Rapport du CPI
Centre palestinien de l’information
Le président américain Donald Trump, aux côtés du Premier ministre sioniste Netanyahu (recherché par la Cour pénale internationale), a annoncé un nouveau plan visant à mettre fin à la guerre qui sévit dans la bande de Gaza. Malgré les titres ronflants de ce plan, qui évoquent la « coexistence pacifique », la « reconstruction » et la « fin des souffrances des civils », une lecture attentive de ses dispositions révèle clairement qu’il répond presque entièrement aux exigences de l’occupation et ignore totalement l’existence du peuple palestinien, ses droits légitimes et ses revendications nationales.

Dès le départ, le plan (qui s’inspire essentiellement du plan Blair pour la gestion de Gaza) a été élaboré sur l’hypothèse que le problème réside dans Gaza, ses habitants et leur résistance, et non dans l’occupation elle-même ou dans les crimes commis contre les civils et le génocide perpétré depuis deux ans contre les citoyens palestiniens dans la bande de Gaza. Cela la rapproche davantage d’une tentative d’élimination totale d’un peuple et d’imposition d’une capitulation et d’une reddition totales, sous couvert d’humanitaire et d’économique, que d’une initiative de règlement juste et équilibré.
Les principaux éléments du plan
Le plan proposé repose sur un ensemble de points clés. Le premier de ces points consiste en un cessez-le-feu temporaire de 72 heures à compter du moment où l’entité sioniste aura annoncé publiquement son acceptation, un cessez-le-feu conditionnel et limité dans le temps, en échange de la libération de tous les prisonniers sionistes vivants et de la restitution des corps des prisonniers décédés. Ce point est complété par un autre point concernant l’échange de prisonniers et de corps, dans le cadre duquel l’entité s’est engagé à libérer environ 2 000 détenus palestiniens, dont 250 condamnés à perpétuité, en échange de la restitution des prisonniers sionistes.
Sur le plan sécuritaire, le plan insiste sur le désarmement du Hamas et des factions palestiniennes et la destruction de leurs infrastructures militaires, tout en offrant un passage sûr à ceux qui souhaitent quitter la bande de Gaza, ce qui reflète l’essence même de l’orientation américano-sioniste visant à éliminer la résistance et à la priver de toute capacité future.
Dans le même ordre d’idées, le plan prévoit la création d’un conseil international pour la gestion de Gaza, baptisé « Conseil de paix », présidé par Trump avec la participation de l’ancien envoyé britannique Tony Blair, dont la mission sera de former un gouvernement de transition composé de personnalités technocratiques palestiniennes et autres, et de gérer le dossier de la reconstruction.
Il en découle une dimension sécuritaire supplémentaire qui consiste à déployer une force internationale de stabilisation chargée de superviser la sécurité intérieure et de former une police palestinienne qui sera responsable de la sécurité à long terme.
Sur le plan humanitaire, le plan prévoit l’acheminement d’une aide humanitaire massive, mais selon un mécanisme politique et sécuritaire lié aux zones classées « exemptes de terrorisme », ce qui signifie que l’acheminement de l’aide sera soumis à des conditions et non à des considérations purement humanitaires.
Sur le plan économique, le plan a été présenté comme une porte d’entrée pour la reconstruction de Gaza grâce à un projet économique de grande envergure comprenant la création d’une zone économique spéciale et des investissements régionaux et internationaux. Cependant, toutes ces dispositions ont été formulées en l’absence totale de tout engagement clair à mettre fin à l’occupation ou à permettre la création d’un État palestinien souverain, ce que Netanyahu a ensuite exprimé en déclarant que le plan ne prévoyait pas l’accord sur la création d’un État. Trump lui-même n’a pas hésité à affirmer qu’il comprenait l’opposition explicite de Netanyahu à la création d’un État palestinien.
L’ensemble de ces éléments révèle que le plan ne vise pas à traiter les causes profondes du conflit ou à rendre justice au peuple palestinien, mais plutôt à reformuler l’occupation par des moyens plus malicieux et à mettre en place des arrangements politiques et sécuritaires garantissant le maintien du contrôle américano-sioniste sur la bande de Gaza après la guerre.
Le déni de l’existence palestinienne !
