L’ancien premier ministre britannique Tony Blair à Londres, le vendredi 3 juin 2022
[AP Photo/ Daniel Leal]

Par Andre Damon

Dimanche, le Washington Post a publié un plan de 38 pages pour le nettoyage ethnique de Gaza, élaboré avec la collusion du Boston Consulting Group et du personnel de l’ancien premier ministre britannique Tony Blair, et activement discuté à la Maison-Blanche.

Selon le Washington Post, le plan « envisage au moins une relocalisation temporaire de l’ensemble des plus de 2 millions d’habitants de Gaza, soit par ce qu’il appelle des départs “volontaires” vers un autre pays, soit dans des zones restreintes et sécurisées à l’intérieur de l’enclave pendant la reconstruction ».

Le Post a laissé entendre que le plan avait été discuté lors d’une réunion mercredi dernier à la Maison-Blanche à laquelle Blair a assisté. Les responsables de la Maison-Blanche sont restés discrets sur le contenu de la discussion, affirmant seulement qu’elle portait sur les efforts pour « régler » la guerre et sur « l’après » Gaza.

En réalité, le plan publié par le Washington Post envisage un holocauste du XXIe siècle, impliquant le rassemblement de toute la population de Gaza dans des camps de concentration. De là, ils seraient contraints, par la famine et la maladie, de fuir leur terre.

Une fois le nettoyage ethnique de l’enclave terminé, Gaza devrait, selon le rapport, avoir une « valeur d’actif » de 320 milliards de dollars. De plus, le rapport estime le bénéfice économique de l’expulsion de chaque Palestinien de sa terre à 23 000 dollars par personne.

Le plan transformerait Gaza « en une tutelle administrée par les États-Unis pendant au moins 10 ans, le temps qu’elle soit convertie en une station touristique étincelante et un centre de fabrication et de technologie de pointe ».

La déclaration de Trump plus tôt cette année selon laquelle les États-Unis et Israël « posséderaient » Gaza, loin d’être une simple figure de style, est en fait le programme opérationnel des États-Unis et d’Israël.

Le président Donald Trump, à gauche, rencontre le premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou, à droite, dans la salle bleue de la Maison-Blanche, le lundi 7 juillet 2025 à Washington. [AP Photo/Alex Brandon]

En février, le président Donald Trump a déclaré : « Nous allons avoir Gaza […] Nous n’avons pas besoin d’acheter. Il n’y a rien à acheter. Nous aurons Gaza […] Nous allons la prendre. »

Ces déclarations sont conformes aux propos du gouvernement israélien. Jeudi, le ministre des Finances Bezalel Smotrich a déclaré : « Israël doit contrôler complètement toute la bande, pour toujours. Nous annexerons une zone de sécurité et ouvrirons les portes de Gaza à l’émigration volontaire. »

En mai, Smotrich a déclaré : « D’ici un an […] Gaza sera entièrement détruite, les civils seront envoyés […] au sud dans une zone humanitaire […] et de là, ils commenceront à partir en grand nombre vers des pays tiers. »

En août, le premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou a déclaré qu’Israël « discute avec plusieurs pays » de l’accueil des Palestiniens déplacés de Gaza. Ces pays incluent la Libye, l’Éthiopie, le Soudan du Sud, l’Indonésie et le Somaliland.

Le plan publié par le Washington Post solliciterait des financements publics et privés, avec un énorme rendement sur investissement. Avec un financement initial de 100 à 200 millions de dollars, les revenus annuels du fonds devraient dépasser 4,5 milliards de dollars d’ici la dixième année.

Il envisage la construction d’un soi-disant « Corridor d’infrastructure abrahamique », impliquant « de vastes chemins de fer, pipelines et fibres construits pour relier la Porte abrahamique aux pôles régionaux à travers l’IMEC : l’Arabie saoudite et Émirats arabes unis, l’Égypte, Israël et la Jordanie ».

En d’autres termes, la possession de Gaza ne sera pas simplement une mainmise pour le développement immobilier – bien que ce soit aussi le cas – mais un acte clé dans un «nouveau Moyen-Orient » sous domination impérialiste directe. C’est un pas majeur dans l’effort de plusieurs décennies des États-Unis visant à conquérir cette région stratégique.

Pour la première fois, le document publié par le Post révèle que la soi-disant « Fondation humanitaire de Gaza » (GHF) serait l’entité exploitant les camps dans lesquels les Palestiniens doivent être déplacés. La GHF massacre régulièrement des demandeurs d’aide palestiniens sous prétexte de leur distribuer de la nourriture. Un reportage publié en juin dans Haaretz révèle que des soldats israéliens ont été explicitement ordonnés de tirer sur la foule de demandeurs d’aide aux installations de la GHF.

Le jeune Palestinien Tariq Nasser, 12 ans, à droite, pleure sur le corps de son frère Ayman Nasser, tué lors d’une frappe militaire israélienne, pendant ses funérailles devant l’hôpital Shifa, à Gaza, le dimanche 31 août 2025.
[AP Photo/Jehad Alshrafi]

Le bilan précédent de la GHF montre clairement que les camps de concentration dans lesquels la population palestinienne doit être déplacée seront en fait des camps de la mort. Là-bas, les Palestiniens doivent recevoir des rations de famine et être régulièrement massacrés, exactement comme ils le sont maintenant dans les centres de « distribution de nourriture » de la GHF.

Confrontés à la famine et à une mort certaine, les Palestiniens seront ainsi « autorisés » à migrer « volontairement ». En d’autres termes, la « migration volontaire » décrite par la Maison-Blanche de Trump et le gouvernement israélien est, selon toutes les autres définitions, un nettoyage ethnique forcé.

À ce jour, le génocide israélien à Gaza a officiellement tué 60 000 Palestiniens, le nombre réel de morts étant probablement supérieur à 100 000.

Le mois dernier, le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire, reconnu par les Nations unies, a déclaré que la famine s’était officiellement installée dans la ville de Gaza. Le rapport indique sans détour que cette famine est « entièrement d’origine humaine » et ajoute qu’« il s’agit du nombre le plus élevé de personnes confrontées à la faim catastrophique jamais enregistré par le système intégré de classification de la sécurité alimentaire ».

Jusqu’à présent, plus de 300 Palestiniens sont morts de faim ou de malnutrition à Gaza, dont plus de 100 enfants.

Source : WSWS
https://www.wsws.org/fr/…

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