Le président français Emmanuel Macron lors d’une rencontre avec le président russe Vladimir Poutine à Versailles le 29 Mai 2017 – Wikimedia commons
Communiqué de l’AFPS
Ce 24 juillet, Emmanuel Macron annonce une nouvelle fois qu’il va reconnaître l’État de Palestine. Pourquoi dans deux mois et pas maintenant, lui seul le sait. Cela fait plus de 10 ans que le Parlement français a voté dans ce sens. On est donc autorisé à dire : « enfin ! »
Enfin, après des années de mobilisation, cette exigence du mouvement de solidarité semble devoir aboutir malgré l’opposition virulente des soutiens inconditionnels d’Israël qui refusent avec acharnement d’envisager l’existence d’un État palestinien.
Dans sa précédente annonce, Emmanuel Macron conditionnait son intention de reconnaître l’État de Palestine à la reconnaissance d’Israël par les États arabes qui ne l’ont pas encore fait.
Cette fois-ci, il entend que l’État palestinien soit démilitarisé. Ainsi le président de la France se permet de décréter que le peuple palestinien ne pourra pas assurer sa propre sécurité dans l’exercice de son droit à l’autodétermination. Pour assurer la sécurité d’Israël, un État palestinien souverain devrait être désarmé ! Mais rien n’est dit sur la sécurité et la protection du peuple palestinien que ni la France, ni l’Union européenne, ni la communauté internationale, n’ont été capables d’assurer depuis des années et plus particulièrement depuis le début du génocide en cours à Gaza.
Envisagerait-t-il la démilitarisation de l’État d’Israël pour assurer la protection de l’État de Palestine ? Pourtant ce serait un élément essentiel pour assurer la protection de tous les voisins d’Israël et la paix dans la région.
Le droit à l’autodétermination des peuples est inconditionnel et inaliénable. La reconnaissance par la France ne peut et ne doit être assortie d’aucune condition. Par contre elle doit s’accompagner des actes qui permettront que cette reconnaissance ait un véritable sens. Qu’est-ce qu’un État dont le peuple vit sous occupation militaire, subit la colonisation de sa terre et un régime d’apartheid ?
Le 18 septembre 2024, 124 États dont la France ont voté une résolution exigeant qu’Israël mette fin à l’occupation et à la colonisation du territoire palestinien avant le 18 septembre 2025, c’est à dire dans moins de deux mois. Cette résolution est assortie de nombreuses obligations pour les États permettant de faire pression sur Israël pour qu’il respecte enfin le droit international. À deux mois de l’échéance, la France n’a envisagé aucune des mesures qu’elle doit prendre pour respecter cette résolution qu’elle a pourtant votée.
Si la volonté de la France est véritablement de reconnaître un État palestinien souverain, c’est bien à la fin de l’occupation, de la colonisation et de l’apartheid qu’elle doit œuvrer. Elle a tous les outils pour le faire maintenant : il suffit qu’elle se conforme à cette résolution de l’ONU.
Dans le cas contraire, cette reconnaissance ne changera rien à la vie des Palestiniens. Ils n’ont que faire d’attendre que le président de la France prenne solennellement la parole à l’ONU dans deux mois. Combien de milliers d’entre eux, d’ici là, seront morts de faim ou sous les tirs des snipers, sous les bombardements ? Avec les Palestinien-nes, nous voulons voir l’aide humanitaire entrer à Gaza, les criminels de guerre traduits devant la Cour pénale internationale. Avec les Palestinien-nes, nous voulons voir la France passer aux actes et prendre des sanctions contre Israël pour montrer à Benjamin Netanyahou que l’impunité, c’est terminé et que l’occupation, la colonisation et l’apartheid doivent prendre fin, comme l’a précisé la Cour internationale de justice le 19 juillet 2024. Un État de Palestine sans que soit réaffirmé le droit au retour des réfugié-es palestinien-nes n’aurait pas de valeur aux yeux des Palestinien-nes.
C’est à ces conditions seulement que nous pourrons, avec les Palestinien-nes, nous réjouir de voir la France reconnaître un État dans lequel le peuple palestinien pourra décider de la manière dont il entend exercer son droit à l’autodétermination sans subir la tutelle de ceux qui prétendent décider de son avenir à sa place.
Le bureau national de l’AFPS
Le 25 juillet 2025
Source : AFPS
https://www.france-palestine.org/…