Par René Naba

Ce papier est publié à l’occasion du 10 eme anniversaire du décès du journaliste Ghassane Tuéni, le 8 juin 2012; un portrait non autorisé réalisé par un de ses anciens collaborateurs au journal libanais An Nahar Naoum Sarkis.


Ghassane Tuéni: un dandy animé d’un mépris de classe.

Gratifié outrageusement du titre du «prince du journalisme arabe», qualifié abusivement d’un ultra libéral qui a voué son combat à la libération du Monde arabe de son archaïsme, Ghasssane Tuéni, l’ancien directeur du quotidien libanais An Nahar, n’est en fait qu’un être animé d’un mépris de classe, -d’un racisme de classe?- qui n’avait que mépris pour ses collaborateurs d’extraction modeste, si envieux de leur succès professionnel, ne réservant ses félicitations qu’à ceux dont il avait inspiré le thème de leur article. De l’auto-congratulation en somme.
Ce portrait au vitriol n’émane pas d’un concurrent envieux, ou d’un confrère jaloux, encore moins d’un solliciteur éconduit, mais d’un de ses plus proches collaborateurs pendant 30 ans, le journaliste Naoum Sarkis, dans ses mémoires intitulées «De Mizyarah à Washington, quand la mémoire se réveille».

Cf; ce lien pour la version arabe

Une biographie non autorisée, non apologétique. Une caricature d’un narcisse dans sa splendeur. Le portrait ravageur du clan Tuéni et des mœurs journalistiques si déplorables du Liban, quand bien même le mémorialiste révèle, par ses contradictions, une part de sa fragilité et de sa vulnérabilité.

1 – Ghassane Tuéni / Sarkis Naoum: Deux univers aux antipodes l’un de l’autre.

Sarkis Naoum est un maronite natif de Mizyarah, un village du Nord Liban, théâtre dans la décennie 1950 d’un sanglant règlement de compte dans une église entre deux clans rivaux animé l’un par un Curé, Souleymane Doueihy, l’autre par le clan Frangieh, dont l’extrême misère a conduit près de 80 pour cent de sa population à émigrer.
Un journaliste affligé, de surcroît, de deux tares aux yeux de son patron: Le fait d’être un ancien adhérent du parti phalangiste et un diplômé de l’Université Libanaise, alors que Ghassane Tuéni, héritier du journal An Nahar, est un grec-orthodoxe, diplômé d’Oxford, membre dans sa jeunesse du Parti Social National Syrien.

Un Parti qui professait la constitution d’une entité géographique régionale groupant les pays du «Croissant fertile» (Liban, Syrie, Jordanie, Palestine, avec son prolongement vers Chypre) en vue de lutter contre la balkanisation du Monde arabe résultant des accords Sykes Picot portant dépeçage de l’Empire ottoman. Fondé par Antoun Saadé le parti prônait pour ce faire un autoritarisme populiste face à la féodalité clanique, de même que la laïcité dans un pays gangréné par le confessionnalisme ainsi que la mixité et la diversité arabe. Il sera, paradoxalement, combattu sans ménagement et son chef condamné à mort.
Le Parti Phalangiste a été, lui, fondé par un admirateur de la discipline hitlérienne, Pierre Gemayel, qui s’inspirera de l’organisation nazie des Jeux Olympiques de Munich, mise en scène par le régime hitlérien, en 1938, pour lancer un parti sur un modèle nationaliste paramilitaire. Prônant un particularisme libanais exacerbé, le Mouvement des Kataëb (les phalanges) sera soutenu par la puissance mandataire française.

Ghassane Tuéni tirera avantage de cette disparité sociale et intellectuelle pour en faire un argument de supériorité, un instrument de domination.

