Le secrétaire d’État américain Antony Blinken, à gauche, et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou s’adressent aux médias à l’intérieur de la Kirya, qui abrite le ministère israélien de la Défense, après leur réunion à Tel-Aviv, jeudi 12 octobre 2023. [AP Photo/Jacquelyn Martin]

Par le Comité de rédaction international du WSWS

Le comité de rédaction international du World Socialist Web Site condamne les crimes de guerre perpétrés par le régime israélien dans le cadre de sa campagne meurtrière à Gaza, menée avec le soutien total des États-Unis et de toutes les puissances impérialistes. Nous appelons les travailleurs et les jeunes du monde entier à se mobiliser pour exiger l’arrêt de ces crimes de guerre.

L’objectif de l’assaut israélien est de massacrer autant de Palestiniens que possible et de rendre Gaza dysfonctionnelle et inhabitable. Le régime de Netanyahou a l’intention de faire disparaitre Gaza de la surface de la terre, ce qui est confirmé par l’annonce, jeudi dernier, qu’Israël exige que les 1,1 million de personnes vivant dans le nord de la bande de Gaza soient évacuées dans les 24 heures. Il s’agit en fait d’une marche de la mort pour les habitants de Gaza.

Il s’agit d’un projet génocidaire. Gaza compte 2,2 millions d’habitants et présente l’une des plus fortes densités de population au monde. La moitié de la population, soit environ un million de personnes, a moins de 18 ans. Empêchés de partir par la fermeture des points de passage vers Israël et l’Égypte, ils font face à une famine systématique, à des bombardements constants et à la perspective d’une invasion imminente.

Depuis qu’elles ont lancé leur assaut sauvage sur Gaza samedi, les forces de défense israéliennes ont largué 6.000 bombes totalisant quelque 4.000 tonnes sur l’enclave. Selon les autorités sanitaires palestiniennes, 1.417 personnes ont été tuées, dont la moitié sont des femmes et des enfants, mais le bilan est sans doute beaucoup plus lourd. L’AP a publié une vidéo du camp de réfugiés de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, où 116.000 personnes sont entassées sur 1,4 kilomètre carré. L’AP a noté que le camp avait été «rasé» par les frappes aériennes israéliennes.

Le régime de Netanyahou a coupé toutes les sources d’approvisionnement en électricité, en eau et en carburant de Gaza, un acte de punition collective qui constitue en soi un crime de guerre. Le Comité international de la Croix-Rouge a prévenu jeudi que «les hôpitaux risquent de se transformer en morgues», car leurs générateurs alimentés en carburant sont à court et Israël refuse d’ouvrir des couloirs humanitaires pour évacuer les malades et les blessés graves. L’assistance respiratoire pour les bébés en couveuse et les patients âgés a été arrêtée.

Des remarques à glacer le sang émanant de l’ensemble de l’establishment politique israélien montrent clairement que ces actes horribles ne sont que le début de ce que l’on peut appeler l’Opération Meurtre de masse.

S’exprimant mercredi après la confirmation d’un gouvernement d’urgence avec le chef de l’opposition Benny Gantz, Netanyahou a déclaré que «tout membre du Hamas est un homme mort». Le groupe nationaliste militant qui a mené l’assaut de samedi contre Israël a obtenu le soutien de plus de 400.000 habitants de Gaza lors des élections de 2006, ce qui souligne le fait que Netanyahou devrait ordonner le massacre de centaines de milliers de personnes pour mettre sa menace à exécution. Gantz n’a pas été moins sanguinaire, déclarant qu’il était «temps de faire la guerre» et qu’Israël avait l’intention «de faire disparaitre le Hamas de la surface de la Terre».

Ces déclarations font écho à celles du régime nazi en Allemagne, dont les dirigeants ont été pendus à Nuremberg. Lorsque les Juifs du ghetto de Varsovie se sont soulevés au début de 1943 contre l’occupation nazie, suivis un an plus tard par la résistance polonaise, le régime hitlérien a rasé la ville d’une manière comparable à la destruction de Gaza qui n’en est qu’à ses débuts.

Le gouvernement Biden et les médias, justifiant le massacre, tentent de présenter l’attaque du Hamas contre les civils israéliens comme un affront inexplicable, n’exprimant rien d’autre que le «mal à l’état pur». Mais le fait est que la rébellion a été provoquée par des décennies d’oppression implacable du gouvernement israélien à l’encontre des Palestiniens.

Il y a tout juste deux mois, près de trois mille intellectuels publics, essentiellement juifs, du monde entier ont signé une lettre intitulée «Elephant in the Room» (Ce dont on n’ose pas parler), qui décrivait les conditions qui ont précédé l’attaque du Hamas. Ils évoquent «le lien direct entre la récente attaque d’Israël contre le système judiciaire et son occupation illégale dans le territoire palestinien occupé. Le peuple palestinien est privé de presque tous les droits fondamentaux, y compris le droit de vote et le droit de manifester. Les Palestiniens sont confrontés à une violence constante: rien que cette année, les forces israéliennes ont tué plus de 190 Palestiniens en Cisjordanie et à Gaza et elles ont démoli plus de 590 structures. Les groupes de colons justiciers brûlent, pillent et tuent en toute impunité».

La lettre poursuit: «Il ne peut y avoir de démocratie pour les Juifs en Israël tant que les Palestiniens vivront sous un régime d’apartheid, comme l’ont décrit les experts juridiques israéliens. En effet, le but ultime de la révision judiciaire est de renforcer les restrictions sur Gaza, de priver les Palestiniens de l’égalité des droits tant au-delà de la ligne verte qu’à l’intérieur de celle-ci, d’annexer davantage de terres et de nettoyer ethniquement de leur population palestinienne tous les territoires sous domination israélienne».

