UN News. Des gens attendent de la nourriture dans une cuisine communautaire dans l’ouest de la ville de Gaza.
Par ONU Info
Source : ONU Info
Depuis l’annonce par l’armée israélienne de « pauses tactiques » dans certaines zones de Gaza afin de permettre l’entrée de davantage d’aide, les colis largués par voie aérienne et les dizaines de camions qui sont entrés dans l’enclave palestinienne ne sont pas suffisants, ont alerté mardi des agences des Nations Unies, relevant que cette assistance n’a pas atteint l’ensemble de la population de plus de deux millions d’habitants.
Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), l’aide reçue en partie est une bouffée d’oxygène, mais elle reste « largement insuffisante » par rapport aux besoins sur le terrain.
« J’espère que vous comprenez la disproportion entre cette aide très modeste qui vient d’arriver – et tout le monde s’attend à ce que j’applaudisse et dise merci – et les besoins énormes qui existent, là où des gens meurent littéralement chaque jour », a déclaré lors d’un point de presse régulier de l’ONU à Genève, Jens Laerke, porte-parole de l’OCHA.

© UNRWA. Une école de l’UNRWA transformée en refuge à Al Bureij, à Gaza,
est en ruines après une attaque en mai.
Vers une nouvelle étape de la guerre à Gaza ?
Selon l’OCHA, les besoins à Gaza sont tels qu’il faudrait « des centaines de camions, non seulement chaque jour, non seulement chaque semaine, mais pendant des mois, voire des années ». Car sur le terrain, la situation s’est « aggravée progressivement ».
« Nous sommes aujourd’hui au bord de la famine, ce qui n’est pas quelque chose qui arrive du jour au lendemain. Cela s’accumule et, pour s’en sortir, il faut beaucoup de temps pour nourrir à nouveau la population et fournir d’autres types d’aide », a insisté M. Laerke.
Alors que l’ONU alerte sur une famine imminente à Gaza, des rapports des médias indiquent que Tel Aviv pourrait lancer une nouvelle offensive militaire sur l’enclave palestinienne.
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou devait réunir mardi son cabinet de sécurité, au moment même où le Conseil de sécurité de l’ONU se réunit mardi à New York pour une session consacrée à la question des otages israéliens à Gaza.
Largages aériens d’aide
Une nouvelle offensive israélienne pourrait compliquer davantage la situation humanitaire dans l’enclave palestinienne.
Sous la pression internationale, plusieurs pays, dont la Jordanie, les Emirats arabes unis, la France ou le Royaume-Uni, ont commencé depuis plus d’une semaine à effectuer des largages d’aide humanitaire au-dessus de Gaza grâce à des avions militaires survolant l’enclave palestinienne.
Selon les médias français, quarante tonnes devraient ainsi être parachutées par la France au cours de quatre largages, douze tonnes par l’Espagne, tandis que d’autres pays, comme la Belgique, l’Italie ou l’Allemagne, déclarent vouloir participer ou contribuer.
Dans le même temps, Israël a annoncé réautoriser l’entrée partielle des marchandises privées. « Un mécanisme a été approuvé pour reprendre progressivement et de manière contrôlée l’entrée de marchandises via le secteur privé à Gaza », rapporte mardi un communiqué du Cogat, organisme du ministère israélien de la défense chargé de coordonner les activités civiles de l’armée dans les territoires palestiniens occupés.
« L’objectif est d’augmenter le volume de l’aide entrant dans la bande de Gaza, tout en réduisant la dépendance à l’égard de la collecte de l’aide par l’ONU et les organisations internationales », selon ce communiqué. « Les marchandises approuvées comprennent des produits alimentaires de base, des aliments pour bébés, des fruits et légumes et des articles d’hygiène ».
Mais pour les agences de l’ONU, il faut garder à l’esprit que l’approvisionnement commercial a un coût pour les populations.
