Extraits de la conférence de presse de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Moscou, 31 août 2022.

Source : Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie

Traduction de plusieurs sections par Le Cri des Peuples

Point de situation dans le Donbass et autour de l’Ukraine

Cela fait six mois que l’opération militaire spéciale se poursuit en Ukraine et dans le Donbass. Chaque jour nous nous convainquons que la Russie n’avait pas d’autre choix que de protéger sans plus tarder la population martyrisée des Républiques populaires de Donetsk (RPD) et de Lougansk (RPL), d’entamer la démilitarisation et la dénazification de l’Ukraine, d’éradiquer les menaces pour la sécurité de notre pays émanant de son territoire. Comme l’a déclaré à plusieurs reprises le gouvernement de notre pays, tous ces objectifs seront forcément remplis.

Ces derniers temps, Kiev ne cache plus qu’il se préparait depuis longtemps à un conflit armé contre la Russie. C’est la réponse à la question de ceux qui disaient ne rien savoir ni comprendre. Comme quoi, c’est arrivé soudainement pour tout le monde, alors que le « régime de Kiev pacifique » s’efforçait mais ne parvenait pas à remplir les Accords de Minsk.

Le 26 août 2022, le secrétaire du Conseil de sécurité nationale et de défense d’Ukraine Alexeï Danilov a ouvertement reconnu (lors d’une interview, pas d’un interrogatoire) que le lendemain du sommet du format Normandie à Paris en décembre 2019 les autorités ukrainiennes étaient arrivées à la conclusion qu’une « grande guerre contre la Russie est inévitable ». Le cynisme de telles déclarations est sans bornes. C’est le Président ukrainien Vladimir Zelenski qui avait tout fait à l’époque pour empêcher des démarches réelles pour régler le conflit dans le sud-est de l’Ukraine, puis a commencé à accuser la Russie de prétendue violation des ententes conclues. Puis il a même dit qu’il était temps pour le régime de Kiev de se doter de l’arme nucléaire, et alors tout s’arrangerait. Comme nous le disons toujours, la vérité fait surface. Comprenant l’inévitabilité d’un procès, les responsables ukrainiens commencent à faire des aveux à la télévision. Ils reconnaissent eux-mêmes qui ne remplissait pas les Accords de Minsk, qui se préparait à une guerre, qui le faisait en théorie et dans la pratique en recevant des armes occidentales offensives ainsi qu’en prédisant des hostilités. C’est l’aveu des « fossoyeurs » de leur propre pays.

Les révélations russophobes de l’Ambassadeur d’Ukraine au Kazakhstan Piotr Vroubliovski ont également confirmé l’essence néonazie du régime ukrainien actuel. Voici une citation directe d’un homme qui ne se qualifie pas simplement de représentant de l’Ukraine, mais d’ambassadeur ukrainien. Le 22 août 2022, ce « phénomène » (un tel individu ne peut pas être qualifié de diplomate) a publiquement déclaré: « Nous essayons d’en tuer (des Russes) le plus possible. Plus nous tuerons de Russes maintenant, moins nos enfants auront à tuer. Et c’est tout. » Il a raison sur un point – et c’est tout. Ils ont eux-mêmes tout avoué.

Le nazisme, le fascisme et le nationalisme sont des néo-manifestations de ce qui devait rester dans la mémoire historique (pas seulement les tatouages de croix gammée, les symboles du bataillon Azov dont les origines remontent aux bataillons nazis SS). C’est avant tout une idéologie qui n’admet pas le développement de la culture d’identité des populations qui peuplent des territoires historiques. C’est une idéologie de haine allant jusqu’à la volonté d’exterminer les représentants d’une nationalité, un groupe culturel. Simplement parce qu’ils ne sont pas appréciés ou sont considérés comme des concurrents dans un secteur. C’est précisément ce contre quoi se sont révoltés les habitants du Donbass, ce qu’ont fui les Criméens. C’est ce qui ne peut pas devenir pour nous aujourd’hui un moment d’acceptation, car ce serait du collaborationnisme, du conformisme avec l’idéologie néonazie.

Le régime de Kiev a parlé lui-même. Difficile à dire si c’est à cause de la peur, de la bêtise ou de l’état de choc. L’individu permet effectivement à la conscience (ou la conscience elle-même sans le demander) de passer au premier plan, de dévoiler son fond. C’est du ressort des psychologues, des psychothérapeutes, des politologues et des historiens. Ils ont commencé eux-mêmes à se dénoncer. Ce n’était pas aussi massif avant cela. Nous voyions des éléments dévoilant cette essence. Maintenant ils se sont tous mis à parler.

Nous avons fait un commentaire sur les propos de l’ambassadeur ukrainien au Kazakhstan. Nous avons vu la réaction des collègues kazakhs. Nous ne laisserons pas passer ça.

Tout cela est fait par Kiev notamment dans l’espoir d’obtenir de l’Occident et avant tout des États-Unis de nouveaux armements et tranches d’aide financière. Pourquoi est-ce que j’associe l’activité, la logique et l’idéologie nationaliste et néonazie du régime de Kiev aux États-Unis? Vous pourriez dire que ce parallèle est exagéré. Non. Je rappelle la déclaration de l’ancien président américain George W. Bush. Il a formulé il y a deux mois ce qui a été repris par l’ambassadeur ukrainien au Kazakhstan. C’était les propos d’un représentant de l’establishment politique (financier, économique, énergétique) américain. Le fameux « État profond », État intérieur. En pensant parler à Vladimir Zelensky, George W. Bush a dit que la mission ukrainienne consistait à « tuer le plus grand nombre de Russes possible ». C’est pourquoi, en commentant la logique nationaliste, je parle immédiatement de Washington et de ceux qui sont des inspirateurs idéologiques du régime de Kiev dans cette voie.

D’après les médias américains, les nouvelles tranches d’aide financier ainsi que la situation sur le terrain seront évoquées pendant la 5e réunion du « groupe de contact pour contribuer à la défense de l’Ukraine » au format Ramstein, qui se tiendra en présentiel le 8 septembre sous la présidence du chef du Pentagone Lloyd Austin. La boucle est bouclée.

Aujourd’hui, les forces alliées avancent lentement mais sûrement en débarrassant et en libérant le Donbass des néonazis qui ont transformé en huit ans ses villes et villages en postes renforcés. Tout cela met en colère le commandement militaro-politique du régime de Kiev qui donne des ordres fous et criminels de bombarder des sites civils en RPD, en RPL et sur les territoires libérés des régions de Zaporojie et de Kherson afin d’infliger un préjudice maximal et faire encore plus de victimes parmi les civils. Les militaires ukrainiens frappent avec zèle les maternelles, les écoles et d’autres établissements éducatifs, ce qui paraît encore plus perfide en prévision du 1er septembre. Nous avons déjà connu tout cela. Nous nous souvenons parfaitement de la tragédie de Beslan qui s’est produite précisément quand les enfants sont allés à l’école. Le monde entier qualifie de terroristes les gens qui l’ont fait. Les gens qui tirent sur des établissements scolaires (qui plus est le 1er septembre) sont des terroristes. Il ne peut y avoir d’autre définition.

