Extrait de la conférence de presse de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Moscou, 12 janvier 2022.

Source : Ministère de la défense russe

Traduction : lecridespeuples.fr

Sur la crise ukrainienne

Le 1er janvier, l’Ukraine célébrait au niveau national l’anniversaire de « l’agent hitlérien Bandera » – c’est ainsi que ce nationaliste ukrainien responsable de la mort de dizaines de milliers d’Ukrainiens, de Russes, de Polonais et de Juifs était qualifié dans les archives déclassifiés par la CIA il y a trois ans.

Des marches aux flambeaux ont été organisées en son hommage à Kiev et dans d’autres villes. Je dirais dans les « meilleures » (c’est-à-dire les pires) traditions de tout ce qui devait rester dans le passé mais qui est réincarné aujourd’hui grâce au régime de Vladimir Zelenski. Le parlement ukrainien a publié sur les réseaux sociaux des éloges, qui ont été rapidement effacés par les autorités ukrainiennes à l’exigence du Premier ministre polonais. L’Ukraine occidentale est pratiquement prête à canoniser ce collaborateur des crimes fascistes. Cela paraît étrange, mais c’est un fait. Pour la fête de Noël célébrée par les chrétiens, notamment orthodoxes, une crèche de Noël avec sa figure a été installée dans la région de Lvov. Peut-être que cette région interprète différemment le terme « crèche » désormais? C’est difficile à savoir compte tenu des processus qui se déroulent notamment en matière de libertés religieuses (nous en reparlerons).

Dans son élan néonazi, le régime de Vladimir Zelenski a osé remettre en question les décisions du procès de Nuremberg. En décembre 2022, la Cour suprême d’Ukraine a maintenu la décision de ne pas reconnaître comme nazis les symboles de la division SS Galicie tristement célèbre. Mais qu’est-ce que la SS? C’est l’abréviation de quoi? Une nouvelle abréviation ou des initiales? Les dirigeants de Kiev nous diront-ils ce qu’est la SS à leurs yeux?

Les États-Unis et leurs alliés de l’Otan ferment hypocritement les yeux sur la cultivation du nazisme en Ukraine considérant le retour du banderisme comme un élément de lutte contre la Russie. Ils ne le font pas non pas parce qu’ils ne sont pas d’accords mais soutiennent politiquement l’Ukraine. Ils le cultivent et encouragent en faisant tout précisément pour que cette idéologie devienne principale sur le territoire de l’Ukraine.

Les autorités ukrainiennes ont l’intention de légitimer « la lutte contre les conséquences de la russification » et « la lutte contre des centaines de rues Pouchkine ». En choisissant entre Stepan Bandera et Alexandre Pouchkine, Alexandre Pouchkine perd. C’est évident. Qui est Pouchkine par rapport à Bandera. C’est ce qu’a déclaré le ministre ukrainien de la Culture Alexandre Tkatchenko. Un projet de loi en ce sens a déjà été soumis au parlement ukrainien. Arriveront-ils jusqu’à Nikolaï Gogol ou il restera quelque part? Je pense que nous n’y sommes pas loin. On s’est déjà moqué de ses œuvres, de sa biographie en le traitant de tous les noms. Je pense qu’à un moment donné, compte tenu de la puissance des œuvres de Nikolaï Gogol et de son attitude envers la Russie et la culture russe, un jour il sera effacé de l’histoire de l’Ukraine et du peuple ukrainien en détruisant ses monuments, en effaçant son nom des bâtiments de rue. Nous pouvons vérifier. Tout ce qui se passe autour d’Alexandre Pouchkine actuellement en Ukraine, tout cela est fait dans le cadre d’application de la politique de révision et de falsification de l’histoire, de la lutte contre notre passé commun. Ce n’est pas simplement notre passé commun, ce sont des faits historiques.

  La démolition et la profanation de monuments aux personnalités russes et soviétiques éminentes se poursuivent partout en Ukraine. Le dernier exemple en date et le démantèlement du monument à Alexandre Matrossov érigé dans sa ville natale de Dniepropetrovsk. Les rues et les sites sociaux sont renommés en hommage à des criminels nazis. Ainsi, en 2022, la rue Tolstoï de Vinnitsa a été baptisée en hommage à Bandera. Léon Tolstoï vous gêne vraiment, M. Zelenski? Sans lui le soleil est plus brillant au-dessus de l’Ukraine, n’est-ce pas? La rue Pouchkine de Ternopol a été baptisée rue des défenseurs de l’Ukraine. Peut-être que le problème réside dans le fait qu’il n’y a pas de nouvelles rues ou aucun nouveau bâtiment n’est construit? Il n’y a rien à baptiser avec des noms à immortaliser, c’est pourquoi les anciens sont rayés? En partant des faits d’une façon imagée, tout cela ressemble à la transformation de l’Ukraine en impasse de Bandera.

Les droits de l’homme continuent d’être grossièrement bafouées en Ukraine avec une attitude méprisante envers les sentiments des millions de croyants. Nous avons déjà fait remarquer que le régime de Kiev cherchait à éliminer l’Église orthodoxe ukrainienne. Ses sanctuaires sont capturés et pillés au profit de l’église orthodoxe d’Ukraine artificiellement créée, ses prêtres reçoivent des menaces physiques. Il y a littéralement une heure, j’ai reçu des informations (qui doivent être vérifiées) que des églises et lieux de cultes qui ne se soumettent pas à la volonté de l’église orthodoxe d’Ukraine schismatique et continue de servir dans le cadre de l’Église orthodoxe ukrainienne.

Les autorités ont intentionnellement décidé de ternir la fête de Noël, organisant une provocation flagrante afin d’expulser l’église canonique de la Laure des Grottes de Kiev. Pour la première fois, dans la demeure principale du monastère, la cathédrale de la Dormition, la messe a été conduite par des représentants de l’église orthodoxe d’Ukraine. C’était une démarche politique planifiée, comme en témoigne la rédaction juridique le 1er décembre 2022 déjà de la « charte de la Laure des Grottes de Kiev de l’église orthodoxe d’Ukraine », qui a de facto légalisé le début de l’appropriation de la Laure par les schismatiques. Tout cela est fait à l’initiative du régime. Ce ne pas une question de lutte intérieure et de conservation des opinions de certains croyants de la messe canonique et d’autres. Tout cela est politiquement mis en scène. Le fait est que la mise en scène politique n’est pas l’œuvre des citoyens ukrainiens. Tout cela leur est imposé de l’extérieur, comme une décision déjà prise. Washington y joue le premier violon. Tout cela n’a pas suffi aux autorités de Kiev. À la veille de Noël, il a été annoncé qu’un décret de Vladimir Zelenski suspendait la citoyenneté de 13 métropolite et archevêques de l’Église orthodoxe ukrainienne. Cela s’appelait « outrage antireligieux » dans la littérature religieuse, philosophique et historique. C’est le cas.

