Par René Naba

A Ziad Rahbani, In Memoriam

A Ziad Rahbani, fils de la grande vedette de la chanson arabe Fairouz, décédé en juillet 2025, pour son éminente contribution à la critique des mœurs sulfureuses libanaises.


Ce dossier en cinq volets est publié à l’occasion de la mort, le 28 septembre 2024, de Sayyed Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah Libanais,la formation paramilitaire chiite libanaise et animateur de la résistance anti-israélienne à l’échelle du Monde arabe.


Note de la rédaction de https://www.madaniya.info/

Le contrechamp est une prise de vue effectuée d’un point symétriquement inverse d’une autre prise de vue; le plan ainsi filmé est monté en alternance. En recourant à cette technique narrative, l’auteur de ce texte se propose de procéder à une lecture non conformiste de l’histoire du Liban, chouchou de l’occident…. A une lecture non conforme à l’image véhiculée par les médias occidentaux, qui relève davantage des plaquettes publicitaires que de la sombre réalité de ce pays. Fin de la note.

Le Hezbollah, une exception

Du magma libanais a surgi le Hezbollah, à la faveur de la montée en puissance de la communauté chiite dans le jeu politique libanais, dans la foulée de l’invasion israélienne du Liban, en 1982, sur les décombres de l’OLP, dont le sanctuaire libanais avait été éradiqué à cette occasion.

Cauchemar de l’Occident, bête noire des Saoudiens et des Israéliens, le Hezbollah a constamment fait l’objet d’une manœuvre d’étranglement visant à neutraliser la seule structure arabe à tenir tête tout à la fois aux États-Unis, à Israël et à la dynastie wahhabite.

Le seul à constituer une menace directe pour Israël en ce qu’il est seul acteur arabe disposant d’une base opérationnelle limitrophe d’Israël, à l’exception de la Syrie, hors service du fait d’une guerre intestine, et du Hamas, à l’époque en phase d’égarement révolutionnaire dans la foulée de son ralliement aux pétromonarchies du Golfe et de l’installation de son quartier général à Doha (Qatar), à 30 km de la base américaine du CENTCOM (Central Command).

Le Hamas a rallié l’axe contestataire à l’hégémonie israélo-américain au Moyen orient, en 2023, au terme de douze ans d’errance dans le giron atlantiste, devenant avec «Déluge al Aqsa», l’attaque contre Israël le 7 octobre 2023, le premier mouvement intégriste sunnite majeur anti américain.

Des trois partenaires de l’axe de la contestation à l’hégémonie israélo-américaine (Iran, Syrie, Hezbollah), l’axe subliminale du mal dans la stratégie atlantiste, le 3me acteur présente le meilleur rendement en terme de rapport qualité prix, la meilleure rentabilité opérationnelle en terme d’efficacité en ce que l’Iran (80 millions d’habitants, puissance du seuil nucléaire et autonome géographiquement) constitue un aléa stratégique pour une attaque occidentale et la Syrie, un aléa politique, avant de se placer sous la coupe de la Turquie dans la foulée de la chute du régime baasiste. en 2024.

L’anéantissement politique ou militaire du Hezbollah figure d’ailleurs dans toutes les démarches de la diplomatie occidentale depuis le début du soulèvement populaire en Syrie, en 2011. Cela est si vrai que la première proclamation officielle du premier chef de l’opposition syrienne off-shore, l’universitaire franco syrien Bourhane Ghalioune, a porté sur la première mesure symbolique qu’il prendrait au début de son mandat présidentiel, à savoir la rupture des relations stratégiques avec le Hezbollah et de la relation spéciale de la Syrie avec l’Iran.

La déclaration de Bourhane Ghalioune a plongé dans une profonde consternation ses parrains français en ce qu’elle a révélé prématurément les objectifs sous-jacents de la campagne de Syrie. Cet engagement a été consigné dans le protocole de Doha, la plate-forme politique de l’opposition, signée en Novembre 2012, sous la pression du Qatar qui prévoit en outre de recourir à la négociation politique pour récupérer le plateau du Golan occupé par Israël depuis 1967.

Autrement dit, un enterrement discret du contentieux syro israélien en ce qu’il implique la renonciation à la guerre et la reconnaissance d’Israël, sans préjuger du résultat final des négociations syro-israéliennes. Un schéma identique au processus israélo-palestinien d’Oslo avec ses aléas identiquement dilatoires.

Le duopole Rafic Hariri, le sunnite, et Hassan Nasrallah, le chiite.

Acte fondateur de la IIème République libanaise, les accords inter-libanais de Taëf, en mettant fin à la guerre civile libanaise (1975-1990), ont vu l’entrée en scène politique simultanée de deux personnalités hors du sérail politique qui domineront la vie politique libanaise depuis 1990 jusqu’à nos jours:

Le sunnite, Rafic Hariri, milliardaire saoudo libanais et le moine soldat chiite, Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah.