Nous trouvons extrêmement préoccupante la tension grandissante autour de la centrale nucléaire de Zaporojie, la plus grande en Europe. Étonnant que nous soyons les seuls. Comme si la centrale se trouvait dans une géographique éloignée de l’Europe et sa population était protégée. Comme si c’était un autre « conte de fées » et tout ce qui s’y passerait n’affecterait aucune population (notamment sur le continent européen). C’est le « sommeil de l’esprit ». Les néonazis ukrainiens utilisent activement des armes de l’Otan, de l’artillerie de gros calibre, des lance-roquettes multiples (LRM), des drones, pour attaquer ses installations, dont la destruction pourrait provoquer des conséquences imprévisibles. Les représentants des régimes libéraux occidentaux ne s’interrogent même pas si l’Ukraine utilise les armes livrées pour bombarder la centrale nucléaire de Zaporojie. Ils ne se disent même pas que si une tragédie arrivait, ce serait simplement à cause de l’utilisation de leurs munitions. Il s’agit notamment de transformateurs, de dépôts de combustible usé ou pas encore utilisé, etc. Nous espérons que le début de la visite des inspecteurs de l’AIEA à la centrale, prévu pour aujourd’hui, 31 août, permettra de stopper les autorités ukrainiennes dans leur aspiration à provoquer une catastrophe nucléaire et faire cesser ce chantage nucléaire.

Nous avons déjà attiré plusieurs fois l’attention sur l’attitude inhumaine de Kiev envers les vies humaines. L’armée ukrainienne et les groupes nationalistes continuent de recourir à des méthodes inadmissibles pour mener les hostilités, utilisent des civils comme boucliers humains. Il a été rapporté récemment que l’armée ukrainienne avait utilisé des substances toxiques contre les militaires russes dans la région de Zaporojie.

La position des pays occidentaux et du Secrétariat de l’ONU est consternante. Ils disent ignorer qui bombarde la centrale nucléaire de Zaporojie. Ils n’ont pas de position à ce sujet. Comment ça? Ils en ont une concernant de prétendus « viols collectifs ». Comme quoi, ils savent à coup sûr que ce sont des Russes. Ils pointent immédiatement du doigt Moscou sur d’autres crimes. Mais ils font preuve d’une mollesse étrange en l’occurrence. Que manque-t-il? Des drones pour surveiller, des données satellites, des informations sur le terrain? Que les empêche d’appeler les choses par leur nom et de se souvenir que les tirs viennent du territoire contrôlé par le régime de Kiev? Ils peuvent quand même déterminer la direction du vent, non? Dans ce cas ils peuvent dire la direction des tirs. Que s’est-il passé? Qu’ont-ils oublié soudainement?

De son côté, l’administration civilo-militaire de la région rapporte que les autorités ukrainiennes pourraient organiser des provocations bactériologiques et des attentats contre la population de la région. Sur fond de tirs incessants de l’armée ukrainienne sur des villes pacifiques de la RPD et de la RPL ainsi que de plusieurs régions du sud-est de l’Ukraine, il est devenu clair que le régime de Kiev se moque de ce qui arrivera aux gens sur ces territoires. Et même au-delà, vu qu’ils bombardent un site nucléaire.

Je comprends qu’actuellement l’UE est concentrée sur un thème « primordial » – délivrer ou non des visas aux citoyens russes. Mais la radiation n’a pas de passeport. Elle n’a pas besoin de visa pour traverser la frontière. Pour une raison qu’on ignore l’UE n’est absolument pas préoccupée par ce problème. Les régimes libéraux européens ont commis beaucoup d’actes autodestructeurs et suicidaires. C’est peut-être encore une « pièce dans la tirelire ».

Nous sommes convaincus qu’à l’issue de l’opération militaire spéciale, tous les habitants de l’Ukraine actuelle pourront commencer une vie pacifique dans un pays libre, sans néonazis ni bombardements des villes, sans discrimination (nationale ou linguistique), où les normes humanitaires internationales, les droits et les libertés de chaque citoyen sont respectés.

Sur les livraisons d’armes en Ukraine par la Roumanie

L’une des agences de presse roumaines a fait part d’une conversation téléphonique qui a eu lieu récemment entre le ministre de la défense de ce pays, Vasile Dîncu, et son homologue ukrainien, Alexeï Reznikov, qui a remercié la Roumanie d’avoir récemment approuvé le cinquième train d’aide militaire aux forces armées ukrainiennes, qui comprend des armes légères, des munitions et des pièces détachées pour des produits militaires.

C’était la première fois que ce sujet était exposé de manière aussi explicite dans l’espace public, même si des vidéos illustrant l’utilisation par les forces armées ukrainiennes de projectiles de fabrication roumaine étaient déjà apparues sur les réseaux sociaux. Mais il n’y avait pas de preuve « directe ».

Bucarest évite toute forme de médiatisation concernant ces sujets, préférant ne parler au public roumain et international que du soutien « humanitaire » dont bénéficie l’Ukraine. La signification du mot « humanitaire » est désormais claire. Il est donc évident que les représentants roumains, sont mal à l’aise du point de vue moral se rendant compte des conséquences réelles de cette politique idéologiquement motivée, alors qu’ils suivent les ordres de l’Otan d’envoyer des cargaisons de plus en plus meurtrières. Vous devriez mettre de côté la fausse honte et tout avouer, raconter à votre peuple et au monde entier comment les choses sont vraiment. N’ayez pas peur.

Fournir des armes aux nationalistes ukrainiens qui se battent contre leur propre peuple ne fait que prolonger le conflit (au cas où Bucarest ne serait pas au courant) et causer davantage de victimes humaines. Ceux qui y contribuent partagent la responsabilité de toujours plus de crimes, de sang et de souffrance avec le régime nationaliste de Kiev. Si les autorités officielles roumaines pensent que tout cela n’est que du lyrisme, c’est leur point de vue. Mais ce serait bien de partager des « révélations » sur les approvisionnements. Qu’envoient-ils au régime de Kiev?

Sur la lutte contre la « propagande » et la « désinformation » russes en Allemagne 

Nous avons constaté la médiatisation croissante par les autorités allemandes du sujet de la prétendue menace russe en matière de désinformation et de propagande.

Le 17 août, l’Office fédéral allemand pour la protection de la Constitution a publié une déclaration consacrée aux conséquences possibles du conflit en Ukraine pour la sécurité nationale en Allemagne, suivie de commentaires de son directeur, Thomas Haldenwang. Les spécialistes allemands du contre-espionnage annoncent une intensification de la propagande russe visant à « provoquer des craintes chez la population allemande face à la menace critique de la pénurie d’énergie et de nourriture dans le pays » en provoquant ainsi des divergences au sein de la société allemande.

