Interview du ministre de la Défense de la Fédération de Russie

Interview du ministre de la Défense de la Fédération de Russie, le général d’armée Sergueï Choïgou, le 21 septembre 2022.

Source : Ambassade russe à Londres

Traduction : lecridespeuples.fr

– Monsieur Choïgou, comment décririez-vous la situation générale actuelle des Forces armées de la Fédération de Russie ?

– Toutes les armes et branches des Forces armées, y compris la triade nucléaire, opèrent conformément à la Constitution de la Fédération de Russie et aux décrets du Commandant en chef suprême de la Fédération de Russie, notre Président.

– Quelle est la situation actuelle en Ukraine ?

– En fait, il y a un grand travail de combat compliqué effectué avec honneur par nos militaires, par les militaires des républiques populaires de Lougansk et de Donetsk, ainsi que par d’autres unités et volontaires impliqués dans cette opération.

La République populaire de Lougansk a été libérée, l’avancée dans la République populaire de Donetsk est en cours. Une partie de la région de Kherson et de Zaporozhye est également sous contrôle.

Et à cet égard, je ne peux m’empêcher de souligner que nous sommes actuellement en guerre non seulement avec l’Ukraine ou l’armée ukrainienne, mais avec l’Occident collectif. Parce que l’Ukraine a presque épuisé l’armement dont elle disposait. Il s’agit d’un ancien armement soviétique. Divers Jeunes Européens, surtout les zélés, se démènent. On dirait qu’ils ont vidé tout ce qu’ils avaient, tous les dépôts ont été balayés pour tout transférer.

Nous ne cessons de tout détruire et c’est de cette manière que nous sommes réellement en guerre avec l’Occident collectif et l’OTAN.

Quand nous en parlons, nous pensons non seulement à l’armement qui est fourni en grand nombre, et nous trouvons certainement des moyens et des méthodes pour contrer cet armement, mais aussi aux systèmes : systèmes de communication, systèmes de traitement des données et de reconnaissance, systèmes de reconnaissance par satellite.

Imaginez qu’ils sont soutenu, ou plutôt, nous sommes contrés par la quasi-totalité du groupe de satellites de l’OTAN : selon nos estimations, plus de 70 satellites militaires et plus de 200 satellites civils. Ils fonctionnent pour reconnaître l’emplacement de nos unités.

Et c’est suivi par la fourniture des articles appelés armement de haute précision. Nous sommes surpris qu’il y ait eu des tentatives de dissimulation de son nombre. Cela peut être un secret pour un grand nombre de personnes, mais pas pour nous.

Nous comprenons pourquoi ces données sont cachées au grand public. C’est parce que nous voyons des attaques de cet armement sur la population civile presque tous les jours.

Hier encore, des civils ont été tués par une frappe de ce type d’armement et ce n’était pas les premiers décès. Des attaques sont lancées contre des hôpitaux et des lieux bondés. Cette sorte d’absence de contrôle, comme nous le pensions, est en fait un contrôle total. Le contrôle d’un assez grand nombre d’instructeurs et de conservateurs occidentaux. Le dernier groupe d’anciens militaires et de militaires actifs qui est arrivé était composé de 150 personnes. Presque tous sont des commandants. Le commandement occidental est déployé à Kiev et guide toutes les opérations.

Nous savons également qu’au départ, les forces armées ukrainiennes comptaient environ 201 000 à 202 000 hommes. Pendant cette période, elles ont subi des pertes de plus de 100 000 personnes : 61 207 tués et 49 368 blessés. Ce sont des pertes assez considérables. Lorsqu’il y a un peu plus de 200 000 militaires et plus de 100 000 blessés, cela signifie que la moitié de l’armée est perdue. [Côté russe, les pertes sont de 5 937 soldats tués, a affirmé Shoïgou.]

C’est pour cela qu’ils ont mené la quatrième vague de mobilisation, environ 300 000 personnes ont été mobilisées. Et, comme vous pouvez le voir sur différents canaux et sources d’information, ce travail se poursuit dans différentes directions, comme s’il s’agissait de passer « d’une plage à une gare ».

Il est nécessaire de mentionner les instructeurs. Et pas seulement les instructeurs, mais les mercenaires qui opèrent dans cet environnement, et il y en a actuellement un peu plus de 1 000 qui sont directement impliqués sur place. La plupart d’entre eux sont partis ou sont morts, plus de 2 000 mercenaires sont morts.