Cette propulsion simultanée des deux personnalités dominantes des deux courants de l’Islam libanais s’est faite sous la houlette de la Syrie et la caution américaine, double bonus des États-Unis, d’une part, à Damas pour sa participation à la 1ère guerre d’Irak (1990-1991) et, d’autre part, pour l’Arabie Saoudite, pour sa contribution à l’implosion de l’Union soviétique dans la guerre d’Afghanistan (1979-1989) via les djihadistes afghans.

Principal latifundiaire du pays, propriétaire de près du cinquième de la superficie d’un minuscule État de 10.450 km2, par ailleurs propriétaire d’un empire médiatique surpassant l’ensemble du parc libanais, disposant de surcroît d’une fortune personnelle supérieure au produit national brut, monopolisant en outre l’expression politique de l’islam sunnite libanais, Rafic Hariri était d’un calibrage conforme aux spécifications de ses mentors, son parrain saoudien et le protecteur américain de la pétromonarchie.

Dans un pays désarticulé et segmenté en une multitude de communautés religieuses, sa protubérance paraissait inadaptée aux structures libanaises. A défaut de contrepoids, faute de balises, ce vizir qui se rêvait à la place du grand vizir, électron libre aux effets centrifuges, a pu paraître comme un facteur de déséquilibre, un instrument de déstabilisation pour le Liban et son voisinage immédiat.

Formation paramilitaire chiite, le Hezbollah, fondé en 1982 dans la foulée de la perte du sanctuaire libanais par l’OLP, ne s’est ainsi engagé dans l’arène politique que dix ans après sa création, l’année de la propulsion de M. Rafic Hariri à la tête du gouvernement libanais, en 1992, en vue de contrebalancer précisément la protubérance politique du milliardaire saoudo-libanais qui portait menace sur son espace vital.

De 1992 à 1998, soit pendant 6 ans, le duopole gouvernera le Liban, en l’absence de toute participation du leadership chrétien sinistré par l’auto décapitation de ses chefs charismatiques et la collaboration avec Israël durant la guerre civile Libanaise.

Le sunnite, en parfait représentant du pan capitalisme financier pro américain, artisan de la reconstruction de Beyrouth détruite par la guerre, transformera le Liban en un état rentier, fondant son économie sur la spéculation financière et immobilière, pour en faire le «Hong Kong du Moyen orient». Il fera un usage abondant de la «diplomatie du carnet de chèques», se bâtissant un empire médiatique à sa gloire, par la corruption des élites et certaines des grandes consciences de la gauche mondaine, se rétribuant sur les débris de la capitale en ruine pour édifier son empire immobilier SOLIDERE, le socle de son empire financier.

En sa qualité de chef de file d’un Islam impulsé par la Révolution islamique d’Iran, contestataire à l’hégémonie israélo-américaine dans la zone, le chiite, entre-temps, fera l’unité au sein de sa communauté dont il assurera la gestion en partenariat avec le chef du pouvoir législatif et chef du mouvement Amal, Nabih Berry.

Consolidant la défense du sud Liban, la principale zone de déploiement des chiites au Liban, il en fera la plate-forme de ses attaques contre Israël, en vue de faire cesser les bombardements massifs de l’État Hébreu contre cette zone frontalière qu’il ciblait depuis la décennie 1960 pour en faire un no man’s land dont il convoitait ses cours d’eau.

Israël a, en effet, constamment convoité les ressources hydrauliques arabes pour «fertiliser le désert», d’une part, selon le mot d’ordre sioniste, détournant notamment les eaux du Jourdain, dans la décennie 1960, en s’opposant à la restitution des fermes libanaises de Chebaa, surplombant les fleuves Litani, Hasbani et Wazzani au sud Liban.

L’an 2000: Année charnière

Atteint de cancer en phase terminale, le président syrien Hafez Al Assad, a veillé à verrouiller sa succession. La Syrie favorisera alors l’élection du général Émile Lahoud à la tête de l’État libanais, en 1998.

Principal obstacle à la mainmise économique du milliardaire libano saoudien sur le Liban, un des rares personnages publics libanais de premier plan à n’avoir pas succombé aux séductions matérielles de M. Hariri, Émile Lahoud, fondateur de la nouvelle armée libanaise, forgera une nouvelle doctrine stratégique privilégiant la riposte à Israël, rompant, ce faisant, avec le défaitisme ambiant de l’ère post indépendance qui réduisait l’armée à un rôle parasitaire et répressif.

Par mouvement symétrique, Hariri, l’homme lige des Saoudiens actionne le réflexe communautaire en faisant du sunnite syrien Abdel Halim Khaddam, son partenaire privilégié en affaires, pourtant un cacique du régime baasiste en sa double qualité de vice-président de la République et proconsul de Damas au Liban.

L’an 2000 voit tout à la fois le décès de Hafez Al Assad et le triomphe militaire du Hezbollah, qui contraint Israël à un dégagement militaire du Liban, sans négociation, ni traité de paix. Dix sept ans après l’abrogation du traité de paix libano-israélien du 17 Mai 1983 par suite d’un soulèvement de la population de Beyrouth, ce fait d’armes de la formation chiite dans l’histoire militaire peu glorieuse du monde arabe contemporain, a propulsé le Hezbollah au rang de grand acteur du Moyen orient. Et, par ricochet, le Liban au rang de curseur diplomatique régional.