Clarifions les choses. Est-ce que c’est nous qui disons aux Allemands combien et comment se laver? Est-ce l’ambassade de Russie à Berlin qui informe régulièrement la population allemande sur la manière dont elle doit économiser l’énergie, faire sa vaisselle et prendre une douche? Qui se permet une telle chose? Il me semblait que c’est ce que font tous les jours le chancelier Olaf Scholz et toutes sortes de ministres du gouvernement du pays. Ils le font de manière proactive, en répondant aux questions des citoyens ou au cours des entretiens. Thomas Haldenwang, considérez-vous vos collègues du gouvernement allemand comme des désinformateurs, des propagandistes qui travaillent sur la séparation de la communauté allemande? Ou bien sont-ils autorisés à le faire?

Nous ne disons absolument rien sur les pénuries d’énergie. Nous avons tout fait pour que cela n’arrive pas en Allemagne. Nous avons construit un gazoduc en coopération avec des entreprises allemandes. Je comprends, c’est pratique de prétendre que vous n’en savez rien ou que vous ne vous en souvenez pas. Mais cela témoigne moins d’amnésie que de problèmes psychologiques profonds, à la limite de la psychiatrie. Ne savez-vous pas que nous avons fourni et que nous fournissons encore des ressources à l’Allemagne? Ne savez-vous pas que c’est le gouvernement allemand actuel (sur ordre de Washington) qui fait tout pour détruire la coopération énergétique avec notre pays? Ce n’est pas l’Allemagne qui fournit des ressources à la Russie, mais c’est bien la Russie qui les fournit à l’Allemagne. En détruisant la coopération énergétique, vous nous accusez de menacer de pénurie d’énergie? Vous avez perdu la tête. Et ce n’est pas une simple métaphore.

Parallèlement, une « brochure d’instructions » détaillée destinée au grand public sur la manière de neutraliser la propagande et la désinformation russes a été publiée sur le site web du ministère allemand de l’Intérieur. Dans un contexte d’intensification des activités de désinformation de la part des médias publics russes, des sites internet « proches de Moscou » ainsi que des comptes du ministère russe des Affaires étrangères et des missions diplomatiques russes, les Allemands ordinaires sont appelés à faire preuve de vigilance, à ne pas se fier à tout et à ne pas participer à la diffusion d’informations non vérifiées. De quelles sortes d’informations s’agit-il? Dans cette brochure (ou quelque part à côté), peut-on énumérer des exemples d’ »informations non vérifiées » que les citoyens allemands peuvent diffuser accidentellement et de façon non contrôlée? Qui vérifiera ce qui peut être écrit et ce qui ne peut pas l’être? Le ministère de l’Intérieur de l’Allemagne? Y aura-t-il un site web destiné à vérifier les messages « autorisés » et « non autorisés »? Il y a un autre nom pour cela. Ce n’est même pas de la censure, mais un contrôle total sur les citoyens. Il faut appeler les choses par leur nom. Seuls les reportages des médias allemands systémiques, les informations et les sites web des autorités allemandes sont conseillés comme sources d’information « fiables ». Est-ce que ce n’est pas également de la censure? Il y a tout juste un an, les médias allemands ont découvert une importante quantité d’informations mensongères qu’ils avaient eux-mêmes diffusées, menant des enquêtes, licenciant du personnel, évoquant des problèmes dans les médias locaux. Ou alors, cela n’a pas d’importance? C’est autorisé, puisque c’est allemand? Alors il faut le traiter de manière différente. Déclarer que la censure totale est en train d’être instaurée en Allemagne, qu’un « ennemi extérieur » a été trouvé qui sera accusé de tous les problèmes internes, et qu’une seule idéologie et information sont correctes – celles diffusées par Berlin. Il peut parler de pénurie d’énergie (et c’est une information correcte), mais dans le contexte de l’approvisionnement international, personne d’autre ne peut le faire. Il faut citer quelques exemples pour que ce soit clair pour tout le monde, y compris pour les Allemands.

À cet égard, je tiens à préciser que les insinuations infondées des autorités allemandes sur la « propagande russe » et la « désinformation », qui sont volontiers reprises et diffusées en Allemagne par les médias locaux depuis de nombreuses années, ne nous surprennent plus depuis longtemps. C’est Berlin qui, effrayé par quelque chose, ayant utilisé toutes ses ressources, a bloqué la diffusion de la chaine RT en langue allemande, privatisant ainsi le droit d’utiliser cette langue. Toute cette « dramaturgie » a duré environ un an. Mais cette fois-ci, les Allemands ont réussi à « se dépasser ». Il se trouve que les autorités allemandes nous reprochent exactement ce que leurs médias pratiquent quasiment tous les jours, en répliquant des histoires sur la responsabilité de la Russie dans la dégradation de la situation socio-économique en Allemagne et sur la nécessité de recourir à l’austérité énergétique « pour contrarier Poutine ». Décidez s’il existe ou non des problèmes énergétiques en Allemagne. Si c’est le cas, publiez une liste des noms de ceux qui sont autorisés à en parler et de ceux qui ne le sont pas. C’est tout à fait dans l’esprit de George Orwell que Berlin sème la panique au sein de la population de ses propres mains, tout en faisant passer la situation pour des « manœuvres du Kremlin ». Encore une fois, il faudrait se décider. Si ce sont des « manœuvres du Kremlin « , c’est qu’il y a des problèmes en Allemagne. Mais impossible d’en parler. Don il n’y a pas de problème. Alors il n’y a aucune manœuvre non plus. Ou bien il y en a, mais ils n’arrivent pas jusqu’à l’Allemagne.

En fait, en publiant les documents mentionnés ci-dessus, Berlin a publiquement signalé une perte progressive de contrôle de la logique. D’où cette étrange idée d’une nature plutôt maladive que russophobe qu’ils projettent dans l’espace médiatique allemand. Il s’avère que la propagande agressive qu’ils déploient ne fonctionne pas et n’a pas cet effet attendu sur l’atmosphère au sein de la société allemande. Le nombre de personnes en Allemagne qui sont étouffées par l’absurdité des médias semble augmenter, selon toute vraisemblance. Ils posent des questions gênantes, doutent de la justesse des actions des autorités à l’égard de la Russie et de la position allemande dans les relations internationales en principe. Dans ce contexte, on utilise des outils testés et éprouvés pour nettoyer le champ médiatique de toute source d’opinions alternatives. Toutes les déviations de la « ligne générale » de la doctrine officielle allemande sont stigmatisées. Tel est le pluralisme actuel de l’opinion en Allemagne, qui cherche tant à enseigner les « valeurs démocratiques » aux autres. De telles valeurs n’existent pas en Allemagne.