Tous ces éléments sont aujourd’hui délibérément occultés. Un discours totalement faux et mensonger est concocté, selon lequel Israël est victime d’attaques de type nazi de la part des Palestiniens, qui sont en fait opprimés et soumis à des bombardements et à des massacres répétés depuis des décennies. Le gouvernement israélien et ses partisans cherchent à exploiter l’Holocauste pour justifier leurs propres crimes génocidaires.

Le massacre israélien bénéficie du soutien et des encouragements des puissances impérialistes d’Europe et des États-Unis. Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a rencontré Netanyahou jeudi, alors que l’invasion est en cours de préparation, pour déclarer son soutien total à Israël. Interrogé dans une interview accordée à NBC News sur l’existence de «lignes rouges» qu’Israël pourrait transgresser, Blinken a répondu qu’il n’allait «pas entrer dans les détails opérationnels, et encore une fois, nous sommes déterminés à les soutenir».

En d’autres termes, Israël dispose d’un chèque en blanc pour tout ce que le pays entreprendra. Lors d’une conférence de presse conjointe avec Netanyahou à Jérusalem, Blinken a déclaré: «Je me présente devant vous non seulement en tant que secrétaire d’État américain, mais aussi en tant que Juif». L’association explicite par Blinken de sa religion personnelle à son rôle officiel de représentant du gouvernement américain révèle son indifférence et son ignorance de la séparation constitutionnelle de l’Église et de l’État. Sa déclaration alimente la propagande antisémite, car elle associe faussement tous les Juifs aux crimes du régime de Netanyahou.

S’il avait été honnête, Blinken aurait dit: «Je viens en Israël non seulement en tant que secrétaire d’État américain, mais aussi en tant que complice de la destruction de Gaza et du massacre des Palestiniens».

Le voyage de Blinken fait suite au discours prononcé mardi par le président américain Joe Biden, qui a qualifié le soulèvement palestinien de «mal pur et simple». S’exprimant jeudi en marge du sommet des ministres de la Défense de l’OTAN à Bruxelles, le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, a confirmé qu’aucune condition ne serait imposée à l’utilisation des armes fournies à Israël par les États-Unis.

Alors que les puissances impérialistes mènent de plus en plus ouvertement une guerre contre le monde, même les vestiges de la démocratie bourgeoise sont éliminés. Les manifestations de soutien aux Palestiniens ont été interdites cette semaine en Europe et en Amérique du Nord, les participants étant diabolisés par les autorités qui les présentent comme des partisans du «terrorisme».

Sur les campus, les sionistes de droite tentent de créer une atmosphère de terreur et de menaces. Les groupes d’étudiants et les personnes qui ont dénoncé les crimes israéliens ont vu leurs noms et leurs informations personnelles divulgués et rendus publics. Lors d’un rassemblement au Brooklyn College jeudi, un membre du conseil municipal de New York, Inna Vernikov, s’est présenté en brandissant une arme à feu pour intimider les étudiants.

À ceux qui accusent les opposants aux crimes israéliens d’être antisémites, nous répondons que le gouvernement israélien est composé d’une meute de fascistes. Il s’agit notamment du ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, qui a ordonné à son ministère d’acheter 10.000 fusils d’assaut pour armer les milices de colons d’extrême droite. Ben-Gvir avait déjà été condamné pour incitation au racisme pour avoir scandé «Mort aux Arabes» et pour avoir soutenu un groupe terroriste.

Quant aux États-Unis et aux puissances européennes, ils sont alignés sur les fascistes en Ukraine, comme en témoigne l’ovation accordée le mois dernier par le Parlement canadien, ainsi que par des représentants de tous les pays du G7, à Yaroslav Hunka, un vétéran de la Waffen-SS ukrainienne, responsable du massacre de Juifs sous la direction de l’Allemagne nazie.

L’assaut israélien sur Gaza doit être considéré dans le contexte de l’escalade de la guerre des États-Unis et de l’OTAN contre la Russie, la phase initiale de la guerre mondiale. La redivision impérialiste du monde prendra la forme non seulement de conflits entre pays, mais aussi d’une guerre de plus en plus directe et violente contre les masses populaires. Les élites dirigeantes de tous les pays capitalistes font face en outre à une série de crises économiques, sociales et politiques qui s’entrecroisent et qu’elles cherchent à détourner par une explosion de violence militaire.

La classe dirigeante croit que les médias présentent l’opinion publique, mais le soutien aux Palestiniens est largement répandu dans la population à travers le monde, et les grèves et les protestations des travailleurs se multiplient dans tous les pays. En Israël, le régime de Netanyahou s’est heurté à une opposition soutenue de la classe ouvrière au cours de l’année écoulée, face à sa tentative d’éradiquer les droits démocratiques et d’instaurer un régime autoritaire.

La classe ouvrière doit intervenir pour arrêter le massacre en exigeant l’arrêt immédiat des livraisons d’armes à Israël. Des protestations et des manifestations de masse doivent être organisées dans chaque ville et sur chaque campus pour exiger la fin de l’assaut meurtrier.

Ces revendications sont inséparables de la lutte plus large pour mettre fin aux conditions intolérables auxquelles font face les Palestiniens et à toutes les formes d’oppression dans le monde, ce qui nécessite le développement d’un mouvement de masse de la classe ouvrière internationale pour le socialisme.

(Article paru en anglais le 13 octobre 2023)

Source : WSWS
https://www.wsws.org/fr/articles/…