Par Karine Bechet-Golovko

Les exercices militaires, conduits sous l’égide de l’OTAN sur des territoires tiers, en l’occurrence en Ukraine, sont l’occasion de tester des scénarios de conflits – aux frontières de la Russie, qui reste bien l’ennemi N°1, quoi qu’elle puisse faire. Sea Breeze 2021 s’annonçait très dense et il ne démentit pas les attentes. Comme l’a souligné Sergueï Riabkov, vice-ministre des Affaires étrangère, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne l’ont utilisé pour tester le système de défense de la Russie en mer Noire. Et la réponse a été reçue : ni l’OTAN, ni les Etats-Unis ne peuvent battre la Russie dans la mer Noire. Ce qui n’empêche pas de continuer le combat …

Dès le départ, les exercices Sea Breeze 2021 de l’OTAN en Ukraine, près de la ligne de conflit dans le Donbass, ont provoqué quelques inquiétudes. Du côté de DNR et LNR, on s’attendait sinon à une tentative d’invasion du Donbass, tout au moins à une déstabilisation de la région. 

Les actes furent à la hauteur des attentes. Ces exercices furent annoncés par les Etats-Unis comme étant d’une ampleur particulière :

“This year’s iteration has the largest number of participating nations in the exercise’s history with 32 countries from six continents providing 5,000 troops, 32 ships, 40 aircraft, and 18 special operations and dive teams scheduled to participate”

Il est vrai que la mer Noire est un carrefour stratégique et la position de force historiquement exercée par la Russie dérange. Avec le basculement de l’Ukraine en 2014, les Etats-Unis tentent d’en modifier les règles de présence et de circulation, même li le retour de la Crimée en Russie complique la tâche. Pour cela, différentes manoeuvres sont régulièrement menées et le degré de provocation augmente. Ces exercices prennent ici tout leur sens.

Dès le départ, des navires ont tenté de pêcher des informations aux abords de la Crimée. Le 17 juin, deux navires de guerre, l’un britannique le Defender et l’un hollandais le Evertsen ont vu leur système d’authentification automatique suspendu.

Mais la réaction russe fut manifestement trop délicate et ce même Defender, le 23 juin, a sciemment violé la frontière russe. Comme l’a déclaré le Président russe, la Russie était au courant de ce qui se passait. Tout d’abord, un avion furtif américain a quitté sa base de Crète et il a été repéré. La Russie a laissé faire, pour voir comment se déroulait le scénario. Mais quand le destroyer britannique Defender est entré de 3 km à l’intérieur des eaux territoriales russes en Crimée, les gardes-côtes ont réagi et tiré un coup préventif, pendant que le SU-24M a effectué un bombardement préventif suivant le cours suivi par le navire britannique. Le lieu de la violation n’est pas anodin, la Crimée – le but était donc bien d’affirmer, de manière assez grossière, que les pays de l’OTAN soutiennent l’Ukraine et ne reconnaissent pas ces eaux territoriales comme russes.

Finalement, Defender et Evertsen ont quitté les eaux de la mer Noire le 2 juillet – il est vrai que leur mission est accomplie, leur présence ne présente plus aucun intérêt.

Selon Sergueï Riabkov, vice-ministre des Affaires étrangères, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne cherchaient ainsi à obtenir des informations sur la détermination de la Russie à défendre par la force ses frontières, informations qu’ils ont obtenues :

« Washington et Londres étaient parfaitement conscients de la profondeur des conséquences et de la gravité de ce genre d’action, bien sûr ils comprenaient la nature de notre réaction et pourtant ils ont décidé de tester de cette manière notre détermination à répondre par la force si nécessaire et ont tenté de découvrir notre système de défense côtière. »

Le message semble être passé. Si l’on en croit un article publié dans le journal National Interest, l’idée selon laquelle la Russie ne peut être battue en mer Noire, ni par l’OTAN, ni par les Etats-Unis commence à faire son chemin. Toutefois, l’OTAN entend démontrer, avec ces exercices, qu’elle n’abandonne pas la mer Noire à la Russie, ce que le Washington Post publie :

NATO and allied military exercises are generally claimed to be defensive, designed to train the “interoperability” of different forces. But any large-scale military exercise close to an adversary’s borders sends a geopolitical message — in this case that NATO will not allow parts of the Black Sea to become a Russian “pond.” The exercise also offers support to Ukraine, which is engaged in a conflict with Russia-backed separatists in eastern Ukraine. “We are demonstrating to the world that the Black Sea is an international sea. It is open and available for the free transport of commerce, of shipping, for all nations, and it is not owned by any one nation,” Capt. Kyle Gantt said at a briefing Tuesday.  

Si ces exercices sont bien une démonstration de force,  ils marquent aussi la limite d’action possible des pays de l’OTAN : tant que la Russie est prête à réagir … ils ne peuvent dépasser le stade des démonstrations. Mais ils guettent le moindre moment, où la Russie baisserait la garde …

Source : Russie politics
http://russiepolitics.blogspot.com/…