Rapport de Microsoft sur la neutralisation du groupe de hackers Seaborgium

Dans son rapport publié le 15 août, le Microsoft Threat Intelligence Center affirme, de manière typiquement russophobe, qu’un certain groupe de hackers Seaborgium poursuivait « très probablement » des objectifs qui « s’alignent étroitement sur les intérêts de l’État russe. » La société américaine a une nouvelle fois accusé notre pays d’activités malveillantes dans l’utilisation des TIC. Pour étayer ses accusations, Microsoft décrit un vague schéma de vol de crédences dans le but de promouvoir la propagande russe dans les pays de l’OTAN.

En réponse, nous pouvons affirmer que Microsoft et d’autres sociétés s’alignent étroitement avec les autorités américaines (et non avec la Russie) pour couvrir des cyber-agressions directes ou organiser des campagnes d’information contre la Russie. C’est par le biais des projets logiciels de cette société que les « hackers du canapé », y compris la soi-disant armée informatique ukrainienne, s’engagent dans des attaques contre notre pays.

Contrairement aux États-Unis et à ses alliés, la Russie défend systématiquement les principes d’un environnement informatique pacifique, sûr et stable, sur la scène internationale. La mise en œuvre de ces principes est le devoir des organes compétents qui utilisent les mécanismes de coopération entre les États, qui sont développés sur une base bilatérale ainsi que par l’intermédiaire de l’organe compétent des Nations unies, à savoir le Groupe de travail à composition non limitée sur les progrès de l’information et des télécommunications dans le contexte de la sécurité internationale.

Dans une récente interview sur un podcast américain, Mark Zuckerberg a partagé son expérience avant l’élection de 2020 aux États-Unis. Il a révélé (et n’a jamais réfuté) qu’avant l’élection, il avait reçu la visite du FBI. Ils n’ont jamais dit qu’ils venaient de Russie ou de Chine. Ils ont dit qu’ils représentaient une certaine agence américaine spécialisée. Mark Zuckerberg a été informé du type d’informations que Facebook, en tant que société, doit bloquer et promouvoir. Zuckerberg a pris les conseils des agents du FBI très au sérieux. Il ne s’agissait cependant pas d’un conseil mais d’une instruction. Par conséquent, il a géré la politique d’information de Facebook telle que dictée par les services de renseignement américains. Plus tard, il a tenté de se justifier en affirmant que Twitter est encore pire, car Twitter bloque tout simplement tout ce qui est indésirable, alors que Facebook ne fait que le restreindre. La différence est énorme. Même si l’on se souvient encore de la façon dont les réseaux sociaux américains ont bloqué les comptes du président américain de l’époque, Donald Trump, pour empêcher le public américain de remettre en question l’élection de 2020.

Voir Comment le FBI, Facebook et Twitter ont empêché la victoire de Trump

Le tableau de ce qui se passe sur internet et dans le cyberespace américain, y compris les événements en coulisses, se déroule de manière curieuse. Microsoft n’a pas à inventer des menaces, une connexion ou des pirates « russes ». Vous avez de nombreuses agences qui traitent avec vous et vous supervisent directement là-bas. Vous avez depuis longtemps cessé d’être une simple entreprise privée. Maintenant, vous opérez comme les autorités américaines vous le disent.

Rapport du ministère des Affaires étrangères sur la glorification du nazisme et les nouvelles manifestations du néonazisme et du racisme

Dans le prolongement des efforts déployés par le ministère des Affaires étrangères pour préserver la vérité historique sur le déroulement et les résultats de la Seconde Guerre mondiale, nous avons publié notre rapport annuel sur la glorification du nazisme, la propagation du néonazisme et d’autres pratiques encourageant l’escalade du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et des manifestations connexes d’intolérance sous d’autres formes. Les faits qu’il contient démontrent que ces manifestations négatives s’enracinent.

Dans le rapport, nous constatons que la situation s’est fortement détériorée cette année. Les campagnes visant à déformer l’histoire et à falsifier le rôle de l’URSS dans la victoire sur le nazisme et dans la formation du système actuel de relations internationales ont pris de l’ampleur dans plusieurs pays. De plus en plus de tentatives sont faites pour utiliser des idées fausses en réattribuant cyniquement les rôles des agresseurs et des victimes pour les adapter à l’agenda actuel, en échangeant les places de ceux qui ont nourri l’idéologie de la pureté raciale et des États qui s’y sont opposés.

Il est déjà évident que l’on assiste à l’émergence d’une cohorte de pays où les collaborateurs nazis sont présentés comme des membres de mouvements de libération nationale qui se sont battus pour la soi-disant indépendance de leur pays. Peu importe ce pour quoi ils se battaient, mais avec les nazis et les fascistes, ils ont exterminé des personnes dans les années 1940 en raison de leur race et de leur origine ethnique. On peut débattre longuement de la manière dont ils se désignaient et de leurs motivations, mais cela n’a rien à voir avec le fait qu’ils se sont livrés à des activités criminelles. Un certain nombre de mesures d’éducation et de sensibilisation sont en préparation, ainsi qu’un effort plus large pour reformater l’opinion publique. Des programmes éducatifs et des projets culturels vantent les exploits des membres des légions nationales SS volontaires qui ont combattu pour l’Allemagne d’Hitler et ont contribué à de nombreux massacres de civils. Les gouvernements encouragent les nationalistes et les radicaux, ainsi que les extrémistes de droite qui constituent souvent le principal moteur de la guerre cynique contre les monuments aux soldats libérateurs soviétiques. En échange de la lutte contre le monde russe et les monuments commémoratifs soviétiques, les nationalistes obtiennent le privilège de dicter au reste de la société ce que signifie être un patriote. Ils font cela pour l’argent qu’ils reçoivent sous forme de subventions et d’aides, et n’hésitent pas à recourir au chantage et à l’intimidation purs et simples.

Outre l’Ukraine, c’est dans les États baltes, en Pologne et en République tchèque que nous assistons à la situation la plus dangereuse. L’année dernière, les célébrations du 9 mai ont provoqué une hystérie inimaginable, teintée de sous-entendus russophobes. Tout cela a commencé il y a longtemps, transcendant toutes les frontières et supprimant toute dissidence. Au cours des dernières décennies, cette tendance s’est accentuée et a atteint un niveau abyssal. Nous assistons à des actes de vandalisme perpétrés contre les mémoriaux aux soldats de l’Armée rouge, à des attaques contre des diplomates russes participant aux commémorations du 9 mai, les mémoriaux étant fermés au public. Les personnes qui expriment leur désaccord sont ostracisées, persécutées et réprimées. Les trois pays baltes ont lancé une campagne visant à démanteler au plus vite tous les monuments soviétiques, ce qui va à l’encontre de la résolution que l’Assemblée générale des Nations unies adopte chaque année sur la lutte contre la glorification du nazisme. L’apogée de l’idéologie néonazie se produira lorsque les pays commenceront à modifier leur façon de voter cette résolution. Ainsi, les pays qui commettent ces actes scandaleux ne pourront pas dire que tout cela se passe dans notre imagination. Il s’agira d’une position exprimée par l’État et démontrant qu’il a changé de position sur la question du néonazisme.