Nous sommes convaincus qu’en dépit de tous ces horribles crimes le régime de Kiev n’arrivera pas à détruire l’église orthodoxe canonique en Ukraine à laquelle s’associe la grande majorité des croyants orthodoxes du pays.

Si on nous disait maintenant pourquoi en tant que représentant de structures publiques d’un autre État nous nous exprimons sur la vie religieuse, je dirais que c’est normal de défendre les libertés, y compris religieuses, des gens qu’on force à renoncer à leur langue natale et à croire que l’histoire était différente. Et maintenant en remplaçant la religion canonique traditionnelle par quelque chose qui n’a rien à voir avec l’histoire réelle. Nous voyons les régimes politiques « civilisés » occidentaux crier à différents sujets pour défendre les sectes et les organisations extrémistes qui se font passer pour religieuses et ne représentent pas les religions traditionnelles. Nous agissons uniquement dans le cadre du droit international. Nous respectons ce que nous avons signé avec la grande majorité de l’OSCE, des pays de l’ONU ont également pris des engagements appropriés et les ont réaffirmés à plusieurs reprises. Nous ne faisons rien qui ne serait prévu dans le droit international.

Le régime de Kiev continue de bombarder le territoire russe. Il frappe des quartiers civils, des hôpitaux et des écoles en multipliant le nombre de ses crimes de guerre. Le 3 janvier dernier, l’armée ukrainienne a frappé avec des lance-roquettes multiples Himars un hôpital de Tokmak, région de Zaporojié. L’onde de choc a soufflé les vitres de la pédiatrie et de la maternité où se trouvaient des gens et des enfants.

Nous appelons les organisations internationales compétentes, y compris l’Organisation mondiale de la santé et le Comité international de la Croix-Rouge, à s’exprimer sur les actions du régime de Kiev qui continue de créer des menaces pour la population civile.

La réaction cynique du régime de Kiev et de ses parrains occidentaux à la proposition russe de cesser le feu pendant le Noël orthodoxe témoigne clairement de leur volonté de poursuivre la guerre « jusqu’au dernier Ukrainien ». Vladimir Zelenski a directement interdit à l’armée ukrainienne de cesser le feu et a qualifié le geste russe purement humanitaire de « couverture hypocrite pour renforcer les troupes afin de poursuivre les hostilités avec une nouvelle force ». L’Occident ne voulait pas non plus de trêve. Le président du Conseil européen Charles Michel a qualifié le cessez-le-feu russe unilatéral de « faux et hypocrite ». Apparemment, Bruxelles a oublié sa propre histoire en réécrivant la mondiale. Je rappelle que des exemples de trêves de Noël ont eu lieu en Belgique même en 1914 pendant la Première Guerre mondiale.

Le conflit en Ukraine s’est transformé en mine d’or pour l’industrie de l’armement américaine. En utilisant le peuple ukrainien comme chair à canon (c’est peut-être la raison de l’interdiction de Léon Tolstoï), l’élite américaine indépendamment de son parti dessert les intérêts de leurs propres industriels qui se font de l’argent grâce aux fournitures en Ukraine et dans d’autres pays. En réponse aux demandes du régime de Kiev, fin décembre 2022, le Capitole a approuvé l’allocation cette année financière à l’Ukraine presque 45 milliards de dollars, et le 6 janvier il a été annoncé que Kiev recevrait une nouvelle aide d’armements pour 2,85 milliards de dollars.

Malgré tout cela, les autorités de Kiev estiment que les alliés occidentaux n’aident pas « suffisamment » l’Ukraine. C’est une histoire normale. C’est un complot afin de s’enrichir et de tirer profit sur le sang. C’est ce qu’a déclaré le ministre des Affaires étrangères Dmitri Kouleba qui exigeait obstinément de son homologue allemande Annalena Baerbock, qui s’est rendue le 9 janvier à Kiev et à Kharkov, des garanties de livraisons de chars Leopard par Berlin. L’ambassadeur d’Ukraine à Londres Vadim Pristaïko, dans une interview du 7 janvier au magazine Newsweek, a appelé les pays de l’Otan à mettre un terme aux préjugés (quel optimiste, il pense qu’ils existent encore) et à « ne pas manquer une occasion unique » en fournissant à Kiev un grand nombre d’armements dont il a besoin « pour vaincre l’ennemi juré ». Tous ceux qui tournent le dos et prétendent ne pas voir ni entendre ce qui se passe, exprimant leur pacifisme, la non-implication dans la situation et la réticence à adopter une position, savez-vous lire? Pouvez-vous lire ces mêmes phrases? L’ambassadeur d’Ukraine à Londres a appelé l’Occident, renonçant aux préjugés, à « ne pas manquer une occasion unique pour vaincre l’ennemi juré ». Que faut-il de plus pour comprendre ce qui se passe et dans quelle direction la situation allait ces dernières années si l’ennemi est présenté comme « juré »?

Il est bien connu que l’objectif de l’Occident en Ukraine est d’infliger un maximum de dégâts à la Russie à tout prix, qui est doctrinalement déclarée principal adversaire des États-Unis. Les armes américaines et occidentales en Ukraine, ainsi que le personnel militaire étranger qui les dessert sont des cibles légitimes pour les frappes des forces armées russes. Si l’Occident prétend ne pas le savoir, alors c’est son problème. Nous en avons parlé à plusieurs reprises.

Nous avons prêté attention aux déclarations belliqueuses continues des responsables ukrainiens. Le secrétaire du Conseil de sécurité nationale d’Ukraine Alexeï Danilov a récemment menacé ouvertement d’organiser des actes de sabotage sur le territoire de la Russie. Ne confondez pas, sur le territoire d’un autre État – ce n’est pas un acte de sabotage, mais du terrorisme. Il faut le dire comme ça la prochaine fois. Vous êtes un régime professant une logique terroriste. Il ne faut pas se cacher derrière un quelconque sabotage. C’est complètement différent. Ouvrez le dictionnaire et regardez de quel mot vient le mot « sabotage ». Je ne vais pas vous le dire, même si je l’ai dit plusieurs fois. Vos protégés sont engagés dans des actes terroristes, dont on avait également discuté. Inutile d’être modeste. Il faut appeler un chat un chat. Vous savez renommer et tout biaiser. Alors renommez les actes de sabotage que le régime de Kiev commet en actes de terrorisme, ce qu’ils sont, compte tenu de ce que vous avez fait au fil des ans.

