Par Tarek Benaldjia

Ce soutien au mali, découle d’une composante essentielle de la conscience du peuple algérien qui est son engagement réel envers les peuples qui luttent pour se débarrasser du colonialisme et de l’occupation étrangère. Il faut revenir, au rôle joué par l’Algérie après son indépendance, dans la victoire des mouvements de libération en Afrique et en Asie. Le président Tebboune fait observer que la série de conspirations contre l’Algérie pour la dévier de ce rôle historique en lui créant des problèmes de l’extérieur de la frontière ou de l’intérieur n’a jamais cessé.

Lamamra a fait remarquer que l’Algérie s’est éloignée de la scène arabe et internationale en particulier durant la décennie noire. Mais après le hirak populaire et l’émergence de dirigeants issus d’élections propres, a-t-il expliqué, le pays a renoué avec son efficacité et son influence aux plans régional et international. Les conspirations ne se sont pas arrêtées. L’Algérie estime qu’elle est maintenant en état de confrontation avec l’entité sioniste, déclare Lamamra. Il rappelle que notre pays avait envoyé ses forces pour se battre aux côtés des frères arabes contre l’entité sioniste. Et voilà qu’elle se trouve à nos frontières et signe des accords militaires, de sécurité et de renseignement avec un «voisin, frère et ami».

C’est ainsi que le dossier de l’opération Barkhane a été ouvert, dans le but d’en faire un bourbier pour l’Algérie et ainsi l’affaiblir. En même temps, intervint le renforcement des relations de la France et des Etats –Unis et de l’Israël avec le Maroc pour en faire un partenaire obéissant. Nous faisons remarquer ici des faits factuels: le Maroc a envoyé des soldats au Zaïre (actuelle République démocratique du Congo) pour protéger le régime de Mobutu, avec le soutien des États-Unis et de la France, a contribué aux négociations de Camp David, et il a reçu plusieurs fois des dirigeants sionistes.

Il est clairement établi qu’ils visent maintenant l’Algérie en tant que nation, en tant qu’unité nationale, souveraineté, indépendance nationale et intégrité territoriale. Maintenant les choses sont plus dangereuses, alerte le chef de la diplomatie algérienne. Lamamra ajoute que « nous sentons qu’une guerre totale est menée contre nous. Toutes les mesures que nous avons prises sont des mesures défensives pour maintenir la sécurité de notre patrie ».

Aujourd’hui, les maliens lisent dans leurs livres d’histoire la contribution inestimable qu’a apportée le Mali à travers la décision souveraine du président Modibo Keïta en 1960 après l’indépendance du Mali.  Puisque cela a été fait le mali se trouve exposé, sous la menace continuelle d’une nouvelle colonisation. Ni la France, ni les États-Unis, et dans une certaine mesure congrue le Royaume-Uni, ne peuvent supporter toute idée de nationalisme, de patriotisme, voire de souverainisme venant des dirigeant de ce pays le plus doté de ressources naturelles prouvées dans la région. Ceci impose le devoir de rester extrêmement vigilants, engagés lorsqu’il s’agit de préserver son indépendance nationale comme celle de ses pays frères, voisins et amis.

Il est tout à fait clair que le destin de l’Algérie et le destin du Mali sont étroitement liés. Et nous ne pouvons donc en d’autres circonstances que témoigner nos solidarités agissantes et travailler comme nous le faisons normalement à régler ensemble nos problèmes pour que nous puissions nous projeter dans l’avenir avec confiance, avec courage et détermination, convaincus que nous sommes, que la solution à nos problèmes est entre nos mains », a déclaré Lamamra à la presse à l’issue de son entretien avec  le Premier ministre malien à Bamako.

Le changement de paradigme au mali commence donc par une nouvelle vision, celle qui consiste de s’équiper dorénavant d’armement  russe,  pour lui permettre d’une part de couvrir sa souveraineté territoriale et pour qu’il puisse définitivement s’affranchir de la  présence militaire française dans le pays d’autre part. A commencer par jeter aux rebuts les avions Rafales qui ne sont pas bien vues par l’Algérie et les Etats africains de toute la région du Sahel. En échange de ce droit exclusif d’exploitation, il n’y a aucune raison de ne pas s’équiper de chasseurs-bombardiers russe SU-35, ultime évolution pour le mali.

