Par Karine Bechet-Golovko

L’enseignement à distance est particulièrement critiqué en Russie. Tout d’abord, parce qu’il ne permet pas un enseignement de qualité dans les écoles publiques, alors que les écoles privées, idéologiquement protégées du coronavirus, peuvent rester ouvertes. Ensuite, parce que mis en place hypocritement au nom d’une certaine conception de la santé, il porte très sérieusement atteinte à la santé physique des enfants, qui passent des heures devant des écrans sans bouger, renforce le risque d’addiction et épuise leur santé mentale. Le parti communiste semble être le seul parti d’opposition en Russie à être actif sur ce dossier, ayant permis le retrait du projet de loi sur l’enseignement à distance, organisant des regroupements de parents mécontents et inquiets, ainsi que des dépôts de lettres à la Marie de Moscou, adressées au maire Sobianine. Il reste à espérer qu’un signal fort sera envoyé du pouvoir central, afin de permettre aux enfants de se construire, de construire leur avenir et celui du pays. Car, en voyant les dizaines de milliers de supporters dans les stades de foot, les experts et le public s’accumuler dans les studios d’enregistrement des émissions de télé diverses et variées, les gens flâner dans les centres commerciaux, considérer les écoles publiques et les écoles publiques de musique et d’art comme des lieux devant être fermés, relève d’une idéologie destructrice qui n’a rien à voir avec les considérations sanitaires.

Le parti communiste a pris la tête du combat contre l’enseignement à distance. Il a réussi à faire retirer de l’examen le projet de loi très contesté sur l’enseignement à distance, dont nous avions parlé ici, qui sous couvert de le réglementer, le normalisait. Quand le député communiste Valery Rachkine a demandé son retrait, V. Nikonov (Russie Unie), président du comité responsable, a immédiatement accepté, affirmant qu’il ne voyait aucune urgence dans l’examen de ce projet de loi, ce qui a provoqué les applaudissements des députés.

Ce même député communiste soutient le mouvement des « Parents de Moscou« , fondé par Ilona Menkova, qui tente d’organiser la contestation des parents, isolés dans leur combat, face à l’enseignement à distance, vu les effets désastreux qu’il a sur la santé des enfants et la baisse de la qualité de l’enseignement. Ainsi, des milliers lettres sont envoyées aux ministères responsables pour demander la fin de l’enseignement à distance et expliquer les difficultés rencontrées, qui ne sont pas que techniques. Des rencontres avec les députés moscovites et fédéraux sont organisées, pour couvrir des manifestations, qui ne peuvent être autorisées « pour raison sanitaire ». 

Dernièrement, 200 personnes se sont retrouvées devant la Mairie de Moscou, sous très haute surveillance policière, pour déposer des lettres adressées au maire de Moscou Sobianine, contre la prolongation ad vitam de l’enseignement à distance.

Régulièrement, ces sorties dans la rue sont organisées et pas uniquement à Moscou, mais elles sont très discrètement traitées par la presse. En effet, il n’y a pas foule. Au regard, de l’ampleur de la propagande, qui écrase totalement la population, c’est déjà un exploit de voir ces gens – rester humain. 

Et faut-il attendre que des milliers et des milliers de personnes mécontentes descendent dans la rue et marchent vers la Mairie … voire vers le Kremlin ? Il n’est pas nécessaire de pousser les gens à bout et d’attendre qu’ils n’aient plus rien à perdre pour réagir et changer le cours politique. Surtout que la situation socio-économique générale, la hausse phénoménale des prix (+60% pour le sucre, par exemple), qui a alerté le Président, hausse des prix qui n’est évidemment pas accompagnée d’une hausse des salaires, met en péril la stabilité du pays. Et le renforcement de la propagande « fin du monde » n’aidera pas à éviter la crise.

Source : Russie Politics
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