Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, à droite, s’entretient avec le ministre des Finances Bezalel Smotrich lors de la réunion hebdomadaire du cabinet au ministère de la Défense à Tel Aviv, Israël, le dimanche 7 janvier 2024. [AP Photo/Ronen

Par Andre Damon

Dans un discours prononcé samedi pour marquer les 100 jours de l’attaque israélienne contre Gaza, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’est engagé à poursuivre le massacre au mépris du droit international.

« Nous rétablirons la sécurité dans le sud comme dans le nord », a promis Netanyahu. « Personne ne nous arrêtera, ni La Haye, ni l’axe du mal, ni personne d’autre ».

Netanyahou s’est engagé à « lutter jusqu’au bout, jusqu’à la victoire totale ». Il a poursuivi en ajoutant : « Nous ne nous arrêterons pas tant que nous n’aurons pas obtenu la victoire ».

Netanyahu a furieusement dénoncé le procès pour génocide porté par l’Afrique du Sud contre Israël devant la Cour internationale de justice de La Haye, aux Pays-Bas.

Il a qualifié cette affaire d’«attaque hypocrite à La Haye contre l’État juif qui s’est relevé des cendres de l’Holocauste » et d’« une honte morale dans l’histoire des nations ». Il s’est engagé à ce que « cette campagne internationale de diffamation n’affaiblisse pas nos moyens ni notre détermination à lutter jusqu’au bout ».

Dans les termes les plus explicites à ce jour, Netanyahu a cherché à impliquer directement les États-Unis dans les crimes de guerre de l’armée israélienne, déclarant qu’il avait dit au secrétaire d’État américain Antony Blinken que « ce n’est pas seulement notre guerre, c’est aussi la vôtre ».

En effet, le génocide à Gaza est « la guerre de l’Amérique ». Les États-Unis ont fourni plus de 10 000 tonnes d’équipement militaire à Israël depuis le 7 octobre, transportées par 244 avions-cargos et plus de 20 navires.

Le 12 janvier, le New York Times a rapporté que la Central Intelligence Agency recueille des « informations sur les hauts dirigeants du Hamas » et les transmet à Israël, ce qui signifie que les États-Unis fournissent des informations sur le ciblage des frappes israéliennes qui, à ce jour, ont tué plus de 30 000 civils à Gaza.

La semaine dernière, les États-Unis ont massivement étendu leur participation à la guerre au Moyen-Orient, frappant plus de 30 sites au Yémen jeudi, puis d’autres vendredi.

Dans sa propre déclaration marquant le 100e jour de la guerre, le président Joe Biden n’a pas mentionné, et encore moins exprimé sa sympathie, pour les habitants de Gaza qui ont été tués ou pour les 1,9 million d’habitants de Gaza qui sont confrontés à la famine et au déplacement. Au contraire, l’intégralité de cette déclaration de trois paragraphes était destinée aux Israéliens retenus en otage par le Hamas, dont la captivité est utilisée par le régime de Netanyahou comme prétexte pour mener à bien son génocide.

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken s’est fait l’écho de ces déclarations en déclarant : « Les États-Unis n’auront de cesse que tous les otages restants, dont six Américains, ne soient réunis avec leurs proches ».

Dans sa déclaration marquant le 100e jour de l’attaque, l’Observatoire Euro-Med a indiqué qu’environ 100 000 habitants de Gaza ont été tués, portés disparus ou blessés depuis le 7 octobre.

Un Palestinien contemple la destruction après qu’Israël a bombardé un immeuble résidentiel à Deir al Balah, dans la bande de Gaza, dimanche 14 janvier 2024. [AP Photo/Adel Hana]

Il a noté que 31 497 Palestiniens de la bande de Gaza ont été tués à ce jour par les bombardements israéliens. Il a estimé que 28 961, soit 92 pour cent, étaient des civils « dont 12 345 enfants, 6 471 femmes, 295 membres du personnel de santé, 41 membres de la défense civile et 113 journalistes ».

Ces statistiques comprennent à la fois les personnes dont les corps ont été identifiés et plus de 7 000 personnes portées disparues depuis plus de 14 jours et présumées mortes. L’Observatoire a noté que « des centaines de corps qui ne peuvent être récupérés en raison de la violence israélienne permanente restent sur les routes… en particulier dans les zones où l’armée israélienne a mené des incursions terrestres ».

En outre, 1,955 millions de Palestiniens, soit environ 85 pour cent de la population totale de la bande de Gaza, ont été déplacés de leurs foyers.

Près de 70 000 logements ont été complètement détruits et 187 300 autres ont été endommagés. Parmi ces logements, on compte « 320 écoles, 1 671 installations industrielles, 183 établissements de santé, dont 23 hôpitaux, 59 cliniques et 92 ambulances, 239 mosquées, trois églises et 170 bureaux de presse ».

Résumant le niveau massif de destruction, Euro-Med a rapporté qu’«Israël vise délibérément les infrastructures civiles afin de causer le plus grand nombre de victimes, de pertes matérielles et de destructions générales possible en guise de représailles et de punition collective. Cela va à l’encontre du droit humanitaire international, de la Convention de Genève de 1949, et constitue des crimes de guerre selon le Statut de Rome, qui régit la Cour pénale internationale ».

Dans sa mise à jour sur l’état de l’offensive, les Nations unies ont écrit : « Cent jours après le début du conflit, d’intenses bombardements israéliens aériens, terrestres et maritimes se sont poursuivis sur une grande partie de la bande de Gaza le 14 janvier, faisant de nouvelles victimes civiles et entraînant de nouvelles destructions ».

Le commissaire général de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, a déclaré dimanche : « La crise à Gaza est une catastrophe provoquée par l’homme, aggravée par un langage déshumanisant et l’utilisation de la nourriture, de l’eau et du carburant comme instruments de guerre ».

Dans une déclaration à Al Jazeera, Lazzarini a poursuivi : « Chaque fois que vous allez dans une école, les enfants vous regardent dans les yeux et vous mendient une gorgée d’eau ou une miche de pain… Ces 100 jours semblent une éternité ».

(Article paru en anglais le 15 janvier 2024)

Source : WSWS
https://www.wsws.org/fr/…