Comme on a pu le voir dernièrement, la Russie a livré jeudi quatre hélicoptères de type Mi-171 au Mali, un événement qui intervient alors que la France s’inquiète de l’influence grandissante de Moscou auprès du gouvernement de transition. Le colonel Sadio Camara qui a annoncé la nouvelle, s’est félicité de cet accord en assurant « la fiabilité et le sérieux de ce partenaire qui nous a toujours donné satisfaction ».

C’est ainsi que nous comprenions aisément pourquoi, l’Algérie aurait dit et conseillé le mali de se doter de SU-35 russe ?  Se demanda-t-il l’expert aux affaires de défenses Abdelhamid. Aouini. Tout porte à croire, qu’au regard de la nouvelle position de l’Algérie dans sa stratégie globale  « D’égal à égal »  vis-à- vis de la France, elle aurait probablement demandé et soutenu le mali de tirer les bonnes leçons de ses périodes sombres de leur histoire avec la France, ceci en imaginant un nouveau « paradigme de déterminisme ». Lequel aurait certainement permis à l’élite de ce pays, à son peuple et à son État de créer un outil de défense performant et concurrentiel dans ce secteur sensible.

Toute fois, la doctrine militaire nouvellement actée par les élites militaires et politiques français au mali reste sans effets, car elle ne répond qu’à une seule préoccupation : contrer la percée russe en Afrique francophone. En effet, face à la prise de conscience que c’est la France qui les déstabilise par rébellions, terrorisme ou djihadisme interposés.

Lors de cette visite, le chef de la diplomatie algérienne a tenu à mettre dans leurs contextes les relations entre les pays d’Afrique et la France coloniale. Il déclare à ce propos : « nos partenaires étrangers ont besoin de décoloniser leur propre histoire. Ils ont besoin de se libérer de certaines attitudes , comportements et visions qui sont intrinsèquement liées à la logique incohérente, portée par la prétendue mission civilisatrice de l’occident, qui a été la couverture idéologique utilisée pour essayer de faire passer le crime contre l’humanité, que constitue la colonisation de l’Algérie, du Mali et de tant de peules africains.»

Ces déclarations du chef de la diplomatie algérienne interviennent dans un contexte de tensions de la France, aussi bien avec le Mali qu’avec l’Algérie.

Aussi, l’ambassadeur de France à Alger avait été convoqué le 29 septembre par le ministère algérien des Affaires étrangères pour protester contre la décision de Paris de réduire le nombre de visas accordés aux ressortissants algériens.

L’ambassadeur de France à Bamako avait été convoqué, par le ministère malien des Affaires étrangères en réaction aux propos de Macron à l’égard du Premier ministre malien concernant le retrait de Barkhane.

Pour le président de la coalition contre la partition du Mali, Emmanuel Macron devrait se contenter des répliques de ses ministres. Abdel Kader Maïga, très rigoureux envers la France et la Minusma, a indiqué que « la France ne mérite pas un tel président ». Pour lui, les coups d’État évoqués par Macron comme trophées de guerre contre les autorités transitoires étaient prévisibles, car, dit-il, la présence française au Mali « n’est que de la manipulation, du complot, du mercantilisme et du désespoir ».

Mali craint la division du pays par la France, L’Algérie interviendrait pour éviter la dislocation du pays.

Le renoncement des autorités intérimaires au Mali au mandat accordé au Haut Conseil islamique d’engager des pourparlers avec les dirigeants des groupes armés dans le nord-est du pays, reflète leur crainte à ce que la France instrumentalise quelques dossiers sensibles, dont le plus dangereux demeure la division du pays et l’établissement d’un Etat des Touaregs dans le nord.

Le Chef du gouvernement malien a évoqué cette question au cours d’une interview accordée à la radio publique algérienne, lorsqu’il a lancé « qu’il existe certaines zones dans le nord du pays qui sont interdites d’accès à l’armée malienne par la France, ce qui nous a créé un Etat à l’intérieur de l’Etat ».

