Le président Abdelmadjid Tebboune. D. R.

Par Mohsen Abdelmoumen

Le président Abdelmadjid Tebboune a été élu en décembre 2019 dans des conditions très difficiles que nous connaissons bien, en plein soulèvement populaire avec le Hirak et avec un pays déstabilisé au bord de l’effondrement. Les conditions de son élection étaient tout sauf ordinaires. Certaines forces ne voulaient pas de lui et ont voulu saboter son élection en espérant placer à la tête de l’Etat algérien un autre candidat, l’ancien ministre Azzedine Mihoubi, fidèle serviteur des Emirats arabes unis. La situation était rendue particulièrement explosive par l’alliance objective de l’oligarchie compradore liée aux intérêts étrangers et une opposition irresponsable composée d’aventuriers sans parcours politique ni culture d’Etat. Cette opposition de pacotille, alliance des forces antinationales liée aux intérêts étrangers et à leurs officines réclamait une période de transition qui, dans le contexte actuel, aurait immanquablement conduit l’Algérie à l’effondrement. Toutes ces forces participaient à la régression, voire à l’anéantissement de la patrie. Nous nous souvenons de ces images aujourd’hui balayées, celles de l’enterrement de celui qui avait négocié les Accords d’Evian, le regretté Redha Malek, où Abdelmadjid Tebboune, alors Premier ministre, était dénigré par les forces extraconstitutionnelles constituées des gangsters en col blanc qui avaient fait main basse sur l’Algérie et qui sont aujourd’hui en prison. De cette séquence où les vautours ricanaient en plein deuil, nous sommes passés par le Covid qui a atteint le président fraîchement élu, et aujourd’hui, le président Tebboune a rendu à l’Algérie sa place dans le concert des nations en axant sa présidence sur la préservation de l’Etat national, sur sa stabilité et sur sa souveraineté.

La présidence de Tebboune est marquée par une volonté politique de rupture avec le règne calamiteux du clan Bouteflika. On remarque que le président a initié bien des nouveautés, dont les rencontres avec la presse, le discours annuel à la nation, l’octroi des allocations de chômage, la réduction de la facture de l’importation et le désir d’une dynamique de production destinée à l’exportation. En effet, il n’est pas normal que notre économie dépende uniquement des hydrocarbures, et le président Tebboune demande que des efforts soient faits pour produire et exporter parce qu’un pays qui ne produit pas, notamment sa nourriture, n’est pas maître de son destin. Il faut pour cela renforcer le secteur public et exiger du secteur privé qu’il soit producteur de richesses en vue d’exportation pour sortir de la dépendance totale des hydrocarbures et qui s’inscrive dans l’effort national de développement. Par contre, le privé qui pratique la surfacturation, l’évasion fiscale et l’informel doit être combattu sans pitié, car ces gens participent à la destruction du pays. Un deuxième mandat du président Tebboune serait donc une manière de concrétiser le canevas de ce qu’il a ébauché, et qui se base sur le caractère social de l’Etat algérien auquel il tient beaucoup et qui est l’émanation de l’appel du 1er Novembre. On voit par ailleurs le même schéma se produire dans la plupart des pays, puisque Al Sissi vient d’être réélu, que Xi Jinping a été réélu lui aussi, que Vladimir Poutine se représente pour un autre mandat, ainsi que Joe Biden malgré le fait que celui-ci soit dans un état qui ne lui permet pas de se diriger lui-même. Le contexte géopolitique mondial actuel exige une stabilité à la tête des Etats et n’autorise pas l’aventurisme.

En effet, le monde vit un équilibre très fragile illustré par la guerre en Ukraine et le génocide commis à Gaza par l’entité sioniste criminelle d’Israël qui agit en toute impunité avec les conséquences que l’on voit actuellement en Mer Rouge, et ces conflits sanglants risquent à tout moment d’embraser la planète en allant vers une guerre totale. Rappelons que le président Tebboune s’inscrit dans la tradition qui veut que l’Algérie soit toujours du côté des peuples opprimés et que sous sa présidence, l’Etat algérien a demandé à ce que les dirigeants israéliens criminels soient traduits devant la justice. De nombreux avocats ont esté l’entité sioniste d’Israël au Tribunal pénal international pour crimes contre l’humanité. Rappelons aussi la position inébranlable de l’Algérie dans son soutien au peuple palestinien puisqu’elle a réuni les différentes factions de la résistance palestinienne à Alger bien avant le 7 octobre 2023. De même, l’Algérie soutient le Front Polisario et la résistance sahraouie contre l’occupation infâme du Maroc.

