UN Human Rights Council/Sérine Meradji. Francesca Albanese, Rapporteure spéciale sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens, prononce une allocution lors de la 55e session du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies à Genève.
Par ONU Info
Source : ONU Info
Le chef des droits de l’homme de l’ONU a demandé, jeudi, aux États-Unis de « lever rapidement » leurs sanctions contre Francesca Albanese, la Rapporteure spéciale des Nations Unies sur la situation dans les territoires palestiniens occupés, qui est accusée de « guerre juridique ».
Le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, a annoncé mercredi qu’il imposait des sanctions à l’experte indépendante onusienne nommée par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies « pour ses efforts illégitimes et honteux visant à inciter la Cour pénale internationale à agir contre des responsables, des entreprises et des dirigeants américains et israéliens ».
« La campagne de guerre politique et économique menée par Mme Albanese contre les États-Unis et Israël ne sera plus tolérée. Nous soutiendrons toujours nos partenaires dans leur droit à la légitime défense. Les États-Unis continueront de prendre toutes les mesures qu’ils jugeront nécessaires pour répondre à la guerre juridique et protéger leur souveraineté et celle de leurs alliés », a dit M. Rubio dans un message sur le réseau social X.
La nature des sanctions n’a pas été précisée, mais, selon la presse, elle devrait consister à empêcher Francesca Albanese de se rendre aux Etats-Unis et à bloquer ses avoirs dans le pays, si elle en a.
Appel à cesser les attaques et menaces
Dans une déclaration à la presse, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a rappelé que « les rapporteurs spéciaux des Nations Unies, ainsi que d’autres acteurs de l’écosystème des droits de l’homme, abordent, par nature, des questions sensibles et souvent source de divisions, qui constituent une préoccupation internationale ». « Même face à de profonds désaccords, les États membres de l’ONU devraient s’engager de manière concrète et constructive, plutôt que de recourir à des mesures punitives », a-t-il souligné.
« Les attaques et les menaces contre les titulaires de mandat au titre des procédures spéciales, ainsi que contre des institutions clés comme la Cour pénale internationale (CPI), doivent cesser », a-t-il ajouté.
Selon M. Türk, « la solution réside non pas dans le manque, mais dans le renforcement du débat et du dialogue sur les préoccupations concrètes en matière de droits de l’homme qu’ils traitent ».
Précédent dangereux
De son côté, le porte-parole du Secrétaire général de l’ONU, Stéphane Dujarric, a estimé, lors d’un point de presse, que l’imposition de sanctions aux rapporteurs spéciaux constitue « un précédent dangereux ».
Il a précisé que Francesca Albanese, comme tous les autres rapporteurs spéciaux des Nations Unies pour les droits de l’homme, ne rend pas compte au Secrétaire général, et « celui-ci n’a aucune autorité sur eux ni sur leurs travaux ».
« Les États membres ont parfaitement le droit d’exprimer leurs opinions et de ne pas être d’accord avec les rapports des rapporteurs spéciaux, mais nous les encourageons à collaborer avec l’architecture des droits de l’homme des Nations Unies », a-t-il ajouté. « Le recours à des sanctions unilatérales contre les rapporteurs spéciaux, ou tout autre expert ou fonctionnaire des Nations Unies, est inacceptable ».
Instrument essentiel du Conseil des droits de l’homme
Le Président du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, Jürg Lauber, a, pour sa part, « regretté » la décision du gouvernement des États-Unis d’imposer des sanctions à Francesca Albanese.
« Les rapporteurs spéciaux sont un instrument essentiel du Conseil dans l’accomplissement de son mandat de promotion et de protection de tous les droits de l’homme dans le monde », a souligné M. Lauber dans une déclaration à la presse.
Il a appelé tous les États membres de l’ONU « à coopérer pleinement avec les rapporteurs spéciaux et les titulaires de mandat du Conseil et à s’abstenir de tout acte d’intimidation ou de représailles à leur encontre ».
D’autres experts indépendants des Nations Unies, collègues de Mme Albanese, ont, quant à eux, « condamné » les sanctions américaines.
Ces sanctions « reflètent l’attaque continue de l’administration américaine actuelle contre l’ensemble du système des Nations Unies et ses valeurs fondamentales que sont les droits de l’homme, la justice, la responsabilité et l’État de droit », ont déclaré, dans un communiqué, six experts, membres du Comité de coordination des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme.
Selon eux, Francesca Albanese ne fait qu’exécuter le mandat qui lui a été confié.

© UNICEF. Des gens fouillent les décombres d’un bâtiment détruit dans le centre de la bande de Gaza.
Rapport présenté début juillet
Pour sa part, Francesca Albanese a réagi en soulignant qu’elle se tient « fermement et avec conviction» du côté de la justice, comme elle l’a « toujours fait ». « Je viens d’un pays riche d’illustres juristes, d’avocats talentueux et de juges courageux qui ont défendu la justice au prix de grands sacrifices, souvent au péril de leur vie », a-t-elle affirmé, se disant fière d’« honorer cette tradition ».
Francesca Albanese avait présenté, début de juillet, au Conseil des droits de l’homme, un rapport intitulé « De l’économie d’occupation à l’économie de génocide » dans lequel elle accuse des entreprises de soutenir les opérations d’Israël à Gaza et d’en tirer profit.
Francesca Albanese a été nommée Rapporteure spéciale sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967 par le Conseil des droits de l’homme en mars 2022. Elle est chercheuse affiliée à l’Institut pour l’étude des migrations internationales de l’Université de Georgetown.
En tant que Rapporteure spéciale, elle est chargée de suivre et rendre compte de la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés.
Source : ONU Info
https://news.un.org/fr/…
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