Wilmer Villaroel « Raideth » (à droite), responsable du comité de gaz

Par Thierry Deronne

En janvier 2019, j’assistai à quelques réunions dans la nuit de Caracas. Les communard(e)s d’Altos de Lidice retournaient sous toutes les coutures la « problematica » du gaz. Comment s’organiser pour qu’à chaque famille parviennent les bonbonnes vitales, à temps ? J’ai rendu compte de ces premiers pas ici.

Signe des temps, deux ans plus tard, c’est un parlement communal qui a résolu l’affaire. Un saut dans l’organisation populaire, qui témoigne d’une vitalité de la démocratie participative après vingt et un ans de révolution bolivarienne.

Le responsable du comité du gaz, Wilmer Villaroel, surnommé »Raideth », me raconte: « Cette lutte m’a permis d’acquérir une connaissance approfondie du quotidien des habitants de la commune, car dans le comité du gaz, ou le comité de l’eau, etc… au final nous sommes les garants de la satisfaction des besoins de chaque famille. Nous sommes ce lien au sein de la commune et nous formons un parlement communal qui est le parlement exécutif des conseils communaux.

« Nous avons cherché le lien avec chaque institution, entre autres avec le directeur du dépôt de PDVSA (NdT: compagnie publique du pétrole), Mr. Lisandro, et en tant que circuit communal de gaz, nous sommes devenus indépendants entre janvier et février 2021. Qu’avons-nous obtenu avec cela ? Une distribution à 90% à ceux qui ont besoin de gaz. Avant, institutionnellement c’était lourd car la livraison des bonbonnes se faisait tous les 90 jours, il n’y avait pas de moment précis. Nous sommes maintenant clairs sur la structure des coûts ainsi que sur la quantité due à chaque conseil communal, c’est-à-dire sur les besoins de chaque famille.

« Le conseil que je donne aux autres organisations est de centrer les efforts sur la planification. Que dans chaque commune l’équipe en charge du service parvienne à analyser les besoins en gaz de la communauté. L’objectif est d’améliorer l’organisation au sein de la communauté.« 

La caméra de notre télévision/école Terra TV a suivi le processus de discussion et de décision au sein du parlement communal, jusqu’à la solution :

Pendant ce temps Luis Ibarra, menuisier, après une formation payée par la même commune, a créé sa propre machine de sérigraphie sur tissu. Sa première création : les vêtements de sport pour les jeunes de l’école de basket de la Commune Socialiste de Altos de Lidice. Reportage de Terra TV :

Au-delà de la politique classique (personnalités, partis…), peu de médias parlent de ce qui fait depuis 20 ans l’or du chavisme: l’organisation communale, le pouvoir de décider collectivement, le vaste tissu féminin et populaire qui soutient la révolution. Sans doute est-ce pour empêcher les citoyens du monde entier de s’identifier avec celles et ceux du Venezuela qu’on cache la plus grande démocratie participative du monde. Les équipes de TERRA TV vivent sur place et vous la montrent.

En Occident, plus que jamais, l’opinion est façonnée par de grands groupes privés de communication, plus puissants aujourd’hui qu’il y a dix ans. Les logiques de ces «médias» interdisent leur transformation de l’intérieur. Le service public de radio/télévision ou les télévisions associatives sont colonisés par une forme désormais homogénéisée, superficielle, émotionnelle, fragmentaire, éphémère.

Terra TV est une chaîne/école différente, produite par les mouvements sociaux du Venezuela et d’Amérique Latine. Elle travaille aujourd’hui à préparer le jour où l’Humanité aura la force de démocratiser la propriété des médias et de générer enfin une information socialement utile, produite directement par les citoyen.ne.s.

Thierry Deronne, Caracas, le 9 avril 2021

Source : Venezuela Infos
https://venezuelainfos.wordpress.com/…