Michelle Bachelet et le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, à Guangzhou,
en Chine, le 24 mai 2022. © Deng Hua, AP

Par Maxime Vivas

Ceux qui ont prétendu depuis des années que l’ONU condamne les « crimes » chinois au Xinjiang ont un peu anticipé : l’ONU est ACTUELLEMENT en visite d’inspection.

Ceux qui, mensongèrement, l’avaient fait parler sont inquiets.

Tiens, pourquoi ?

Le Monde, dûment informé par Adrian Zenz, menteur international, illuminé évangéliste à qui Dieu a ordonné son combat contre la Chine et qui promet de brûler les juifs qui ne se convertiront pas (1) a publié le 24 mai un interminable pamphlet qui sort, par coïncidence, quand Michelle Bachelet, haut-commissaire de l’ONU aux droits humains se trouve en visite au Xinjiang.

Ce discours politique est signé Nathalie Guibert, sinophobe qui ridiculisa le Monde par un article du 28 mars 2021 où elle prétendait que la télévision chinoise avait « inventé » une journaliste française, journaliste (Laurène Beaumond) que Le Figaro… interviewa le 2 avril (2).

Voici, pour faire vite et ne pas y perdre trop de temps, deux exemples de la malhonnêteté intellectuelle de Mme Guibert :

1- Son article du 24 mai est accompagné de quatre photos de brutalités policières contre un prisonnier ouïghour. Ce n’est que sous la quatrième, quand vous êtes bien révoltés, que vous pouvez lire : « Ces images proviennent d’un exercice anti-émeute ou anti-invasion au centre de détention de Tekes, qui se déroule en quatre minutes ».

Donc, c’est « pour de faux ». Mais j’ai déjà vu une chaîne de télévision les diffuser comme des documents vrais.

2- Des détenus ont fait l’objet de motifs d’arrestation arbitraires « très souvent de vagues marques d’appartenance religieuse » comme avoir écouté un prêche « appelant les musulmans à prier, à ne pas se mêler aux non-musulmans et à tuer les hérétiques pour aller au paradis. »

Un petit appel au meurtre de rien du tout, quoi.

Tout le reste est de ce niveau de manipulation du lecteur par un quotidien qui inventa un outil d’appréciation des médias (le DECODEX) pour qui le Grand Soir est un « site qui diffuse un nombre significatif de fausses informations et/ou d’articles trompeurs ».

Ces jours-ci, le porte-parole du département d’Etat américain et nos médias, trop longtemps occupés par l’Ukraine, nous disent en substance : Si Michelle Bachelet ne voit pas au moins un million de Ouïghours en camp de concentration et un génocide, c’est qu’elle a été bernée, comme l’autre « dingo » du Grand Soir (3).

Le 20 mai, Ned Price, porte-parole du département d’Etat américain, a déclaré que les Etats-Unis étaient « très inquiets » quant aux conditions de cette visite. « Nous ne pensons pas que la Chine lui garantisse l’accès nécessaire pour accomplir une évaluation complète et non manipulée de la question des droits de l’homme au Xinjiang. » Et une dingue, une !

Bizarrement, le méga-tract de dame Guibert dans le Monde (26 000 signes) présente un curiosité : les mots «  camp de concentration  » n’y figurent pas !

Oubli ? Manque de place ? Début de manœuvre de repli ?

Mais ne nous réjouissons pas trop vite. Si la représentante de l’ONU ne leur donne pas un os ou deux à ronger, Le Monde et tous les autres vont se déchaîner contre elle. Je ne lui demande pas de traiter Xi Jinping de dictateur, comme un vulgaire Augusto Pinochet qui saigna son pays, qui fit mourir son père en prison, tortura sa mère et elle aussi. Mais je lui conseille de trouver quelques violations de droits humains : énucléations d’opposants par tirs de LBD, étouffement d’un scooteriste au cours d’un contrôle de police, tir mortel d’une grenade sur une vieille dame au quatrième étage à Kashgar, viol d’une touriste canadienne dans les locaux de la police d’Urumqi, un règlement trop chinois pour un lecteur du Monde, des prisonniers dans les prisons avec des tenues de prisonniers, des policiers dans la rue avec des uniformes de policiers, une mosquée en mauvais état, des chek-points sur la route (j’en ai vu), etc. Il faut leur jeter un os, sinon, gare à vos mollets, Michelle.

Maxime VIVAS

PS. J’aime bien tout ce qu’écrit Nathalie Guibert : « En France, Maxime Vivas, un militant d’extrême gauche auteur d’un ouvrage prétendant que la répression des Ouïgours au Xinjiang est une “fake news” semble être un cas d’école d’hameçonnage réussi » (Le Monde, 3 septembre 2021, sous le titre «  Comment la Chine durcit sa guerre d’influence pour démontrer sa puissance »). 

Notes

(1) Voir « Ouïghours, pour en finir avec les fake news », Maxime Vivas. Décembre 2020, éditions « La route de la soie » .

(2) Voir « Les divagations des antichinois en France », Maxime Vivas, Aymeric Monville, Jean-Pierre Page, Préface du contre-amiral Claude Gaucherand. Mars 2022 éditions Delga.

(3) Ainsi que me qualifia Charlie Hebdo en critiquant mon livre sans l’avoir lu.

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Source : Le Grand Soir
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