Par Thierry Michel

La décision du gouvernement fasciste et suprémaciste israélien de « conquête » militaire de Gaza, constitue un crime moral, juridique et historique d’une gravité absolue – une entreprise qualifiée par de nombreux spécialistes, organisations internationales et experts de l’ONU de génocide et de violation flagrante du droit international.

Comme le ghetto de Varsovie en 1940-1943, Gaza est aujourd’hui un territoire totalement bouclé, dont les habitants sont privés de toute possibilité de fuite. L’accès à la nourriture, à l’eau, au soin soi ns, est drastiquement réduit voire supprimé. Dans le ghetto de Varsovie, la ration officielle était inférieure à la survie humaine ; à Gaza, le siège a engendré famine, épidémies, malnutrition généralisée et plus de 2 millions de personnes sont exposées à la mort lente ou brutale.

Varsovie concentrait des centaines de milliers de personnes dans quelques kilomètres carrés ; Gaza aujourd’hui, avec plus de 2 millions d’habitants sur 365km^2, connaît une des plus fortes densités humaines du monde – aggravée par les destructions massives d’immeubles et d’abris civils. Les deux situations impliquent promiscuité, propagation accélérée des maladies et impossibilité de vivre ou de se cacher dignement.

Si la liquidation du ghetto s’est faite par la violence et les déportations, Gaza subit un «plan de conquête» assumé comme tel, avec des bombardements massifs visant à détruire l’habitat, anéantir les infrastructures et exterminer une partie de la population. Dans les deux cas, on observe une volonté explicite de « régler la question » par la terreur et la violence.

Dans la Varsovie nazie, les Juifs étaient traités comme des sous-hommes et désignés comme ennemis irréductibles. Aujourd’hui, de nombreux responsables israéliens tiennent un discours explicitement suprémaciste, déshumanisant et appelant à l’expulsion ou à l’extermination des Palestiniens – une violence idéologique dénoncée jusque dans la presse israélienne elle-même.

Dans Varsovie, il s’agissait d’une étape du plan d’extinction des Juifs d’Europe par les nazis. À Gaza, si l’intention d’anéantissement est dénoncée par de nombreux juristes et ONG comme possible génocide, la situation n’atteint pas actuellement l’organisation industrielle de la « solution finale », même si la volonté de destruction massive et délibérée est abondamment documentée.

Le ghetto de Varsovie a vu s’organiser l’une des plus célèbres insurrections juives contre la barbarie nazie. Gaza, malgré l’écrasement militaire, conserve des formes de résistance, de solidarité et un attachement profond à son identité – comme Varsovie, ville martyre, Gaza reste un symbole tragique d’un peuple qu’on veut effacer, mais qui résiste.

Comme l’a dit l’un des derniers chefs de l’insurrection du ghetto, Marek Edelman, refuser le parallèle entre Gaza et Varsovie revient à se voiler la face devant l’ampleur du carnage et la répétition de la barbarie humaine. Si toute analogie a ses limites et ses dangers, la comparaison est un appel à réveiller les consciences contre toute politique d’anéantissement et de fascisme d’État, d’où qu’elle vienne.

Refuser ce parallèle au nom d’une sacralisation de l’histoire, alors que des populations entières sont réduites à l’état de prisonniers, de victimes affamées et bombardées, équivaut à dénier la réalité présente comme on a nié, en d’autres temps, la réalité d’Auschwitz ou de Sarajevo. C’est bien la dimension de siège, d’encerclement, de destruction systématique et de négation de l’humanité de l’Autre qui fait de Gaza aujourd’hui la Varsovie de notre époque.

Pour rappel 

Israël viole systématiquement le droit international

Depuis octobre 2023, Israël a bafoué de façon systématique et délibérée les principes essentiels du droit international humanitaire, dont la protection des civils, la proportionnalité dans l’usage de la force, et l’interdiction des punitions collectives. La Cour internationale de Justice a statué sur l’illégalité de l’occupation et imposé à Israël des mesures conservatoires pour empêcher le génocide, tandis que des experts onusiens dénoncent un ensemble d’actes « visant à la destruction totale ou partielle » de la population de Gaza : meurtres, déplacements forcés, famine instrumentalisée, destruction systématique des infrastructures essentielles, attaques contre les hôpitaux, écoles, journalistes et humanitaires.

Un génocide avéré se déroule sous nos yeux

De multiples enquêtes indépendantes, dont celles d’Amnesty International, documentent l’intention spécifique des autorités israéliennes de détruire le groupe palestinien de Gaza, par des massacres, des atteintes physiques et mentales et la soumission délibérée à des conditions de vie visant à leur destruction physique. Cette politique génocidaire se traduit par :

  • L’emploi massif de bombes équivalant à plusieurs Hiroshima.
  • L’écrasante majorité des victimes sont des femmes et des enfants.
  • La destruction de tous les repères collectifs : institutions, universités, hôpitaux, tribunaux… visant à anéantir l’identité du peuple gazaoui.
  • Le blocus humanitaire provoquant famine, maladies et morts indirectes en masse.

Ces méthodes ne relèvent plus de la « guerre », mais d’une stratégie d’annihilation. Plusieurs responsables israéliens utilisent un langage explicitement déshumanisant, parlant des Palestiniens comme d’« animaux », et assument détruire Gaza, déplacer massivement sa population, et en faire une « terre sans Palestiniens ».

Le gouvernement israélien est clairement fasciste et suprémaciste 

Le caractère suprémaciste et fasciste du gouvernement israélien actuel s’affirme dans la rhétorique et les politiques adoptées : refus de toute solution de coexistence, discrimination systémique, et culte de la violence sous couvert de narratif biblique ou sécuritaire. Le recours à la force extrême, au nettoyage ethnique et à la destruction totale sont caractéristiques des régimes les plus totalitaires et destructeurs de l’histoire moderne.

Le silence et complicité internationale nous déshonore.

Ce génocide se déroule aux yeux de tous, avec le soutien actif ou l’indifférence honteuse de nombreuses puissances occidentales. Le silence, la tergiversation sur les mots (« génocide ou non ? »), et l’incapacité à imposer des sanctions réelles à Israël témoignent d’une complicité insupportable qui déshonore les défenseurs autoproclamés des droits humains et mine les fondements mêmes du droit international.

Thierry Michel 
Cinéaste et Journaliste

Source : Liste alerte-otan

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