La militante suédoise pour le climat Greta Thunberg (AFP)

Par Caitlin Johnstone

Le sénateur américain Lindsay Graham vient de tweeter un article intitulé Greta Thunberg prend la mer avec la flottille pour Gaza qui vise à briser le blocus naval israélien, en ajoutant le commentaire “Espérons que Greta et ses amis savent nager !”.

Le penseur sioniste australien Arsen Ostrovsky a réussi à surpasser Graham en tweetant :

“Oh regardez, la petite djihadiste Greta Thunberg essaie d’entrer à Gaza pour montrer sa solidarité avec le Hamas. Ce serait si triste s’il arrivait quelque chose à sa flottille…”

On ne peut plus vraiment être choqué par Israël et ses soutiens ces jours-ci. Mais si l’on remontait quelques années en arrière, il serait difficile d’expliquer à quelqu’un comment nous en sommes arrivés à un point où les partisans d’Israël prônent ouvertement l’assassinat de Greta Thunberg.

L’équipage est composé d’une douzaine de personnes, dont Greta Thunberg, connue pour son engagement écologiste, et l’eurodéputée insoumise Rima Hassan

La raison pour laquelle les négociations de cessez-le-feu à Gaza ont échoué à plusieurs reprises sous les administrations Biden et Trump est qu’Israël, avec le soutien du gouvernement américain, continue de défendre son droit à reprendre son massacre génocidaire après une pause temporaire.

Le gros du problème, c’est qu’il s’agit d’un génocide, pas d’une guerre, mais tout est présenté comme une négociation d’un “cessez-le-feu” pour mettre fin à la “guerre”, alors même qu’Israël continue de rejeter tout accord de cessez-le-feu qui l’obligerait à mettre fin au génocide.

Le Hamas insiste pour que le génocide cesse, et Israël répond : “Impossible, mais écoutez, on peut suspendre la guerre quelques semaines !” Et puis les médias grand public titrent LE HAMAS REJETTE LE CESSER-LE-FEU, tandis que les libéraux déplorent “Oh, c’est malheureux qu’ils ne puissent pas négocier la fin de cette terrible guerre !”

Mais ce n’est pas une guerre, c’est un génocide. On peut négocier la fin d’une guerre, mais on ne peut pas négocier la fin d’un génocide. Israël a ouvertement déclaré que les massacres se poursuivront jusqu’à ce que plus aucun Palestinien ne survive à Gaza, que ce soit en les tuant ou en procédant à un nettoyage ethnique. Israël a plus envie d’éliminer tous les Palestiniens de Gaza que de récupérer les otages restants. Il veut les éliminer à tout prix, bien plus qu’il ne veut la paix. Le Hamas ne peut rien offrir à Israël qui lui tienne plus à cœur que de purger les Palestiniens d’un territoire palestinien.

Si l’on traitait réellement du génocide, tout État respectueux du droit international interviendrait pour contraindre Israël à cesser ses exactions. Mais comme on préfère qualifier de “guerre” ce qui n’en est pas une, on se contente d’assister passivement au carnage et de coasser de temps à autre sur des négociations de cessez-le-feu, permettant ainsi à Israël de poursuivre son génocide.

La grande controverse de ce week-end a été l’apparition d’une sex tape mettant en scène le journaliste Glenn Greenwald, qui affirme qu’elle a été diffusée “à son insu et sans son consentement” et que le motif est “purement politique”.

Après la déclaration publique de Greenwald sur le sujet, Twitter a été inondé de commentaires et de messages de soutien de la part de personnes de tous horizons politiques, neutralisant apparemment tout effet que la diffusion de la sex tape était censée avoir.

Je vais qualifier cela de solide victoire pour l’humanité.

Les États-Unis ont retiré la Syrie de leur liste des États soutenant le terrorisme, maintenant qu’ils ont un régime fantoche à Damas, avec l’envoyé américain Thomas Barrack proclamant que

“Dieu merci, la question du soutien à un État terroriste est réglée avec la fin du régime Assad”.

Les États-Unis admettent ainsi que la désignation “terroriste” signifie simplement “non aligné sur les intérêts américains”. Le nouveau président syrien était un véritable responsable de l’État islamique et d’Al-Qaïda, littéralement le chef d’Al-Qaïda en Syrie. Mais comme il est aligné sur les États-Unis, le “terrorisme” n’est plus un problème.

Nos dirigeants ne s’attendaient pas à ça. Ils ne s’attendaient pas à ce que le public maintienne une opposition farouche à l’holocauste de Gaza depuis 20 mois. En octobre 2023, ils devaient se dire que ces contestations et l’indignation allaient bientôt retomber, parce que c’est ce qui se passe d’habitude.

Mais cela n’a pas été le cas. Les gens ont refusé de laisser la Palestine passer au second plan. Les médias mainstream ont été contraints de continuer à en parler – bien qu’avec un parti pris extrême – car ils auraient sinon perdu le peu de crédibilité que leur accorde encore l’opinion publique, d’autant que l’information continuera à circuler grâce aux réseaux sociaux.

Vous vous souvenez de l’excitation des apologistes d’Israël lorsque ces deux membres du personnel de l’ambassade ont été tués ? Ils disaient : “Eh bien, ça y est, c’en est fini du mouvement pro-palestinien ! Plus personne n’a le droit de dire ‘Palestine libre’ ! Ah, ouf, on peut respirer, on avait peur que les gens ne lâchent jamais l’affaire”.

Mais cela ne s’est pas passé ainsi. Personne n’y a cru. Les meurtres des membres du personnel de l’ambassade ont été noyés dans le flot quotidien des informations et vite oubliés, tandis que Gaza fait toujours la une.

Et il faut souligner à quel point c’est miraculeux. À quel point c’était inattendu et imprévisible pour nos institutions au pouvoir. Ils pensaient vraiment que nous étions tous suffisamment asservis et matés par la vie sous l’empire pour les laisser agir à leur guise à Gaza sans aucune résistance. Et ils se sont trompés.

Il nous reste encore quelques étincelles d’espoir. Nous ne sommes pas voués à assister passivement à notre chute dans un abîme de dystopie, de catastrophe écologique et d’apocalypse nucléaire. La révolution n’est pas un rêve chimérique. Il y a encore une lueur d’espoir.


Source : Caitlin Johnstone

Traduction : Spirit Of Free Speech

Le site de la flottille de la liberté

Pour suivre l’avancée de la flottille pour Gaza : Madleen Tracker

Capture d’écran réalisée le 2 juin à 18h56

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Source : Investig-Action
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