Sur le plan international, soulignons le fait que le président Tebboune a été reçu avec honneur par le président Poutine en juin dernier, lors de sa visite d’Etat en Russie où il était invité au Forum économique de Saint-Pétersbourg, et par le président Xi Jinping en juillet pour une autre visite d’Etat en République populaire de Chine. Ces deux géants du monde multipolaire ont accueilli l’Algérie comme un partenaire et un allié stratégique et si, par ailleurs, certains ont critiqué le fait que l’Algérie n’avait pas rejoint les BRICS comme espéré, nous leur répondons que l’on a vu des pays endettés et recevant l’aide du FMI rejoindre ces BRICS alors que l’Algérie n’a aucune dette et détenait 85 milliards de dollars de réserves de change fin août 2023 par rapport aux 60.9 milliards fin décembre 2022. Le président Tebboune a du reste déclaré que le dossier des BRICS était clos. Et c’est tant mieux, car que pourrait faire l’Algérie dans une organisation hétéroclite sans ligne politique claire où figurent des Etats antagonistes comme la Chine et l’Inde et les Emirats arabes unis qui ne cherchent qu’à nous déstabiliser ou encore l’Argentine désormais livrée à un partisan enragé de l’entité sioniste d’Israël ? L’Algérie doit se consacrer aux relations bilatérales basées sur un partenariat « gagnant-gagnant ». Les intérêts de l’Algérie avant tout.

Concernant la souveraineté nationale, un pays sans armée n’est rien, à plus forte raison quand ce pays, comme l’Algérie, présente une superficie de 2,382 millions km² aux richesses innombrables dans un environnement hostile, avec un Maroc agressif aux velléités expansionnistes et larbin de l’entité sioniste d’Israël, avec une Tunisie faible que nous portons à bout de bras, une Libye instable partagée par des bandes rivales et un Sahel parcouru par les groupes terroristes, et à présent un Mali qui joue les fiers-à-bras actionné par les Emirats, l’entité sioniste, la France et leur vassal marocain. Cette configuration fait de l’Algérie une cible permanente, et le président Tebboune l’a bien compris. L’armée algérienne est la colonne vertébrale du pays et les services de renseignement algériens restent très efficaces bien que ces derniers aient subi des attaques violentes à la fois de la part des cercles antinationaux, du néocolonialisme français et de l’impérialisme US, n’en déplaise aux salonnards de tous bords, partisans acharnés de la « démocratie », des « droits de l’homme » et de la « liberté d’expression » qui n’existent que dans les contes pour les naïfs ou les hypocrites cyniques. Gaza a tordu le cou une bonne fois pour toutes à ces fadaises.

Il est aussi à noter que si l’armée est bien présente et fait son travail de protection, le fait politique en Algérie n’a pas réussi à sortir des oubliettes et est totalement absent de la vie publique. Il est nécessaire de soutenir notre armée qui défend seule notre souveraineté nationale en poussant vers une refondation politique. Effectivement, un renouveau politique s’impose avec des partis cohérents et représentatifs organisés sous forme de familles politiques dotées de véritables projets, en même temps qu’une nouvelle dynamique au niveau des associations. Le peuple algérien doit s’organiser et participer à la vie politique de son pays en perdant cette mentalité de locataire démissionnaire. Seront bien sûr exclus tous ceux qui ont trahi leur pays et qui ont servi des agendas étrangers, en les frappant d’indignité nationale et d’inéligibilité. Il serait impératif aussi de les déchoir de la nationalité algérienne, puisqu’ils ont fait le choix de servir d’autres intérêts que ceux de l’Algérie.