Plus grave encore selon Maiga, c’est « l’ancien Président français, Nicolas Sarkozy, (2007- 2012) qui avait promis à des rebelles dans le nord malien de leur accorder un Etat indépendant ».

Abdelkader Maiga a accusé la France d’avoir violé l’Accord conclu entre les deux pays, en 2013, qui prévoit d’offrir à l’armée malienne un soutien aérien et en matière de renseignement, alors que la France a déployé 4000 militaires sans concertation préalable avec Bamako.

Pour confirmer l’échec de l’intervention militaire française, Maiga a relevé que « le but de cette intervention était d’éradiquer le terrorisme, alors que ce fléau s’est propagé dans 80% de notre territoire, après qu’il était cantonné uniquement dans le nord ».
« Le rétablissement de l’unité du Mali n’a pas été possible car des groupes rebelles armés touaregs paradent avec leurs armes lourdes devant les forces internationales et françaises », a-t-il poursuivi.

L’ensemble de ces éléments expliquent l’inquiétude de Bamako au sujet du retrait de l’armée française du nord du pays, retrait devant permettre aux rebelles touaregs d’établir leur Etat et aboutir ainsi à la division du Mali en deux entités.

C’est dans cette optique que le Mali s’est orienté vers d’autres options pour éviter ce scénario catastrophe, en demandant un appui militaire russe à travers la compagnie sécuritaire Wagner, et en établissant des canaux de contact avec les groupes armés maliens alliés à al-Qaida, afin de les neutraliser au cas où l’armée malienne interviendrait dans le nord pour éviter la dislocation du pays.

Par ailleurs, Bamako a intensifié ses contacts avec Alger qui parraine le dialogue avec les rebelles touaregs et Azawad, pour éviter tout scénario de séparation le nord du sud du pays qui sera conduit par Paris.

Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a reçu le 22 octobre, le ministre malien de la Réconciliation, le lieutenant-colonel Ismail Wagué, et des responsables des Mouvements signataires de l’Accord de paix et de réconciliation de 2015, afin d’éviter l’effondrement de cet accord sous les pressions internes et externes.

L’Algérie a accueilli, également, Mahmoud Dicko, ancien président du Haut Conseil islamique au Mali (2018-2019) qui avait conduit des manifestations contre le régime de Boubacar Keita, pour le tenir informé de l’expérience algérienne dans le domaine de la réconciliation nationale.

Toutefois, Paris ne souhaite pas que Dicko joue un quelconque rôle dans la réconciliation avec les groupes armés, d’autant plus que Dicko avait conduit des manifestations dénonçant la présence des forces françaises au Mali.

De son côté, Bamako s’emploie à réajuster ses relations avec la France, qui sera amenée à revoir sa politique au Mali, afin d’éviter la perte totale de son influence au profit de la Russie et de l’Algérie.

Comme vous pouvez le constater, à l’instigation de l’Algérie (1)aujourd’hui l’État malien,  se tourne de plus en plus vers la Fédération de Russie, pour surtout les questions de défense, et vers la Chine, pour celles relevant du développement économique et social.

Si l’élite politique et militaires maliens, qui sont visées par ces conseils – exhortations – impulsions – insinuations – inspirations – intuitions – suggestions. Ne sont pas suffisamment qualifiées pour identifier ce type de discours  et organiser une réponse appropriée à l’ancienne puissance coloniale, la société malienne elle-même est vouée à une défaite géopolitique écrasante !

(1) L’Algérie ne renoncera pas au droit à l’autodétermination des peuples africain L’Afrique, doit revenir à la table des grands de ce monde, il faut juste qu’elle s’en donne les moyens et les dirigeants…L’esprit africain collectif, recommande la mise en branle de combat comme mouvement susceptible de sortir de la situation présente en faveur d’un processus de paix qui conduise bel et bien à la paix. Les traits héréditaires vous attribuent une responsabilité pour aller de l’avant. C’est votre façon de marcher. C’est votre identité culturelle et votre histoire. C’est votre appartenance géographique à l’Afrique. C’est l’héritage des millions d’années dont il s’agit et il n’y a personne d’autre à assumer ces responsabilités que vous (Africains).

Source : auteur