Un exploit comparable par son ampleur à la destruction de la Ligne Bar Lev, en 1973, lors de la guerre d’Octobre. Voire plus, en ce que la destruction de la ligne de défense israélienne sur le Canal de Suez a été le fait de l’armée du plus grand pays arabe abondamment équipé d’armement soviétique en aviation, artillerie et blindé, alors que la retraite sans gloire de l’armée israélienne du Liban s’est opérée sous les coups de boutoir non d’une armée régulière mais d’une formation paramilitaire pratiquant la guerre de guérilla. Une novation stratégique dans la polémologie du Moyen Orient.

Trois ans plus tard, le Front Oriental du champ de bataille israélo-arabe est totalement anéanti sous le double effet de l’invasion américaine de l’Irak, en survie,2003, et l’encerclement de la Syrie, point de passage du ravitaillement stratégique du Hezbollah, sous le feu croisé de ses voisins-ennemis, Israël et la Turquie, dans une alliance de revers entre ce que la propagande atlantiste qualifiait en ces temps là des «deux grandes démocraties du Moyen Orient».

Pression supplémentaire, les Etats Unis brandissaient à l‘époque leur épée de Damoclès sur la tête du régime de Damas, via la Syrian Accountability ACT.

Rafic Hariri sera tué dans l’explosion d’une voiture piégée, en Février 2005, au retour d’une mission en Irak pour le compte des Américains et des Saoudiens en vue de rallier le soutien des tribus sunnites à la guerre américaine anti baasiste.

Dans une enquête à charge, exclusivement à charge, sans soulever l’éventualité d’une piste jihadiste voire même israélienne, –ou mieux l’hypothèse d’un jeu de billards à trois bandes conçu par des caciques du régime syrien pour évincer Bachar Al Assad par le souffle de la déflagration ayant provoqué l’élimination de Rafic Hariri–, un enquêteur allemand mettra en cause la Syrie et le Hezbollah en vue de criminaliser ces deux bêtes noires de l’Occident et de faciliter ainsi la prise de pouvoir de Saad Hariri.

L’hypothèse de la piste syrienne a été évoquée par le journaliste français Richard Labévière, ancien officier de la marine et ancien directeur de la revue de la défense nationale française.

….«Rafic Hariri, «l’ami de Jacques Chirac avait été vraisemblablement tué par des Syriens, certes, mais pas par ceux que l’on croit…….«A la mort de Hafez Al-Assad, Abdel Halim Khaddam est devenu président par intérim du 10 juin au 17 juillet 2000, puis vice-président avant de faire brusquement défection et de s’installer avec sa famille à Paris.

Plusieurs sources autorisées soupçonnent ce grand dignitaire sunnite d’avoir préparé un coup d’État contre Bachar avec l’aide de Ghazi Kanaan et de plusieurs généraux de l’armée syrienne…«Avec l’appui de plusieurs services étrangers, ce cercle pro-saoudien aurait monté l’assassinat de Rafic Hariri, persuadé qu’un tel événement permettrait le renversement de Bachar al-Assad et leur prise de pouvoir», écrit Richard Labévière, à l’expertise reconnue sur le Moyen Orient.

La Syrie et le Hezbollah sur la défensive, Israël se lance dans une nouvelle guerre de destruction du Liban, en juillet 2006, en vue de venger son retrait honteux du Sud-Liban, six ans plus tôt, d’une part; de soulager la pression sur son allié américain pataugeant dans le bourbier irakien, et, de renforcer enfin le camp pro américain au Liban par la destruction du Hezbollah, d’autre part.

En vain. Ehud Olmert, le premier ministre israélien de l’époque, démissionnaire après cet échec, sera poursuivi en justice et condamné à la prison.

Et les alliés de l’Amérique déconsidérés tant par la stupéfiante désertion de Saad Hariri, chef du plus important bloc parlementaire, abandonnant la population de Beyrouth dont il est l’élu, sans défense ni assistance………à l’image du leadership sunnite arabe, lequel, fait plus grave, désertait le combat pour la Libération de la Palestine en s’engageant dans une normalisation feutrée avec Israël.

Le Tribunal Spécial sur le Liban, créé hors des normes constitutionnelles libanaises par arrangement tacite entre le premier ministre Fouad Siniora et l’ONU, en vue de juger les assassins de l’ancien premier ministre libanais, s’est disqualifié par ses dérives au point de constituer une parodie de la justice: Un procès politique sous habillage juridique pour renflouer l’héritier problématique du clan.

En initiant un combat mobile dans un circuit fermé, une novation stratégique militaire, le Hezbollah se dotait, lui, d’une stature régionale. Son deuxième fait d’armes en moins d’une décennie face à l’une des armes les plus puissantes du Monde, le propulse au pinacle de la popularité pan arabe, face à ces lilliputiens adversaires libanais.

Saad Hariri versus Hassan Nasrallah

La gestion calamiteuse de l’héritier du clan Hariri: Le falot sunnite face à une légende vivante chiite de l’histoire contemporaine.

