Le chef d’Al-Qaïda Oussama Ben Laden déterré par la CIA. D. R.

Par Mohsen Abdelmoumen

Un coup de tonnerre secoue la Toile depuis la mi-novembre : Oussama Ben Laden a surgi d’entre les flots où l’armée américaine l’avait précipité, avec sa «Lettre à l’Amérique» datant de 2002 et repêchée dans le Tabularium du Guardian par une main astucieuse qui l’a lâchée très adroitement sur les réseaux sociaux, avec en arrière-plan la guerre entre le Hamas et l’entité sioniste d’Israël. Divers «influenceurs» influencés, pour la plupart américains, surtout des femmes très présentes sur TikTok et qui drainent des centaines de milliers d’abonnés, voire le million dans certains cas, se sont rués sur l’histoire comme s’il s’agissait du Saint Graal.

L’un de ces influenceurs, considéré comme une star sur X (ex-Twitter), est un obscur «quasi-journaliste» américain gay, d’origine iranienne, converti au catholicisme, un certain Yashar Ali, lobbyiste proche des démocrates dont il a financé les campagnes, et de personnalités influentes dans le monde médiatique, politique et du showbiz, comme le patron de CNN ou la petite-fille du magnat du pétrole J. Paul Getty, Ariadne Getty, femme d’affaires et productrice de films, qui lui réclame par ailleurs les 230 000 dollars qu’elle lui a prêtés. Ce personnage énigmatique a soutenu la campagne d’Hilary Clinton et a été chef de cabinet-adjoint de l’actuel gouverneur de Californie, Gavin Newsom, lorsque celui-ci était maire de San Francisco. Son ascension fulgurante jusqu’à devenir l’une des personnes les plus influentes d’Internet, selon le magazine Time, reste un mystère, d’autant plus que ces publications sont pour le moins insignifiantes et souvent axées sur la divulgation de potins salaces ciblant des célébrités.

L’heure étant à l’abrutissement, s’il est habituel de voir des péronnelles présentes sur TikTok pour donner des conseils de maquillage, de coiffure et/ou de danse orientale, et toutes ces choses futiles qui sont en vogue en cette période de sous-culture véhiculées par des Lynette Adkins et Kiana Leröux, et autres nymphettes ultra-maquillées, botoxées, et qui s’affichent la plupart du temps en tenues légères, on ne peut que s’étonner de les voir s’intéresser subitement à la politique en propageant les propos du chef d’Al-Qaïda et en lui accordant une certaine indulgence, jusqu’à déclarer que leur vision du monde a complètement changé depuis qu’elles ont lu la fameuse lettre et qu’elles vivent une «crise existentielle», allant même jusqu’à dire que Ben Laden avait raison et qu’il n’était pas si méchant que ça. Ce qui équivaut à cracher sur la mémoire des millions de victimes du terrorisme islamiste à travers le monde.

Jusqu’ici, le hashtag #lettertoamerica a dépassé plusieurs dizaines de millions de vues et les médias du monde entier en font leurs choux gras, certains organes de presses occidentaux y voyant même un coup monté des Russes, dans un reflux bilieux face à la dégelée infligée à l’OTAN par la Russie en Ukraine. Mais à part ces quelques supputations dues à la russophobie ambiante, aucun média ne nous a expliqué le pourquoi de cette apparition d’Oussama Ben Laden qui nous revient comme la statue du Commandeur. Devant le tumulte provoqué par cette archive déterrée par «on ne sait qui», le Guardian a supprimé la missive attribuée à Ben Laden et TikTok a commencé à faire le ménage, prétendant refuser de faire l’apologie du terrorisme. Bien entendu, la suppression du «corps du délit» a augmenté l’intérêt d’un public béotien, selon un phénomène dit «effet Streisand», qui veut que la suppression d’une information ne fait qu’amplifier sa médiatisation. On se pose alors la question du cui bono et l’on s’interroge sur le moment choisi pour sortir ce gros lapin-terroriste barbu du chapeau du prestidigitateur pour ensuite l’escamoter vite fait. Ce que l’on peut dire, c’est qu’il s’agit d’une opération très sophistiquée préparée avec soin par des spin-doctors dans les laboratoires secrets de l’empire.

