Par Laurent Brayard

Les services de sécurité de l’Ukraine… quasiment aucun Français n’en a jamais entendu parler et nos journalistes en France ne sont pas prêts de vous raconter ce qu’est le SBU. Et pourtant ! C’est sans doute l’une des pires, voire la pire organisation criminelle en Europe et une des plus terrifiantes polices politiques que nous ayons connu depuis un demi-siècle. Ses exploits pourraient se ranger à la hauteur de la célèbre STASI (RDA) ou même de la Securitate (Roumanie) qui firent tant parler d’elles. Il faudra bien pourtant un jour que l’Europe et la France acceptent de voir en face le visage de mort et de sang qui est celui du SBU. Tant de silence de la part de journaux aussi célèbres que Le Monde, Libération ou Le Figaro est en soit suspect et même pire coupable, et j’ose le dire : criminel.

Il n’y a pas de guerre dans le Donbass… seulement une opération antiterroriste. Oui vous avez bien lu, c’est une loi de la Rada d’Ukraine qui fut votée dès 2014, il n’y a pas de guerre dans l’Est de l’Ukraine… mais des terroristes qui cherchaient à détruire le pays. Selon cette rhétorique, le SBU qui s’occupe du contre-espionnage s’est déployé et a très vite commis de nombreuses exactions, assassinats et crimes divers. Comprenant selon diverses sources, près de 30 000 agents et employés, le SBU s’est très vite attaqué à tout ce qui était Russe, antimaïdan et qui pouvait faire obstacle à la marche de la Révolution colorée financée et organisée par les USA, dans l’hiver 2013-2014. La jeune blogueuse Marina Rousskaya (pseudonyme pour protéger sa famille en Ukraine), élève en sciences politiques dans la capitale (2012-2015) nous a raconté à l’époque son périple. Ayant commencé à écrire contre le Maïdan, elle fut rapidement en contact avec d’autres activistes et bientôt suivie par des dizaines de milliers de gens. C’est durant une matinée de l’année 2015, qu’elle fut appelée par un ami militant à Kiev : “il faut fuir Marina, ils enfoncent ma porte, ils vont venir te chercher !”. Prenant seulement son sac à main, la jeune femme âgée alors de 24 ans, avait fui l’Ukraine. Chanceuse, elle put prendre un train, rallier la Russie, puis de là le Donbass. Ce jour-là la rafle du SBU pris dans ses filets plusieurs dizaines d’activistes. Marina interrogée à ce sujet, dit n’avoir aucune nouvelle : “ils ont été assassinés, emprisonnés, ils seront certainement tués s’ils ont survécu dans les prisons ukrainiennes où ils croupissent, le SBU ne les laissera pas en vie avant de fuir”. Ce témoignage est l’un des nombreux que nous avons recueillis, de “ces terroristes du Donbass“. Pire encore, il existe même une liste officielle publiée sur Internet comprenant des milliers de noms de gens à emprisonner ou assassiner, la liste Mirotvorets (Christelle Néant e moi-même et d’autres Français sont sur cette liste). Car loin de s’occuper finalement de contre-espionnage, les agents du SBU sont devenus une police politique, et cette police torture et assassine depuis 8 ans.

