cours des deux années du génocide révèle une crise complexe qui remodèle le paysage interne et externe de l’entité. La crise n’est pas seulement une confusion politique ou sécuritaire, mais, comme la décrit le Dr Mohsen Saleh, une « perte d’équilibre stratégique » qui se transforme progressivement en une menace existentielle.

Dans un article publié par le Centre palestinien de l’information, le directeur du Centre Zaytuna pour les études et le conseil, Mohsen Saleh, affirme que cette perte résulte d’un déséquilibre structurel au sein de l’entité et d’une mentalité dominante qui agit en dehors de la logique de la stabilité à long terme.
Saleh lie le début de l’effondrement à la formation du gouvernement du Likoud avec les courants religieux extrémistes à la fin, expliquant que cette alliance a fait passer le projet sioniste de la gestion des différences à l’approfondissement de la division en 2022.
incapable de contenir ses divergences
Pendant des décennies, l’entité a réussi à contenir les divergences ethniques et religieuses grâce à des systèmes législatifs et politiques modernes, mais ces dernières années ont révélé les limites de ce modèle. Selon Saleh, « L’entité sioniste est entré dans une phase où il perd sa capacité à prendre des décisions équilibrées, car il est prisonnier d’une idéologie abolitionniste et hostile à l’autre, incapable de se percevoir lui-même et de reconnaître son potentiel ».
En 2023, la crise s’est clairement manifestée dans les vastes manifestations qui ont eu lieu cette année-là Contre les modifications judiciaires. Ces manifestations ont mis en évidence la fragilité du contrat social entre les courants laïques et religieux et ont soumis les institutions gouvernementales à une épreuve sans précédent. Cela a coïncidé avec une série de démissions et de licenciements qui ont touché le ministre de l’Armée, le chef d’état-major, le chef du Shabak et les conseillers à la sécurité nationale, reflétant un conflit aigu entre le gouvernement et les services de sécurité.
« Les dirigeants sionistes sont désormais plongés dans des conflits internes qui paralysent la capacité d’action de l’État et créent un environnement propice à l’implosion ».
Au niveau stratégique, Saleh fait la distinction entre le déséquilibre traditionnel et la perte d’équilibre. Le déséquilibre est lié à l’équilibre des pouvoirs et peut être compensé par des alliances et par l’armement. La perte d’équilibre, quant à elle, est un dysfonctionnement intrinsèque de la structure du gouvernement et de la pensée politique.
Le chercheur palestinien affirme que « les décideurs sionistes ont tendance à exagérer ou à minimiser leurs capacités et celles de leurs adversaires, et à interpréter la réalité à travers un prisme idéologique et religieux, ce qui les conduit à faire des choix destructeurs ».
La multiplicité des fronts aggrave l’impasse
Netanyahu se vante d’avoir sept ou huit fronts d’affrontement, mais cette expansion place l’armée dans un état d’épuisement prolongé et épuise ses ressources. L’expérience historique montre que l’épuisement résultant de l’expansion des fronts a été une cause directe de la chute d’États et d’empires. Cela s’accompagne d’un recul important de la légitimité interne, la plupart des sondages réalisés au cours des deux dernières années montrant une progression de l’opposition et une baisse de la confiance du public dans l’armée et le gouvernement.

D’autre part, selon Saleh, la résistance palestinienne a joué un rôle central dans la mise en évidence de la fragilité du système sioniste. Au cours des combats de l’opération « Déluge d’Al-Aqsa », la résistance a réussi à frapper le système de dissuasion traditionnel et à contraindre le commandement sioniste à agir sous une pression constante.
Le chercheur Mohsen Saleh affirme que « le passage de la planification stratégique à la gestion de crise est la preuve de l’effondrement de la capacité sioniste à prendre des décisions », soulignant que la persistance de la résistance pendant deux ans et l’échec de l’armée à atteindre ses objectifs ont créé « un sentiment de déséquilibre au sein du commandement ».
Le soutien américain… un sauvetage temporaire
L’occupation bénéficie d’une couverture internationale qui réduit les pressions exercées par le plan Trump pour le lendemain à Gaza et la résolution du Conseil de sécurité, mais Saleh affirme que ces mesures « n’ont pas résolu le fond du problème, mais ont seulement permis de reprendre son souffle ». En revanche, le discours sioniste a perdu du terrain au niveau international, la reconnaissance de l’État palestinien s’est élargie et « l’entité occupante génocidaire » s’est retrouvé dans une situation d’isolement politique sans précédent.

Saleh présente trois scénarios pour l’avenir :
- Un rétablissement relatif de l’équilibre grâce à de nouvelles élections et une normalisation plus large
- La poursuite du chaos structurel actuel.
- Un effondrement plus profond provoqué par l’expansion excessive et la domination des courants religieux nationalistes.
Les résultats se situeront probablement entre les deux premières options, mais il n’exclut pas la troisième à moyen terme.
Saleh conclut que l’euphorie sioniste actuelle, qu’il qualifie de « répit fragile », sera bientôt dévoilée, car la structure interne de l’entité est incapable de produire un équilibre à long terme.
Saleh affirme que nous sommes face à un projet qui perd de plus en plus de sa légitimité, qui est incapable de comprendre l’environnement régional et qui traite le peuple palestinien avec la seule mentalité de la force .
La question qui se pose est la suivante : l’entité peut-elle retrouver son équilibre alors que la résistance redéfinit les règles du conflit et que la région redéfinit ses équilibres ?
Source : CPI
https://french.palinfo.com/rapports/…