«Ghassane Tuéni ne me pardonnera jamais le fait de ne pas appartenir à l’élite intellectuelle»… «Pas plus qu’il ne me pardonnera pas de lui avoir dit, en toute franchise, mon opinion sur son successeur présumé, son fils Gébrane, inexpérimenté pour la fonction directoriale et sans la moindre préparation pour l’animation de l‘équipe rédactionnelle, ainsi que pour mes relations avec les pétromonarchies du Golfe.

2 – Le Koweït et l’Arabie saoudite, principaux bailleurs de fonds du An Nahar.

Le livre révèle à cette occasion que deux plus gros pourvoyeurs de fonds du journal qui fut longtemps le quotidien de référence de l’élite intellectuelle arabe, ont été le Koweït et l’Arabie saoudite… au point que «l’ambassadeur d’Arabie saoudite à Beyrouth Ali Al Assiry, en visite dans les locaux du journal An Nahar, n’hésitait pas à déclarer devant l’équipe rédactionnelle «Notre ambassadeur au sein d’An Nahar est Naoum Sarkis».
La collecte de fonds d’ailleurs était une pratique érigée en art par Ghasssane Tuéni et son fils et successeur Gébrane afin de maintenir leur niveau de vie par leurs alliances rotatives avec le pouvoir et leur philanthrope.
Mieux, le directeur du journal encouragera la corruption de son équipe. «Je percevais 850 dollars par mois…….Pour le reste vous vous débrouillez vous avec vos interlocuteurs politiques», intimait fortement Tuéni à ses journalistes comme pour leur suggérer de recourir aux articles de complaisance envers le personnel politique pour arrondir leurs fins de mois tant il est vrai que le directeur d’An Nahar considérait que le titre de son quotidien était générateur de revenus. Une rente de situation qu’il importait de fructifier.

3 – Samir Frangieh- Sarkis Naoum

Samir Frangieh et Sarkis Naoum sont tous deux des maronites originaires du Nord Liban, de surcroît dans le fief électoral du clan Frangieh. Bien que longtemps trotskyste revendiqué, Samir Frangieh ne s’en considérait pas moins qu’ un «Bey», un notable qui traitait Naoum Sarkis, tel un serf de l’ancien régime.
Un comportement identique à celui de Walid Joumblatt: Président de l’unique parti du Monde arabe se réclamant du socialisme, le Parti Socialiste Progressiste, Walid Joumblatt n’en était pas moins le chef féodal de la communauté druze libanaise, qu’il tenait d’une poigne de fer.
En somme une double casquette, l’une, le trotskysme ou le socialisme pour la consommation externe, au point que Walid Joumblatt était membre de l’Internationale Socialiste, l’autre -le bey maronite ou le féodal druze, à usage interne, pour l’assise politique de ses deux ambitieux.

Samir Frangieh: Le «Philippe Égalité» de la Révolution des Cèdres.

En raison de son parcours sinueux, Samir Frangieh était désigné par le cercle des initiés de ses anciens compagnons socialistes du sobriquet de «Philippe Égalité» du nom de ce prince de sang de la lignée d’Orléans, rallié à la révolution française, qui sera cependant guillotiné en 1793.
Fils cadet d’un prestigieux ministre des Affaires étrangères, Hamid Frangieh, Samir vivra comme une meurtrissure la paralysie qui frappa son propre père en pleine gloire, l’écartant définitivement de la vie politique libanaise au profit de la branche cadette du clan représentée par Soleymane Frangieh, futur Président de la République libanaise (1970-1976) durant la première phase de la 2me guerre civile libanaise. Par compensation, l’héritier frustré s’engagera dans la contestation de l’ordre féodal libanais, dans une posture ultra gauchiste, paré toutefois du prestige de son père et de la protection que son patronyme confère.
En poste à l’AFP Beyrouth, dans la décennie 1970, le signataire de ce texte a pu observer le soin religieux mis par les forces de l’ordre à épargner l’auguste personne, concentrant leurs coups de matraques aux communs des mortels dans la répression des manifestations de solidarité avec les Palestiniens. Il relèvera en outre le goût prononcé de l‘héritier à la fréquentation de hommes de l’ombre, l’Emir Farouk Abillama, ancien directeur de la Sûreté générale, durant la guerre civile libanaise, puis après son plongeon pro Hariri, le colonel Johnny Abdo, ancien chef du 2me bureau de l’armée libanaise et surtout agent de liaison des Israéliens avec les milices chrétiennes.