L’annonce, lundi 24 janvier 2022, par l’ex-Premier ministre libanais Saad Hariri de son retrait de la vie politique s’apparente, malgré les trémolos dans sa voix, à une désertion. En 17 ans de pouvoir (2005-2022) à la tête du clan, Saad Hariri a dilapidé le capital de sympathie hérité de son père, de même que son propre capital financier, réduisant son bilan à une double faillite retentissante gouvernementale et financière.

A- Le discours d’investiture.

Le signal a été donné dès le départ avec son discours d’investiture. Affligeant spectacle et consternant.

Quiconque aura assisté au discours d’investiture du plus jeune premier ministre de l’histoire du Liban, Saad Hariri, avait l’impression d’assister à un cours de lecture pour adulte analphabète. Égrenant avec difficulté des phrases écrites en gros caractères, l’homme était manifestement à la peine, au point que, faussement charitable, le président de l’Assemblée nationale libanaise, Nabih Berri, lui proposera, non sans malice, l’aide d’un lecteur confirmé.

B- Sa mandature gouvernementale: un gouvernement offshore.

Sa mandature gouvernementale a constitué, c’est là son unique titre de gloire, une rare contribution à la science politique contemporaine. Le premier cas dans l’histoire d’un gouvernement par télécommande (remote control), dans la double acception du terme, un gouvernement téléguidé par ses commanditaires saoudiens, dont il répercute les consignes par télécommande, depuis son lieu d’exil, à ses collaborateurs délocalisés au Liban.

C- De la fuite comme mode de gouvernement: «Le planqué de Beyrouth».

Grand vainqueur des élections législatives qui ont suivi le retrait syrien du Liban, en juin 2005, l’homme en guise de baptême de feu, désertera le champ de bataille durant la guerre destructrice d’Israël contre son pays, en juillet 2006.

Il traînera alors comme un boulet le sobriquet de «planqué de Beyrouth» par allusion à son exil de six semaines hors du Liban durant les bombardements aériens israéliens, alors qu’en sa triple qualité de député, chef de la principale formation politique de Beyrouth et héritier du rénovateur de la capitale libanaise, sa présence sous les bombes aux côtés de ses électeurs et néanmoins compatriotes aurait eu valeur d’exemple, l’exemple du courage dans l’adversité. Son retour à bord d’un appareil de l’armée française a accrédité l’idée d’un homme revenu au pouvoir dans «les fourgons de l’étranger».

Cet ambitieux sans substrat intellectuel récidivera à trois reprises, notamment lors de la séquence du «printemps arabe», au début de la décennie 2010. Chef de gouvernement dûment investi mais quasiment absent du siège de son pouvoir, il ne fera escale qu’entre deux voyages, gérant à distance un pays pourtant considéré comme l’épicentre d’une zone névralgique.

4- Le sabordage de l’héritier du clan

L’annonce, lundi 24 janvier, par l’ex-Premier ministre libanais Saad Hariri de son retrait de la vie politique s’apparente, malgré les trémolos dans sa voix, à une désertion.

Mais cette décision qui pourrait provoquer le morcellement de la communauté sunnite, abandonnée à son sort, n’a pas pour autant suscité d’émotions particulières. Elle n’a pas surpris grand monde tant sa prestation gouvernementale a été piteuse tout au long des 17 ans de son magistère sunnite.

L’ex-Premier ministre avait les traits tirés, la mine fatiguée et les larmes aux yeux lorsqu’il a fait son annonce devant une poignée de membres de sa famille et de cadres de son parti, avant de prendre l’avion pour Abou Dhabi, où il réside en ce moment, signifiant à tous que la page était déjà tournée: «Il n’y a aucune opportunité positive pour le Liban à l’ombre de l’influence iranienne, de la confusion sur le plan international, des divisions internes, de la montée du communautarisme et de l’effondrement de l’État.»

Piqûre de rappel des plus célèbres forfaitures de son clan:

Un an après la succession de son père, l’ignominieuse accolade de Fouad Siniora à Condoleeza Rice en pleine agression israélienne de Beyrouth, en 2006, discréditera le premier ministre de l’époque en ce que la secrétaire d’état représentait les États-Unis, un pays complice d’Israël dans la guerre de destruction de Beyrouth, en 2006.

A- L’affaire de réseau des télécommunications du Hezbollah

Fouad Siniora ruminera sa vengeance. Pour redorer son image auprès de ses mentors occidentaux et saoudien, l’ancien comptable de son mentor Rafic Hariri tentera de couper les communications stratégiques du Hezbollah , un an plus tard, en 2007, en vue de faciliter une nouvelle attaque israélienne, destinée à compenser le revers de 2006.

En prévision de cette opération, son ministre des télécommunications, Marwane Hamadé, se rend à Paris auprès de Bernard Kouchner, le transfuge socialiste ministre des Affaires étrangères, pour lui soumettre le plan consignant l’ensemble du réseau du Hezbollah.