Le conseiller de Vladimir Zelenski, Mikhaïl Podoliak et le chef de la Direction principale du renseignement du ministère ukrainien de la Défense Kirill Boudanov continuent de « rêver » de la Crimée russe (je dirais que « c’est » un cirque, mais je ne veux pas offenser les frères Zapachny), mettant en avant des idées qui vont bien au-delà de la réalité et du bon sens et de la santé mentale. Dans le même temps, les autorités de Kiev n’hésitent pas à avouer que pour elles, les Ukrainiens ordinaires sont du consommable dans la guerre contre la Russie. L’autre jour, le ministre ukrainien de la Défense Alexeï Reznikov a ouvertement déclaré que participant au conflit avec la Russie, les forces armées ukrainiennes remplissent la mission de l’Otan, dans laquelle l’Alliance ne verse pas son propre sang, mais les Ukrainiens le versent. Cela dépasse toute morale. Vous parlez comme ça des gens qui votaient pour vous et vous ont mis au pouvoir, à qui vous avez promis plus de beurre que de pain. Maintenant, je m’adresse au gouvernement ukrainien. Que faites-vous? Vous dites ouvertement que vous servez l’Otan en tuant vos propres citoyens. Vous ne le faites pas dans l’intérêt de l’Ukraine, mais pour « accomplir une mission de l’Otan ». Il s’avère maintenant que l’image créée par de nombreuses citoyennes ukrainiennes sur le territoire du continent européen et au-delà peut déjà être extrapolée à l’ensemble du régime de Kiev dirigé par Vladimir Zelenski (« serviteurs »).

Peu importe comment l’Occident collectif essaie d’armer les forces armées ukrainiennes et d’axer les autorités ukrainiennes à poursuivre la confrontation avec la Russie, à servir les intérêts de l’Occident, à remplir les missions de l’Otan: ces tentatives sont vouées à l’échec. Tous les objectifs de l’opération militaire spéciale dont les dirigeants russes parlaient seront mises en œuvre.

Quelques faits témoignant de l’utilisation abusive d’armes occidentales fournies à l’Ukraine

Au cours des conférences de presse et de nos autres déclarations nous avons évoqué à plusieurs reprises de nombreuses preuves d’utilisation abusive d’armes fournies par les pays de l’Otan à l’Ukraine. Dès les premières semaines nous avons prévenu que ces fournitures se répandraient en premier lieu sur tout le continent européen, mais personne n’était à l’abri d’être victime de ces armes, qui seront distribuées sur le « marché noir ». Tout cela a déjà une « base » systémique. Ce ne sont pas seulement des cas isolés ou particuliers mais une réalité globale.

Le 1er juin 2022, le secrétaire général d’Interpol Jürgen Stock a averti qu’après la fin du conflit en Ukraine il y avait une forte probabilité d’une augmentation du commerce illégal d’armes initialement destinées à Kiev.

Le 1er juillet 2022, la chaîne RT a mené une enquête et a découvert qu’un élément important dans la mise en œuvre de transactions illégales était le segment gris d’Internet « Darknet ». On y propose d’acheter des missiles pour le système de missiles antichars Javelin pour 30.000 dollars (ils coûtent 178.000 dollars aux contribuables américains), des missiles pour le système de missiles antichars NLAW pour 15.000 dollars, des drones kamikazes Switchblade 600 – pour 7.000 dollars, des armes légères, grenades et gilets pare-balles – pour 1.100-3.600 dollars (y compris la livraison en Ukraine). Dans le même temps, l’acheteur et le fournisseur ne se voient souvent pas: après le transfert de fonds, le client reçoit des coordonnées avec l’emplacement des armes souhaitées. Ce pour quoi le Darknet est célèbre dans d’autres domaines illégaux s’étend désormais aux armes que l’Occident fournit à l’Ukraine.

Le 21 juillet 2022, le Bureau du Conseil de sécurité nationale et de défense et le ministère de la Défense de l’Ukraine ont annoncé le lancement du système d’information et d’analyse du principal centre situationnel du pays SOTA afin d’assurer la transparence de l’approvisionnement d’armes occidentales, c’est-à-dire que le régime de Kiev lui-même il y a six mois tentait de contrôler la « circulation » des armes fournies par l’Occident sur le territoire ukrainien. Cependant, depuis l’activation du système il n’y avait aucune information sur les résultats de son travail. Parce que c’est inutile.

Le 22 juillet 2022, le porte-parole d’Europol, Jan Op Gen Oorth, dans une interview à l’agence de presse allemande DPA, a évoqué l’existence d’un risque « alarmant » que les armes fournies à l’Ukraine se retrouvent entre les mains de groupes criminels organisés et les terroristes. Selon lui de nombreux cas sont déjà connus lorsque des personnes quittaient l’Ukraine avec des armes. Selon Europol, les réseaux criminels de la région prévoient de faire passer de grandes quantités d’armes et de munitions en contrebande, y compris des armes lourdes, en utilisant les voies d’approvisionnement existantes et les plateformes en ligne. Imaginez, pas des armes blanches, mais des armes lourdes. Ce n’est pas quelque chose que les criminels réussissaient à cacher aux forces de l’ordre dans le passé. Les armes lourdes quittent désormais le territoire de l’Ukraine dans des directions inconnues, puis « font surface ». Ce sont des données d’Interpol.

Le 4 août 2022, la société de télévision américaine CBS a diffusé le documentaire « Arming Ukraine ». Cette enquête a été consacrée à la contrebande d’armes et aux cas croissants de leur apparition sur le territoire de l’Ukraine. Les volontaires et les experts militaires qui ont participé au tournage ont affirmaient que de 60 à 70% (non pas ce qui atteint les rangs des forces armées ukrainiennes puis disparaît, mais n’atteint pas du tout) de l’aide occidentale n’atteint pas les forces armées de l’Ukraine du tout. Si l’on part de ces chiffres, alors 30-40% de ces armes sont également soumis aux mêmes tendances. Pouvez-vous imaginer de quel genre de fournitures d’armes qui se répandent de manière incontrôlée il s’agit? Cependant, quelques jours plus tard, le film a été retiré du site Web de la société de télévision sans aucun avertissement. Les auteurs l’ont expliqué par la nécessité « d’actualiser » le sujet. Les citations dénigrantes des experts militaires ukrainiens ont également disparu des annonces du film sur les réseaux sociaux. Et c’étaient les données d’experts. Tout a été retiré, y compris sur les réseaux sociaux.

Le 30 octobre 2022, dans une interview accordée à l’agence de presse locale Yle, le commissaire de la police criminelle centrale finlandaise Christer Ahlgren a déclaré que des armes initialement destinées à l’Ukraine, notamment des fusils d’assaut, des pistolets, des grenades et des drones de combat, avaient été trouvées dans plusieurs pays européens. Nous le comprenons parfaitement bien, car nous avons passé à plusieurs reprises la douane lors de l’embarquement dans l’un ou l’autre type de transport, nous avons vu des annonces et des avertissements indiquant qu’il était impossible de transporter des armes blanches, des pistolets, des grenades, etc. Oui, ça arrive. Les gens essaient de faire transporter quelque chose. Mais des drones de combat? Ce n’est pas facile à négliger. Cela ne peut pas arriver par accident. Il est impossible de transporter un drone de combat dans une valise ni en avion, ni en train, ni en bateau. Il devrait s’agir d’un niveau complètement différent de la chaîne de livraison et d’approvisionnement de ces équipements militaires vers les pays « non destinataires ». Il est impossible de transporter un drone de combat de manière ordinaire. Au moins c’était comme ça dans le passé. Maintenant je ne serai surprise de rien. Selon lui, les groupes criminels finlandais sont « très intéressés » par l’acquisition de systèmes militaires modernes, de munitions et d’armes. Christer Ahlgren a déclaré que des armes ukrainiennes étaient déjà apparues aux Pays-Bas, au Danemark et en Suède. Les trois États se sont abstenus de commentaires.