Morts à cause des bombardements
Morts à cause de la malnutrition et de la famine
Morts à cause du manque d'aide et de services essentielsÀ Gaza, en moyenne 28 enfants par jour – l'équivalent d'une salle de classe – sont tués https://t.co/gdLxfG8k2E
— ONU Info (@ONUinfo) August 5, 2025
« L’aide est gratuite et nous avons des milliers de tonnes d’aide, y compris de l’aide alimentaire, qui se trouvent juste à l’extérieur de Gaza et qui ont déjà été payées par les donateurs ».
Enfants affamés
Pour les agences de l’ONU, les donateurs s’attendent à ce qu’elle soit distribuée gratuitement aux personnes dans le besoin. « C’est notre travail de le faire, mais nous ne bénéficions pas des facilités nécessaires pour y parvenir », a fait valoir le porte-parole d’OCHA.
Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) estime que cela serait « une erreur de se réjouir de cette aide humanitaire au compte-gouttes ».
« Car nous avons déjà vécu cela auparavant et c’est presque comme un jeu qui se joue : il y a d’immenses privations, puis une aide arrive et la presse mondiale donne l’impression que la situation s’améliore, ce qui fait que les gens détournent à nouveau leur regard, mais bien sûr, tout le monde ici sait que la limite était de 500 camions par jour », a affirmé James Elder, porte-parole de l’UNICEF.
« Lorsque nous voyons arriver de la nourriture qui permet de nourrir 30.000 enfants, nous devons vraiment prendre conscience qu’il y a encore 970.000 enfants qui ne mangent pas à leur faim ».
Une goutte d’eau dans l’océan
« Pour l’instant, c’est une goutte d’eau dans l’océan, et c’est une phrase que nous avons entendue trop souvent, mais c’est une phrase que nous entendons parce qu’elle est tout à fait juste », a-t-il ajouté.
Pour toutes les agences onusiennes, le plaidoyer reste le même depuis près de deux ans : il y a un fort besoin d’aide humanitaire beaucoup plus importante et un fort besoin d’accès et de sécurité sur le terrain.
Le porte-parole de l’UNICEF estime qu’il très important que « de nombreux gouvernements exercent désormais une pression croissante en raison des privations, en raison de la situation nutritionnelle observée chez les enfants, les mères, les femmes et les personnes âgées » à Gaza.
Fondation humanitaire de Gaza
De leur côté, une vingtaine d’experts de l’ONU ont appelé mardi au démantèlement immédiat de la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation privée créée par Israël et soutenue par les Etats-Unis pour reprendre des fonctions auparavant assurées par des agences des Nations Unies..
Dans un communiqué conjoint, ces experts, dont la Rapporteure spéciale des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, Francesca Albanese, expriment leur vive inquiétude concernant cette fondation.
« La GHF, une organisation non gouvernementale créée par Israël en février 2025, avec le soutien des États-Unis, pour distribuer de l’aide à Gaza, est un exemple extrêmement inquiétant de la manière dont l’aide humanitaire peut être instrumentalisée à des fins militaires et géopolitiques secrètes, en violation grave du droit international », déclarent les experts. « L’imbrication des services de renseignement israéliens, des sous-traitants américains et d’entités non gouvernementales ambiguës souligne l’urgente nécessité d’une surveillance et d’une action internationales solides sous l’égide de l’ONU ».
Les experts rappellent qu’en vertu du droit international humanitaire, les opérations d’aide humanitaire doivent respecter strictement les principes d’humanité, de neutralité, d’impartialité et d’indépendance.
Les experts accusent les forces israéliennes et les sous-traitants militaires étrangers de continuer de tirer à l’aveugle sur des personnes en quête d’aide dans les « sites de distribution » gérés par la Fondation. Près de 1.400 personnes ont été tuées et plus de 4 000 blessées alors qu’elles cherchaient de la nourriture. Au moins 859 personnes ont été tuées autour des sites de la GHF depuis le début de ses opérations fin mai 2025.
Selon les experts, « la crédibilité et l’efficacité de l’aide humanitaire doivent être restaurées en démantelant la Fondation humanitaire de Gaza, en la tenant responsable, elle et ses dirigeants, et en permettant aux acteurs humanitaires expérimentés des Nations Unies et de la société civile de reprendre les rênes de la gestion et de la distribution de l’aide vitale ».
Source : ONU Info
https://news.un.org/fr/…
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