Communiqué d’EELV

Le président Emmanuel Macron s’apprête à dérouler le tapis rouge au président égyptien Abdel Fattah al-Sissi qui sera en visite d’État en France les 7 et 8 décembre. Il sera également reçu par les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat ainsi que par la Maire de Paris.

Depuis que le général égyptien Abdel Fattah al-Sissi a pris le pouvoir en 2013, il s’est lancé dans une répression croissante contre l’opposition politique au sens large et la société civile. Les prisons égyptiennes débordent avec environ 60 000 prisonnier.e.s politiques, et les journalistes et les membres de la société civile qui suivent et dénoncent les brutalités du régime d’al-Sissi sont régulièrement arrêtés.

De nombreuses organisations égyptiennes de défense des droits humains ont vu leurs bureaux fermés, leurs financements bloqués et leur personnel intimidé, obligeant certaines à opérer hors du pays. Certaines sont restées actives sur place tout en étant confrontées au risque permanent de persécution. C’est ainsi que Gasser Abdel Razek, Karim Ennarah et Mohamed Basheer, trois responsables de l’ONG EIPR (Initiative égyptienne pour les droits personnels), une des organisations de défense des droits humains les plus dynamiques et les plus respectées du pays, ont été arrêtés mi-novembre, prétendument pour terrorisme, à l’instar de Patrick George Zaki, autre membre du personnel de cette ONG, détenu depuis le mois de février.

Ces détentions, dénoncées par des diplomates et les Nations unies comme arbitraires et attentatoires au droit à la liberté d’association et d’expression en général, sont intervenues quelques jours après une rencontre tenue par l’EIPR avec des diplomates occidentaux, dont un représentant de la France. Cette dernière, comme beaucoup d’autres pays européens, a largement ignoré la répression d’al-Sissi ces dernières années, valorisant l’Égypte comme un partenaire stratégique incontournable dans la région, dans la lutte contre le terrorisme et l’immigration clandestine, ainsi que comme un client majeur dans l’importation d’armements français.

Il est impératif que la France cesse d’être simplement « préoccupée » par la situation dramatique des droits humains en Egypte. Les victimes de la répression du régime égyptien ne peuvent plus se contenter des communiqués qui expriment les « inquiétudes » des autorités françaises. Europe Écologie Les Verts joint sa voix à celles des ONG de défense des droits humains, des organisations de solidarités internationales et des forces politiques démocratiques et pacifistes pour exiger que des conditionnalités de respect des droits humains soient imposées dans la conduite des relations avec l’Égypte. Grâce à la mobilisation internationale d’une ampleur exceptionnelle, les trois responsables de l’EIPR récemment arrêtés ont été libérés jeudi dernier. Cependant le combat doit continuer à être porté pour la libération de tous les détenu.e.s d’opinion en Égypte.

EELV demande au président Macron, ainsi qu’aux présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat ainsi qu’à la Maire de Paris, de faire pression sur le président égyptien afin d’obtenir la libération des militant.e.s, des défenseur.e.s des droits humains, des journalistes et des opposant.e.s politiques détenu.e.s arbitrairement dans le pays, avant la visite en France des 7 et 8 décembre 2020.

EELV appelle le gouvernement Français à condamner la répression en cours en Égypte et à cesser toute forme de coopération militaire et sécuritaire ainsi que la vente d’armes et les contrats de maintenance et de formation qui les accompagnent.

Eva Sas et Alain Coulombel, porte-paroles
La Commission Transnationale d’EELV