Sans l’appui d’un peuple, aucun homme politique, si capable soit-il, ne réussira. L’une des missions stratégiques du président consiste à renforcer l’Etat national, de neutraliser les forces antinationales compradores liées à des intérêts étrangers qui n’ont pas encore été repérées et qui continuent à faire du travail de sape. Quant au peuple, il doit construire avec ses propres mains le pays dans lequel il veut vivre. Staline disait : « on ne peut pas se permettre d’être arriérés sinon les charognards nous dévorerons ». Le président Boumédiène l’avait bien compris puisqu’il a industrialisé le pays, lui qui avait dit qu’il voulait « un Etat qui ne disparaît pas avec la disparition des hommes ». Le président Tebboune est sur ses traces, comme on le voit avec la mine de Gara Djebilet inaugurée récemment. C’est un exemple qui nous donne l’espoir de voir d’autres réalisations de ce type dans l’optique de l’industrialisation du pays. Notre économie pourrait d’ailleurs s’inspirer de l’industrialisation militaire qui obtient d’excellents résultats et qui est un modèle à suivre. Il est essentiel également de restaurer ce que la mafia oligarchique a détruit. Pour ce faire, il est impératif que l’entourage du président soit constitué de conseillers compétents qui maîtrisent les dossiers et qui suivent ce qu’il se passe dans le monde, et ce ne sont pas les compétences qui manquent en Algérie.

Donner de l’espoir est peut-être l’un des éléments essentiels sur lequel devrait reposer le second mandat du président Tebboune, surtout à la jeunesse algérienne. Un pays que la jeunesse fuit est un pays destiné à disparaître. Il faut donc convaincre la jeunesse à rester en lui donnant l’espoir d’une vie meilleure. Un autre sujet important concerne les Algériens de l’étranger dont l’expérience acquise ailleurs pourrait être très bénéfique, et surtout éviter de les voir comme des citoyens de seconde zone. Au contraire, une telle immigration pourrait être une mine d’or sur le plan du soft power et du lobbying en Europe ou aux Etats-Unis, etc. en plus de la valeur ajoutée qu’ils apporteraient dans le développement national. Nous sommes tous d’accord pour servir notre pays et l’Algérie a tout à gagner d’avoir une telle immigration. Cette vision pourrait constituer un atout inestimable car un lobby algérien serait incontestablement une plus-value. Il est évident que les lois contraignantes à l’égard de notre immigration sont une erreur politique. Rappelons d’où vient le Mouvement national algérien qui est né en France dans le monde ouvrier et la CGT, souvenons-nous de la rencontre d’Abdelkader Hadj Ali et de Ho Chi Minh, de l’Etoile nord-africaine et du PPA-MTLD… toute cette épopée commencée dans le mouvement ouvrier à l’extérieur.

Le soutien critique au président est plus que vital dans ces moments marqués par l’instabilité régionale. Le fait que le président Tebboune défende le secteur public et le caractère social de l’Etat algérien consacré par l’Appel du 1er Novembre est un atout majeur, et même s’il y a des manquements, l’erreur est humaine et rien n’est parfait sur cette Terre. Mais en Algérie, nous sommes loin de la corruption endémique en Occident, notamment dans les pays européens dont les élites politiques n’arrêtent pas de nous parler de démocratie, droits de l’homme, etc. alors qu’elles dilapident l’argent public et se laissent corrompre par des services étrangers, comme on l’a vu dans le scandale du Marocgate.

L’Algérie doit être gouvernée par le courant nationaliste et patriotique, conformément au sacrifice des Martyrs. Elle ne peut pas se permettre une aventure néolibérale qui menacera ses fondements. Le modèle néolibéral a échoué partout dans le monde et nous mettons nos détracteurs au défi de nous montrer dans quel pays il a réussi. Nous devons aussi sanctuariser notre Etat, notre armée et nos services de renseignement. Le mouvement islamiste que sont les Frères musulmans ou autres appellations qui continuent leurs attaques contre l’Etat algérien et contre l’armée, véritable colonne vertébrale de cet Etat national qui, historiquement, provient d’une armée qui a donné naissance à notre Etat, et contre les services de renseignement, doit être empêché de nuire. On ne peut pas laisser des apprentis sorciers jouer avec la stabilité d’un pays tel que le nôtre. Si l’on déstabilise l’Algérie, plus grand pays d’Afrique, l’impact sera mondial, il faut que les forces occultes qui complotent contre l’Algérie le comprennent une fois pour toutes, car elles seront elles-mêmes touchées. Personne n’échappera à la catastrophe. Pour éviter cela, il faut militer pour la stabilité. En effet, l’Algérie d’aujourd’hui n’est pas celle de la décennie rouge et noire où les hordes intégristes sanguinaires massacraient à tout va ou celle des vingt dernières années où elle était livrée au pillage de l’oligarchie rapace. Nous revenons de très loin. L’Algérie de l’actuel président se veut nationaliste et patriotique, donc elle mérite d’être soutenue et nous sommes tous concernés par ces enjeux.