Rappelons tout de même que le Guardian est la propriété du Qatar, pays qui abrite sur son sol à la fois une grande base militaire américaine et les sept membres les plus influents du bureau politique du Hamas, et que ce tour de passe-passe «journalistique» incite au questionnement, surtout après une visite de William Burns à Doha où le patron de la CIA a rencontré son homologue du Mossad, David Barnea, le 9 novembre dernier. Le Qatar finance aussi entièrement la chaîne Al-Jazeera, laquelle, avec Facebook, a été le fer de lance du fumeux «printemps arabe» qui n’avait rien de printanier, mais avait tout à voir avec l’hiver glacial du terrorisme islamiste. Cette télévision nauséabonde d’Al-Jazeera a toujours servi les intérêts sionistes et aujourd’hui encore, elle vend le sang des innocents de Gaza pour augmenter son audimat, et elle donne régulièrement la parole à tous les sionistes criminels qui massacrent à cœur joie le peuple palestinien. Cette chaîne a toujours servi de relais à l’empire et aux sionistes, on se souvient pendant la décennie noire en Algérie qu’elle était le relai par excellence des groupes terroristes qui égorgeaient le peuple algérien. Et on se rappelle aussi que Ben Laden s’en servait comme tribune, puisqu’il lui envoyait ses bandes sonores en exclusivité. Al-Jazeera n’est pas une chaîne d’information, mais un outil de propagande qui sert un dessein plus grand que ce qu’elle prétend. Et, aujourd’hui, elle est la chambre d’écho des Frères musulmans, entre autres. Pour cette chaîne, les victimes civiles du grand massacre à Gaza ne sont que des chiffres et des statistiques à mettre au profit du Qatar qui se positionne comme acteur régional incontournable. C’est d’un cynisme épouvantable, mais pas surprenant de la part d’un média qui a véhiculé le printemps sioniste qui a détruit plusieurs pays et décimé des peuples entiers.

Quoi qu’il en soit, la lettre jaillie d’outre-tombe et dans laquelle Ben Laden revendique les attentats du 11 septembre 2001 contre le World Trade Center à New York, tout en fustigeant le soutien des Etats-Unis à Israël et en appelant à venger le peuple palestinien, arrive bien à propos en plein conflit entre le Hamas et Israël. Chaque individu, dont les neurones ne sont pas anesthésiés par la propagande capitaliste, sait que nous vivons dans une époque où l’ignorance crasse est le lot commun, façonnée et encouragée par le 0,1% qui dirige le monde, mais quand même ! A-t-on jamais vu Al-Qaïda lever le petit doigt pour le peuple palestinien et commettre la moindre action susceptible de nuire à l’entité sioniste d’Israël ? Que nenni. Bien au contraire. Rappelons-nous l’hôpital de campagne installé dans le Golan par l’entité sioniste destiné à soigner les terroristes d’Al-Nosra, branche d’Al-Qaïda en Syrie, qui ont mis la Syrie à feu et à sang avec d’autres groupes terroristes, et la visite qu’y avait effectué Benjamin Netanyahou pour réconforter les blessés. Et rappelons aussi le financement par Israël des «rebelles» syriens, dont un commandant affirmait qu’il recevait 5 000 dollars mensuels, selon un article paru dans le Wall Street Journal, le 18 juin 2017. En outre, la lettre de Ben Laden qui revendique les attentats du 11 septembre 2001 vient à point nommé, également, pour contrer la thèse conspirationniste selon laquelle le Mossad serait impliqué et faire taire une bonne fois pour toutes les voix de plus en plus nombreuses qui mettent en doute la version officielle qui a permis d’envahir deux pays, l’Irak et l’Afghanistan, soit deux pays pour deux tours.