Les efforts proactifs des gouvernements de ces pays pour construire des sociétés mono-ethniques autour de nations titulaires et intensifier leur campagne de glorification des collaborateurs nazis dans le cadre de la nouvelle histoire nationale qu’ils s’apprêtent à écrire – tout cela exacerbe la situation des droits de l’homme pour les minorités et groupes ethniques, principalement les russophones, qui sont confrontés à des discriminations de toutes sortes.

Il existe un autre groupe de pays dont les gouvernements ignorent ces manifestations, tout en embellissant les aspects peu flatteurs de leur passé, notamment les politiques racistes à l’égard de leurs propres colonies et le fait qu’ils ont exterminé des populations indigènes. Ces pays préfèrent fermer les yeux non seulement sur les manifestations de racisme et de discrimination, mais, suivant les principes énoncés par une petite minorité, ils font tout pour dissimuler la nature nazie du régime de Kiev à la communauté internationale, blanchissant et glorifiant les aspects nazis au sein de l’État ukrainien sous la forme d’unités nationalistes raciales, principalement le bataillon Azov. Ils leur offrent financement et soutien.

Cette année, lorsque la Fédération de Russie a lancé en février 2022 son opération militaire spéciale visant à dé-nazifier et démilitariser l’Ukraine et à protéger les civils du Donbass, elle a donné un nouvel élan et une nouvelle motivation pour justifier ces entreprises russophobes. Cela a ouvert la voie à une discrimination et une stigmatisation totales des Russes, y compris des diplomates, avec une férocité choquante. Le ministère des Affaires étrangères a examiné la discrimination à l’encontre des compatriotes et des citoyens russes à l’étranger, qui se trouvaient déjà dans une situation difficile, dans un rapport spécial distinct intitulé Violations des droits des citoyens et des compatriotes russes dans les pays étrangers. Dans ce rapport, le ministère des Affaires étrangères a également accordé une attention particulière à ce sujet.

Ces tendances confirment le message de la Russie selon lequel ces manifestations de discrimination raciale et de glorification du nazisme constituent une menace flagrante pour les valeurs fondamentales d’une véritable démocratie et pour les droits de l’homme, et représentent un défi sérieux en termes de sécurité et de stabilité internationales et régionales.

Il est essentiel que l’écrasante majorité de la communauté internationale partage les approches de la Russie pour contrer la glorification du nazisme, comme le confirme la résolution de l’Assemblée générale des Nations unies Combattre la glorification du nazisme, du néonazisme et des autres pratiques qui contribuent à alimenter les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée. Chaque année, la Russie, avec un large groupe de co-sponsors de toutes les régions du monde, soumet ce projet de résolution à l’Assemblée générale des Nations unies. Nous nous sommes inspirés des dispositions énoncées dans cette résolution pour rédiger le rapport.

Nous espérons que les pays concernés réfléchiront aux tendances négatives concernant la glorification du nazisme telles que décrites dans le rapport, ce qui incitera finalement leurs gouvernements à prendre des mesures pour contrer ces phénomènes honteux et dangereux.

Bien que nous puissions nourrir ces espoirs, ce n’est pas ce que nous voyons dans la vie réelle. Nous partons du principe que les gouvernements de ces pays suivent les principes démocratiques et ne se nomment pas eux-mêmes à leurs fonctions. Nous supposons qu’ils n’arrivent pas au pouvoir en recourant à diverses pratiques de corruption, mais qu’ils adhèrent aux valeurs démocratiques. Si tel est le cas, ils doivent prêter attention à l’opinion publique de leur pays. Lorsqu’ils le feront, ils comprendront que leur guerre contre l’histoire et leurs efforts pour imposer des faux sont honteux, antidémocratiques et illégitimes.

Mise à jour sur l’Afghanistan

Compte tenu de la complexité de l’environnement socio-économique actuel en Afghanistan, nous pensons qu’il est important de poursuivre le travail conjoint de la communauté internationale pour fournir un soutien humanitaire au peuple afghan sous les auspices de l’ONU. C’est précisément dans ce contexte que nous voyons l’appel du Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence des Nations Unies, Martin Griffiths, à tendre une main secourable à l’Afghanistan.

Nous maintenons que les États-Unis et leurs alliés doivent assumer la majeure partie de la charge financière de la reconstruction de ce pays. Ils sont responsables de la situation actuelle après leur fuite de Kaboul il y a exactement un an, le 31 août 2021. Il convient de noter qu’ils n’épargnent rien au régime de Kiev. Les médias ont fait état d’un nouveau plan d’aide de 3 milliards de dollars. Cet argent ne quitte pas nécessairement les institutions financières américaines, les agences d’État et les entreprises privées qui aident les citoyens américains à se débarrasser de l’argent supplémentaire. Pendant 20 ans, ils ont torturé le pays par leur présence et en détruisant tout. Nous avons vu beaucoup de choses là-bas. Ils ont fui d’une manière horrible et honteuse. Ils n’ont même pas fui, mais ont rampé dans différentes directions. Où est l’argent pour la reconstruction de l’Afghanistan ? Je parle de la communauté centrée sur l’OTAN. Vous avez mis le bazar là-bas pendant 20 ans, et maintenant il est temps de faire le ménage après vous. C’est précisément leur logique.

En octobre 2021, lors d’une réunion à Moscou, nous avons suggéré d’organiser une conférence des donateurs sur l’Afghanistan. En mars 2022, ils ont fini par donner suite à cet appel lors d’un événement à Genève. Cela n’est évidemment pas suffisant pour résoudre tous les problèmes, en ce qui concerne le redressement post-conflit de ce pays.

Le gouvernement afghan est toujours aux prises avec les conséquences désastreuses des 20 ans d’occupation par les États-Unis et l’OTAN. Dans le même temps, les pays occidentaux continuent de geler les avoirs nationaux afghans pour un montant total de plusieurs milliards de dollars. Cela aggrave encore la situation et prive les autorités locales de ressources pour normaliser la situation et lutter contre le terrorisme international. Peut-on dire quelque chose sur la légitimité du gel des avoirs afghans par les Etats-Unis ? Nous voulons comprendre le cadre juridique de ce processus. Si un tel cadre n’existe pas, alors nous devrions le faire savoir à ceux qui prient pour des dictatures libérales.

Réponses aux questions:

Question : Des navires de guerre américains ont récemment traversé le détroit de Taïwan, se livrant ainsi à une nouvelle provocation. Pourquoi pensez-vous qu’ils ont fait cela et comment cela va-t-il affecter la sécurité dans la région ?

Maria Zakharova : Vous l’avez dit vous-même. C’était vraiment une provocation. Voilà ce que nous pensons des deux navires de guerre américains qui ont traversé le détroit de Taïwan le 28 août 2022 : c’est un maillon d’une chaîne de provocations visant à la dissuasion globale de Pékin. Ils voulaient faire davantage pression sur eux et déstabiliser la situation dans la région en général.