Au niveau médiatique qui est stratégique, l’information étant devenue le nouveau pouvoir, il faut confier les médias à des professionnels compétents. Il nous faut des gens qui s’inscrivent dans les standards internationaux et qui sont au courant de ce qu’il se passe dans le monde dans ce domaine. C’est un secteur névralgique qui demande une attention particulière. Il faut faire entendre la voix de l’Algérie et faire connaître ses positions justes et honorables à travers le monde, mais sans relais médiatiques, on n’arrivera à rien. Un bond qualitatif s’impose donc dans ce secteur. Il nous faut un bouclier médiatique pour transmettre les réalisations dans le terrain. 

L’Algérie doit être restaurée et il est important de préparer la relève politique qui sera là pour diriger le pays plus tard. Il faut impliquer les jeunes générations dans le processus politique. Ce n’est pas normal que l’on ne fasse pas de politique en Algérie. Bien qu’elle soit incontournable, il faut qu’un courant nationaliste émerge et soulage l’armée du lourd fardeau qui pèse sur elle du fait de notre histoire qui a placé l’armée au centre du pouvoir. Pour éviter l’effondrement, il faut obligatoirement fermer la porte au courant néolibéral qui ne ramène que la ruine et aux cercles obscurantistes islamistes qui sont dans l’agitation permanente, qui ciblent les secteurs sensibles et qui sont missionnés pour s’attaquer à notre armée qui, je le répète, est la colonne vertébrale de notre pays. On n’oubliera jamais le sacrifice des martyrs du devoir qui ont donné leur vie pour sauver la République contre le projet de démantèlement concocté dans les cercles occultes au-delà des mers et dont les fondamentalistes islamistes étaient les exécutants.

Les patriotes sont appelés à participer à l’effort national. Nous sommes tous concernés par la consolidation de l’Etat national. Les élections qui arrivent favorisent le débat politique où chacun peut s’exprimer et avancer ses idées.  Personne n’ira en prison pour avoir exprimé ses idées, mais bien pour être un traître à la nation. Ceux qui ont trahi leur pays en se vendant au Quai d’Orsay ou au Makhzen, etc. ou encore au MAK ou à Rachad et autres organisations appartenant à la 5e colonne, échoueront en prison. Il n’y a pas de débat avec les traîtres, la trahison n’étant pas une opinion.

Au début de son mandat, le président a organisé une réunion avec les ambassadeurs en demandant une obligation de résultats. Il faut persévérer dans cette exigence et la généraliser dans tous les secteurs. C’est une excellente initiative. Celui qui veut servir le pays est le bienvenu, celui qui ne sert que ses intérêts doit rentrer chez lui et céder sa place. Il y a beaucoup de chantiers importants auxquels il faut donner des impulsions, comme l’école, l’éducation, la culture, le patrimoine, la santé, le tourisme. Ce sont des chantiers énormes qui demandent beaucoup de travail mais impossible n’est pas algérien.

Dans le domaine économique, le président Tebboune fait de gros efforts pour instaurer la numérisation afin de combattre l’informel qui voit chaque année des milliards échapper au circuit bancaire, et l’on remarque une résistance de la part des résidus de la ‘Issaba’ pour saboter le travail du président. Il serait peut-être judicieux de changer de monnaie pour abattre définitivement ces magnats de l’informel. Ce serait une excellente façon de leur couper l’herbe sous le pied.

Plus concrètement, voici nos propositions pour renforcer notre souveraineté, notamment économique, avec des suggestions concernant les nouvelles actions à entreprendre

1 – Compléter les orientations du Président de la République sur la nécessaire transformation de l’ensemble des matières premières et conserver la valeur ajoutée et la création d’emplois en Algérie, il faudrait fixer un délai de 10 ans pour arrêter l’exportation de toutes les matières premières brutes, y compris le gaz et le pétrole et investir dans des projets de transformation (pétrochimie notamment) en exigeant que des plans stratégiques soient mis en place par les secteurs et les grandes entreprises publiques concernés. 

Pour accélérer le développement de la pétrochimie, nous proposons qu’une filiale dédiée è la pétrochimie puisse être créée, à l’image de Sabic en Arabie Saoudite, maintenue indépendante d’Aramco durant une cinquantaine d’années et devenue le leader mondial de la pétrochimie.