En ce qui concerne Ben Laden, souvenons-nous qu’il est d’abord allé faire le djihad en Afghanistan contre les Soviétiques, sous la houlette de son professeur et mentor, le Palestinien Abdallah Azzam, membre influent des Frères musulmans et proche de la famille Qutb. Ben Laden et Azzam fondent ensemble le Bureau des services ou Bureau afghan, le maktab al-khadamât, un bureau de recrutement des terroristes chargé de leur formation et de l’approvisionnement en armes. Comme tous ceux qui se ressemblent s’assemblent, notons qu’Azzam a donné sa fille en mariage au terroriste Boudjema Bounoua, alias Abdullah Anas ou Abou Anas de son nom de guerre, un islamiste algérien qui a combattu lui aussi les Soviétiques en Afghanistan, et qui vit aujourd’hui bien tranquillement à Londres où il est l’un des responsables de la télévision du FIS, Al-Magharibia, créée le 22 juin 2011 dans la capitale britannique par Oussama Madani, fils d’Abassi Madani, chef du FIS. Ce terroriste bon teint et bien intégré dans la city londonienne a écrit un livre que l’on peut trouver sans problème à la Fnac et dans toutes les librairies, signé de son nom de guerre : Abdullah Anas, To The Mountains: My Life in Jihad, from Algeria to Afghanistan, publié en avril 2019. Aucun de ces criminels n’a jamais combattu Israël, même Abdallah Azzam, qui était pourtant palestinien. Non, ils ont préféré combattre l’Union soviétique en Afghanistan avec la bénédiction, l’argent et les armes de l’Oncle Sam. Et les ravages qu’ils ont faits ont ciblé principalement les populations musulmanes qui en ont été les premières victimes.

Pour rappel, tout a commencé avec le «Programme afghan» concocté par les habituels cercles occultes aux Etats-Unis. Sous le nom de code «Opération Cyclone», la CIA avait mis en place une opération secrète visant à armer les terroristes surnommés «moudjahidine» opposés au gouvernement communiste afghan soutenu par l’Union soviétique. Lancée par le président Jimmy Carter le 3 juillet 1979, cette opération se poursuivra pendant le mandat de Ronald Reagan, pour s’achever le 1er janvier 1992 sous l’administration George H. W. Bush, fournissant propagande, armes, munitions, équipements radio, aide médicale et argent aux terroristes, ainsi que l’ouverture de camps d’entraînement au Pakistan. L’Arabie Saoudite a également participé au programme en finançant à part égale le budget alloué par le Congrès américain. Elle versait l’argent sur un compte de la CIA dans une banque suisse. Ah, la Suisse ! Le livre La Guerre de Charlie Wilson : l’extraordinaire histoire de la plus grande opération secrète de l’histoire, de George Crile III, sorti en 2003 et qui a été adapté au cinéma, retrace la collusion entre un député texan, une milliardaire américaine, un agent de la CIA et Israël, pour augmenter le budget consacré à l’armement des terroristes afghans, le faisant passer de 5 millions de dollars à 1 milliard. Après le retrait de l’armée rouge d’Afghanistan, la CIA a reçu un budget de 64 millions de dollars pour récupérer 1 000 missiles de type Stinger qu’ils avaient livrés gratuitement aux «moudjahidine» afghans. La CIA a juste pu récupérer une dizaine au prix de 100 000 dollars pièce, faisant quadrupler le prix de cette arme au marché noir. No comment. Cela nous renvoie à une histoire plus proche de nous, qui n’est pas forcément identique et qui concerne les djihadistes libyens soutenus, financés et armés par l’OTAN pour abattre le régime de Kadhafi dans le cadre du «printemps arabe» concocté par la CIA. Après la chute du guide libyen, en plus de l’armement qu’ils avaient reçu de l’OTAN, les terroristes ont mis la main sur l’arsenal libyen et toutes ces armes se retrouvent maintenant entre les mains des terroristes qui activent dans le Sahel, lequel est devenu une vraie poudrière grâce aux bons soins de l’OTAN.