Les prisons secrètes et lieux de tortures du SBU… sous contrôle américain ? En 2016, j’avais eu la chance d’interviewer en deux sessions, 11 prisonniers politiques échangés par l’Ukraine (via la Croix Rouge), contre des soldats ukrainiens. Ce qu’ils m’ont raconté hante encore ma mémoire et parfois mes nuits. C’est ainsi que j’ai découvert l’ampleur des répressions politiques en Ukraine. Le SBU peut arrêter sans mandat d’arrêt, n’importe qui sur le territoire de l’Ukraine. Ces personnes sont interrogées et emprisonnées illégalement. Pour les faire parler et “détruite le terrorisme en Ukraine“, tous les moyens sont bons. Ces 11 personnes m’ont toutes raconté des faits de tortures parfois horribles. L’un fut emprisonné et torturé pendant 14 mois à Zaporojie. Le traumatisme qu’il avait subi rendait très difficile son interview, car il revivait les tortures et tremblait comme une feuille, littéralement brisé par les sévices sans fin qu’il avait subi. Un autre avait des problèmes cardiaques, suite à l’emploi sur lui de la “gégène” pendant de longues séances. Une femme faisait partie du lot, elle avait eu les ongles arrachés, les dents cassées…. A son apparence je n’osais croire qu’à l’époque elle avait mon âge (43 ans), et elle dut sortir ses papiers d’identité pour me prouver qu’elle n’avait pas 65 ans. La pauvre avait subi des injections de produits et de drogues pendant 20 jours et il me fut difficile d’entendre tout ce qu’elle avait vu et subi. Deux des hommes emprisonnés avaient été arrêtés et torturés par des agents du SBU masqués, dont plusieurs ne parlaient que l’anglais… Or tout le monde se souvient de l’expérience que les Américains ont de la torture dans des prisons comme celle de Guantanamo. Je fus tellement surpris de ce fait à l’époque que nous nous étions attardés longuement sur ce détail. Au final mon enquête s’était terminée avec assez d’informations pour désigner au moins quatre prisons secrètes en Ukraine, à Zaporojie, à Kharkov, à Kiev et enfin à Kramatorsk. Il est certain que dans ces prisons des centaines de gens furent assassinés, l’un des résistants me donna une liste d’une quinzaine de noms de gens qui furent tués pendant sa détention, quant à la femme elle me parla d’exécutions commises dans sa prison pendant les 20 jours qu’elle y passa.

Une longue liste de gens disparus et assassinés émergera un jour de l’après-guerre en Ukraine. C’est clairement mon sentiment et celui-ci est renforcé par les deux interviews de Français, dont je dois cacher le nom pour leur sécurité en France, qui furent eux aussi arrêtés par le SBU en Ukraine. Ces deux hommes furent dénoncés… l’un par son ex-femme à Dniepropetrovsk, l’autre par des inconnus à Kiev (2016). Arrêtés illégalement au petit jour dans leurs appartements, ils furent molestés, enfermés, l’un d’eux fut battu et eut la peur de sa vie jusqu’à son départ précipité d’Ukraine. Tous les deux furent “invités” à partir du pays et à ne jamais y revenir et dans le cas contraire à en payer le prix… l’Ambassade de France à Kiev, alertée à l’époque ne fit rien pour les aider et a étouffé l’affaire. C’est que déjà nous supportions l’Ukraine des meurtres et des massacres. Parmi les autres faits qui sont venus à notre connaissance, nous devons parler également des personnes très nombreuses qui se sont enfuies d’Ukraine pour échapper justement à la mort et à ces répressions. J’ai rencontré à Moscou en 2019, une femme de Kharkov, qui avait vu la porte de son appartement également enfoncée par le SBU. La police politique ukrainienne assassinat ce jour-là, dans son appartement et devant ses yeux, son mari, sans autre forme de procès. Pourquoi fut-elle épargnée, elle n’en sait rien, mais elle réussit après bien des aventures à s’enfuir du pays en emmenant sa mère déjà très âgée. Ces histoires, ce sont celles qui sont venus à moi et il y en a beaucoup d’autres… la liste des crimes commis par le SBU est de mon avis hallucinante. Un jour, nos journalistes français qui se sont tus devront rendre des comptes. Un jour, nos politiques français qui ont soutenus ce régime devront aussi en répondre !

Un Nuremberg de l’Ukraine ? La question se posera nécessairement et la France devra prendre ses responsabilités pour arrêter de couvrir ce carnage et cette police qui déshonore jusqu’au peuple ukrainien. Si quelques-uns d’entre vous avez des doutes, sachez que le 5 mars 2022, le SBU a assassiné Denis Kireev dans la rue. Il était diplomate et membre de la délégation ukrainienne qui a rencontré leurs homologues russes à Gomel en Biélorussie. Il était pour la paix, mais selon l’Ukraine c’était un traître. Loin des actions normales des pays civilisés d’Europe, le SBU l’a assassiné dans la rue, abattu comme un lapin, à la manière des mafieux… Est-ce là ce que la France supporte ? Est-ce là les idéaux républicains de notre pays ? Quand donc les Français ouvriront-ils les yeux, Quand ? Combien faudra-t-il encore de morts et de massacres, car au moment où j’écris, dans la déroute de l’Ukraine, le SBU assassine. Cette Gestapo est en effet au pied du mur et avant de payer la facture ou de se réfugier dans une brave famille de France, elle tue sans fin et sans aucun remord.

Article de Laurent Brayard pour Donbass Insider

Source : Donbass Insider
https://www.donbass-insider.com/fr/…

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