2 – En complément des augmentations nécessaires des salaires de 50% sur 5 ans, il faudrait créer un fonds de pension public ouvert à tous les Algériens adultes qui permettra d’augmenter les revenus des salariés algériens et d’améliorer le partage de la valeur-ajoutée en Algérie. Ce fonds serait alimenté principalement par les employeurs et les employés, comme un nouveau mécanisme de la sécurité sociale, et complémentaire au système de retraite par répartition qui continuerait à fonctionner selon les modalités actuelles. 

Ce fonds aurait plusieurs finalités : en premier lieu, sécuriser les retraites des Algériens et augmenter leurs revenus (et l’équilibre social de long terme). En second lieu, permettre à l’Etat algérien de se financer par le biais d’obligations d’Etat de maturités diverses et créer un véritable marché de la dette publique. En troisième lieu, assurer la capitalisation et le financement de long terme des grandes entreprises nationales stratégiques dont le peuple algérien deviendrait également, de ce fait, directement et collectivement actionnaire (voir la proposition sur le capital des banques publiques ci-dessous)

Un tel fonds serait ouvert à tous les citoyens algériens, y compris la communauté algérienne à l’étranger qui ne pourrait être que séduite par une telle formule de retraite et d’investissement de long terme. Ce type de fonds existe dans de très nombreux pays dans le monde comme l’Inde, la Malaisie, le Canada, la Suède, la Russie, la Pologne, la Corée, etc.

3 – Mener une dévaluation du dinar pour aligner les taux de change officiels du dinar sur les taux parallèles sur 5 ans :

La politique actuelle d’un dinar officiel surévalué par rapport au cours sur le marché parallèle donne une double prime aux importations au détriment de la production nationale et de la création de valeur ajoutée et de richesses réelles de long terme en Algérie. Tout d’abord, la différence entre le taux officiel et le taux parallèle est un moyen de détourner des capitaux à l’étranger via les surfacturations, qu’il est totalement illusoire de faire disparaitre par des contrôles administratifs et quantitatifs comme à l’heure actuelle. Par ailleurs, il agit comme une désincitation à l’intégration de la valeur-ajoutée en Algérie en favorisant l’importation « subventionnée » des intrants étrangers.

Cette aberration économique perdure car elle a les mêmes soutiens que les partisans du Franc CFA, aligne sur l’euro et notoirement surévalué par rapport aux taux de change requis par le bon fonctionnement des économies d’Afrique de l’Ouest : une classe de hauts fonctionnaires, en cheville avec une fraction du patronat ayant un accès privilégié à la devise subventionnée dans les banques. Ce que Helmut Elsenhans, le grand économiste allemand ami de l’Algérie, qualifie de « classe-Etat ».

Pour mener cette dévaluation du dinar dans les meilleures conditions, il faut d’une part, ouvrir le plus rapidement possible les bureaux de change dont le décret a été créé mais aussi augmenter les dotations de devises légales pour les particuliers au niveau des banques (allocations devises pour les voyages à l’étranger des citoyens, allocations des étudiants, allocations voyages des hommes d’affaires, allocations médicales, etc.) dont la compression artificielle aujourd’hui dans le circuit bancaire provoque des pénuries  et gonfle le taux de change parallèle de manière artificielle. En parallèle, il faut laisser la banque centrale augmenter la contrepartie officielle en dinars pour les devises étrangères par paliers progressifs pour le rapprocher du taux de change parallèle (contrepartie qui diminuera de son côté avec le mécanisme cite plus haut), jusqu’à ne laisser qu’un écart infime entre le taux officiel et le taux parallèle. C’est ce que le gouverneur Lakcaci avait commencé à faire en 2015 avant d’etre brutalement attaqué par l’inénarrable Saïdani au nom de la « défense des intérêts du peuple algérien ». Comme nous sommes sortis de cette époque, nous espérons que le Président fera sauter l’un des derniers verrous de la ‘Issaba’ bientôt.

4 – Il faut accélérer et reprendre d’urgence la réalisation du programme des 70-80 marches de gros de proximité par Magros dont on n’entend plus parler alors que la proportion de biens alimentaires, notamment 70% des fruits et légumes ne passent pas par les marches de gros officiels.