Le plus choquant dans ce plan est la création d’un « Conseil de paix », une instance internationale chargée d’administrer Gaza, présidée directement par le président américain et à laquelle participerait une personnalité controversée comme Tony Blair. Cet arrangement ne se présente pas comme une médiation neutre, mais constitue en réalité une spoliation flagrante du droit à l’autodétermination du peuple palestinien et l’instauration d’une tutelle internationale imposant des arrangements politiques, économiques et sécuritaires contraires à la volonté nationale.
Bien que le marketing politique décrive cette formule comme une « phase de transition », elle reproduit en substance l’occupation, mais sous une forme institutionnelle plus maline, sous la supervision des États-Unis et de leurs alliés.
Si l’occupation militaire directe est généralement confrontée à un rejet explicite et à une résistance légitime, l’occupation « institutionnelle », dissimulée sous le discours de l’aide et de la gouvernance, peut être encore plus dangereuse, car elle s’insinue dans la conscience internationale comme un choix « raisonnable » ou « réaliste », alors qu’en réalité, elle prive les Palestiniens des outils d’action politique et vide leur existence de son sens. Ce qui se passe ici est indissociable des conceptions bien ancrées dans le discours de l’extrême droite sioniste, qui ne reconnaît ni l’existence des Palestiniens ni leurs droits, et les considère comme un obstacle à éliminer, soit par l’expulsion, soit par le meurtre, sans autre option possible
En ce sens, ce plan rejoint les racines du projet sioniste depuis Balfour et les récits mensongers qui ont suivi, fondés sur le déni de l’existence d’un peuple et d’une population enracinés dans cette terre. Il s’agit d’une reproduction de la mentalité d’extermination, mais sous une forme plus moderne et plus politiquement correcte, présentée comme une initiative « humanitaire » pour la gestion de l’après-guerre, alors qu’il s’agit en réalité d’une extension de la même politique fondée sur l’annulation, le déni et le remplacement.

La nourriture et les médicaments, un outil de chantage politique
L’exagération dans la description de l’afflux « immédiat » de l’aide est l’un des principaux outils rhétoriques (trompeurs) du plan, mais elle se transforme rapidement en une manœuvre politique évidente lorsque la poursuite et l’extension de cet afflux sont subordonnées au respect par le Hamas ou d’autres acteurs de conditions sécuritaires et politiques spécifiques, sans rapport avec les besoins humanitaires des civils. Lier la nourriture, les médicaments, l’eau et le logement à des critères de classification vagues et équivoques tels que « zones exemptes de terrorisme » réduit au silence les principes fondamentaux de l’action humanitaire et transforme ce qui devrait être un droit humain urgent et non négociable en un moyen de pression distribué ou retiré en fonction de calculs politiques.

Ce lien n’est pas seulement contraire aux principes éthiques, il va aussi à l’encontre des principes du droit international humanitaire qui affirment que priver délibérément la population civile des biens nécessaires à la vie, ou subordonner leur accès à des conditions politiques, s’apparente à une punition collective et constitue un moyen de guerre. L’action humanitaire professionnelle respecte quatre principes : humanité, impartialité, indépendance et non-discrimination. Transformer l’aide en un moyen de pression revient donc à enfreindre ces principes et à faire des agents humanitaires des instruments d’influence entre les mains de l’occupant, au lieu d’être une bouée de sauvetage inconditionnelle pour les personnes dans le besoin.

D’un point de vue politique, considérer la nourriture, les médicaments, l’eau et l’aide comme des cartes de négociation revient à reproduire les politiques de famine pratiquées ouvertement par l’occupant pendant les années de blocus qui ont précédé la guerre d’extermination, puis l’utilisation intensive de la famine comme arme de guerre pour exterminer Gaza. Par conséquent, transformer l’entrée de nourriture et de médicaments en un moyen de chantage politique revient à participer à l’agression contre le peuple palestinien et à la guerre d’extermination menée par l’entité génocidaire à son égard, et engage la responsabilité juridique et morale de tous ceux qui légitiment cette agression ou y participent. C’est pourquoi les revendications palestiniennes et internationales doivent être claires et justes : l’accès à la nourriture, aux médicaments, à l’eau et à l’aide humanitaire doit être sans conditions préalables, et toute partie cherchant à transformer l’aide humanitaire en arme politique doit être immédiatement tenue responsable.
Plusieurs facettes… une seule occupation !
L’un des piliers du plan est l’exigence du désarmement de la résistance palestinienne et du démantèlement de sa structure militaire ; une exigence qui, dans la pratique, est le prolongement direct de la guerre elle-même et non une solution à celle-ci.