Le 1er novembre 2022, un article du Washington Post, citant des sources anonymes du département d’État américain, notait que sur 22.000 armes nécessitant un contrôle spécial, seulement 10% étaient inspectées.

Le 17 novembre 2022, le Congrès américain a annoncé la mise en place d’un système d’audit pour toutes les livraisons et tranches financières vers l’Ukraine. Comme l’a expliqué Marjorie Taylor Greene, représentante de la chambre basse républicaine et coauteur de cette initiative, « le peuple américain mérite de savoir où va son argent durement gagné pour un pays étranger qui n’est pas membre de l’Otan ». Je dirais que ce n’est plus une question d’argent, mais d’un tout autre sujet. Les contribuables américains et autres, ainsi que les citoyens du monde entier, ont le droit de savoir où et dans quelles quantités les armes de l’Otan se répandent.

Le 30 novembre 2022, le président du Nigeria Muhammadu Buhari, dans le cadre du 16e sommet des chefs d’État et de gouvernement de la Commission du bassin du lac Tchad, a noté que les autorités de la république avaient déjà découvert des armes destinées aux forces armées ukrainiennes chez des extrémistes. C’est le Tchad. Il n’y a pas de frontière commune avec l’Ukraine. Et cet armement était destiné à l’Ukraine.

Le 15 décembre 2022, un incident s’est produit avec une explosion d’un lance-grenades dans le bureau du commandant de la police polonaise, Jaroslaw Szymczyk. Selon la station de radio Zet, les armes ont été amenées à Varsovie depuis Kiev par un train spécial sans contrôle aux frontières. Que se passe-t-il?

Le 16 décembre 2022, le Premier ministre britannique Rishi Sunak a décidé d’auditer l’aide apportée à l’Ukraine, car Londres veut savoir « ce qu’ils ont investi et ce qu’ils en ont retiré ». Je peux vous conseiller de regarder nos briefings, alors le Royaume-Uni pourra se passer d’un audit. Nous dirons aux Britanniques ce qu’ils ont investi et ce qu’ils ont reçu.

Sur un autre refus des autorités suédoises de coopérer à l’enquête sur la situation autour de Nord Stream

Le refus de la partie suédoise de répondre à la demande d’assistance judiciaire du bureau du procureur général de la Fédération de Russie dans une affaire pénale sur les dommages aux gazoducs Nord Stream 1 et Nord Stream 2 en septembre 2022 laisse perplexe.

Stockholm explique sa position par le fait que la satisfaction de notre demande « constituerait une menace pour la sécurité » de la Suède. Merveilleux. Dites-moi, s’il vous plaît chers collègues de Stockholm, est-ce que faire sauter des gazoducs constitue une menace pour la Suède? Si tel est le cas, je voudrais alors mener une enquête sur des bases juridiques internationales qui révélerait qui constitue réellement une menace pour la Suède et les pays, étant donné qu’il s’agissait de la mer Baltique, et m’assurer que cela ne se reproduise pas dans l’avenir. Nous nous considérons comme une partie qui a subi des dommages importants. Je ne parle même pas des pertes. Mais ce qui a été fait avec l’infrastructure qui était créée pendant de nombreuses années, y compris par la partie russe, est une perte colossale. Nous avons le droit de recevoir des informations pertinentes et de poser des questions. Et vous devez y répondre.

Soit dit en passant, en 2020, les autorités suédoises ont expliqué le refus de fournir une assistance juridique à la Russie dans le cas de l’enquête sur l’incident avec Alexeï Navalny en utilisant les mêmes arguments incroyablement vagues.

Dans le même temps la partie russe a été informée que le bureau du procureur suédois n’était pas intéressé par la mise en œuvre de l’initiative russe de créer une équipe d’enquête conjointe pour enquêter sur les dommages aux gazoducs. Qu’est-ce qui motive la partie suédoise à ne pas avoir un tel intérêt à mener une enquête complète normale avec la participation de la Russie en tant que pays qui a subi un préjudice? En violation de toutes les règles de la communication diplomatique internationale, le message du président du gouvernement de la Fédération de Russie Mikhaïl Michoustine envoyé au chef du gouvernement suédois il y a trois mois sur la nécessité de mener une enquête approfondie et ouverte sur ce qui s’était passé avec la participation de représentants des autorités russes et Gazprom reste sans réponse.

La question est évidente: pourquoi la Suède est-elle si persistante, ainsi que les gouvernements d’autres pays voisins impliqués dans l’enquête sur ce sabotage? Tous les détails doivent être clairs. Pourquoi ne sont-ils pas autorisés à se joindre à l’enquête? Cachent-ils quelque chose? En effet, aujourd’hui plus personne ne doute qu’il s’agisse d’un sabotage ou d’un attentat terroriste qui a eu lieu sur les gazoducs (ces nuances seront précisées: il ne s’agissait ni d’un accident ni d’une panne). À quelles « menaces pour la sécurité nationale » Stockholm fait-il référence? N’est-ce pas une menace que des experts russes, au cours d’une enquête objective, arrivent à des conclusions inconfortables et, finalement, révèlent au public l’horrible vérité sur les auteurs de ces sabotages et attentats terroristes? Qui est derrière eux? Qui les a élaborés et mis en œuvre? La dissimulation de faits établis témoigne irréfutablement de l’évidence – les autorités suédoises cachent quelque chose.

Présence de militaires étrangers aux Malouines (Falklands)

En janvier 2023, il y aura 190 ans que le Royaume-Uni a commencé à coloniser les Malouines/Falklands (1833). Cet événement a jeté les bases d’un conflit de longue durée entre l’Argentine et la Grande-Bretagne sur la souveraineté de l’archipel, qui a débouché sur une confrontation armée sanglante au XXe siècle.

L’ONU se penche sur cette question depuis plusieurs décennies. Son Comité spécial sur la décolonisation (S24) y travaille notamment. En conséquence, l’Assemblée générale des Nations unies et d’autres instances internationales ont adopté de nombreuses résolutions exhortant l’Argentine et la Grande-Bretagne à reprendre les pourparlers en vue d’élaborer une solution définitive sur la souveraineté des îles, et à s’abstenir de toute action unilatérale susceptible d’affecter la situation dans l’Atlantique Sud.

Dans le même temps, la Grande-Bretagne n’a montré aucun intérêt pour le règlement de ce différend. De plus, elle prend des mesures pour aggraver la situation dans l’Atlantique Sud. Ainsi, à la fin de l’année dernière, Londres et Pristina (ne soyez pas surpris, je parle du Kosovo) ont convenu d’organiser des exercices d’entraînement conjoints de l’armée britannique et des représentants des forces de sécurité du Kosovo sur le territoire des Malouines. Je comprends que cela semble apocalyptique mais c’est un fait.