5 – Il faut lancer un programme d’ensemencement des nuages (cloud seeding) à l’image de ce qui se fait dans les pays du Golfe qui font face à une sècheresse endémique et qui ont été pionniers dans ce domaine (comme ils ont été logiquement pionniers dans le dessalement d’eau de mer que nous avons également fini par adopter comme seul moyen de contrer la sécheresse sur notre territoire). Il s’agit, via des moyens relativement faibles (quelques biplans s’approchant des nuages et projetant des matières iodées) de gagner 200-300 millimètres de pluie supplémentaires par an là où passent les nuages, c’est-à-dire le Tell et une bonne partie des Hauts-plateaux. Ce programme requiert une collaboration scientifique avec des universités spécialisées mais ne présente aucun obstacle technique majeur, hors de portée de l’Algérie.

Les programmes gouvernementaux à arrêter :

1 – Il faudrait mettre fin aux projets de production d’hydrogène vert avec les Européens qui sont contraires à l’intérêt de l’Algérie. 

Il s’agit d’un des nombreux projets dans le nouveau plan, appelé quelquefois le Consensus de Wall Street, consistant à pousser les pays du Sud à effectuer ou financer des investissements massifs au nom de l’économie verte que les pays du Nord ne veulent pas effectuer car très lourds, polluants, à faible valeur ajoutée et avec des technologies encore peu maitrisées. Les pays du Sud qui suivront cette voie s’endetteront excessivement à des conditions draconiennes dans des projets de développement qu’ils ne pourront rembourser ce qui les remettra dans un nouveau cycle de dépendance vis-à-vis du FMI et de ses plans d’ajustement, comme dans les années 80-90. Le Maroc est tombe dans ce piège avec l’hydrogène vert, évitons-le. 

D’ailleurs, comment se fait-il que l’Allemagne nous propose un tel jeu de dupes, aux finalités similaires au scandaleux plan Desertec, au lieu de mettre en place un partenariat gagnant-gagnant avec l’Algérie en délocalisant une partie de son industrie pétrochimique chez nous pour regagner la compétitivité perdue avec la destruction des gazoducs de Nord Stream ? On a bien vu que la Russie ou la Chine collaborent avec l’Arabie Saoudite, l’Iran ou l’Inde sur de tels projets. Pourquoi un tel partenariat gagnant-gagnant, que l’Algérie réclame depuis 1962 aux grandes puissances européennes, ne se met-il jamais en place pour ne se voir proposer qu’une suite interminable de jeux de dupes ?

2 – Il ne faudrait pas lancer les Partenariats Publics Privés (PPPs) pour le financement des infrastructures publiques. 

Depuis leur lancement dans les années 90 au Royaume-Uni, les PPPs, présentés alors comme une recette miracle, se sont révélés être des instruments de dette sous une nouvelle forme, souvent plus dangereuse que les emprunts classiques. En effet, ils encouragent le surendettement du fait de leur caractère faussement indolore (puisqu’ils reposent sur un contrat d’engagement à rembourser des sommes cumulées plus élevées et sur des durées plus longues que le financement en propre classique). 

Nous en avons un exemple avec les PPPs qui ont servi à financer les premières stations de dessalement d’eau de mer, notamment la première à Alger avec General Electric. Ils se sont avérés des gouffres financiers, sans aucune intégration de valeur-ajoutée en Algérie ni baisse de coûts des intrants ou du coût du service, figé dans un contrat de 20 ou 30 ans, avec obligation d’acheter les volumes d’eau contractualises pour Sonatrach, même si ces achats excédaient le besoin effectif de consommation. 

A l’inverse, la reprise en main de ces stations par les entreprises algériennes a permis d’augmenter l’intégration avec des matériaux fabriques en Algérie, de calibrer la production à la consommation effective et de faire baisser le cout de production progressivement. 

Nous proposons de maintenir la doctrine actuelle qui limite les PPPs aux grands projets producteurs de valeur ajoutée économique et bénéficiant de financements privilégiés des banques de développement des BRICs uniquement (typiquement le projet du port de Cherchell), pour ne pas faire repartir un nouveau cycle de dette extérieure que nous risquons de regretter amèrement.

3 – Il faudrait arrêter complètement les projets d’agriculture industrielle saharienne tels qu’ils ont lieu actuellement :

Les surfaces allouées, notamment les exploitations de 1000 hectares et plus, dépassent les capacités de la plupart des exploitants, souvent novices dans l’agriculture. Par ailleurs, l’agriculture industrielle est une impasse, notamment dans des régions à l’écosystème aussi fragile que notre désert. 