Une démarche nullement anodine mais visant un double objectif:

-Obtenir la caution de la France à l’époque présidée par Nicolas Sarkozy, un philo-sioniste notoire, au coup de force du gouvernement libanais et d’une manière adjacente informer indirectement les Israéliens du dispositif de la formation chiite. Circonstance aggravante, une mystérieuse néerlandaise gravitait dans le périmètre du ministère, dont M. Marwane Hamadé en avait la tutelle: Inneke Botter, ancien cadre supérieur de la succursale hollandaise de la firme française Orange et partenaire de la société libanaise.

Proche de la Mafia israélienne opérant en Europe centrale notamment en Géorgie et en Ukraine, elle a été démasquée par les services de renseignements russes. Elle disparaîtra des radars, sans doute sous l’effet d’une mystérieuse évaporation. Une exfiltration? Pareille forfaiture aurait été passible partout ailleurs de la Cour Martiale. Pas au Liban. Mais Beyrouth est un vaste cimetière de traîtres, en ce que ce bilan macabre n’a apparemment pas découragé les vocations tant cette activité périlleuse s’est révélée lucrative.

La manœuvre de Fouad Siniora visait à contraindre le Hezbollah de recourir au téléphone filaire de l’État Libanais ou de l’un de ses trois réseaux mobiles, tous contrôlés par les services israéliens.

Une décision considérée comme un «casus belli» par le Hezbollah qui passe à l’attaque le 7 Mai 2008, pour se dégager du nœud coulant dressé autour de son cou. En une demi journée, le Hezbollah s’emparera d’édifices publics et des domiciles privés des officiels libanais. Il désarmera les services de sécurité de l’État, neutralisant un bunker situé sous l’ancien siège de la Télévision du Futur, propriété de la famille Hariri, qui abritait un centre opérationnel des forces anglo-saxonnes et de la Jordanie.

Hasard ou préméditation? Marwane Hamadé fera l’objet d’une tentative d’assassinat et son neveu, le journaliste Gébrane Tuéni, Directeur du quotidien libanais «An Nahar», tué dans un attentat à la voiture piégée, en 2005.

5- Au delà du Hezbollah, l’Iran

A- Le positionnement géostratégique du déploiement démographique chiite

Les Chiites représentent près de 15 pour cent de l’ensemble de la population musulmane, soit près de 200 millions de personnes, soit presque autant que la seule Indonésie, répartis dans quatorze pays, dont quatre où ses adeptes sont majoritaires : Iran (90% religion d’État), Azerbaïdjan (85%), Irak (64%), Bahreïn (75%) et dix pays dans lesquels les chiites sont minoritaires : Yémen (45%), Turquie (20%), Syrie (15%), Koweït (20%), Émirats Arabes Unis (13%), Afghanistan (20%), Qatar (5%), Égypte (1%), Arabie saoudite (5%), Pakistan (20%).

Minoritaire, certes, mais de par son déploiement géographique et démographique, il constitue une minorité stratégique qui explique la focalisation israélo-américaine. Le chiisme contrôle, en effet, par l’Iran la totalité d’une des deux rives du Golfe arabo-persique, la veine jugulaire du système énergétique internationale. De par son déploiement démographique, la branche rivale du sunnisme est présente dans toutes les zones pétrolifères du Moyen orient: Dans la région orientale du Royaume saoudien (Dhahran), dans le sud de l’Irak (Bassora) et le Nord du Koweït. Dernier et non le moindre des éléments : les Chiites sont en outre massivement déployés au Sud Liban, l’ultime zone de confrontation avec Israël, avec l’enclave palestinienne de Gaza, ainsi qu’en Afrique occidentale.

B – Des dangers d’une révolution islamique en zone pétro monarchique

Les impératifs stratégiques sont des faits incontournables qu’il importe de ne jamais occulter : L’idée même de « révolution islamique », surtout lorsqu’elle est le fait d’un pays chiite, l’Iran, porte en elle les germes de dépérissement des pétromonarchies de son environnement. Surtout s’il s’agit d’une révolution populaire, et non d’un coup d’état militaire, surtout si cette révolution islamique est d’essence chiite, et qu’elle constitue de ce fait une menace de bouleversement révolutionnaire pour le camp sunnite ; surtout enfin si elle fonctionne selon le principe de l’élection alors que les pétromonarchies fonctionnent selon le principe de la transmission héréditaire du pouvoir

C– Le nucléaire iranien, l’Iran un cas d‘école

L’accession de l’Iran au rang de « puissance du seuil nucléaire », en dépit d’un embargo de quarante ans  doublé d’une guerre de près de dix ans imposée à l’Iran par l‘Irak interposé, a suscité l’admiration de larges fractions de l’opinion de l’hémisphère sud qui ont vu dans cet exploit technologique incontestable la preuve parfaite d’une politique d’indépendance, en ce qu’il débouche sur la possibilité pour l’Iran de se doter d’une dissuasion militaire en même temps que de maintenir son rôle de fer de lance de la révolution islamique. Par extension pour tout pays du tiers monde, musulman ou non, de pouvoir se doter de la technologie de pointe, hors imprimatur occidentale.

