La France et l’Arabie Saoudite co-président la conférence de New York du 28 et 29 juillet 2025
© Jean-Noël Barrot
Communiqué de l’AFPS
La conférence qui s’est tenue à New York du 28 au 30 juillet devait initialement aborder la mise en œuvre des résolutions de l’ONU relatives à la question de Palestine – notamment celle du 18 septembre 2024 – et la concrétisation de la solution à 2 États. Or les coprésidents (la France et l’Arabie Saoudite) l’ont réorientée sur deux points : promouvoir la « solution à deux États » présentée comme « n’ayant pas d’alternative », et faire « cesser la guerre à Gaza ».
La solution à 2 États a été martelée durant toute la conférence et est omniprésente dans la déclaration finale que la France et l’Arabie Saoudite souhaitent faire signer par un maximum de pays en vue de la prochaine Assemblée générale de l’ONU. Mettre en avant LA solution sans nommer les causes ni désigner les responsabilités est une démarche vouée à l’échec.
Une seule fois le mot « oppresseur » est prononcé alors que sont renvoyées dos à dos les « deux parties ». Il faut donc rappeler qu’il ne s’agit pas d’un conflit mais d’une oppression coloniale, de la domination d’un État sur un peuple – le peuple palestinien, de la volonté de l’effacer de la carte, pour le remplacer par une population exclusivement juive.
Dans cette déclaration, rien de concret sur le respect du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, sur le droit à l’autodétermination, inconditionnel et inaliénable du peuple palestinien, aucun engagement sur l’application du droit au retour – 65 % du peuple palestinien étant réfugié ou en exil.
« La question de Palestine » ne sera réglée « de manière pacifique » qu’avec l’accomplissement des droits du peuple palestinien et l’application des résolutions de l’ONU – y compris celle du 18 septembre 2024, qui impose à Israël un délais d’un an pour mettre fin à l’occupation. Ce délai est ignoré. Il est question de l’arrêt de la colonisation mais pas du démantèlement des colonies, ni des compensations. Rien sur les obligations des États pour contraindre Israël à se conformer au droit. La question des sanctions reste taboue alors même que la Cour internationale de Justice (CIJ) les préconise dans son avis du 19 juillet 2024 et que la résolution du 18 septembre 2024, que la France a votée, en fait une liste très précise.
« La guerre à Gaza doit cesser immédiatement » proclame la déclaration. Mais aucune mesure coercitive n’est émise pour contraindre la puissance occupante à faire cesser les entraves à l’aide humanitaire. Quant à l’arrêt du génocide dont la CIJ a ordonné, il y a 18 mois, les mesures pour le prévenir : rien, pas un mot. Les Palestinien·nes de Gaza meurent de faim, et sous les balles et les bombardements de l’armée israélienne, six mille camions attendent de pouvoir entrer dans la bande de Gaza et aucune mesure n’est proposée.
Tout ce tapage orchestré par la France autour d’une conférence détournée de son objectif initial, pour n’aboutir à aucune mesure concrète et efficace pour mettre fin à un génocide en cours depuis 22 mois ou stopper le nettoyage ethnique à marche forcée par Israël de la Cisjordanie !
Personne n’est dupe, si le président de la République a annoncé, enfin, que la France allait reconnaître l’État de Palestine – reconnaissance différée pendant 11 ans malgré le vote du Parlement français – c’est pour tenter d’occulter son inaction depuis 22 mois et sa complicité de fait avec l’État génocidaire.
Le ministre Jean-Noël Barrot a tenu des propos en décalage total avec la réalité sur le terrain : il s’est félicité d’avoir sauvé la solution à deux États qui était en danger de mort en semblant ignorer que c’est le peuple palestinien qui est en danger de mort !
Les Palestinien·nes qui ont eu très peu la parole, et dont la société civile n’est pas écoutée, ne sont pas dupes : rien ne changera tant qu’aucune sanction ne sera prise pour mettre fin, sans délais, à l’occupation, à la colonisation et au régime d’apartheid israéliens.
Il faut donc continuer à faire pression sur nos gouvernements et l’Union européenne pour que les paroles se transforment enfin en actes, pour que cessent le génocide à Gaza et le nettoyage ethnique de la Palestine. La prochaine Assemblée générale de l’ONU doit impérativement être celle qui marquera enfin un tournant décisif vers l’accomplissement des droits du peuple palestinien à disposer de lui-même.
Le Bureau National de l’AFPS, le 5 août 2025
Source : AFPS
https://www.france-palestine.org/…