La question simple et fondamentale qui se pose ici est la suivante : qui déterminera ce qui constitue une structure militaire ? Qui décidera des limites entre ce qui est civil et ce qui est militaire dans un secteur qui a vu, pendant la guerre, des dizaines d’hôpitaux, d’écoles, d’universités, de mosquées et d’églises bombardés, et où les civils sont devenus des cibles quotidiennes ? L’expérience de ces dernières années montre que l’occupation, avec un soutien politique et militaire extérieur, a toujours la capacité de fabriquer des « justifications » pour considérer n’importe quel site ou groupe comme une menace, ce qui rend toute clause limitant le désarmement à des prétextes sécuritaires impraticable et partiale.
Cette condition reflète une vision américano-sioniste qui considère la présence palestinienne comme une menace sécuritaire à éliminer, alors comment pourrait-il en être autrement avec ses armes ? Elle ignore cependant la véritable source de la menace, à savoir la poursuite de l’occupation et son agression quotidienne contre le peuple palestinien. La résistance, dans un contexte historique qui remonte à la Nakba, est venue en réponse à l’occupation et à l’absence de droits et de garanties politiques. Par conséquent, priver les Palestiniens de tout moyen de protection dans une situation de vide politique et sécuritaire, sans garanties de fin de l’occupation et sans véritables acquis politiques, revient à les priver de toute capacité, même minime, de faire face à l’agression continue dont ils sont victimes.

De plus, l’histoire montre que compter sur les « garanties internationales » a toujours été un pari perdant ; ces garanties se transforment rapidement en déclarations verbales et en promesses temporaires, sans mécanismes contraignants ni véritable responsabilité, tandis que l’occupant reste libre de commettre ses crimes. La question fondamentale qui se pose ici est la suivante : qui doit être désarmé ? L’occupant qui pratique le génocide et fait l’objet d’inculpations internationales, ou la résistance qui n’est née que pour défendre la terre, le peuple et le droit à l’existence ?
D’autre part, le plan propose le déploiement d’une « force internationale de stabilisation » et la formation d’une police de remplacement. Cette formulation, bien qu’enveloppée dans un vocabulaire d’administration internationale et de neutralité, établit une nouvelle présence militaire étrangère sur le terrain qui n’est pas moins fondamentale que l’occupation dans ses conséquences pratiques. Les expériences internationales répétées montrent que ces forces sont utilisées davantage pour protéger les intérêts régionaux et internationaux que pour protéger les civils, et que la formation des forces de sécurité locales est souvent exploitée pour mettre en place des forces de sécurité au service d’un agenda étranger.
À cela s’ajoute l’absence d’un calendrier clair pour le retrait des forces d’occupation sionistes génocidaires ou pour le transfert définitif du pouvoir. L’absence de dates et de délais légaux ouvre la voie à une longue procrastination au cours de laquelle la « présence internationale temporaire » devient une réalité et, au lieu d’être un mécanisme visant à mettre fin à l’occupation, elle devient un moyen de la perpétuer. C’est ce qui fait de ce plan, selon la logique de ses dispositions et de ses arrangements, un mécanisme visant à pérenniser l’occupation sous une forme institutionnelle nouvelle, plus subtile et beaucoup plus dangereuse, car elle se présente au monde comme une solution « raisonnable » tout en réduisant les droits et en sapant la souveraineté palestinienne.
Exclusion des Palestiniens et privation de leurs droits
L’un des problèmes les plus graves est que ce plan a été entièrement élaboré d’un commun accord entre Washington et l’entité occupante, sans aucune participation palestinienne réelle. Trump lui-même a déclaré que l’Autorité palestinienne ne se verrait pas attribuer de rôle direct avant la mise en œuvre de « réformes internes » et que le Hamas « ne ferait pas partie du gouvernement ».
Cela signifie tout simplement que les Palestiniens ont été écartés de la détermination de leur avenir et que les pays arabes et islamiques sont invités à participer à un projet qui ne comporte aucune garantie réelle pour les droits des Palestiniens. Le fait qu’une partie arabe ou islamique accepte de soutenir ce plan revient en pratique à s’associer à l’imposition d’une tutelle internationale sur Gaza et à ignorer le principe selon lequel seul le peuple palestinien a le droit de décider de son destin.