Ce trotskyste pur et dur terminera son parcours militant en 1990 par un poste grassement rétribué de conseiller de Rafic Hariri à une époque où le milliardaire libano saoudien se lançait à la conquête du pouvoir à Beyrouth, avec le soutien du Maire de Paris, Jacques Chirac.

Trônant dans un des luxueux «Hôtels des Maréchaux» de la Rue de Presbourg, à Paris, l’homme se vivait comme un vizir avec les incommensurables avantages matériels que ce poste conférait avec son cortège d’appartements luxueux et de limousine, débauchant, à tour de bras et à prix d’or, ses anciens compagnons de la gauche libanaise, pour une vie inespérée au service de leur nouveau nabab.
Une mutation identique à celle de son complice le socialiste Walid Joumblatt, mais néanmoins partenaire en affaires du milliardaire Rafic Hariri et saltimbanque de la vie politique libanaise.
En vue de son adoubement comme héritier de la prestigieuse famille Frangieh, Rafic Hariri fera le déplacement de Damas pour obtenir le feu vert de Hafez Al Assad. Le président syrien, visiblement agacé par le débauchage en règle des principales figures de la gauche libanaise par le milliardaire libanais, assénera ce jour-là au factotum des Saoudiens au Liban, un magistral cours non de mercantilisme politique, mais de loyauté politique.
«Pour la Syrie, il n’y a qu’un seul Frangieh, Soleymane Frangieh», a lancé Assad à Hariri par référence au patriarche de la famille, l’ancien Président de la République (1970-1976) et à son petit fils qui porte le même, devenu son successeur depuis la décapitation du clan par les milices chrétiennes, en juin 1978.

Hariri retournera bredouille de son voyage de Damas qui aura ainsi barré la voie à toute promotion ministérielle du transfuge trotskyste reconverti aux vertus du capitalisme sauvage.
La lévitation de Samir Frangieh durera quinze ans. A l’assassinat de son bienfaiteur, en 2005, le «Bey» deviendra la cheville ouvrière de la coalition saoudo américaine au Liban connue sous le nom du «Parti du 14 Mars», en commémoration de la grande manifestation qui a célébré la disparition du chef du clan saoudo américain au Liban, par ailleurs hébergeur posthume du président français Jacques Chirac.
Pathétique déformation par le prisme tribal et clanique de toute vision nationale, une spécificité libanaise, cet ancien idéologue féodal du trotskisme mondain de la bourgeoisie beyrouthine, un homme au narcissisme exacerbé au point d’incandescence, s’alliera, toute honte bue, au fossoyeur de sa propre famille, Samir Geagea, pour chercher à terrasser politiquement son cousin puîné, Soleymane, représentant de la branche cadette de sa famille entièrement décimée par le sanguinaire chef de guerre milicien, dans un invraisemblable aveuglement d’une quête désespérée du pouvoir.

Samir Frangieh décédera en 2017 des suites d’une longue maladie, alors que ses nouveaux compagnons de lutte, l’opposition off-shore syrienne, subissait une défaite cuisante à Alep Est; Une déroute qui allait changer le cours de la guerre de Syrie et lui faire perdre la face à lui et à ses comparses.

