Par CIREPAL

BOSTA. C’est ainsi que les prisonniers détenus dans les geôles de l’occupant sioniste désignent le véhicule qui les transporte de / vers la prison. Nombreuses sont les histoires relatives à « la bosta », chaque prisonnier peut en raconter tant et plus, puisqu’ils passent une partie non négligeable de leur emprisonnement dans cette cage mobile et ses succursales, les « ma’bar » (centres de passage).

Ce recueil d’histoires vraies, vécues par le prisonnier Jum’a Tayeh, de la région de Ramallah, en Cisjordanie occupée, témoigne du vécu des prisonniers. Si Jum’a Tayeh décrit les douleurs occasionnées par le comportement sauvage et inhumain des geôliers chargés de la « bosta », il exprime aussi l’espoir et la volonté de lutter jusqu’à la libération de la Palestine. Il n’y a aucune note pessimiste dans ce recueil d’histoires, mais plutôt un ton de défi et d’humour, caractéristique des combattants pour la liberté du peuple palestinien. 

Ce livre a été écrit en prison, avant que Jum’a Tayeh ne soit libéré en avril 2020, après 18 ans et demi d’emprisonnement, accusé de résistance à l’occupant. Il fait partie des dizaines de livres écrits par les prisonniers palestiniens et arabes détenus dans les prisons sionistes. La littérature spécifique des prisonniers ne décrit pas seulement les conditions de détention ou les luttes des prisonniers, mais couvre divers champs de la connaissance : philosophie, histoire, politique, biographie, etc.. sous la forme de romans (parfois pour les jeunes) et d’essais.  

Écrire en prison est une forme de lutte contre l’occupant et ses geôliers. Si les prisonniers peuvent à présent écrire ou étudier, en situation « normale », c’est-à-dire lorsqu’ils ne subissent pas les invasions musclées de corps répressifs , ou qu’ils ne tombent pas sous le coup des mesures répressives particulières (confiscation des livres, crayons, papiers), il leur est interdit de faire sortir leurs écrits. Ils doivent inventer des moyens de plus en plus sophistiqués pour le faire. Cela fait partie de leur défi de l’occupant.

Parfois, les geôliers et leurs corps répressifs confisquent leurs écrits lors des fouilles ou les détruisent, ne supportant pas que les prisonniers puissent communiquer avec l’extérieur (leur peuple) par ce moyen. Souvent, les prisonniers cachent, dans des recoins de la cellule, ces écrits ou ces fragments d’écrits, dans l’attente de pouvoir les faire passer à l’extérieur de la prison. Combien de livres ont été ainsi sortis, bouts par bouts, avant d’être publiés, alors que leur auteur est toujours en prison ! Mais le prisonnier risque d’être emmené en isolement, comme ce fut le cas pour le prisonnier Walid Duqqa, après la publication de son livre « le secret de l’huile ». Ainsi fonctionnent l’entité coloniale sioniste et ses prisons.

L’auteur est Jum’a Tayeh, prisonnier libéré. Il est né en 1970 à Kfar Ne’ma, province de Ramallah,  et a été arrêté pendant l’Intifada al-Aqsa en 2001. Il est marié et père de deux enfants, Ussama et Nasrallah. Il a été membre du conseil dirigeant des prisonniers du mouvement du Jihad islamique en Palestine. Il a écrit de nombreux ouvrages en prison.

Source : CIREPAL
https://cirepal.blogspot.com/…