Par Lahouari Addi

Le procureur de la République a requis la prison à perpétuité contre Walid Nekkiche et Kamel Bensaad sur la base de rapports de police ne contenant aucune preuve sur les accusations portées contre eux. Jusqu’où ira la justice algérienne pour se nier face à un pouvoir exécutif qui la considère comme une administration aux ordres? A quand la fin de cette mascarade judiciaire? La perpétuité pour avoir manifesté à Alger et pour avoir appelé à manifester? L’opinion publique croyait que l’administration judiciaire avait touché le fond avec l’incarcération de Khaled Drareni et Rachid Nekkaz. Elle se rend compte qu’elle ne connait pas de limites dans la violation des principes de la justice et des articles de la constitution. Quand un procureur n’a pas le sens de la proportion entre un supposé délit et la sanction qu’il propose, le tribunal perd sa légitimité et sa compétence de juger. Le socle d’un Etat est le droit, c’est-à-dire la loi positive que cet Etat promulgue pour maintenir la paix civile. Si cette loi positive n’est pas respectée par celui censée l’appliquer, il n’y a ni droit ni Etat. Si un procureur demande une peine sur la base du seul rapport de police, les jugements des prévenus devraient être prononcés dans les commissariats et non dans les tribunaux. Cela rappelle le Code de l’Indigénat de l’Algérie coloniale. Rappelons que le code de l’indigénat permettait à l’administrateur des communes mixtes d’arrêter l’indigène, de le juger et de prononcer la sentence. Au moment où certaines Algériens demandent à la France des excuses pour ces pratiques, l’Algérie indépendante a mis en place des tribunaux où le procureur-commissaire ou le commissaire-procureur accuse, prononce le réquisitoire et condamne. Qui arrêtera la dérive de la justice en Algérie?

Source : la page FB de l’auteur