Les forces armées américaines ont pris cette mesure dans le cadre de voyages d’hommes politiques américains sur l’île. Ce sont tous des maillons de la même chaîne et ils ne renforcent évidemment pas la sécurité dans la région Asie-Pacifique. Au contraire, ils rendent la situation là-bas encore plus compliquée et imprévisible.

Nous considérons qu’un règlement de la situation dans le détroit de Taïwan est une affaire intérieure de la Chine. Pékin a le droit de prendre les mesures nécessaires pour protéger sa souveraineté et son intégrité territoriale sur la question de Taïwan.

La position de principe de la Russie sur la question de Taïwan reste inchangée. Nous pensons qu’il n’y a qu’une seule Chine, que le gouvernement de la RPC est le seul gouvernement légal représentant toute la Chine et que Taïwan est une partie inséparable de la Chine.

Question : La Moldavie continue de harceler les représentants de son opposition politique. Le 29 août de cette semaine, la Cour d’appel de Chisinau a confirmé une décision de justice concernant l’assignation à résidence de l’ancien président de la Moldavie Igor Dodon jusqu’au 21 septembre. La semaine dernière, la même cour a rejeté une demande de libération de Marina Tauber, vice-présidente du parti d’opposition Shor. Le 18 août de cette année, une force opérationnelle moldave a effectué des exercices dans la capitale de l’unité territoriale autonome de Gagaouzie. Les commentateurs locaux y ont vu un acte d’intimidation de la part de Chisinau, qui a démontré sa détermination à réprimer les manifestations de protestation. Que pensez-vous de la multiplication des actions autoritaires des autorités moldaves qui déclarent leur attachement aux valeurs européennes et démocratiques ?

Maria Zakharova : Nous suivons de près les développements internes en Moldavie, y compris les actions procédurales contre les leaders de l’opposition que vous avez mentionnés. Il ne fait aucun doute qu’il s’agit d’une affaire intérieure de la république. Cependant, les organes chargés de l’application des lois de ce pays se concentrent uniquement sur les politiciens qui prônent des relations constructives avec la Fédération de Russie. Ce fait met en évidence le caractère politique de ce harcèlement.

Les tentatives des dirigeants moldaves actuels de se débarrasser de leurs opposants par tous les moyens ne peuvent guère rehausser leur prestige. À en juger par ce que nous voyons, le peuple moldave développe une forte allergie à ces méthodes inconvenantes de lutte politique. Cela ressort clairement des nombreuses manifestations et rassemblements de soutien aux dirigeants susmentionnés, qui ont lieu régulièrement dans le pays.

Malheureusement, au lieu d’écouter leurs citoyens, de mener un large dialogue public et de chercher ensemble des solutions, les autorités moldaves actuelles ostracisent ceux qui sont contre les processus en cours dans le pays.

Nous souhaiterions que les agences internationales concernées (notamment l’OSCE et le Conseil de l’Europe) procèdent à une évaluation critique des actions de Chisinau. Chisinau a reçu le statut de candidat à l’adhésion à l’UE en juin de cette année, et nous aimerions savoir dans quelle mesure ses méthodes de nettoyage du paysage politique et médiatique correspondent aux normes élevées de la démocratie, de la liberté des médias et des droits de l’homme. Je n’ai pas encore vu d’évaluations de ce type, mais je suis sûr qu’elles apparaîtront.

Question : Alors que l’Ukraine célébrait le jour de son indépendance, le président américain Joe Biden a déclaré qu’il allait allouer 3 milliards de dollars d’aide militaire à ce pays, soit le plus important programme d’aide militaire de Washington à ce jour. Cette aide est destinée à la formation des troupes ukrainiennes et à la fourniture d’armes au pays pour les années à venir. Les responsables américains ont déclaré qu’en raison de la poursuite du conflit entre la Russie et l’Ukraine, l’assistance américaine en matière de sécurité s’inscrirait dans le long terme et que davantage de troupes américaines pourraient être déployées en Europe. Pourquoi les États-Unis ont-ils pris cette décision maintenant ? Quel est, selon vous, l’objectif de la soi-disant défense à long terme et du déploiement de troupes en Europe ?

Maria Zakharova : Il y a plusieurs raisons à cela et elles n’ont rien à voir avec la situation en Ukraine. Bien au contraire, la situation en Ukraine est une extension de la logique de Washington, c’est-à-dire que la cause et l’effet ont été inversés. La situation en Ukraine ne peut servir à expliquer le renforcement de la présence militaire américaine en Europe. Sur la base de la stratégie qu’il a développée précédemment pour accroître sa présence militaire, Washington fait en sorte que la crise ukrainienne s’étende, s’intensifie et s’aggrave afin de se sentir libre de fournir des armes au régime de Kiev et de renforcer sa présence en Europe. Washington a soigneusement conçu et mis en œuvre ces tactiques il y a longtemps. Il est clair que les Américains avaient besoin de la situation en Ukraine pour enclencher ce processus ! Nous avons commenté cette question à plus d’une occasion et à différents niveaux. Dans le cas de l’Ukraine, toute fourniture d’armes tend à accroître le risque d’une détérioration de la situation internationale et à rendre les conditions encore plus difficiles pour les civils. Les civils sont exposés aux attaques de l’Ukraine – je veux dire la partie contrôlée par le régime de Kiev.

Quant au déploiement de troupes américaines et à l’expansion de l’infrastructure militaire américaine en Europe, ils résultent en grande partie de l’expansion de l’OTAN, qui ne s’est déplacée que dans une seule direction, vers la frontière russe. Cette situation n’a pas évolué hier et elle est le résultat d’activités planifiées à l’avance. La Russie a exprimé à plusieurs reprises ses préoccupations et, encore une fois, cela n’a pas commencé hier, ni il y a un an, ni il y a cinq ans, alors que la Russie proposait tous les types de coopération pour résoudre les problèmes communs. Les États-Unis et l’OTAN ont été guidés par les mêmes considérations de sécurité – prétendument partagées – lorsqu’ils ont étendu leurs bases militaires, les déplaçant vers la frontière russe. Nous avons reçu des réponses négatives à toutes nos propositions, y compris les propositions pratiques, pour aborder conjointement les questions de sécurité. Cela ne s’est pas produit une seule fois – fin 2021 ou début 2022. Nos propositions ont été rejetées à plusieurs reprises pendant de nombreuses années. Nos préoccupations ont été ignorées.

Pendant toutes ces années, l’Occident a renforcé sa sécurité au détriment des autres, ignorant les préoccupations légitimes de la Russie et d’autres pays. La situation ne fait que s’aggraver. Ils ne bénéficient pas d’une sécurité accrue. Tout ce qui se passe, c’est la détérioration de la situation sécuritaire dans plusieurs régions.

