Par Karine Bechet-Golovko

Un conflit ne se passe pas de dimension politique, car les deux systèmes qui en sont arrivés à s’affronter militairement ne peuvent coexister, l’un des deux doit disparaître. Si la Russie affirme haut et fort ne pas vouloir de changement de régime à Kiev – quelle étrange, alors, « dénazification » – l’Ukraine revient à la source et lance la Légion de « Liberté pour la Russie », avec un nouveau drapeau sur le mode biélorusse et un poing sorossien, pour lutter contre le « régime de Poutine ». Les Atlantistes, eux, comprennent et assument que la guerre ne se gagnera pas sans changement de régime politique, et ils veulent que cela ait lieu en Russie.

Se souvenant de « l’armée de Vlassov » lors de la Seconde Guerre mondiale, ces Russes qui étaient passés du côté des nazis, l’Ukraine lance la légion « Liberté pour la Russie ». Formellement, il s’agirait de militaires russes, faits prisonniers par l’Ukraine, qui seraient passés de son côté et lutteraient contre la Russie, en tout cas selon la version officielle. Dans la vidéo qui y est jointe, un homme masqué, se disant militaire russe, s’adresse à Poutine en substance en ces mots : 

« L’on nous a envoyé pour décommuniser l’Ukraine, mais ici tout est déjà décommunisé depuis longtemps sans nous, ce qui n’est pas le cas de la Russie, qui ressemble de plus en plus à l’URSS de la période de la Perestroïka; faites attention Vladimir Vladimirovitch, l’on pourrait venir décommuniser la Russie. »

Cette étrange « légion » a tenu une conférence de presse dans les locaux de l’agence d’information Interfax Ukraine, où trois hommes masqués ont appelé les soldats russes à ne pas exécuter les ordres du « dictateur » Poutine et à passer dans l’autre camp, celui de la « liberté pour la Russie ». Ils furent incapables de répondre précisément aux journalistes en ce qui concerne leur appartenance à l’armée russe, rien n’a pu être prouvé : ils se cachent derrière un soi-disant danger pour leur famille au pays, afin de refuser de prouver qui ils sont.

Cela ressemble beaucoup à une opération psychologique de déstabilisation, mais c’est aussi un engrenage qui se met en marche. Il servira à dire, puisque de toute manière il est impossible de distinguer un Russe d’un Ukrainien, que l’armée russe ne soutient pas l’opération militaire et cela pourra semer le trouble dans l’esprit de certains militaires russes et de l’intelligentsia russe.

Dans cette Légion, il n’y aura pas que des Russes, mais des représentants de différents pays, qui se regroupent pour lutter « contre le régime de Poutine ». Ainsi, deux lièvres sont visés à la fois : démoraliser les troupes russes et donner une structure d’accueil pour les soldats étrangers (notamment des pays de l’OTAN), envoyés comme nous le voyons non officiellement en Ukraine. Le tout pour transporter le combat en Russie, et encore une fois tenter d’y changer la régime. Heureusement, la population a les pieds sur terre, tant que « l’opération militaire spéciale » ne se transforme pas définitivement en marchandage de tapis, les hommes ne servant alors qu’à faire monter les enchères. Cela, le peuple russe, ne le pardonnerait pas. 

A la différence de l’Ukraine ou de ces autres pays, qui ont été brisés de l’extérieur par les révolutions de couleur, la Russie ne peut tomber que par la domination des élites occidentales en son sein, comme ce fut à chaque fois le cas. Le fragile équilibre est en ce moment sous tension.

Source : Russie politics
http://russiepolitics.blogspot.com/…

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