Rien de nouveau sous le soleil, donc, et pour revenir à notre sujet, les islamistes, toutes tendances confondues, allant des Frères musulmans aux salafistes, se sont toujours servis de la cause palestinienne pour recruter dans un tout autre but : celui d’instaurer le califat. Et c’est juste à ce moment où l’on voit un conflit sans merci entre le Hamas et Israël – qui comporte bien des zones d’ombre, notamment les relations ambiguës et compromettantes entre le Hamas et Netanyahou, mais nous y reviendrons dans un prochain article détaillé –, que l’on nous sort de derrière les fagots ce Ben Laden qui revendique la paternité de la lutte contre Israël ! On aura vraiment tout vu ! Pendant que les uns et les autres se livrent à un jeu trouble en vendant la cause et le sang des Palestiniens, la population de Gaza meurt sous les bombes, sans eau, sans nourriture, sans électricité, et les blessés, les malades, jeunes ou vieux, sont expulsés des hôpitaux et poussés à la déportation vers l’Egypte dans une nouvelle Nakba, tandis qu’en Cisjordanie, les colons effectuent des pogroms quotidiens contre les civils. Cela n’empêchera pas Benyamin Netanyahou-Mileikowsky de finir en prison pour des dossiers de corruption avérée, mais aussi pour sa collusion avec le Hamas, c’est la raison pour laquelle il veut que cette guerre infâme contre Gaza s’éternise et se déplace vers le sud. Nous pouvons déjà annoncer que Benny Gantz sera son remplaçant.

Revenons à nos moutons. Qui a intérêt à agiter le pantin d’Al-Qaïda, si ce n’est son créateur, à savoir la CIA qui a financé et armé les djihadistes en Afghanistan contre les soldats soviétiques ? Hillary Clinton l’a elle-même reconnu au Congrès en 2013, après l’assassinat de son ambassadeur Christopher Stevens à Benghazi. Qui a intérêt à donner un rôle aux terroristes islamistes dans le futur, sinon leurs employeurs occidentaux qui les utilisent à chaque fois qu’ils en ont besoin ? Et en quoi les islamistes pourraient-ils contribuer à la création d’un véritable Etat palestinien ? Les islamistes sont un fléau et ne peuvent rien créer, ils servent juste à détruire, comme ils l’ont prouvé à maintes reprises en mettant le feu et en démantelant de nombreux Etats au Moyen-Orient. Il n’y a donc aucune raison pour que l’Occident, en perte de vitesse face à l’émergence du monde multipolaire, abandonne sa poule aux œufs d’or, cet instrument performant qu’est le terrorisme islamiste. On ne change pas une équipe qui gagne et les idiots utiles de l’empire ont de beaux jours devant eux.

Ainsi, en attribuant à ce criminel de Ben Laden une gloire qu’il ne mérite pas et en le présentant comme un modèle de la résistance, ce qui fait hurler ses innombrables victimes depuis leur tombe, l’empire encourage n’importe quel gamin ou n’importe quelle gamine en proie au mal-être et en crise «existentielle» à rejoindre les rangs des terroristes islamistes. Sachant que rares sont les jeunes équilibrés dans des sociétés complètement déboussolées et consuméristes, et qu’ils sont en recherche d’un sens à leur vie dépourvue d’avenir, le pire est à craindre. L’empire nous fabrique donc des islamistes en devenir à la pelle.

En conclusion, cette lettre sortie de nulle part sert plusieurs desseins sionistes et impérialistes, parmi lesquels, et ce n’est pas le moindre, identifier tout mouvement de résistance nationale afin de lui coller l’étiquette terroriste islamiste pour pouvoir l’anéantir, sachant que les islamistes ont toujours servi de cheval de Troie à l’empire. Pour ce faire, celui-ci a toujours besoin de son petit soldat Oussama Ben Laden, même depuis l’au-delà. L’Occident aura toujours besoin des islamistes qui lui garantissent le droit d’intervenir dans nos pays. Sachant cela, il est essentiel de renforcer notre souveraineté et d’être vigilants face aux discours islamistes insidieux qui peuvent nous coûter très cher. La vigilance doit être maximale, ainsi que la défense de notre territoire, de nos frontières et de notre Etat-nation qui doit se prémunir contre ce genre de propagande.

Mohsen Abdelmoumen

Source : auteur
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