Dans ce contexte, nous avons pris note d’une déclaration de l’association régionale la plus représentative – la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC). Dans cette déclaration, l’ensemble des 33 États d’Amérique latine et des Caraïbes, représentant une population totale de plus de 600 millions de personnes, ont dénoncé cette provocation de la Grande-Bretagne.

Nous sommes solidaires de cette appréciation de la CELAC. Nous voyons dans la réticence de la Grande-Bretagne à entendre la voix de l’Amérique latine son attitude dédaigneuse à l’égard des résolutions de cette organisation multilatérale. Je réalise que les personnes qui ne sont pas profondément impliquées dans les questions des Balkans ou des Malouines peuvent penser qu’elles ont mal entendu quelque chose. Qu’est-ce que l’armée du Kosovo a à voir avec la question Argentine-Royaume-Uni ? Mais c’est un fait. La réalité d’aujourd’hui est que le monde anglo-saxon a cessé d’être timide sur quoi que ce soit. Ils poursuivent la mise en œuvre de leurs objectifs et ne ressentent même pas le besoin de cacher quoi que ce soit. La Grande-Bretagne utilise cyniquement l’armée du Kosovo pour promouvoir son propre agenda dans une région où elle n’est même pas représentée. En attendant, tous les différends doivent être résolus conformément au droit international. Les mécanismes existent à cette fin.

Ainsi, en prévoyant d’utiliser l’armée kosovare dans ses opérations aux îles Malouines, la Grande-Bretagne contribue à améliorer la préparation au combat des forces de sécurité du Kosovo. De cette manière, elle agit en tant que principal soutien de leur transformation en forces armées à part entière, en violation de la résolution pertinente du Conseil de sécurité des Nations unies. Cet objectif est pire qu’il n’y paraît à première vue. La Grande-Bretagne ne poursuit pas seulement ses propres intérêts en Amérique latine, mais elle forme également les forces de sécurité du Kosovo pour leur permettre d’acquérir l’expérience nécessaire. C’est une histoire terrible. Je pense que c’est l’exemple parfait de toute la philosophie anglo-saxonne.

 Nous voudrions souligner à nouveau que la position de principe russe sur les Malouines/Falklands reste la même. Nous défendons la nécessité d’une reprise rapide des pourparlers directs entre l’Argentine et la Grande-Bretagne en vue de parvenir à un règlement pacifique et définitif du différend sur la souveraineté des îles, conformément aux résolutions des Nations unies.

Nous considérons qu’il est nécessaire de s’abstenir de toute démarche susceptible de compliquer le début de ces pourparlers. Nous estimons que la militarisation de l’Atlantique Sud est inacceptable et que les parties doivent se conformer strictement à leurs engagements internationaux.

Restriction des activités des Témoins de Jéhovah en Norvège

Le 22 décembre 2022, les autorités norvégiennes ont révoqué l’enregistrement des Témoins de Jéhovah en tant que communauté religieuse, invoquant des violations systématiques de la loi et le manque de volonté des dirigeants de l’organisation d’abandonner leurs pratiques illégales.

Dans le même temps, la perte de l’enregistrement ne signifie pas que les activités de l’organisation sont interdites en Norvège – il s’agit plutôt de restrictions de l’autorité et des privilèges de l’organisation, ainsi que de la volonté des autorités norvégiennes de réagir fermement à tout manquement à la législation nationale.

Il est intéressant de noter que cette position de principe n’empêche pas Oslo de critiquer notre pays pour avoir pris des mesures à l’encontre des Témoins de Jéhovah s’ils ne se conforment pas à la loi russe et participent à des démarches anti-russes dans les forums internationaux pour protester contre les actes d’oppression d’organisations pseudo-religieuses similaires qui auraient lieu dans notre pays. Comment cela doit-il être traité ? Pourquoi en est-il ainsi ? Il s’agit de la même organisation, et la Russie et la Norvège déposent des plaintes similaires à son encontre alors que la réponse politique est complètement différente.

Lorsque la même chose se produit en Norvège, tout le monde reste silencieux et aucune déclaration n’est faite. Lorsque nous les acculons enfin et que nous leur posons ces questions en langage clair, ils répondent que « c’est la bonne chose à faire », que « c’est différent » ou que « nous allons de l’avant ».

Cette ingérence non dissimulée dans les affaires intérieures de notre pays n’a rien à voir avec les efforts visant à protéger la liberté de religion et les droits de l’homme. Soit il y a des normes uniformes et cela nous permettra d’évaluer tout ce qui se passe dans d’autres parties du monde et ce sera une norme, c’est-à-dire que nous serons sur un pied d’égalité lorsque nous discuterons de ce qui se passe au-delà de nos frontières. Ou bien chacun ne commente que les développements dans son propre pays et n’a pas le droit de regarder les autres et d’exprimer son opinion sur ce qui se passe ailleurs. Cela devrait être clairement défini.

Il existe un moyen de sortir de cette contradiction. Du point de vue de l’Occident collectif, il n’y a pas de contradiction. En fait, ils pensent que c’est normal, car eux seuls, selon eux, ont le droit de contrôler tous les processus dans le monde. Personne d’autre n’en a le droit. Rappelez-vous ce commentaire [de Josep Borrell] sur le beau « jardin » [que serait l’Europe] et la « jungle » [que serait le reste du monde].

C’est un autre exemple de la politique de deux poids, deux mesures à l’égard de la Fédération de Russie, que les pays occidentaux, y compris la Norvège, ont appliquée à de nombreuses reprises. Ce n’est qu’une pièce de plus au puzzle.

L’enquête de Reuters sur les cyberattaques contre les laboratoires de recherche nucléaire américains.

Parfois, la russophobie promue par le Washington officiel peut prendre des formes assez complexes. Malheureusement, cette fois, il s’agit d’une nouvelle pseudo-enquête journalistique, menée par Reuters. L’agence accuse les fameux « hackers russes » d’avoir lancé des attaques contre trois laboratoires de recherche nucléaire américains en août-septembre 2022, prétendument pour accéder à des informations sensibles. Le groupe Cold River mentionné dans ce contexte est crédité d’une implication directe dans les « opérations d’information du Kremlin. »

Il me semble que lorsqu’il s’agit d’une agence ayant une histoire, pas d’un nouveau média, pas d’un blog mais d’une agence de médias traditionnels qui prétend avoir une réputation, il serait peut-être bon de citer des faits et des preuves, plutôt que de diffuser uniquement les opinions d’une partie. Le rapport ne contient aucune preuve ni aucun fait, juste une référence aux opinions et aux évaluations de certains « experts indépendants » en technologies de l’information.

