Par Caitlin Johnstone
Après un an et demi d’atrocités génocidaires, les comités de rédaction de nombreux organes de presse se prononcent soudainement contre l’assaut génocidaire d’Israël à Gaza.
La première goutte de pluie est venue la semaine dernière du Financial Times dans un article, écrit par le comité de rédaction, intitulé « le honteux silence de l’Occident au sujet de Gaza« , qui dénonce les États-Unis et l’Europe pour avoir “émis à peine un mot de condamnation” sur la criminalité de leur allié, disant qu’ils “devraient avoir honte de leur silence et cesser de permettre à Netanyahu d’agir en toute impunité.”
Puis est arrivé The Economist avec un article intitulé « la guerre à Gaza doit cesser« , qui soutient que Trump devrait faire pression sur le régime de Netanyahu pour un cessez-le-feu, affirmant que “les seules personnes qui bénéficient de la poursuite de la guerre sont Netanyahu, qui maintient sa coalition intacte, et ses alliés d’extrême droite, qui rêvent de vider Gaza et d’y reconstruire des colonies juives.”
Samedi, un éditorial de The Independent intitulé « Mettez fin au silence assourdissant sur Gaza — il est temps de parler”, arguant que le Premier ministre britannique Keir Starmer “devrait avoir honte de n’avoir rien dit, d’autant plus que Netanyahu a maintenant annoncé de nouveaux plans pour étendre le bombardement déjà dévastateur de Gaza”, et disant “qu’il est temps que le monde se réveille sur ce qui se passe et exige la fin des souffrances des Palestiniens piégés dans l’enclave.”
Dimanche, le comité de rédaction du Guardian s’est joint à un article intitulé “Le point de vue du Guardian sur Israël et Gaza : Trump peut arrêter cette horreur. L’alternative est inimaginable” disant que « le président américain a le pouvoir de forcer un cessez-le-feu. S’il ne le fait pas, il signalera implicitement son approbation à ce qui ressemble à un plan de destruction totale.”
Pour être clair, ce sont des éditoriaux, pas des articles d’opinion. Cela signifie qu’ils expriment la position publique de chacun de ces journaux. Nous avons vu occasionnellement des éditoriaux critiquant les actions d’Israël tout au long de l’holocauste à Gaza dans la presse occidentale dominante, mais voir les organes de presse dénoncer directement Israël et ses soutiens occidentaux en même temps est un développement très nouveau.
Certains partisans de longue date d’Israël ont soudainement commencé également à changer d’avis en tant qu’individus.
Le député conservateur Mark Pritchard a déclaré à la Chambre des communes la semaine dernière qu’il avait soutenu Israël “à tout prix” pendant des décennies, mais a déclaré “Je me suis trompé” et a publiquement retiré ce soutien aux actions d’Israël à Gaza.
« Pendant de nombreuses années — je suis dans cette Maison depuis vingt ans — j’ai soutenu Israël à peu près à tout prix, très franchement », a déclaré Pritchard. « Mais aujourd’hui, je veux dire que je me suis trompé et je condamne Israël pour ce qu’il fait au peuple palestinien à Gaza et même en Cisjordanie, et j’aimerais retirer mon soutien dès maintenant aux actions d’Israël, surtout pour ce qu’ils font en ce moment à Gaza ». « Je suis vraiment préoccupé par le fait que c’est un moment de l’histoire où les gens regardent en arrière, où nous nous trompons en tant que pays », a ajouté Pritchard.
L’expert pro-israélien Shaiel Ben-Ephraim, qui avait dénoncé agressivement les manifestants sur les campus et accusé les critiques d’Israël de « diffamation raciste » tout au long de l’holocauste à Gaza, a maintenant admis publiquement qu’Israël commet un génocide auquel il faut s’opposer.
“Il m’a fallu beaucoup de temps pour en arriver là, mais il est temps d’y faire face. Israël commet un génocide à Gaza« , a récemment tweeté Ephraim. “Entre les bombardements aveugles des hôpitaux, la famine de la population, les plans de nettoyage ethnique, le massacre des travailleurs humanitaires et les dissimulations, il n’y a pas moyen d’y échapper. Israël essaie d’éradiquer le peuple palestinien. On ne peut pas l’arrêter à moins de l’admettre.”
Il est étrange qu’il ait fallu à tous ces gens un an et demi pour en arriver là. J’ai moi-même une tolérance beaucoup plus faible pour le génocide et le meurtre de masse d’enfants. Si vous prenez le train du génocide depuis dix-neuf mois, il semble un peu étrange de se mettre soudainement à crier à quel point c’est terrible et d’exiger de freiner tout d’un coup.
Ces gens n’ont pas soudainement développé une conscience, ils sentent juste ce qu’il y a dans le vent. Une fois que le consensus aura dépassé un certain point, il y aura naturellement une course folle pour éviter d’être parmi les derniers à s’y opposer, car vous savez que vous porterez cette marque pour le reste de votre vie en public après que l’histoire aura eu un regard clair sur ce que vous avez fait.
Après tout, cela arrive à un moment où l’administration Trump commence à caresser Netanyahu dans le mauvais sens du poil, incitant récemment le Premier ministre israélien à dire “je pense que nous devrons nous désintoxiquer de l’aide américaine à la sécurité” lorsque Washington a shunté Tel Aviv et a négocié directement avec le Hamas pour obtenir la libération d’un otage américain. Les États-Unis laissent de plus en plus Israël à l’écart de leurs négociations sur les affaires internationales dans des endroits comme le Yémen, l’Arabie saoudite et l’Iran. Quelque chose est en train de changer.
Donc, si vous soutenez toujours Israël après tout ce temps, je vous conseille de changer pendant que vous le pouvez encore. Il est encore temps d’être le premier parmi les scélérats dans cette course folle pour commencer à agir comme si vous vous étiez toujours opposé à l’holocauste à Gaza.
Caitlin Johnstone
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
Source : Le Saker Francophone
https://lesakerfrancophone.fr/…