Tout d’abord, il y a une contradiction irrémédiable entre l’agriculture qui concerne la vie, c’est-à-dire la diversité extrême dans les sols, les micro-conditions climatiques de chaque exploitation, changeant quotidiennement, la qualité des plantes, les attaques d’insectes et parasites, etc… Tous ces facteurs ne peuvent être traités que par une attention quotidienne, ultra localisée qui rapproche l’agriculture du travail artisanal. Une approche industrielle, fondée sur des processus et la standardisation, est vouée irrémédiablement à l’échec à moyen ou long terme, avec un épuisement des sols, une disparition du goût et une fragilisation de l’ensemble de l’écosystème voire sa destruction sur des décennies.

Par ailleurs, notre désert est l’un des écosystèmes les plus fragiles pour l’agriculture au monde, avec des sols extrêmement minces, des vents de sable violents, une eau nécessitant des traitements spécifiques, des parasites qu’il reste encore à étudier minutieusement. Il est le pire endroit au monde où pratiquer l’agriculture industrielle dont l’approche par la recherche d’un retour sur investissement rapide conduit à l’échec et même à un résultat désastreux, consistant à épuiser et à détruire la mince couche de sol existante pour des rendements décroissant rapidement.

A l’inverse, l’Algérie doit relancer la création de nouvelles oasis où sera pratiquée une agriculture vivrière en étages durables (palmiers, arbres fruitiers, culture au sol sous les arbres) par de vraies communautés fabriquant un véritable tissu social et fidèle à l’idée de l’appartenance de la terre aux paysans qui l’aiment et la travaillent et non à des sociétés avec des salariés. 

C’est un chemin plus long et difficile, mais infiniment plus rentable à long terme et conforme à notre histoire et nos valeurs, plutôt que de créer une nouvelle « Issaba » qui va détruire notre désert avec des subventions publiques en une décennie, avant de passer à une nouvelle mode de gain d’argent facile.

4 – Il faudrait arrêter l’ouverture du capital des banques publiques en direction des grandes fortunes au profit de l’entrée à leur capital du fonds de pension national et une véritable restructuration des banques.

L’ouverture du capital des banques publiques à hauteur de 30% en direction des grandes fortunes ne va rien apporter au système bancaire. Au contraire, elle peut présenter des dangers. L’histoire économique moderne montre que le secteur bancaire est un domaine de souveraineté de l’Etat, ce qui plaide pour le maintien des seules banques publiques et nationales dans le secteur. Les perturbations du secteur bancaire peuvent entrainer non seulement l’effondrement des économies mais quelquefois de l’Etat lui-même. Par ailleurs, à l’exception des pays du Golfe au tissu économique très spécifique, il n’y a pas de pays où une banque est détenue par un particulier. En Algérie même, sans les revenus du pétrole, les affaires Khalifa Bank et Union Bank qui auraient pu emporter le pays, nous ont montré les dangers de la gestion d’une banque par un particulier. Il serait préférable d’ouvrir le capital des banques publiques au futur fonds de pension public évoqué plus haut, afin d’en assurer la propriété indirecte collective du peuple souverain et une meilleure gouvernance.

5 – Il faudrait arrêter la subvention généralisée du sucre, diminuer les seuils maximums dans l’alimentation et mettre en place des subventions quantitatives ciblées pour les seuls particuliers.

La subvention du sucre, conçue pour les particuliers, bénéficie également aux entreprises de l’agro-alimentaire. Cette situation a conduit à la saturation des aliments transformés en sucre à des taux excessivement élevés (boissons gazeuses, mais aussi biscuits, confitures, yaourts, pâtisseries, pates, etc.), sans que les autorités publiques n’arrivent à fixer de normes pour les taux de sucre conformes à la bonne sante publique. En conséquence, le diabète de type B et l’obésité touchaient 10 millions d’Algériens en 2022, notamment les enfants et les mères au foyer. Les coûts pour la sante publique, mais aussi ces coûts directs et indirects économiques et sociaux sont considérables pour de très faibles bénéfices. En conséquence, il faudrait arrêter la subvention au sucre qui devrait être payé à son prix réel et durcir de manière draconienne les normes de santé publique en matière de taux de sucre dans les aliments. Le système de subventions généralisées et tous azimuts pourrait être remplace par un système de bons permettant aux particuliers d’acheter des quantités déterminées de sucre par ménage et par mois à prix réduits dans des magasins d’Etat, notamment pour la pâtisserie à domicile, système introduit en Egypte avec succès.