Mais eux, cependant, ont essayé et essaient d’apporter leur contribution… Le point principal n’est pas leur arrivée, le point principal est qu’ils sont en fait recrutés sous la supervision d’États. Cela signifie que les pays d’où ils viennent recrutent réellement ces mercenaires ou ferment les yeux sur ceux qui sont chargés de les recruter.

Je ne peux m’empêcher de mentionner nos pertes. Le nombre de nos victimes est actuellement de 5 937 personnes. Et je dois distinguer nos camarades qui accomplissent courageusement leur devoir. Je dois également mentionner nos professionnels de la santé : plus de 90 % du total des blessés ont repris le service. Ce sont ceux qui sont passés par nos hôpitaux, nos installations médicales, qui ont repris le travail et continuent leur service.

Et je reviens ici à la situation en Ukraine : nous continuons à remplir les tâches qui nous sont confiées. Oui, ce n’est pas facile. Parfois, c’est très loin d’être facile. Mais nous les accomplirons.

– Le Président de la Russie a pris la décision d’initier une mobilisation partielle. S’il vous plaît, commentez plus en détail sa procédure. Qui doit être conscrit ? Quel sera le nombre de conscrits ? Quelles procédures seront appliquées aux conscrits de la réserve ?

– Vous avez raison : nous parlons exactement de la réserve. Ce ne sont pas des gens qui n’ont jamais vu quoi que ce soit en rapport avec l’armée… Ce sont certainement ceux qui ont servi, qui ont une profession militaire, une profession qui est actuellement nécessaire dans les forces armées, qui ont une expérience du combat.

Et, bien sûr, je veux précéder les questions qui peuvent apparaître à ce sujet : il n’y a rien à voir avec la mobilisation ou la conscription des étudiants qui étudient actuellement dans des établissements d’enseignement supérieur. Ils suivent tous des cours et personne ne va les mobiliser ou les enrôler.

Il en va de même pour ceux qui sont actuellement en service militaire. Ils n’y participent pas non plus. Ils ne seront pas mobilisés ou envoyés pour participer à l’opération militaire spéciale. Nos conscrits continuent à servir sur le territoire de la Fédération de Russie comme avant.

C’est parce que nous avons une énorme ressource de mobilisation, la ressource de ceux qui ont servi. Il y en a environ 25 millions qui ont une expérience du combat et une profession militaire.

Vous pouvez donc comprendre que cette mobilisation est partielle : 1 % ou un peu plus de la ressource totale de mobilisation [exactement 1,2 %].

La ligne de front s’étend elle-même sur plus de 1 000 kilomètres. Cette ligne est naturelle et il est nécessaire de consolider ce territoire, de le contrôler, et, surtout, c’est dans ce but que le travail est effectué, je veux dire la mobilisation partielle.

Bien sûr, une fois qu’ils seront enrôlés, ils seront formés et requalifiés. Les équipages, les équipes, les escouades, les pelotons seront coordonnés, et ce n’est qu’ensuite qu’ils commenceront à remplir les tâches qui leur sont assignées.

– Peut-on mentionner un certain nombre de réservistes conscrits ?

– Oui, bien sûr, 300 000 réservistes seront conscrits. Mais je m’empresse de dire que ce travail sera effectué non pas instantanément, mais de manière routinière, comme je l’ai déjà dit. Il ne s’agit pas d’une « moisson à grande échelle » qui « attrape » tout le monde rapidement, non.

Il se trouve qu’elle a été menée au même moment où nous étions sur le point de réaliser des formations de mobilisation.

Comme vous le savez, nous effectuions ce genre d’entraînements pendant deux semaines ou un peu plus pour quelqu’un afin de rétablir les compétences de conduite des véhicules de combat. Cela a coïncidé avec cet événement, l’annonce de la mobilisation partielle. C’est pourquoi nous annulons les entraînements prévus et commençons à effectuer la mobilisation partielle.

– C’est une information très complète et importante, mais l’opération est en cours. Quelles sont ses perspectives ?

– Vous savez qu’il peut y avoir des particularités ou des déviations en termes de temps et d’action. Mais il y a aussi la tâche principale assignée et cette tâche est en train d’être remplie. Bien sûr, nous faisons tout pour la remplir.

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Source : Le Cri des Peuples
https://lecridespeuples.fr/…

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