Fait inhabituel, s’agissant d’une personne privée, le Quai d’Orsay rendra hommage officiellement à l’héritier, parfait mutant de la gauche vers un néo atlantisme prédateur du Monde arabe. A sa décharge, le Quai d’Orsay, il est vrai, est coutumier de tels égarements.
Inspecteur gadget de la révolution de Syrie et du Liban, Jean Pierre Perrin, le journaliste de Libération à l’imperméable couleur passe-muraille, twittera rageusement, sans preuves, sur «les salauds de Damas qui rient» la mort de son «pur Samir», oubliant que la Syrie faisait face depuis sept ans à une gigantesque offensive des mercenaires islamistes de l’alliance atlantique, de l’ordre de 200.000 djihadistes, et que par conséquent son «Bey», était devenu depuis longtemps le cadet des soucis de Damas. Ah les ravages du nombrilisme.
Ci joint le tweet de Jean Pierre Perrin Jean-Pierre Perrin‏@jpperrin21 Suivre. La liberté est en deuil. Le pur Samir Frangié n’est plus. Les salauds à Damas rient Les hypocrites à Beyrouth font semblant d’être tristes. 10:06 – 11 avr. 2017

Un point commun réunissait ces deux maronites du Nord, en dépit de la hiérarchie sociale et de la diversité de leurs origines sociales, le Bey et le Serf, de l’aveu même de Sarkis Naoum, figuraient sur la liste d’émargement de Rafic Hariri, dans une commune servilité au Roi dollar. Une sorte d’alignement par le bas. Par la sébile.

4 – Fouad Makhzoumi, Riad Salamé.

Prenant au pied de la lettre les injonctions de son patron, de «se débrouiller pour arrondir ses fins de mois», Sarkis Naoum avoue sans fausse honte avoir sollicité des bienfaiteurs, notamment Riad Salamé, le très controversé et néanmoins inamovible gouverneur de la Banque du Liban et le milliardaire Fouad Makhzoumi, le célèbre ami de l’ancien premier ministre français François Fillon et client de sa société de conseils de sinistre mémoire.
Fouad Makhzoumi est à la tête de l’entreprise Future Pipe Industries, un leader mondial de la fourniture de pipelines, spécialisé dans la fabrication de tubes composites en fibre de verre pour le transport de l’eau, du pétrole et du gaz. Il se présentait alors à la députation avec pour slogan, la «corruption tue». Parole d’expert pour un homme dont le nom a été associé au scandale François Fillon, qu’il avait sollicité pour une intercession auprès du président russe Vladimir Poutine.
Quand à Riad Salamé, ancien gestionnaire du portefeuille d’actifs de Rafic Hariri à la firme Meryl Lynch, qui le propulsera à la tête de la Banque centrale du Liban où il trône depuis 27 ans du fait du bon vouloir américain, sa réputation est bien établie: «Riad le voleur», comme le désignent les banderoles des manifestants du soulèvement populaire libanais 24 octobre 2019, ne rend service qu’une fois, de l’aveu même de Naoum Sarkis. Riad Salamé, l’ancien magicien de la finance, dont les jongleries financières, les «ingénieries» ont précipité le Liban dans un précipice.
Naoum Sarkis admet avoir sollicité à deux reprises le gouverneur de la Banque du Liban en faveur de ses deux enfants: «Riad Salamé est intervenu pour décrocher un emploi à ma fille. Mais, il s’est abstenu d’intercéder auprès de la Banque Mondiale pour l’embauche de mon fils Tareq auprès de l’institution financière internationale».

Riad Salamé n’intervient qu’une fois. «Il s’est abstenu de faire davantage pour moi sans doute en raison du fait que j’ai refusé de joindre le chœur des laudateurs qui chantait quotidiennement ses louanges et lui déblayait le terrain à son élection à la magistrature suprême», explique-t-il. Naoum Sarkis révèle au passage la pratique du «piston», une forme élaborée du clientélisme, la plaie de la démocratie.