Je suis en train de parler à Reuters. Vous auriez pu nous demander aussi. Nous avons un département de la sécurité internationale de l’information. Nos experts travaillent dans des organisations internationales. Nous avons d’excellents contacts, des connexions avec nos collègues d’autres organismes impliqués dans la sécurité de l’information. Nous aurions fait des commentaires et aurions été heureux de fournir une réponse détaillée afin que vous n’ayez pas à vous fier à des « experts indépendants » sans nom. Vous auriez pu avoir des experts reconnus parlant en leur propre nom et prêts à discuter de ces sujets.

Il semble que cette opportunité d’information soit si farfelue que même les représentants des laboratoires respectifs et du ministère américain de l’énergie ont refusé de faire des commentaires. Mais nous aurions fait des commentaires. Pas comme je le fais maintenant, en déboulonnant des mythes et en préparant des documents à réfuter, ou pour la section Anti-faux. Vous auriez pu inclure notre matériel dans l’article.

Toutefois, cette histoire s’inscrit parfaitement dans la politique menée par l’administration de Joe Biden, qui tente de présenter la Russie comme rien de moins que la principale source d’activités malveillantes dans le paysage de l’information. Les autorités américaines laissent de plus en plus les entreprises privées, les organisations non gouvernementales et les médias faire leur travail dans ce domaine. Les médias semblent heureux de s’emparer de n’importe quelle histoire montée de toutes pièces – en essayant de remplir leurs commandes du mieux qu’ils peuvent, ou simplement pour augmenter les citations – sans se soucier de la fiabilité des informations qu’ils diffusent.

Il est plus que remarquable que, dans cette affaire, les États-Unis aient choisi de ne pas utiliser les canaux de communication bilatéraux existants, créés précisément à cette fin, ou les mécanismes du dialogue en cours sur la sécurité de l’information sous les auspices de l’ONU. En particulier, il existe le groupe de travail à composition non limitée concerné, qui met en œuvre notre initiative visant à établir un répertoire intergouvernemental mondial de points de contact pour la prévention et le règlement pacifique des conflits en matière de TIC, et à utiliser pleinement les mécanismes juridiques internationaux à cette fin. Tout est là et il a été créé il y a longtemps. Au lieu de cela, un autre canard anti-Russie a été lancé.

De telles provocations irresponsables ne contribuent guère à réduire les tensions ou à renforcer la confiance dans l’environnement numérique. De plus, Washington, en détournant l’attention de la communauté internationale vers des menaces imaginaires, continue de promouvoir son propre agenda, qui est, en fait, néocolonial. Les États-Unis tentent d’établir un « ordre international fondé sur des règles » dans l’intérêt des entreprises technologiques occidentales, sans se soucier du reste du monde. Washington nomme des pays indésirables à sa propre initiative.

Sur la quatrième session du Comité spécial des Nations unies sur l’élaboration d’une convention globale sur la lutte contre l’utilisation des TIC à des fins criminelles

Le 9 janvier 2022, la quatrième session du Comité intergouvernemental spécial à composition non limitée des Nations unies (Comité spécial) a entamé son travail à Vienne pour élaborer une convention internationale globale sur la lutte contre l’utilisation des technologies de l’information et de la communication à des fins criminelles. Cet organe a été créé en 2019 à l’initiative de la Russie et en collaboration de 46 États par la résolution 74/247 de l’Assemblée générale des Nations Unies. Son objectif consiste à créer sous l’égide de l’ONU le tout premier instrument juridique international universel pour lutter contre la criminalité informatique.

Au cours de la réunion les États participants liront les chapitres du futur traité international sur l’incrimination, les dispositions générales, les mesures procédurales et l’application des lois. Les formulations des articles proposés à la discussion par la présidente de la commission spéciale Faouzia Mebarki (Algérie) lors de la réunion se basent largement sur des dispositions du projet de convention russe soumis à l’ONU en été 2021, qui comprend des approches avancées pour lutter contre la criminalité liée à l’information et les pratiques d’application de la loi pour établir une coopération entre les organismes chargés de l’application de la loi des États membres de l’ONU. Le projet final du document devrait être soumis par le Comité spécial à l’Assemblée générale des Nations unies lors de sa 78e session en 2024.

La délégation interministérielle russe est représentée par des experts du ministère des Affaires étrangères, du bureau du procureur général, de la commission d’enquête, du ministère de l’Intérieur, du ministère de la Justice et du ministère du Développement numérique. Dans le même temps nous notons le manquement des autorités de la République d’Autriche à remplir leurs obligations de recevoir les subdivisions de l’ONU et d’assurer les négociations internationales sur ladite convention sur sa plateforme, qui s’était traduit par le refus de délivrer un visa à l’un des membres de la délégation russe.

Nous comptons sur la participation constructive de tous les États membres de l’ONU au processus de négociation en vue de convenir dans les meilleurs délais d’une future convention et de son entrée en vigueur dans l’intérêt du renforcement des fondements juridiques internationaux de la coopération dans la lutte contre la criminalité informatique.

Réponses aux questions des médias :

Question : Répondant à une question sur la façon dont le Secrétariat de l’ONU évalue la décision de l’Allemagne, des États-Unis et de la France de livrer des véhicules de combat d’infanterie à Kiev, le porte-parole du Secrétaire général des Nations Unies, Stéphane Dujarric, a déclaré que l’objectif des Nations Unies est de voir le conflit en Ukraine prendre fin le plus rapidement possible. Comment pouvez-vous commenter cette déclaration et la position des Nations Unies ?

Maria Zakharova : Il y a deux points que je voudrais souligner à cet égard. Premièrement, qu’entendez-vous par « la position des Nations Unies » ? Les points de vue exprimés par le Secrétariat de l’ONU et les États membres de l’ONU ne sont pas les mêmes. Permettez-moi de vous rappeler qu’en vertu de l’article 97 de la Charte des Nations unies, le Secrétaire général est le « plus haut fonctionnaire de l’Organisation. » Cela signifie que les fonctions du Secrétariat sous sa direction sont limitées aux affaires administratives, ce qui n’implique pas l’expression d’opinions politiques indépendantes.

Deuxièmement, cela peut sembler paradoxal, mais il y a deux poids deux mesures dans les propos du porte-parole du Secrétaire général des Nations Unies, Stéphane Dujarric, concernant la nécessité d’une résolution rapide du conflit. En effet, lorsqu’ils parlent de l’Ukraine, des développements dans et autour de ce pays, les subordonnés d’Antonio Guterres disent toujours que la paix dans ce pays doit être obtenue dans le respect de la Charte des Nations Unies et du droit international. C’est ce que Stéphane Dujarric a dit dans sa réponse. Pour le Secrétariat, cela inclut clairement les résolutions de l’Assemblée générale de l’ONU, y compris les plus ambiguës et celles adoptées sans le moindre consensus. Pour vous donner un exemple, il s’agit de la résolution 68/262 de l’Assemblée générale des Nations unies « Intégrité territoriale de l’Ukraine », qui ne reconnaît pas la Crimée comme faisant partie de la Russie. Lors du vote de cette résolution le 27 mars 2014, près de la moitié des États membres de l’ONU lui ont refusé leur soutien. Il en va de même pour les résolutions adoptées par la 11e session extraordinaire d’urgence de l’Assemblée générale des Nations unies, où la Russie était invariablement qualifiée d’agresseur. Pas une seule d’entre elles n’a été adoptée par consensus.