Question : Un sondage réalisé par le Centre analytique du China Media Group et l’École d’administration et de politique publiques de l’Université Renmin en Chine indique que 80 % des personnes interrogées soutiennent l’affirmation selon laquelle la lutte des États-Unis contre le terrorisme en Afghanistan a été un fiasco total. Plus de 70 % des personnes interrogées dans le monde estiment que les États-Unis n’ont pas tenu leur promesse de construire un Afghanistan stable, fort et prospère. Plus de la moitié des personnes interrogées en Afghanistan sont convaincues que la situation économique de leur pays sera pire après le retrait des États-Unis qu’il y a 20 ans. Près de 75 % des Afghans interrogés ont qualifié de « pillage » le gel par les États-Unis de 7 milliards de dollars d’avoirs de la Banque centrale afghane et 70 % des personnes interrogées, y compris des ressortissants d’autres pays, ont exhorté les États-Unis à débloquer ces fonds. Quelle est votre évaluation de ce sondage ?

Maria Zakharova : Pour notre part, nous partageons pleinement l’opinion sur l’échec total de la réalisation des objectifs que Washington, ses satellites et l’OTAN ont poursuivis depuis qu’ils ont occupé l’Afghanistan en 2001. La présence des États-Unis et de leurs alliés s’est accompagnée de massacres de civils innocents, de la destruction d’infrastructures civiles et de scandales de corruption, et s’est finalement terminée par une honteuse débandade en août 2021. Après avoir commis de nombreux actes inconvenants, l’administration américaine continue de bloquer les biens nationaux du pays au lieu de prendre des mesures résolues pour soutenir la population indigente d’Afghanistan, qui souffre à cause des États-Unis.

La machine de propagande de l’Occident bat son plein et tente d’ignorer les résultats de leur présence militaire sur le sol afghan. Nous pensons qu’il est très important de montrer au public international les conséquences de cette intervention, qui n’a laissé derrière elle que de la terre brûlée et un grand nombre de problèmes non résolus et nouvellement créés.

Grâce au sondage mondial réalisé par nos amis chinois, nous pouvons conclure que ce point de vue est partagé non seulement par les Afghans eux-mêmes, qui ont souffert aux mains de l’Occident, mais aussi par la majorité des membres étrangers de la communauté Internet.

Question: Une mission de l’AIEA s’est rendue à la centrale nucléaire de Zaporojie. Y a-t-il déjà des informations sur le déroulement de la visite, les premiers résultats? Quelles sont les attentes de la Russie?

Réponse: J’ai déjà commenté cette question à plusieurs reprises aujourd’hui, mais je vais y revenir. L’équipe de l’Agence est en route. Tout ce qui est nécessaire et même plus est fait du côté de la Russie. Cela fait trois mois que nous travaillons sur cette question, en nous accordant sur le déplacement en soi, l’inspection, le nombre de participants, les délais, l’itinéraire, etc. Tout est fait pour que la mission dirigée par le directeur général de l’AIEA Rafael Grossi à la centrale nucléaire de Zaporojie, qui était prévue depuis plusieurs mois, ait finalement lieu, soit sécurisée et accomplisse toutes les tâches qui lui ont été confiées.

Un travail minutieux a précédé cette opération. Tous les détails du voyage ont été coordonnés dans les moindres détails par nos experts du secteur. Des réunions ont eu lieu entre le ministre des Affaires étrangères de la Russie, Sergueï Lavrov, et le directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi. Après l’échec de la visite de Rafael Grossi à la centrale nucléaire de Zaporojie en juin, en raison de l’ingérence flagrante du Secrétariat de l’ONU et des obstacles causés par le régime de Kiev, de nombreuses choses ont dû être réorganisées.

Aucun reproche ne peut être formulé à la Russie dans ce contexte. Une fois encore, je tiens à souligner que, de notre côté, tout a été convenu le 3 juin, il y a trois mois. L’ONU ne fait qu’exprimer son soutien verbal à la mission de l’AIEA. Hélas, ils ne sont pas pressés d’admettre leurs erreurs de calcul précédentes. Bien sûr, c’est à eux qu’il faut poser la question, mais je ne peux m’empêcher de le préciser.

Nous partons du principe que les représentants de l’Agence, qui devraient se rendre à la centrale sous peu, seront en mesure de se familiariser de manière détaillée avec la situation sur le terrain, d’évaluer les conséquences des frappes ukrainiennes inhumaines sur les installations et les modules du site et de s’assurer que les informations fournies presque quotidiennement par la partie russe sur la situation de plus en plus dangereuse à la centrale nucléaire de Zaporojie et la source de ces menaces, qui est manifestement le régime de Kiev et ses forces militaires, sont absolument réelles.

La mission doit être fondée sur l’objectivité et, surtout, sur le professionnalisme. Voici donc sa formule, son objectif principal et sa tâche: voir tout ce qui se trouve sur place en ce moment et ce qui est le résultat des actions destructives entreprises contre l’installation nucléaire depuis quelques mois. Les tentatives de la partie ukrainienne de compliquer la tâche de la mission internationale de l’AIEA, l’intensification des attaques contre la centrale nucléaire de Zaporojie et l’utilisation d’armes de plus en plus lourdes annulent toute affirmation du régime de Vladimir Zelenski selon laquelle Kiev serait intéressé par une visite constructive de l’équipe de Rafael Grossi. Les attaques sont de plus en plus ciblées et se rapprochent des parties vitales de la centrale, notamment des zones de stockage du combustible nucléaire, qu’il soit frais ou usé. Les habitants d’Energodar, dont beaucoup sont des employés de la centrale, ainsi que leurs familles, vivent sous le feu des armes depuis des mois. Rien ne justifie cela, tout comme rien ne justifie la volonté obstinée des dirigeants ukrainiens de risquer non seulement la sécurité de la centrale nucléaire de Zaporojie, mais aussi le sort des peuples du continent tout entier. Une fois de plus, je tiens à insister sur le fait que la radiation ne connaît pas de frontières. Elle ne cherchera pas à savoir si elle a violé ou pas les frontières de qui que ce soit, si c’est déjà le bout du continent européen ou si c’est encore l’Europe. Nous nous rendons tous compte de ce dont il s’agit. L’ONU et l’AIEA en sont parfaitement bien informées. Nous espérons que les plans des « stratèges » ukrainiens visant à entraver une fois de plus la mission de l’AIEA ne se réaliseront pas et qu’elle aura lieu. Toute autre évolution des choses pourrait être considérée comme rien d’autre que la reconnaissance par le régime de Kiev de sa responsabilité dans tout ce qui se passe.

La mission de l’AIEA, tout comme le mandat de l’Agence dans son ensemble, est de nature technique. Néanmoins, nous estimons que le séjour de Rafael Grossi à la centrale nucléaire de Zaporojie contribuera à améliorer la situation et à obliger les forces armées ukrainiennes à retrouver la raison et à cesser de bombarder la centrale et les zones voisines, et ce pour de bon.

