Loi sur l’université : l’antisémitisme instrumentalisé pour réprimer la solidarité avec la Palestine

Communiqué de l’UJFP

Le 7 mai 2025, l’Assemblée nationale a adopté, via un amendement de Caroline Yadan, l’intégration de la « définition opérationnelle de l’antisémitisme » de l’IHRA (Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste) dans la proposition de loi sur les discriminations dans l’enseignement supérieur. Sous prétexte de lutte contre l’antisémitisme, cette définition ― contestée par des universitaires, des défenseurs des droits humains (comme la CNCDH¹), la Rapporteuse spéciale de l’ONU E. Tendayi Achiume² et des collectifs juifs progressistes comme European Jews for Palestine ou Global Jews for Palestine―  confond la critique de l’État d’Israël et le racisme antijuif, ouvrant la voie à la censure des mobilisations solidaires de la Palestine à l’université.

Cette instrumentalisation de la lutte antiraciste ne protège pas les Juifs : elle les met en danger. En réprimant les dénonciations des crimes à Gaza alors que le processus génocidaire atteint une violence inouïe, cette loi détourne des outils de lutte contre les discriminations pour les soumettre à une logique coloniale et autoritaire.

Le texte crée aussi des sections disciplinaires régionales sous contrôle des rectorats, renforçant le pouvoir répressif de l’État dans les universités. C’est une attaque grave contre la liberté académique et le débat démocratique, transformant l’université en zone de surveillance idéologique où la solidarité devient suspecte.

Celles et ceux qui ont soutenu cette loi s’opposent à la solidarité avec la Palestine et affaiblissent la lutte contre l’antisémitisme en la détournant vers des fins réactionnaires. C’est l’impasse et l’arnaque du philosémitisme : une posture qui instrumentalise les Juifs et Juives au lieu de combattre le racisme, et par là nous met toutes et tous en danger.

Alors qu’une commission mixte paritaire doit se réunir dans le cadre de la procédure accélérée, nous appelons à une mobilisation large et immédiate. Pour défendre la liberté académique, la solidarité avec les opprimé·es, et une lutte authentique contre toutes les formes de racisme — y compris l’antisémitisme.

Refusons les amalgames. Protégeons la critique légitime d’Israël. Préservons l’université comme espace de liberté. Soyons solidaires avec le peuple palestinien.

La Coordination nationale de l’UJFP, le 10 mai 2025

Note-s

1. Voir son rapport 2018 sur la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie, p. 24 [↩]
2. Rapport A/77/512 du 7 octobre 2022 sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée, et plus particulièrement les §§ 71 à 79.[↩]

Source : UJFP
https://ujfp.org/…