En gardant tout cela à l’esprit, il est clair que le Secrétariat de l’ONU n’a pas le courage de condamner les livraisons d’armes occidentales à Kiev, tout en lançant des accusations absurdes et non vérifiées contre la Russie. D’ailleurs, ils le font régulièrement et à tous les niveaux.

Nous nous souvenons que pendant les sept années où la résolution 2202 du Conseil de sécurité des Nations unies approuvant le paquet de mesures pour la mise en œuvre des accords de Minsk était en vigueur et fournissait un cadre international pour la promotion d’un règlement intra-ukrainien, il n’y a pas eu un seul cas où des représentants du Secrétariat des Nations unies ont fait remarquer à Kiev qu’il sabotait les efforts pour mettre en œuvre ce document.

J’ai une meilleure façon de formuler cette question : Je ne me souviens pas d’un seul cas où cette question a été le sujet principal, sans parler de son intégration dans le courant dominant. Pendant toutes ces années, depuis que le Conseil de sécurité de l’ONU a approuvé les accords de Minsk en 2015, il n’y a pas eu un seul cas où le Secrétariat a fait référence au document ouvertement et en public pour critiquer le régime de Kiev pour ne pas avoir respecté ce document. Cependant, contrairement à la résolution de l’Assemblée générale, il est contraignant pour tous les États membres de l’ONU. Il est impossible de contourner ce fait lorsqu’il s’agit de résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies. Toute personne, qu’elle soit investie d’une autorité ou non, a le droit de dire que ce document est contraignant pour tous et qu’il doit être respecté. Tout en assumant le rôle d’appel à l’exécution de divers instruments juridiques internationaux, les représentants du Secrétariat de l’ONU ont, pour une raison ou une autre, ignoré la décision du Conseil de sécurité, principal organe de sécurité de l’ONU.

Malheureusement, en choisissant de suivre les résolutions de l’Assemblée générale, adoptées sans consensus, alors que le Conseil de sécurité de l’ONU, dont la responsabilité première est de maintenir la paix et la sécurité internationales, adopte ses résolutions à l’unanimité, le Secrétariat coupe court à ses aspirations d’être un honnête courtier impartial dans la crise ukrainienne.

Il a des responsabilités fonctionnelles qui doivent être honorées.

Question : Les tensions au Kosovo ne faiblissent pas. Belgrade a demandé au commandement de la mission de l’OTAN stationnée au Kosovo d’autoriser le retour dans la région d’un maximum de 1 000 agents de la force publique serbes. Quelle est la position de Moscou sur cette question ?

Maria Zakharova : Les nouvelles en provenance du Kosovo sont inquiétantes. L’atmosphère de haine envers les Serbes s’intensifie. Les attaques des radicaux albanais contre de jeunes Serbes, dont un enfant de 11 ans, qui ont eu lieu la veille et l’avant-veille de Noël, sont choquantes par leur blasphème. Ces crimes sont une conséquence directe de l’intolérance ethnique qui est alimentée de manière maniaque par le « premier ministre » local Albin Kurti, quoi qu’il en dise actuellement.

Nous avons pris note des déclarations des Kosovars selon lesquelles les auteurs seront punis, mais personne ne se fait d’illusions car trop d’incidents anti-serbes survenus ces dernières années n’ont pas fait l’objet d’une enquête.

Belgrade a envoyé une demande à la force internationale de maintien de la paix au Kosovo pour déployer jusqu’à 1 000 militaires et policiers serbes au Kosovo dans le but de protéger les Serbes du Kosovo. Comme vous le savez peut-être, ce n’est pas quelque chose que Belgrade a imaginé à l’improviste ou que les autorités serbes ont trouvé du jour au lendemain. C’est inscrit dans la résolution 1244 du Conseil de sécurité des Nations unies. Selon les informations, le commandement de l’OTAN a décliné la demande le 6 janvier 2023. Cette réponse était-elle prévisible ? Oui, elle l’était. En gardant cela à l’esprit, les dirigeants serbes détermineront les prochaines mesures à prendre pour parvenir à une désescalade et rétablir l’ordre au Kosovo.

Nous restons fermement fondés sur la primauté du droit international et sur la résolution fondamentale 1244 du Conseil de sécurité des Nations unies, qui contient des lignes directrices efficaces pour surmonter les difficultés qui pourraient survenir sur la voie d’un règlement au Kosovo.

Stéphane Dujarric et Antonio Guterres sont-ils maintenant prêts à demander à l’OTAN ou à la Force de paix au Kosovo d’appliquer la résolution 1244 et plus particulièrement ce paragraphe ? Ils ne feront pas d’erreur, car ce document est contraignant pour tous. Il peut être mis sous les feux de la rampe. Pourquoi pas ? C’est un sujet brûlant. On n’en discute pas seulement. On a l’impression que quelque chose est sur le point de se produire. À chaque fois, la communauté internationale et Belgrade, animés d’un esprit constructif, parviennent à maîtriser la situation. Mais ce à quoi nous assistons, c’est à une provocation après une provocation. Pourquoi le Secrétariat des Nations unies, qui est si profondément impliqué dans les questions relatives à l’Ukraine, ne cite-t-il pas et ne lit-il pas la résolution 1244 lors de ses briefings et n’appelle-t-il pas les forces en présence à l’appliquer ? Pourquoi le Secrétariat des Nations unies ne veut-il pas appuyer la demande de Belgrade, formulée dans cette résolution, de retour des forces militaires et policières serbes dans la province, alors que c’est ce que dit la résolution ?

Je le répète, personne ne commettra d’erreur s’il prend une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies et lit ses dispositions en préservant l’intégrité de ce document et des appels à sa mise en œuvre. C’est une bonne raison de montrer au Secrétariat votre position impartiale.

Le fait que les principaux pays occidentaux aient rejeté cette approche équitable est assez révélateur. L’ambassadeur américain à Belgrade a récemment remis publiquement en question la pertinence de la résolution 1244, qui aurait été adoptée dans des circonstances géopolitiques différentes et serait donc aujourd’hui dépassée. Quelqu’un a-t-il déjà essayé de la réviser ? Pas à ma connaissance. Les réalités ont-elles changé ? Si Belgrade estime que quelque chose ne va pas dans cette résolution, y a-t-il eu des tentatives pour la modifier ? Non, il n’y en a pas eu.