Dans une zone de soumission à l’ordre israélo américain, le cas iranien est devenu de ce fait un cas d’école, une référence en la matière, et, l’Iran, depuis lors, est devenu le point de mire d’Israël, sa bête noire, dans la foulée de la destruction de l’Irak, en 2003 et de la destruction de la Syrie, dix ans plus tard. Depuis la venue au pouvoir du premier ministre israélien ultra droitier, Benyamin Netanyahu, il y a six ans, Israël a lancé trois attaques virus visant le champ informatique iranien en vue de neutraliser, sinon retarder le programme nucléaire de la République islamique. Doublée d’une campagne d’assassinats de savants iraniens, la triple campagne virale, Stuxnet, Duqu et Flame, a visé tout autant le système nucléaire iranien que le système bancaire libanais, supposé servir de plate forme de blanchiment au trésor de guerre du régime syrien et du Hezbollah libanais.

6- Le Hezbollah Accountability Act ou La criminalisation du Hezbollah, en tandem avec Samir Geagea.

La criminalisation du Hezbollah s’est faite à l’instigation de Saad Hariri, furieux d’avoir été débarqué sans ménagement de son poste de premier ministre, en 2011, en tandem avec son grand allié Samir Geagea et des parlementaires américains d’origine libanaise, –Nick Rahhal, Charles Boustany et Darrell Issa.

Curieux attelage que le tandem Hariri Geagea: Fossoyeur du leadership chrétien, unique dirigeant libanais condamné pour assassinat, amnistié et non blanchi, Samir Geagea s’est, lui, drapé dans une posture de nuisance assumée pour le compte du camp occidental.

Faute d’héritiers, cet homme, incarnation d’un parfait zombie criminogène, demeure à l’affût d’un rôle générateur de prébendes et de dividendes aussi bien politiques que financiers. Le chef milicien lâchera d’ailleurs son allié sunnite à qui il doit sa liberté, à la première occasion.

Le HATA (Hezbollah Accountability Act) a été voté sur le modèle de la Syrian Accountability Act, adopté, lui, neuf ans plus tôt, dans la foulée de l’invasion américaine de l’Irak. Ces deux textes législatifs américains (Hata et Syrian Accountability act) ont été adoptés dans le vain espoir de faire pression sur la formation politico-militaire chiite et son allié syrien en vue de les contraindre de se conformer à l’ordre saoudo américain.

Intervenu près d’un an avant la mise sur pied de la coalition de l’opposition syrienne off-shore, sous la houlette franco turque, la pression diplomatique a été aiguillonnée notamment par un autre parlementaire américano-libanais, proche du lobby sioniste aux États-Unis, Anthony Nicy, ainsi que par Walid Farès, ancien cadre dirigeant des milices chrétiennes libanaises durant la guerre civile libanaise (1975-1990) et recyclé aux États-Unis en tant que conseiller auprès de la commission de la lutte anti-terroriste au sein du sénat américain;

Le leadership maronite dispose d’un très actif lobby auprès du congrès américain regroupé sous la houlette de l’«American Task Force Lebanon» (ATFL) et d’ «Our  New Lebanon» dirigé par May Rihani, présidente de l’Université culturelle de Washington. Une parfaite incarnation des dérives mortifères de l’ irrédentisme maronite.

Cf ce lien sur Walid Pharès

Les puissances majeures de l’OTAN ne sont pas parvenues à réduire la résistance du Hezbollah et la fraction de la population libanaise contestataire à l’ordre hégémonique israélo-américano-saoudien sur le Moyen Orient, onze ans après l’adoption de la HATA (Hezbollah Accountability Act) par le congrès américain, en 2011 dans la foulée du déclenchement de la guerre de destruction de la Syrie.

Ce revers occidental s’est produit en dépit d’une guerre d’agression israélienne en 2006 contre le fief du Hezbollah, dans le Sud du Liban et la banlieue sud de Beyrouth; en dépit de la guerre de destruction de la Syrie, voie de ravitaillement stratégique de la formation politico militaire chiite; en dépit du blocus économique instauré par les États-Unis contre le Liban et de la présence des principaux alliés des Américains sur les leviers des commandes au Liban.

7- Un palmarès militaire prestigieux.

Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah libanais a été tué par un bombardement israélien, le 27 septembre 2024, dans sa guerre de soutien aux mouvements palestiniens de Gaza, le Hamas et le Jihad Islamique.

À la tête de la formation paramilitaire chiite libanaise depuis 32 ans, ce moine soldat de l’islam moderne, peut se targuer d’un glorieux palmarès face à Israël, notamment:

Le fait d’avoir contraint l’État hébreu à se retirer militairement du Liban, en 2000, sans négociations ni traité de paix, fait unique dans les annales de la polémologie mondiale.

Le fait d’avoir mis en échec, six ans plus tard, en 2006, une offensive terrestre israélienne au Liban, initiant un conflit mobile dans un circuit fermé, une novation stratégique, provoquant une hécatombe des blindés israéliens au sud-Liban et la démission corrélative du premier ministre israélien de l’époque Ehud Olmert, de même que son chef de l’aviation, le général Dan Halutz !

Enfin, le fait surtout, que durant son magistère (2.000-2024), le Hezbollah aura été la redoutable force de dissuasion du Liban face à Israël, particulièrement lors des négociations sur la délimitation de la frontière maritime du Liban et des zones d’explorations pétrolière off shore.

