Par Antoine Manessis

Le17 janvier l’armée française participait dans le cadre de l’OTAN à des manœuvres mimant un conflit contre la Russie. Exercice baptisé Bold Dragoon 2 à Adazi, en Lettonie. La Lettonie a une frontière commune avec la Russie et était une République soviétique jusqu’à son indépendance en 1990.

Que faisait là-bas l’armée française ?

Que dirions-nous, ou plutôt que diraient les médias et les experts-guignols qui brandissent la menace russe  chaque jour, si l’ armée russe manœuvrait en simulant un conflit avec la France à la frontière du pays, en Belgique par exemple ? 

Rappelons aux propagandistes otanisés qui agitent la menace d’une invasion russe de l’Ukraine, que l’armée russe se trouve « aux frontières de l’Ukraine ». Or l’armée russe est en…Russie ! Ce qui n’est pas signe d’un expansionnisme débridé. Et qui semble même assez normal.

Que la Russie provoque une négociation pour obtenir un recul de l’OTAN qui s’est installée et s’agite aux frontières de la Russie malgré des engagements occidentaux, c’est probable. Et fort compréhensible.

Que diraient les Etats-Unis si la Russie organisait des manœuvres militaires comme Bold Dragoon à Cuba ou au Mexique ? On imagine facilement. Il suffit d’un peu de mémoire pour les moins jeunes d’entre nous ou d’un livre d’histoire: en 1962 la crise des missiles de Cuba a opposé les Etats-Unis et l’Union Soviétique au sujet des fusées soviétiques pointés en direction des Etats-Unis depuis Cuba.  La crise se solda par un retrait des missiles soviétiques en échange d’un retrait de certains missiles nucléaires américains de Turquie ainsi que par une promesse étasunienne de ne plus jamais envahir Cuba.

En 1958 de Gaulle écrivait « L’OTAN ne correspond plus aux nécessités de notre défense ».

En 1966 La France quittait le commandement intégré de l’OTAN.

Nicolas Sarkozy, alors président de la République, annonce réintégrer le pays au commandement intégré en 2007 dans un discours au Congrès…étasunien. Authentique.

D’allié des Etats-Unis la France redevient un vassal. Malgré un sursaut de dignité de Chirac au moment de la première guerre du Golfe. Sursaut d’autant plus appréciable que Français Hollande, alors premier secrétaire du PS, se rendait alors à l’ambassade des Etats-Unis pour expliquer que lui, président, la France serait aux côtés de l’exécutif étasunien…

Le PS est depuis 1945 un pilier de l’atlantisme*. Pour paraphraser Guy Mollet le PS n’est ni de gauche, ni de droite, il est à l’Ouest. Dans tous les sens du terme.

On sait que l’article 5 du Traité de l’Atlantique Nord stipule que si un pays de l’OTAN est victime d’une attaque armée, chaque membre de l’Alliance considérera cet acte de violence comme une attaque armée dirigée contre l’ensemble des membres et prendra les mesures qu’il jugera nécessaires pour venir en aide au pays attaqué.

La France pourrait donc se trouver entraînée dans une guerre liée par les obligations découlant de son appartenance à l’OTAN et non du fait de son propre jugement, ni de ses propres intérêts.

L’imbroglio deviendrait franchement ridicule (en plus de potentiellement criminel) quand les deux pays hypothétiquement en guerre sont tous deux membres de l’OTAN. Ce qui n’est pas absurde quand on connait la situation gréco-turque par exemple.

Répétons qu’il est urgent de sortir le pays de cette alliance belliciste et à la botte des Etats-Unis d’autant plus absurde que l’URSS et le Pacte de Varsovie ont disparu. Otan que Macron avait estimé « en mort cérébrale »…

Notons enfin que Jean-Luc Mélenchon écrivait en novembre 2021 « À chaque étape, l’OTAN n’a pas été la solution mais le problème. La méthode des USA est simple. Ils font des provocations puis poussent des cris quand la Russie ou la Chine répliquent par des mesures de même niveau. Une fois cela posé, l’ambiance est préparée pour passer à une nouvelle étape de tension. Autrement dit : l’OTAN provoque de sang-froid une escalade. Récemment, ce fut frappant avec l’utilisation d’une prétendue menace Russe à la frontière de l’Ukraine. Servile, Macron s’engagea de manière irresponsable à « défendre l’intégrité physique de l’Ukraine ». Ridicule. »

Sa conclusion: « Je suis pour sortir de l’OTAN. Il faut une désescalade. Si nous sortons de l’OTAN, nous ne serons pas entraînés dans les logiques de guerre froide qu’entretiennent les Américains avec la Russie et la Chine. »

Clair, non ? Comme le dit Danien Schneiderman:  » C’est dur à entendre, mais Mélenchon parle en homme d’état. »

Antoine Manessis.

* Atlantisme: Attitude politique de ceux qui font du pacte de l’Atlantique Nord la base et le principe de leur action et qui s’alignent sur la politique des États-Unis au nom même de ces principes.

Source : le blog de l’auteur
http://nbh-pour-un-nouveau-bloc-historique.over-blog.com/…