Par Anis Balafrej
Un sommet de la Paix s’est tenu le 13 octobre 2025 à Charm El Cheikh (Égypte), co-présidé par le président égyptien Abdel Fattah al Sissi et le président américain Donald Trump, deux ans après le déclenchement des hostilités entre Israël et les mouvements islamistes palestiniens de Gaza, le Hamas et le Jihad Islamique. Plus de vingt pays, notamment des puissances musulmanes non arabes, la Turquie, le Pakistan et l’Indonésie, participent à ce sommet, ainsi que le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, mais en l’absence notable du premier ministre israélien Benyamin Netanyahu.
Retour sur cette trêve qui apparaît pour le moment précaire avec une analyse d’Anis Balafrej
Le Maroc est devenu le laboratoire où un nouveau protectorat israélien se met en place.
L’ambition de Benyamin Netanyahu est de faire du Maroc une base arrière logistique et d’implantation en Afrique.
La résilience extraordinaire du peuple palestinien et sa résistance armée, qui n’a jamais cessé de mener des opérations de harcèlement contre ses assaillants, leur infligeant quotidiennement de pertes, a obligé Donald Trump à revoir sa «copie de la Riviera», digne d’un colonialiste du XIX e siècle.
Gaza a creusé une fracture profonde entre l’humanité et Israël.
Malgré le soutien illimité des États Unis dont le premier ministre siraélien Benyamin Netanyahu a disposé, l’armée israélienne surarmée et maîtrisant le ciel, la mer et les frontières terrestres, a été incapable d’atteindre ses objectifs que sont la libération des otages, le démantèlement des tunnels, le désarmement des mouvements palestiniens et le transfert forcé des Palestiniens hors de Gaza.
C’est cela que Benyamin Netanyahu a appelé la victoire absolue.
Au plan arabe, le premier ministre israélien ambitionnait d’élargir à l’Arabie saoudite et à la Syrie, le processus de normalisation de l’Etat hébreu avec les Etats arabes, en vertu du processus dit d’ « accords d’Abraham « . (1)
Le Maroc est devenu le laboratoire où un nouveau protectorat israélien est mis en place, sans tambour. L’ambition de Benyamin Netanyahu est d’en faire une base arrière logistique et d’implantation en Afrique. (2)
Pour neutraliser la Syrie, pays frontalier stratégique, l’objectif est d’encourager la guerre entre arabes et druzes afin de provoquer sa partition, prélude à l’occupation des territoires druzes.
Cette politique a montré aux régimes arabes alliés de Washington que leur défense ne peut être assurée ni par Israël, ni par son parrain américain.
Le dernier épisode de l’agression israélienne contre le Qatar est là pour le confirmer.
Pis, Benyamin Netanyahu a déclaré à plusieurs reprises agir pour remodeler la région. Il a joint la parole à l’action en exhibant une carte du « Nouveau Moyen Orient » où la Palestine a disparu et où de larges territoires du Liban, de Syrie, de Jordanie, d’Irak, de l’Arabie Saoudite et d’Egypte ont été annexés à Israël. Ces pays ont donc constaté que la véritable menace ne vient pas de l’Iran, mais bel et bien d’Israël.
Pendant des années, la propagande de la CIA et du Mossad, relayée par les médias de certains pays arabes dont le Maroc, avait prétendu que l’Iran était l’ennemi à abattre, en jouant sur des conflits régionaux ou doctrinaux.
Pendant qu’il menait le génocide de la population de Gaza et le nettoyage ethnique en Cisjordanie, Israël a agressé 6 pays : le Liban et la Syrie, deux pays où son armée s’est installée, l’Iran, la Tunisie, l’Irak et le Yémen.
Il a maintenu le blocus de Gaza pour utiliser la faim comme arme de guerre et attaqué dans les eaux internationales la flotte du “Global Sumud”, constituée des bateaux venus du monde entier pour porter secours à la population palestinienne affamée et forcer le blocus imposé par Israël à l‘enclave palestinienne.
La résilience extraordinaire du peuple palestinien et sa résistance armée qui n’a jamais cessé de mener des opérations de harcèlement contre ses assaillants, leur infligeant quotidiennement des pertes, a obligé Donald Trump à revoir sa «copie de la Riviera», digne d’un colonialiste du XIX e siècle.
En parallèle, un grand mouvement de recentrage des alliances arabes s’opère actuellement dans la région, aux dépens des États Unis.
L’Arabie Saoudite qui s’était déjà rapprochée de l’Iran, a signé un traité de défense mutuelle avec le Pakistan, puissance nucléaire. L’Égypte s’est rapprochée de l’Iran et de la Turquie avec qui elle a récemment mené des exercices militaires conjoints. Et l’Iran a proposé une alliance militaire aux pays du Golfe.
La Chine et la Russie deviennent des fournisseurs importants d’équipements militaires sophistiqués à l’Iran, à l’Égypte et à l’Arabie Saoudite.
La résistance de Gaza a cristallisé un mouvement de soutien mondial sans précédent aux Palestiniens et contre Israël.
Des millions de personnes se sont mobilisés pour soutenir le Droit des Palestiniens à l’auto détermination et à l’arrêt immédiat du génocide.
Ce mouvement populaire mondial a lancé plusieurs initiatives dont les grèves, les manifestations, l’occupation de lieux symboliques, les flottilles pour forcer le blocus, le boycott des produits israéliens et le désinvestissement des fonds israéliens, l’arrêt de chargement des bateaux transportant des armes vers Israël et de nombreuses autres actions.
Ce qui est nouveau est le début des sanctions contre Israël appliquées par des États, notamment l’Afrique du Sud, la Colombie, la Malaisie, l’Espagne, l’Irlande, la Belgique. Beaucoup d’autres pays dont le Royaume Uni interdisent à des ministres et colons sionistes l’accès du pays.
Ce mouvement est semblable à celui qui a précédé la chute du régime Afrikaner raciste en Afrique du Sud dans les années 90.
En conclusion, il apparaît clairement que la résistance du peuple palestinien à Gaza est la première ligne d’une guerre beaucoup plus large qui inclut l’Iran et tous les pays qui refusent la soumission à l’expansionnisme sioniste.
Gaza a creusé une fracture profonde entre l’humanité et Israël.
La libération de la Palestine est devenue le symbole de la défaite mondiale du sionisme.
Ce qu’Allon Mizrahi, journaliste et blogueur américain, résume par la «Palestine va libérer le monde du sionisme».
Notes
- En substituant le principe de «la paix contre les territoires occupés» par la «paix contre la paix», les Accords d’Abraham ont voulu enterrer la Cause palestinienne. Quatre pays arabes l’ont signé, dont le Maroc.
- Lire l’article : «Le cheval de Troie» daté du 10 octobre 2024.
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Anis Balafrej, ingénieur, diplômé de l’École Centrale Paris, est membre éminent du militantisme marocain pro palestinien. Il est le fils d’Ahmed Balafrej, chef du parti Al Istiqlal, (L’indépendance), animateur du combat contre le protectorat français sur le Maroc. Anis Balafrej est contributeur https://www.madaniya.info .La liste de ses contributions figurent sur ce lien: https://www.madaniya.info/author/anis-balafrej
Source : Madaniya
https://www.madaniya.info/…
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