Un tel palmarès explique l‘acharnement des Américains et des Israéliens à éliminer cet encombrant personnage au cours de la plus importante coopération technologique et militaire des deux puissances majeures du Moyen Orient.

8- Lors de l’opération «Déluge Al Aqsa»

L’engagement du Hezbollah dans la guerre a contraint Israël à immobiliser dans la région frontalière libano-israélienne «le tiers des effectifs logistiques de l’armée israélienne, y compris des troupes d’élite, la moitié de ses forces navales, alors que 50 pour cent de sa force balistique a été positionnée en direction du sud-Liban, le forçant à évacuer la population de 45 agglomérations urbaines», a assuré le chef de la formation militaire chiite, dans un discours télévisée d’une durée d’1H 40 et répercuté par la chaîne Al Jazeera» sur l’ensemble du Monde arabe.

Dès le lancement de l’opération «déluge al Aqsa», le Hezbollah a déployé une stratégie de montée progressive de la tension à la frontière libano-israélienne, plutôt qu’un déploiement de riposte multiforme instantané, afin d’aveugler Israël et de le priver de toute visibilité sur le sud du Liban.

Tel est le constat fait par les observateurs au terme de 27 jours d’accrochages répétés dans la zone frontalière, marqués notamment par la destruction de 140 caméras de vidéo-surveillance israéliennes, de 33 radars, de 17 système de brouillage des transmissions, provoquant corrélativement l’évacuation de 45 agglomérations urbaines israéliennes du Nord de la Galilée

9- L’explosion des bipeurs

Le 17 septembre 2024, des milliers de Libanais ont été blessés lors de l’explosion de leur bipeur, ces appareils de communication sans fil qui étaient largement utilisés avant la généralisation des téléphones portables. Les combattants du Hezbollah y recouraient depuis plusieurs mois pour éviter l’emploi des réseaux téléphoniques, qu’Israël était parvenu à infiltrer et pirater. Cette opération massive et coordonnée a fait plus de 2750 blessés, dont 200 dans un état critique.

Du fait de l’embargo qui frappe tant la République islamique que le Hezbollah, ni l’Iran ni la formation  paramilitaire chiite libanaise n’ont un accès direct aux fournisseurs de technologie de pointe. Pour en acquérir, ils doivent obligatoirement passer par des intermédiaires, ce qui facilite l’infiltration de ces derniers par les services occidentaux et israéliens. Une des failles de sécurité des bipeurs réside dans ce fait.

Quadrillé militairement par l’Otan, soumis à un blocus économique, le pays atteint d’une espionnite aiguë, avec un leadership maronite dont le félonie constitue la marque de fabrique, le Hezbollah peut se targuer, à juste titre, d’un palmarès prestigieux, en dépit d’un environnement hostile, le propulsant au hit parade des mouvements de libération nationale, à l’égal du FLN vietnamien, en en faisant un grand décideur régional.

L’infiltration de l’espionnage israélien, par capillarité, dans les interstices du tissu vermoulu de la société libanaise pourrait expliquer, sans la justifier, cette action d’éclat des services israéliens.

Un récitateur de Coran suspecté d’espionnage en faveur d’Israël

Mohammad Ali Saleh, une personnalité connue du monde culturel de la banlieue sud de Beyrouth, fief du Hezbollah, a été inculpé pour espionnage en faveur d’Israël. Récitateur du Coran, il aurait perçu 23.000 dollars en échange d’informations ayant facilité l’élimination de personnalités proches de la formation paramilitaire chiite, notamment de Hassan Boudeir et de son fils Ali, ainsi que le bombardement de sites à Nabatiyeh, au sud Liban, en Mai 2025.

Pour le locuteur arabophone, cf ce lien

Quatre autres Libanais ont été accusés de travailler pour les renseignements israéliens. L’un est un ancien combattant du Hezbollah et ex-infirmier qui travaillait à l’hôpital Rassoul el-Aazam dans la banlieue sud de Beyrouth, bastion du parti chiite. Il a été arrêté pour suspicion d’espionnage au profit d’Israël. Trois d’entre eux sont issus du Liban-Sud et un quatrième est originaire de la Békaa. L’armée libanaise avait annoncé en outre l’arrestation d’un Libanais pour avoir «communiqué avec des agents des services de renseignements » israéliens. Cet homme, identifié par les initiales H.A., serait un coiffeur originaire de Beit Lif (caza de Bint Jbeil) dont la famille fait partie des partisans du Hezbollah. L’homme a fourni des informations sécuritaires à ses recruteurs.

Dans ce contexte, l’explosion des bipeurs ne relève pas tant d’un exploit de ces services, mais révèle, en creux, les stigmates de la pourriture morale de la société libanaise.

Mais en dépit de la décapitation de son leadership (Hassan Nasrallah et Hicham Safieddine), les lourdes destructions infligées à son infrastructure  économique et militaire, ainsi qu’à son environnement humain et urbain, l’armée israélienne n’a pu percer les lignes de défense du Hezbollah au Sud Liban, contraignant l’État Hébreu à se résoudre à conclure un cessez le feu avec la formation paramilitaire chiite.

