Par Bouthaïna Chaabane
La douleur envahit le cœur de tous ceux qui ont conservé un tant soit peu d’humanité devant les crimes exterminatoires commis par un régime raciste et brutal contre les enfants, les femmes et les civils palestiniens. Des crimes d’une monstruosité sans précédent dans notre histoire moderne qui font que les personnes émues par cette tragédie se demandent à quoi d’autre s’attendre encore.
Quoi d’autre après cet holocauste sioniste ciblant les enfants et les femmes sans défense dont des dizaines de milliers ont été déchiquetés sous les décombres ? Quoi d’autre après le ciblage de l’UNRWA, la seule institution encore soucieuse de leur fournir de l’aide, tuant ses cadres et détruisant ses locaux ? Quoi d’autre après la destruction de tous les hôpitaux et centres médicaux, en plus des privations de médicaments, d’eau, de nourriture et de carburant ? Quoi d’autre après la propagation des épidémies, la victoire de la mort sur la vie dans chaque lieu, chaque place et chaque quartier ? Quoi d’autre après la destruction de la plupart des maisons ayant transformé leurs habitants en personnes déplacées, ou redéplacées depuis la « catastrophe de 1948 » ?
D’où la question : « quel est le plan ayant nécessité la mise en œuvre de ce terrifiant nettoyage ethnique et l’appel de toutes les puissances occidentales à rester unies et solidaires avec ses auteurs ? ».
Il ne fait aucun doute que les plans du jour d’après sont conservés dans les tiroirs de la cellule opératoire des criminels de guerre qui mènent ce génocide monstrueux contre un peuple sans défense. Des plans dont certains indicateurs sont apparus dès le premier jour de l’agression, bien que leurs lectures aient pu paraître contradictoires par moments.
Ainsi, lorsque les États-Unis ont décidé d’établir un pont aérien, pour transférer les armes meurtrières les plus récentes à l’armée sioniste, et d’envoyer dès le premier jour de l’agression deux porte-avions suivis par un sous-marin nucléaire, beaucoup ont été surpris et certains ont exprimé leur désapprobation ; notamment, parce que l’entité sioniste se vante d’avoir l’armée la plus puissante du Moyen-Orient et le plus grand nombre d’avions de combat.
Et lorsque les dirigeants occidentaux, dont le président Biden, son secrétaire d’État et la plupart des responsables européens se sont précipités pour rendre visite à l’entité sioniste afin de lui affirmer qu’ils sont de son côté et d’approuver ses odieux crimes de nettoyage ethnique et de génocide, beaucoup ont trouvé que ces réactions dépassaient ce qui était attendu ou requis ; d’autres ayant conclu qu’Israël était ébranlé et avait donc besoin de soutien et d’assistance.
Il y a peut-être une part de vérité dans cette conclusion, mais elle n’inclut pas la vérité la plus importante que j’aborderai après avoir rappelé les rapports du Bureau de la sécurité nationale d’Israël des années 2017 à 2020.
Ces rapports discutaient avec le plus grand sérieux du danger de l’implication du Hezbollah dans le combat de la Syrie contre le terrorisme, ainsi que du danger du soutien iranien à ce combat. La conclusion qui s’en dégageait était que toute guerre qui éclaterait dans le futur mettrait Israël face à l’Alliance des résistances allant de l’Iran jusqu’au Liban ; l’ensemble des études ayant considéré qu’il s’agissait là de l’un des plus grands dangers résultant de la guerre contre la Syrie et que la première tâche qu’Israël devra entreprendre est d’empêcher cette alliance de s’enraciner et de construire des mécanismes de coopération entre ses membres.
D’ailleurs, c’est précisément à partir de ce point de vue que les forces militaires américaines, en collaboration avec les groupes armés terroristes, ont occupé la zone d’Al-Tanf (au niveau du triangle frontalier Syrie-Jordanie-Irak) afin d’empêcher toute communication entre l’Iran, l’Irak et la Syrie. Une occupation qui continue, car la ligne Iran-Irak-Syrie qui rejoint obligatoirement le Liban est toujours considérée comme la plus grande menace existentielle pour l’entité sioniste.
Par conséquent, lorsque le président sioniste Biden a envoyé l’armada américaine en Méditerranée orientale, que son secrétaire d’État Antony Blinken a fait la navette entre les capitales arabes et a rejoint la salle des opérations génocidaires commises par les avions de guerre sionistes, et que les Européens se sont succédé en Israël pour lui confirmer qu’ils étaient de son côté, il ne s’agissait pas de garantir la victoire d’Israël sur une résistance palestinienne assiégée depuis 15 ans, sans forces aériennes, ni véhicules blindés, ni routes de ravitaillement, ni surface géographique, ni millions de combattants ; il s’agissait plutôt de dissuader n’importe quel mouvement de la région de se joindre à cette résistance contre l’agression israélienne ou de la soutenir.
Dans cet objectif, ils ont fait de leur mieux pour pousser à condamner le Hamas ou du moins à ne pas le soutenir. Et parce que leur objectif premier est d’empêcher l’union des résistances régionales contre l’entité sioniste, ils ont terrorisé n’importe qui oserait œuvrer dans ce sens par la menace se résumant à dire que son pays subirait le même sort que celui subi par les Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie.