Nous appelons tous les pays, en particulier ceux qui ont une influence directe sur le régime de Kiev, à continuer à exercer une pression sur les autorités ukrainiennes les obligeant à revenir à la raison, à mettre fin à l’arbitraire et au chantage nucléaires, à cesser de terroriser le monde entier et à ne pas provoquer une catastrophe aux conséquences irréversibles et gravissimes.

Question : S’exprimant à l’Université Charles de Prague, le chancelier allemand Olaf Scholz a déclaré que l’Union européenne devait continuer à s’élargir en intégrant les États des Balkans occidentaux, la Moldavie, l’Ukraine et, à l’avenir, la Géorgie. Que pense le ministère des Affaires étrangères russe de cette déclaration ? Est-il possible de dire que l’élargissement de l’UE conduirait à la poursuite ou à l’aggravation de la confrontation entre la Fédération de Russie et l’Occident ?

Maria Zakharova : Ma question est de savoir pourquoi l’UE ne veut pas s’élargir en intégrant le Royaume-Uni ? À mon avis, toutes les conditions préalables sont réunies, notamment l’expérience, la proximité géographique, les liens, les contacts, la communauté de vues politique et l’adhésion à l’OTAN. Tous ces aspects servent largement de facteur d’unification. N’est-ce pas là une formidable occasion d’élargir l’UE ? Pourquoi l’UE devrait-elle s’étendre dans toutes les autres directions ? L’unification UE-Royaume-Uni devrait être à l’ordre du jour.

Une analyse plus sérieuse montre que l’UE semble penser dans le contexte des sphères d’influence et vise à s’emparer des territoires des États voisins et plus éloignés. On a l’impression qu’elle réinstaure le colonialisme et une mentalité impérialiste qui était un trait typique jusqu’au milieu du 20e siècle. Il semble que les facteurs contribuant à la progression de cette « maladie » aient disparu, mais nous sommes de retour à la case départ. Comme nous pouvons le constater, cette idéologie continue de se développer.

La politique expansionniste de l’UE a évolué de la préparation des candidats à l’adhésion à l’UE à un outil géopolitique. Ils utilisent les candidats (aspirants membres de l’UE) comme marchés de vente et comme sources de main-d’œuvre bon marché. Ils font revivre une idéologie impérialiste et colonialiste. Ils forcent ces pays à adhérer à des décisions de l’UE qu’ils n’ont jamais contribué à adopter et qui vont à l’encontre de leurs intérêts nationaux. Tout cela est politiquement lié. Quiconque souhaite adhérer à l’UE ou obtenir des primes économiques doit prêter serment d’allégeance politique à l’organisation. Il suffit de signer ici. Sinon, l’adhésion vous sera refusée.

À ce stade de son existence, l’UE est en train de se transformer rapidement d’une association économique pacifique en un projet militarisé. Elle devient un outil entre les mains des États-Unis et de l’OTAN et se transforme en un département économique de l’OTAN (nous en avons parlé). L’UE continue de livrer des armes à l’Ukraine. Il semblerait que ces armes soient renvoyées en contrebande là d’où elles viennent. Au lieu de leurs dépôts, les armes sont livrées au marché noir dans les pays qui les ont expédiées à l’Ukraine en premier lieu. Ils ne font pas cela pour maintenir la sécurité sur le continent européen. Au contraire, tout cela conduit à des processus destructeurs.

En ce qui concerne la réforme de la procédure décisionnelle de l’UE, cette question a été soulevée à de nombreuses reprises. Cette question devrait être adressée à Bruxelles. Je peux seulement dire que les discussions sur l’abandon du principe du consensus mettent en évidence les tentatives de certains pays de l’UE d’imposer leur point de vue à ceux qui ne sont pas d’accord avec eux et de supprimer toute dissidence et toute tentative de sa mise en œuvre. Il est nécessaire de rechercher un compromis et d’utiliser certains outils ou une idéologie pour trouver des points de contact. C’est pourtant ce à quoi ressemble l’UE aujourd’hui.

Question: Dans le même discours, Olaf Scholz a déclaré que l’UE devrait renoncer au principe de l’unanimité pour la prise de décisions clés au profit du principe de la majorité simple. Le ministère des Affaires étrangères comprend-il que de tels changements pourraient simplifier considérablement l’adoption de nouvelles sanctions contre la Fédération de Russie, car, par exemple, un tel principe permettrait d’écarter les pays qui se montrent plus sceptiques quant à l’application de nouvelles restrictions.

Réponse: Y a-t-il quelque chose qui les empêche d’adopter des sanctions maintenant? Où en est le dialogue réel sur les conséquences, par exemple, que les sanctions n’entraîneront pas mais ont déjà entraînées? Où est la prise en compte de l’opinion des peuples de ces pays? Il n’y a rien de tout cela. Ces mécanismes ne sont pas mis en place. Nous l’avons vu, entendu et lu, notamment grâce à la presse occidentale. Et ce n’est pas la presse qu’on puisse d’une manière ou d’une autre accuser de sympathie « pro-Moscou ».

Dans les médias occidentaux, toute dissidence est étouffée par le chantage et les menaces directes. Si vous ne votez pas pour la prolongation des sanctions ou l’adoption de nouvelles sanctions, nous allons… et virgule après virgule ce qui leur sera réservé. Il ne s’agit pas seulement de la position antirusse ou des sanctions, mais aussi de la vie au sein de l’ONU.

Il suffit de se rappeler les tentatives de la Pologne, de la Hongrie et d’autres pays d’ »obtenir » quelque chose de façon individuelle pour eux-mêmes du point de vue des intérêts nationaux. Comment cela s’est-il terminé? Par des procès d’arbitrage, des menaces politiques et la mise en place de mécanismes de pression. C’est comme dans la fable de Krylov: « Et vous, mes amis, quelle que soit la façon dont vous vous asseyez, vous êtes tous inaptes à être musiciens. » Le fait est que l’idéologie est mauvaise. Elle a fini par tout dominer, pas seulement la pragmatique, mais aussi le droit, la sphère juridique, les principes et les valeurs proclamés comme étant immuables. L’idéologie politique a englouti la démocratie et les manifestations libérales, dans le bon sens du terme. Cette idéologie est devenue dominante. Elle « s’est instaurée ». Qu’est-ce que c’est que cette idéologie? C’est intéressant. Il s’avère qu’il s’agit d’une idéologie de dictature de la volonté du fort sur le faible, sur le moins puissant, tout en imposant le point de vue de ceux qui sont maintenant « aux commandes » de la prise de décision. Les personnes, les acteurs et les joueurs changent. Les superstructures idéologiques changent également. Mais le fait que les personnes qui, pendant de nombreuses années, exécutaient la volonté des anciens maîtres « aux commandes » en souffrent, n’intéresse personne. C’est arrivé! C’est malheureusement la carte de visite de ce qui est en train d’arriver à l’UE.

Voir notre dossier sur la situation en Ukraine.

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Source : Le Cri des Peuples
https://lecridespeuples.fr/…