La mainmise saoudo américaine sur le Liban, matérialisée fin 2024 par l’accession au pouvoir du président Joseph Aoun et du premier ministre Nawaf Salam visant à désarmer le Hezbollah et favoriser une normalisation israélo-libanaise, – selon le schéma du précédent traité de paix conclu sous l’égide du président phalangiste Amine Gemayel, en 1983,– pourrait se heurter à un obstacle majeur: l’incapacité du nouveau pouvoir libanais à obtenir d’Israël à respecter les engagements qu’il a contractés à l’occasion du cessez le feu conclu en novembre 2024.

La démonstration de force que la formation paramilitaire chiite libanaise a déployée à l‘occasion des funérailles de son ancien chef charismatique, Sayyed Hassan Nasrallah, en février 2025, à Beyrouth, de même que la discipline et le dispositif de sécurité de ses adhérents et de ses militants ont apporté la preuve de sa vitalité.

Toutefois, la chute du régime baasiste en Syrie, au lendemain du cessez le feu israélo-libanais, le 6 décembre 2024, paraît devoir constituer l’un des plus redoutables défis que le Hezbollah devra affronter en ce que la perte du sanctuaire syrien le prive désormais de sa voie de ravitaillement stratégique avec l’Iran.

De la manière dont il surmontera cette épreuve dépendra dans une large part sa force dissuasive, de même que sa crédibilité, et, vraisemblablement, sa pérennité pour demeurer ce qu’il a été pendant le magistère de Hassan Nasrallah, l’ultime digue de retenue face au grand naufrage arabe.

La rigueur de la riposte iranienne à l’agression caractérisée israélienne contre les centrales nucléaires iraniennes, en juin 2025, avec notamment la destruction de l’Institut Weizmann, le fleuron de la pensée stratégique israélienne, de la bourse de Tel Aviv, le poumon financier de l‘état hébreu, de la base de contrôle aérienne de Méron (Galilée) et la base opérationnelle du Mossad à Beersheva, (B’ir As Sabeh, le puit du Lion), a redonné des couleurs au Hezbollah libanais et douché l’enthousiasme de ses détracteurs trop pressés de se vautrer à nouveau dans les délices de capoue.

Si l’option diplomatique préconisée par le pouvoir libanais venait à échouer, elle donnerait argument au Hezbollah de conserver son arsenal. Sauf à intégrer la formation paramilitaire chiite à l’armée libanaise, comme ce fut le cas pour les milices chrétiennes à la fin de la guerre civile libanaise en 1990, ou encore, plus récemment, comme cela a été le cas avec l’incorporation des terroristes islamistes d’Al Qaïda et de Daech avec la nouvelle armée syrienne post baasiste.

L’adjonction des combattants du Hezbollah libanais à l’armée régulière libanaise  conférerait au  dispositif de défense libanais une crédibilité autrement plus grande en ce que le Hezbollah y jouera un rôle comparable à celui de la “Jerusalem Brigade” du général Qassem Souleymani auprès de l‘armée iranienne.

La pression de l’émissaire saoudien Ziad Ben Farhat relayée par les émissaires américains successifs Morgan Ortagus et Tom Barack et mécaniquement amplifiée par le chef des milices chrétiennes Samir Geagea, en vue de désarmer de force la formation paramilitaire chiite pourrait déboucher sur une nouvelle guerre civile, la 3eme depuis l’indépendance du Liban en 1943.

A défaut, le Liban sera inexorablement voué à une finlandisation et à l’atrophie de son rôle légendaire de poumon intellectuel du Monde arabe. Une finlandisation comparable par sa portée stratégique à la perte de la Palestine, en 1948, ou encore à la chute du Royaume arabe de Grenade, une blessure encore vivace dans les mémoires, immortalisée par l’apostrophe de la Reine Aïcha à son fils Boabdil.

Au sommet du Mont Palud, Boabdil, dernier roi musulman d’Espagne qui signa la reddition de Grenade, le 2 janvier 1492, se retourna une dernière fois pour contempler la ville qu’il perdit pour toujours et lâcha un soupir et une larme. C’est alors que la sultane Aïcha, sa mère, qui l’accompagnait dans son exil avec les grands qui composaient jadis sa cour, l’apostropha en ces termes: «Pleure maintenant comme une femme un royaume que tu n’as su défendre ni en tant qu’homme, ni en tant que Roi!».

L’expérience le prouve et l’histoire l’enseigne: Une alliance d’un faible à un fort tourne toujours à l’avantage du fort. Cela a été le cas de l’intrumentalisation de l’Islam sunnite par l’Otan contre l’Union soviétique, au plus fort de la guerre froide américano soviétique (1945-1980), cela a été également le cas des supplétifs syriens envers Israël, comme cela sera le cas des serfs vibronnaires libanais d‘une Amérique en phase de reflux de puissance et d’un état hébreu en état de perte d’immunité médiatique.

Pour comprendre le Chiisme, l’Iran, cf ces deux liens

Illustration

Mohammad Yassine / OLJ

Source : auteur
https://www.madaniya.info/…

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