Des chars israéliens sont positionnés sur la route côtière menant à la ville de Gaza, tandis que des Palestiniens déplacés se rassemblent près de Wadi Gaza, dans le centre de la bande de Gaza, le jeudi 9 octobre 2025.
[AP Photo/Abdel Kareem Hana)]

Par Andre Damon

Israël et le Hamas ont annoncé jeudi l’adoption officielle d’un accord de «cessez-le-feu » prévoyant la libération de tous les otages détenus par le Hamas et l’occupation permanente de Gaza par Israël.

Le chef politique du Hamas, Khalil al-Hayya, a annoncé : « Un accord a été conclu pour mettre fin à la guerre et à l’agression contre notre peuple. »

En réalité, cet accord n’est qu’une nouvelle étape dans le plan impérialiste israélien visant à dominer Gaza et à supprimer les droits nationaux du peuple palestinien. Il transforme Gaza en un protectorat colonial, supervisé par un conseil dirigé par le président américain, et implique l’occupation permanente par Israël d’une grande partie de Gaza.

Al-Hayya a déclaré : « Nous avons reçu des garanties des médiateurs et de l’administration américaine, et tout le monde a confirmé que la guerre était complètement terminée. » Cependant, ceux-là mêmes qui fournissent ces «garanties » ont facilité le bombardement israélien du Qatar le mois dernier, qui visait à tuer Al-Hayya.

Le gouvernement saoudien a salué l’accord, déclarant : « Cette étape importante conduira à des mesures urgentes pour soulager les souffrances humanitaires […] obtenir le retrait complet d’Israël, rétablir la sécurité et la stabilité, et prendre des mesures concrètes pour parvenir à une paix juste et globale fondée sur la solution à deux États. »

Il n’en sera rien. Cela ne fera que consolider l’occupation illégale de la Palestine par Israël et permettre à Israël de contrôler en permanence l’approvisionnement alimentaire de Gaza, afin de faciliter et de poursuivre son plan de nettoyage ethnique de Gaza.

Les gouvernements nationalistes bourgeois du Moyen-Orient et de la région au sens large, notamment l’Égypte, la Jordanie, le Qatar, l’Arabie saoudite, la Turquie et les Émirats arabes unis, ont joué un rôle particulièrement néfaste en approuvant l’accord et en acceptant de le mettre en œuvre.

Dans le cadre de cet accord, les forces israéliennes se retireront jusqu’à une «ligne jaune » représentant 58 % de Gaza. Dans la toute dernière phase de l’accord, les forces israéliennes se retireront dans une zone tampon dans laquelle elles contrôleront tous les points de passage terrestres vers Gaza, laissant la population exposée à la menace d’une nouvelle famine délibérée.

Cet accord marque le retour à la domination coloniale ouverte du Moyen-Orient qui prévalait au XIXe siècle. Selon la proposition, Gaza sera gouvernée par un « Conseil de paix » qui sera « dirigé et présidé par le président Donald J. Trump » et comprendra « l’ancien premier ministre [britannique] Tony Blair ».

Le Washington Post s’est réjoui que cet accord soit « une capitulation du Hamas et un triomphe pour Trump ». Il s’est vanté : « Appelez cet accord ce qu’il est : une capitulation totale du Hamas » qui « mérite d’être célébrée ».

Le Wall Street Journal s’est joint à la jubilation en déclarant : « Le Hamas renonce à son meilleur moyen de pression, mais Israël ne le fait pas. Même après la libération des otages, les soldats israéliens resteront dans plus de la moitié de Gaza, y compris à la frontière égyptienne ». Il a conclu : « En acceptant ces conditions, le Hamas reconnaît effectivement sa défaite. »

Comme l’a clairement indiqué le Wall Street Journal, la pause dans les combats créera les conditions propices à la prochaine offensive. « Si la nouvelle force de stabilisation dirigée par les pays arabes du Golfe qui sera déployée à Gaza ne parvient pas à désarmer le Hamas et à démilitariser la bande de Gaza, les troupes israéliennes seront en mesure de le faire elles-mêmes avec ce que M. Trump appelle un “soutien total”. »

Le Wall Street Journal a ajouté que l’attaque israélienne du mois dernier contre le Qatar avait contribué à « influencer » les gouvernements arabes pour qu’ils acceptent l’accord. Le journal a conseillé à Trump de faire preuve de la même agressivité qu’il a utilisée dans tout le Moyen-Orient pour intensifier la guerre des États-Unis contre la Russie. Il a déclaré : « Si M. Trump fait marche arrière sur sa stratégie à l’égard de la Russie, l’année prochaine, même le comité Nobel pourrait trouver impossible de lui refuser le prix Nobel de la paix. »

Condamnant l’accord de « paix » dès son annonce, le Centre international pour la justice pour les Palestiniens (ICJP) a écrit : « L’inclusion dans le plan d’un “Conseil de paix” international […] garantit l’exclusion des voix palestiniennes du processus décisionnel concernant l’avenir des Palestiniens. »

Órlaith Roe, porte-parole de l’ICJP, a fait remarquer : « Ce plan offre à Israël une nouvelle occasion de faire une pause, de se réarmer, puis de revenir à la violence en toute impunité. » Il a ajouté qu’il était « imprégné de rhétorique coloniale ».

L’Associated Press a rapporté que les États-Unis enverraient 200 soldats supplémentaires en Israël pour surveiller et superviser l’accord.

Le génocide qui sévit depuis deux ans à Gaza a causé la mort d’au moins 65 000 Palestiniens et la destruction de la grande majorité des bâtiments de l’enclave. Gaza est en ruines et sa population souffre de la faim. Une étude publiée cette semaine dans The Lancet estime que 55 000 enfants à Gaza souffrent de malnutrition aiguë. Parmi les enfants observés dans l’étude, 16 % présentaient des signes de dépérissement causé par le manque de nourriture.

Source : WSWS
https://www.wsws.org/fr/…

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