Les services d’urgence travaillent dans un bâtiment touché par une frappe aérienne à Damas, en Syrie, le lundi 1er avril 2024. [AP Photo/Omar Sanadiki]

Par Alexandre Lantier

Le bombardement par Israël de l’ambassade d’Iran à Damas lundi, qui a tué trois dirigeants du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) et trois autres personnes, est un acte de guerre contre l’Iran dont Washington et ses alliés de l’OTAN portent la responsabilité.

Cette attaque marque une nouvelle étape dans la guerre israélienne contre l’Iran, car sa cible est le territoire iranien, selon le droit international. Le régime israélien mène depuis longtemps une politique étrangère d’assassinats ciblés, notamment depuis l’assassinat par les USA du général Qassem Soleimani du CGRI en 2020 en Irak. Sa dernière action, cependant, menace de provoquer une guerre directe entre l’Iran et Israël, ainsi qu’avec les soutiens impérialistes d’Israël au sein de l’OTAN.

Hier, Téhéran a promis des représailles. «Nous ferons regretter [Israël] ce crime et d’autres qu’il a commis», a déclaré le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei. Les ministères des Affaires étrangères russe, chinois et saoudien ont également condamné cette attaque.

Biden aurait contacté Téhéran juste après la frappe, nié toute responsabilité et affirmé que les responsables israéliens ne l’avaient informé de la frappe que quelques minutes auparavant. Cependant, si le régime israélien a osé prendre de telles mesures, qu’il en ait informé Biden ou non, c’est parce que Washington et ses alliés impérialistes européen lui ont donné un chèque en blanc tout au long des six mois de génocide contre Gaza.

Hier soir les USA, le Royaume-Uni et la France ont refusé de dénoncer la frappe israélienne au Conseil de sécurité de l’ONU. Justifiant la frappe, l’ambassadeur américain à l’ONU, Robert Wood, s’est dit «préoccupé par les informations selon lesquelles des chefs et des éléments terroristes auraient été présents dans cette installation et condamne la coordination, l’entraînement et l’armement continus par l’Iran de terroristes et d’autres extrémistes violents».

Cette semaine, Washington a défendu le massacre de 400 personnes par le Tsahal à l’hôpital Al-Shifa de Gaza. La porte-parole de la Maison-Blanche, Karine Jean-Pierre, a réagi: «Le Hamas ne devrait pas opérer dans des hôpitaux.» Le département d’État américain a indiqué qu’il approuverait une attaque israélienne contre Rafah, où 1,5 million de réfugiés palestiniens vivent dans des villes de tentes, en déclarant qu’un scénario où «Israël ne fait rien contre les combattants du Hamas qui continuent d’exister à Rafah» n’est «pas acceptable».

L’OTAN donne le feu vert au génocide israélien, qui a tué 32 000 Palestiniens, car elle prépare des crimes similaires à travers le Moyen-Orient. Au début du génocide de Gaza, Washington a envoyé des groupes aéronavals et des sous-marins nucléaires visant l’Iran. Aujourd’hui, alors que les responsables israéliens parlent d’envahir le Liban pour attaquer le Hezbollah, les plans sont bien avancés pour que les puissances impérialistes de l’OTAN utilisent Israël pour lancer de nouvelles guerres néocoloniales au Liban, en Syrie et au-delà.

Depuis une décennie, les forces russes, iraniennes et du Hezbollah combattent en Syrie aux côtés du régime contre les milices islamistes «rebelles» ou nationalistes kurdes soutenues par l’OTAN. Les 13 années de guerre de l’OTAN pour un changement de régime en Syrie ont dévasté le pays, faisant un demi-million de morts et plus de 10 millions de réfugiés.

Israël a décapité le commandement militaire iranien en Syrie sur fond de guerre mondiale des puissances impérialistes pour dominer l’Eurasie. Washington et ses alliés combattent la Russie en Europe, armant le régime ukrainien d’extrême droite à Kiev, tout en attaquant la Russie et ses alliés au Moyen-Orient. Syr les combats entre les forces américaines et iraniennes en Syrie, le chroniqueur du New York Times Thomas Friedman a récemment écrit :

Les Américains ne savent peut-être pas qu’ils sont en guerre avec l’Iran, mais les Gardiens de la révolution iraniens eux savent qu’ils mènent une guerre de l’ombre avec l’Amérique via leurs mandataires. Si l’un de ces mandataires iraniens a de la «chance» et inflige des pertes massives en frappant un bâtiment américain ou la caserne de l’une des bases américaines en Jordanie ou en Syrie… [cela deviendrait] une guerre directe dans la région dont le monde dépend le plus pour le pétrole. J’ai juste pensé que je vous le ferais savoir.

Les travailleurs à travers l’Amérique et le monde doivent être alertés du danger imminent d’une escalade catastrophique. La guerre dont parle Friedman serait dévastatrice, même au-delà de l’effondrement économique mondial causé par le blocage du commerce pétrolier. Sur fond de guerre OTAN-Russie en Ukraine et après la signature d’un traité commercial et militaire sino-iranien de 400 milliards de dollars en 2017, elle entraînerait toutes les grandes puissances nucléaires vers un conflit mondial.

Les responsables américains ne cachent pas de plus en plus le fait que la confrontation avec la Chine et la Russie est leur principale préoccupation. En mars, le chef du Commandement central des États-Unis, le général Michael Kurilla, a dénoncé l’alliance défensive instable qui émerge contre l’OTAN entre les régimes iranien, chinois et russe.

«Collectivement, l’Iran, la Russie et la Chine renforcent leurs relations et entretiennent un paysage chaotique», a dit Kurilla. «Les ramifications de ce partenariat auront des implications mondiales.» Evoqautn les exportations de drones iraniens en Russie pour la guerre en Ukraine et les exportations de pétrole russe et iranien en Chine, il a dit: «L’Iran vend 90 pour cent de son pétrole, tous sanctionnés par les États-Unis, à la Chine.»

Le soutien des puissances impérialistes au génocide de Gaza découle de leur tentative de dominer l’Eurasie et le monde. On l’a vu dans la récente explosion du membre du Congrès américain Tim Walberg, qui a appelé à larguer des bombes nucléaires sur Gaza «comme à Nagasaki et Hiroshima » et à «la même chose en Ukraine» pour «anéantir les forces russes». Incapables de résoudre les conflits créés par des décennies de guerre et de pillage, les politiciens impérialistes ne trouvent d’autre issue que le massacre.

Il faut développer l’opposition au génocide de Gaza en tant que mouvement international de la classe ouvrière contre la guerre impérialiste des États-Unis et de l’OTAN et contre le système capitaliste. Dans sa déclaration du Nouvel An, le World Socialist Web Site a averti:

Dans l’ensemble, la normalisation des différentes formes de barbarie sociale signifie que la classe capitaliste est dans une impasse. Une classe dont la politique consiste en différentes formes de sociocide a clairement épuisé sa légitimité historique, économique, sociale et politique.

La question décisive est d’armer l’opposition croissante des travailleurs et des jeunes au génocide de Gaza, révélée par des manifestations de masse en Israël et à travers le Moyen-Orient ainsi que dans les pays de l’OTAN, avec une perspective socialiste. Cela nécessite la construction d’une direction trotskyste dans la classe ouvrière, dans les sections du Comité international de la Quatrième Internationale, dans chaque pays. C’est la tâche fondamentale et urgente que pose l’escalade de la guerre au Moyen-Orient.

Source : WSWS
https://www.wsws.org/fr/…