Régis de Castelnau

Dimanche 22 novembre 2020

Le procès de Jonathan Daval meurtrier de sa femme vient de nous imposer une séquence qui permet de mesurer à quel point la justice pénale est devenue un spectacle régressif assez écœurant.

On va juste rappeler qu’une procédure pénale se déroule DANS LE PRÉTOIRE, qu’il s’agit d’un débat contradictoire devant un juge (accompagné d’un jury aux assises) en position d’arbitre IMPARTIAL, dans le respect de règles impératives. Qui doivent permettre aux juges d’aboutir SANS PRESSION à la vérité judiciaire qui justifiera la peine. Qui sera toujours une violence d’État, aussi légitime soit-elle.

Le procès de Daval s’est déroulé comme un spectacle mis en scène dans les médias. Avec une surenchère aboutissant à ce que cette audience, a entretenu de très lointains rapports avec ce que doit être une procédure régulière. Démission des magistrats acceptant que leur audience se déroule sous une pression médiatique inacceptable. Indécence du procureur venant commenter (!) son propre réquisitoire devant les micros. Toutes les parties au procès se précipitant devant les caméras pour bavarder à longueur d’émissions des chaînes de télévision. Avocats tant des parties civiles que de la défense se bousculant pour pérorer. Le tout, à coup de prises de position indécentes voire de violations grossières du secret professionnel.

Les faits divers passionnent et c’est normal. Ils inspirent la littérature et désormais À POSTERIORI des documentaires de télévision tout à fait respectables. Mais là il s’agit d’autre chose. Nous avons assisté à un déballage et un tintamarre INCOMPATIBLE avec ce que devrait être un procès régulier. Celui qui permet à l’État utiliser sa violence légitime qui est le pouvoir sur les corps.

Jonathan Daval a donc été condamné à 25 ans de réclusion criminelle. Je ne sais pas si cette peine est justifiée et conforme à ce qu’il méritait, je ne suis pas à la bonne place pour en juger. Mais les conditions dans lesquelles elle a été prononcée, me font nourrir quelques doutes.

Les télés ont repris leur ronde indécente et chacun de donner son avis sur la possibilité qu’a Daval de faire appel. Celui-ci est ce soir, seul dans ses quatre murs, entre lesquels, dans le meilleur des cas, il a la promesse d’y passer au moins 6 000 jours. Ce serait peut-être bien de lui laisser la liberté de ce choix.

À propos, je rappelle que Jacqueline Sauvage pour avoir abattu de trois balles dans le dos, un mari mensongèrement accusé de violence, a écopé aux assises de 10 ans de réclusion criminelle. Condamnation sur laquelle elle a effectué trois ans et un mois de détention. Grâce à la complaisance de François Hollande voulant complaire à la foule, après une campagne médiatique indigne.

Décidément, la Justice ça ne colle pas, avec la société du spectacle.

Source : Vu du Droit
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