Malgré les propos de Trump sur une « perspective politique » de coexistence pacifique, il a réaffirmé sa compréhension de l’opposition catégorique de Netanyahu à la création d’un État palestinien. Cela signifie que le plan ne contient aucun engagement clair en faveur d’un État indépendant, mais se contente de lier la question à un avenir incertain qui dépend du « succès de la réforme de l’Autorité palestinienne ». Ainsi, les aspirations nationales palestiniennes sont laissées en suspens pour une durée indéterminée, tandis que des arrangements économiques et sécuritaires sont imposés, dont les prémices se manifestent sous la forme de gangs et de milices d’agents que l’occupation a commencé à armer et à essayer d’habiliter dans certains quartiers de la bande de Gaza pour qu’ils accomplissent ses sales besognes, rétablissant ainsi la domination sioniste.
Cette formulation révèle donc clairement l’objectif stratégique qui consiste à dépasser la vague de sympathie internationale envers les Palestiniens et à contourner la reconnaissance croissante de leur État, en imposant une nouvelle réalité qui marginalise l’idée d’indépendance politique au profit de dispositions sécuritaires et économiques temporaires qui pourraient durer des décennies.
Un sauvetage politique pour l’entité sioniste et Netanyahou
Sur le plan politique, le plan Trump-Netanyahou ne peut être dissocié des besoins internes des deux parties : il s’agit essentiellement d’un canot de sauvetage pour l’entité, dont l’image est ternie à l’échelle mondiale, et d’une bouée de sauvetage pour le criminel de guerre Netanyahou. Au niveau international, elle intervient à un moment où l’entité néonazie est confrontée à un isolement sans précédent, à des protestations populaires mondiales exigeant la fin de l’occupation, la mise en cause et le jugement des dirigeants sionistes, et à une pression croissante de la part des organisations de défense des droits humains et des élites intellectuelles, artistiques et politiques dans le même cadre. Mais le plan a présenté une image inversée : au lieu que le gouvernement Netanyahu fasse face aux conséquences de ses crimes, on lui propose un accord qui lui permet de récupérer des réalisations commercialisables sur le plan intérieur (récupération de prisonniers, désarmement de la résistance, retrait progressif sans engagements définitifs), puis de se montrer humble devant le public en déclarant que « les objectifs ont été atteints » sans avoir à supporter les conséquences d’une guerre d’extermination contre Gaza.
Quant à Trump, il cherche à rétablir un discours de leadership en matière de politique étrangère : être celui qui propose une « solution » et se repositionne comme un acteur majeur au Moyen-Orient. Pour tous deux, ce plan leur offre des résultats médiatiques et politiques rapides, propices à la mobilisation et à la propagande, tout en laissant en suspens les questions fondamentales de souveraineté, de justice et de responsabilité des auteurs de crimes.
Solutions possibles
Les Palestiniens ont déjà fait échouer des dizaines de projets similaires, fondés sur de fausses promesses et des arrangements sécuritaires et économiques trompeurs. Toutes les parties doivent comprendre que la véritable solution réside dans l’unité palestinienne, qui rejette la tutelle, exige la fin de l’occupation comme condition préalable, demande l’application des résolutions internationales qui reconnaissent l’existence et le droit des Palestiniens sur leur terre et leurs lieux saints, et propose une administration de Gaza par une solution entre sionistes et palestiniens garantissant la souveraineté, la dignité et les droits.
La logique politique, juridique et éthique confirme qu’aucune voie vers une solution juste et durable ne peut passer par une tutelle internationale imposée à Gaza, mais plutôt par un engagement explicite à mettre fin à l’agression, à lever immédiatement le blocus et à se retirer complètement des territoires palestiniens occupés. Ce n’est qu’alors que la reconstruction pourra avoir un sens réel, sans être réduite à un projet d’investissement conditionnel servant les intérêts de parties extérieures.
L’essence de la solution réside dans la mise en place d’une administration palestinienne issue d’un consensus national interne, fondée sur la volonté populaire et à laquelle participent les forces locales et la société civile, loin de toute exclusion ou tutelle. Dans cette voie, le principe de la responsabilité internationale pour les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité commis par l’entité génocidaire à Gaza reste un pilier fondamental incontournable ; la responsabilité n’est pas seulement une exigence morale, mais aussi une garantie politique pour que ces crimes ne se reproduisent pas, et une condition réelle pour parvenir à une solution juste et durable.
Source : CPI
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