Pour rappel: Une note en date de 2007 publiée par Wikileaks, issue d’un entretien entre Alain Bifani, directeur du Ministère libanais des Finances, et l’ambassadeur des États-Unis d’alors Jeffrey Feltman, accuse le gouverneur de la Banque du Liban (BDL) d’avoir agi en contravention avec la législation financière libanaise et d’avoir œuvré en faveur de son élection à la Présidence de la République Libanaise.
Riad Salamé accusé de violer la législation financière libanaise (Wikileaks 2007 : Bifani/Feltman)

5 – Al Hayat et An Nahar: Une déconfiture quasi simultanée

La déconfiture de la contre-révolution dans la séquence dite su «printemps arabe» a entraîné la faillite de leur vecteur d’accompagnement. Al Hayat et An Nahar, les deux quotidiens phares de la période de la guerre froide soviéto-américaine, ont implosé quasi simultanément dans la décennie 2010, victimes à la foi de la boursouflure de la direction et de la prévarication de la rédaction.
En 2018, Al-Hayat a ainsi décidé de fermer ses bureaux à Beyrouth, de licencier une centaine de personnes et de s’installer à Dubaï avec une équipe réduite.

Une décision liée aussi bien à la crise financière des pays du Golfe qu’à la désaffection du public pour son alignement inconditionnel aux thèses wahhabites.
An Nahar, roue dentée de la diplomatie atlantiste du Monde arabe, a fait, lui aussi, l’objet, d’un important plan de licenciement, de l’ordre d’une centaine d’employés, conduisant le quotidien à se concentrer sur le numérique sous la houlette de sa nouvelle dirigeante inexpérimentée Nayla Tuéni, fille de Gébrane Tuéni.

Dans cette perspective, la propulsion à la présidence du syndicat de la presse du Liban de M. Aouni Kaaki, ancien journaliste pro syrien désormais pro saoudien, constitue à cet égard une illustration pathétique du journalisme de complaisance en vigueur au Liban.
De même que la déconfiture quasi simultanée des relais de la stratégie médiatique atlantiste en terre arabe marque, la fin d’une imposture du journalisme de pacotille.
«Indépendant», Naoum Sarkis sera tour à tour phalangiste dans sa jeunesse, nassérien dans sa période universitaire, voire même collecteur de fonds occasionnel pour les Palestiniens, épousant une large part du spectre idéologique libanais au gré des rebondissements politiques.
Mais, en dépit des nombreuses prébendes dont il a avoué avoir bénéficié, ainsi que son amitié déclarée avec le transfuge baasiste pro wahhabite Abdel Halim Khaddam, désigné du sobriquet du «saigneur» du Liban en raison de la ponction massive qu’il a opéré sur des pans de l’activité libanaise, Naoum Sarkis persiste à se proclamer «indépendant».

Une notion toute relative, sauf à considérer qu’il était indépendant de toute rectitude morale.
La plus récente subvention connue dont le journal An Nahar a bénéficié remonte à 2019. Elle émane de l’Arabie saoudite, de l’ordre de 12 millions de dollars, octroyée par l’ancien ambassadeur saoudien au Liban Thamer Al Sabhane à Nayla Tuéni, la directrice du journal, pour lui permettre de racheter 38 pour cent des actions que détenait l’ancien premier ministre Saad Hariri, ainsi que les actions des autres membres de la fratrie Tuéni.
Roue dentée de la diplomatie américaine au Moyen orient, réputé pour son alliance rotative avec les hommes de pouvoir fortunés, deux milliardaires libano saoudiens, Rafic Hariri, d’abord, le prince Walid Ben Talal ensuite, dAn Nahar justifie ainsi son qualificatif de journal «Indépendant…pétrolier».

Au terme de ce panorama, une question s’impose: Comment une presse corrompue peut-elle mener le combat contre la corruption de la classe politique libanaise?

Et, réciproquement, comment une classe politique corrompue peut-elle gagner en crédibilité de la part d’une presse corrompue?.

De la réponse à cette double question dépendra une part de la résurrection du Liban, en plein naufrage.

Source : Madaniya
https://www.madaniya.info/…