La remarque de l’ambassadeur américain reflète clairement la volonté de Washington de rayer de ce document de l’ONU les dispositions contestables, y compris le droit de la Serbie de renvoyer ses forces de sécurité au Kosovo. Cette fabrication résonne clairement avec les aveux révélateurs de l’ancienne chancelière allemande Angela Merkel et de l’ex-président français François Hollande, qui ont mis à nu ce que les politiciens occidentaux pensaient réellement des fondements juridiques internationaux du règlement en Ukraine, y compris la résolution 2202 du Conseil de sécurité des Nations unies à l’appui du paquet de mesures pour la mise en œuvre des accords de Minsk. Voilà ce que le collectif occidental pense réellement du droit international. Lorsqu’il sert leurs intérêts, ils le citent et l’appliquent. Dans le cas contraire, ils l’oublient et insistent pour revoir la situation en dehors du cadre juridique international. S’ils ne le considèrent pas comme quelque chose d’important, ils ne s’y conformeront pas et le réviseront à la place.

Nous sommes convaincus que de nombreux facteurs de risque à l’origine de la violence récurrente au Kosovo-Metohija peuvent être neutralisés grâce à la création de la Communauté des municipalités serbes du Kosovo, qui est vitale pour la sécurité et le bien-être de la population serbe. Cependant, contrairement aux obligations découlant de l’accord de Bruxelles de 2013, Pristina continue de saboter la formation de cette entité. Il ne fait aucun doute que sans la création de la Communauté des municipalités serbes du Kosovo, la vie dans la province continuera d’être entachée d’éclats de tension causés par la vulnérabilité de la communauté serbe face aux politiques xénophobes répressives menées par les « autorités » provinciales. »

Question : Il a été rapporté que les autorités de Pristina prévoient de restaurer la maison de Xhafer Deva, une figure albanaise du Kosovo qui a collaboré avec les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. Que pouvez-vous dire de cette initiative ?

Maria Zakharova : Nous avons commenté cette question plus d’une fois (les 12, 26 et 30 décembre 2022). Nous sommes préoccupés par la pratique continue du Kosovo de réhabiliter et de glorifier le nazisme. Vous l’avez noté correctement. Je ne peux qu’ajouter quelques détails.

Le budget territorial 2023 prévoit 300 000 euros pour restaurer la maison du complice nazi Xhafer Deva à Mitrovica, au Kosovo. Il était un odieux ministre des affaires intérieures dans le gouvernement fantoche albanais pendant l’occupation allemande de 1943-1944. Il n’était pas un leader ou un champion de la démocratie, mais un collaborationniste de haut rang. Il était personnellement responsable des exécutions massives de membres du mouvement anti-fasciste et de civils, de la déportation de Juifs vers les camps de la mort et du renforcement de la division SS albanaise Scanderbeg. Si l’on vous répète qu’il était un champion des libertés, ne le croyez pas.

En février 2022, l’Union européenne et le programme de développement des Nations unies ont prudemment réduit leur participation à ce projet après que les publications y afférentes ont été publiées et ont provoqué un tollé international. Les travaux de restauration ont été suspendus. Cependant, Pristina ne veut pas s’arrêter (car Washington est toujours derrière elle) et a l’intention de terminer ce projet. En présentant les criminels nazis comme les chefs quasi historiques du mouvement national albanais, les Kosovars continuent de former leur identité autour de bouchers et de crapules comme Xhafer Deva, qui est connu comme l’Hitler du Kosovo. Cela ne vous rappelle-t-il pas quelque chose ? Nous avons répété les mêmes choses aujourd’hui à propos de Stepan Bandera et de la banderisation en Ukraine.

Malheureusement, de telles manifestations sont manifestement encouragées par les États-Unis et les principaux pays de l’UE. En décembre de l’année dernière, ils ont voté à l’unanimité pour la première fois contre la résolution russe annuelle sur la lutte contre la glorification du nazisme à l’Assemblée générale des Nations unies. Avant cela, seuls les États-Unis et l’Ukraine avaient systématiquement voté contre. Malheureusement, les pays de l’UE les ont maintenant rejoints. Avec leur silence ostentatoire sur la politique de Pristina consistant à réviser l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, Washington et ses marionnettes européennes encouragent la poursuite de la croissance des attitudes radicales de droite au Kosovo et aggravent les menaces pour la sécurité des habitants non albanais. Tout ce que nous voyons actuellement en Ukraine se pratique là aussi.

Question : Comment voyez-vous la décision de la France de commencer à envoyer des véhicules lourdement armés en Ukraine ? Quels sont les objectifs de Paris dans cette démarche et quelles sont les conséquences probables de ses actions ?

Maria Zakharova : Nous ne sommes pas surpris par les escapades de Paris. Nous considérons les démarches de la France comme irréfléchies et irresponsables par rapport à la crise ukrainienne. La décision d’envoyer davantage d’équipements militaires en Ukraine est une action de plus qui provoque une nouvelle escalade et davantage de victimes, y compris des victimes civiles, dans ces nouvelles régions russes qui sont déjà sous le feu des armes françaises, notamment les systèmes d’artillerie automoteurs Caesar. Comme vous le savez peut-être, des preuves matérielles laissées par l’utilisation d’armes françaises contre des cibles civiles dans le Donbass ont été envoyées l’autre jour à l’ambassadeur de France en Russie, M. Pierre Levy.

Dans ce contexte, les remarques douteuses de la ministre française de l’Europe et des Affaires étrangères, Catherine Colonna, selon lesquelles la fourniture d’un véhicule de combat lourdement armé, l’AMX-10 RC, ne fait soi-disant pas de la France une partie au conflit, sont remarquables. Ils ne devraient pas être si modestes. Cet équipement fait d’elle une partie au conflit ! Avec leur décision provocatrice de faire don de chars à roues de fabrication française au régime de Kiev, les Français ouvrent encore plus largement la boîte de Pandore et approfondissent leur implication dans le conflit. Les livrez-vous juste pour le plaisir ? Ou pour être exposés dans un musée ? Ou dans le cadre d’un engagement de non-utilisation ? Bien sûr que non ! Vous ne devez pas désinformer votre propre population.

La politique de Paris consistant à remplir inconsidérément l’Ukraine d’armes a révélé le cynisme et la duplicité de ses déclarations concernant son désir d’éviter une escalade du conflit, la nécessité de maintenir un dialogue avec la Russie et son attitude sérieuse à l’égard des exigences de Moscou en matière de garanties de sécurité. Il s’agit soit d’une dichotomie, d’une situation où différentes agences contrôlées dans une certaine mesure par les dirigeants français prennent des mesures contradictoires, soit d’un ramassis de mensonges cyniques et de fraudes.

En fait, Paris continue de suivre la spirale de la confrontation et d’appeler à une victoire sur la Russie. De cette manière, elle réduit à néant les chances d’une « médiation impartiale », ce que la France a proposé à plusieurs reprises.

Selon nous, Paris doit reconnaître sa responsabilité directe dans l’échec des accords de Minsk et dans les efforts déployés pendant des années pour entretenir l’illusion du régime de Kiev qu’une solution militaire au conflit était possible. Cela s’est d’abord fait aux niveaux verbal et politique, et maintenant sous forme d’incitations matérielles sous la forme de fournitures d’armes.

Voir notre dossier sur la situation en Ukraine.

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Source : Le Cri des Peuples
https://lecridespeuples.fr/…

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