Aujourd’hui, après que le sionisme mondial et ses partenaires occidentaux aient commis les crimes les plus horribles de l’ère moderne, et après l’échec du Conseil de sécurité des Nations Unies et de la soi-disant « Communauté internationale » à prendre des mesures concrètes pour mettre fin à cette agression infâme contre les Palestiniens, les éléments du plan sous-jacent commencent à être révélés.
Le premier élément est l’exigence du dégagement du Hezbollah libanais jusqu’au fleuve Litani, soit à 40 kms de la frontière libanaise, pour soi-disant favoriser le retour dans leurs foyers des colons Israéliens ayant fui la Haute Galilée depuis le 7 octobre 2023 [1]. D’où les pressions des partenaires de l’entité sioniste, accompagnées des menaces de ce qui pourrait arriver à ceux qui se dresseraient contre cette exigence.
Le deuxième élément est le remplacement du déplacement forcé des Palestiniens par une prétendue émigration volontaire, laquelle pourrait se transformer en « départ volontaire » moyennant un accord avec de nombreux pays des quatre coins de la planète qui se répartiraient les Palestiniens, débarrassant ainsi les coalisés de leur attachement à leur terre.
Comment un départ peut-il être volontaire alors que la plupart des habitants de Gaza et de nombreux habitants de Cisjordanie sont sans abri, sans eau, sans carburant, sans médicaments et sans nourriture ? La vraie réponse ne peut être que la suivante : soit la mort par les bombardements et la famine, soit l’émigration, il n’y a pas de troisième option ; notamment, depuis la destruction de tous les hôpitaux de Gaza.
Telle est l’opération de dissuasion pratiquée par l’Occident en partenariat avec les sionistes. Une opération qui aurait atteint indirectement un autre objectif : celui de signifier au mouvement mondial visant à se débarrasser de l’hégémonie unipolaire que son opposition lui coutera très cher, que tous les pays occidentaux s’unissent comme un seul pour soutenir ceux qui restent dans leur camp et frappent sans merci ceux qui osent leur tenir tête, que le facteur temps est très important et mis à profit par les forces génocidaires sionistes pour s’en prendre aux mouvements résistants, l’un après l’autre. Il est donc indubitable que s’opposer à de tels plans nécessite une lecture et une réaction rapides avant que les planificateurs n’aient eu le temps de les mettre en œuvre.
Or, à ce stade, les indicateurs du jour d’après montrent qu’Israël va poursuivre la liquidation de la cause palestinienne et l’exode des Palestiniens. Ils montrent aussi que son plan d’aujourd’hui a dépassé celui bien connu de son « expansion du Nil à l’Euphrate », puisqu’il cherche à contrôler le pétrole, le gaz et les richesses de toute la région par divers moyens en collaboration avec diverses parties. Le résultat en est qu’il travaille à la réalisation du rêve annoncé par Shimon Peres : « Les États-Unis du Moyen-Orient dirigés par Israël ».
Est-il venu le temps de se réveiller pour tous ceux qui risquent d’être mangés le jour où le taureau blanc fut mangé ? [2].
Dr. Bouthaïna Chaabane
Conseillère politique du Président syrien Bachar al-Assad
11/12/2023
Source : Al-watan (Syrie)
https://alwatan.sy/archives/371440
Traduction de l’arabe par Mouna Alno-Nakhal
Notes :
[1] France-Gaza : Un plan «abracadabrantesque» français pour la cessation des hostilités à Gaza
https://www.madaniya.info/2023/12/12/france-gaza-un-plan-abracadabrantesque-francais-pour-la-cessation-des-hostilites-a-gaza/
[2] Signification de « ceux qui risquent d’être mangés le jour où le taureau blanc fut mangé » : Il s’agit du titre d’une fable attribuée par certains à l’écrivain grec Ésope ; par d’autres à Ali ibn Abi Taleb, cousin, disciple, gendre et quatrième calife de l’Islam.
C’est l’histoire de trois taureaux, un blanc, un noir et un roux, et d’un lion qui aimerait bien les manger s’ils n’étaient aussi forts quand ils sont unis.
Alors, le lion eut une idée.
Il partit voir les taureaux noir et roux et leur dit : « Vous ne trouvez pas que du fait de sa couleur, le taureau blanc se conduit en supérieur ? Si vous me laissez faire… ».
Les deux taureaux le laissèrent manger le taureau blanc.
Quelques temps après, le lion partit voir le taureau roux et lui dit : « Tu ne trouves pas que depuis que le taureau blanc n’est plus, le taureau noir commence à se la jouer ? Toi et moi avons à peu près la même couleur, si tu me laisses faire… ».
Le lion partit aussitôt manger le taureau noir.
Le taureau roux comprit un peu tard qu’il allait se faire manger à son tour. Il dit : « J’ai été mangé le jour où le taureau blanc fut mangé ».
Morale de l’histoire ; Aux bons entendeurs du monde dit « arabe », salut !
Source : Mouna Alno-Nakhal