6 – Il faudrait arrêter le programme scélérat de subventions ciblées pour les seules catégories défavorisées préconisé par la Banque mondiale.

En effet, les montants calculés par le FMI pour le total des subventions de l’Etat pour le soutien aux prix des premières nécessités et de l’énergie et repris par le Ministère des Finances reposent sur un calcul orienté et inacceptable dans le contexte algérien. En effet, 70% du montant des dites subventions concernent les subventions au carburant (et accessoirement à l’énergie consommée). Or, il ne s’agit pas de subventions directes c’est-à-dire de compensations par l’Etat à Naftal ou Sonatrach pour des ventes à perte, qui n’existent pas, mais des subventions dites implicites calculées en prenant comme coût du pétrole source auprès de Sonatrach non pas le coût réel (soit le coût moyen en dinars du pétrole extrait des gisements de Sonatrach puis transporté jusqu’à la raffinerie, avec une petite marge de rémunération pour Sonatrach) mais le prix de vente du pétrole brut sur les marches internationaux.

En prenant un prix actuel de l’ordre de 80 dollars le baril de 159 litres, on obtient un coût du pétrole brut pour le calcul de 67 dinars le litre (au taux officiel de 134 dinars pour un dollar) ou de 105 dinars le litre (au taux parallèle de 210 dinars). Appliqué à une consommation de 18 millions de tonnes de carburant, soit 18 milliards de litres, la substitution du prix réel entrant dans les raffineries par ce coût fictif de 67 ou 105 dinars le litre fait apparaitre une subvention considérable, totalement fictive par rapport à la réalité du coût d’extraction et de transport en dinars du litre de pétrole en Algérie. Or, socialement, il est tout à fait normal que le consommateur algérien, vivant dans un pays producteur de pétrole, paye un prix du carburant proche des coûts réels de production plutôt qu’un prix proche des marches internationaux beaucoup plus élevé. Ce raisonnement en subventions implicites est également utilisé par les organismes internationaux pour empêcher l’Algérie de bénéficier de ses avantages comparatifs naturels. 

Ces modes de raisonnement, faux, ne sont pas étonnants de la part du FMI ou de la Banque mondiale dont on connait la duplicité en faveur des intérêts des économies occidentales. Par contre, il est complétement antipatriotique que le Ministère des finances et celui de l’Energie les adoptent sans broncher au détriment du consommateur algérien moyen. En revenant à un calcul de coût réel du pétrole fourni pour la production de carburants, on dégonflera le montant des subventions de 80%, ce qui tordra le cou au débat sur le ciblage qui consiste en un détricotage du soutien fondamental à la paix sociale et au progrès humain de l’Etat social algérien aux catégories défavorisées et aux classes moyennes actuelles ou en devenir pour accéder à une panoplie de produits de première nécessité.

7 – Il faudrait sortir des accords d’association avec l’Union européenne plutôt que de se contenter d’une renégociation

Un bilan de 20 ans de pratique de l’accord d’association conduit au constat suivant : le démantèlement tarifaire généralisé a entrainé un manque à gagner de 1,5 milliards de dollars de recettes douanières annuelles et à la disparition de nombreux secteurs de production en Algérie au profit de l’importation (par ailleurs subventionnée par le taux de change comme expliqué plus haut). Par ailleurs, le montant des investissements industriels dans l’économie algérienne de la part des pays européens par rapport aux promesses faites (qui n’engagent malheureusement que les naïfs qui y croient) s’est révélé dérisoire. En conséquence, il est clair que cet accord scélérat (qui ne comprend pas d’article pour sa sortie !) ne doit pas être renégocié mais bel et bien arrêté, puisqu’il arrive à expiration. Tout renouvellement de l’accord par faiblesse ou complaisance équivaudrait a une trahison des intérêts et de la souveraineté de l’Algérie. 

De même, il faut rester en dehors de l’OMC, ce qui est le seul moyen de conserver quelques marges de manœuvre pour redresser notre économie.

Nous ne prétendons pas détenir la science infuse et être des donneurs de leçons, les « il faut que », les « il ne faut pas » sont juste des suggestions et des opinions qui n’engagent que nous. Notre patriotisme n’est plus à prouver, nous avons toujours défendu les intérêts de notre chère patrie. Mais un pays, ce n’est pas seulement le président qui le fait, c’est aussi son peuple. Tout le monde doit mettre la main à la pâte et l’Algérie connaîtra un avenir radieux, cette Algérie dont l’Histoire est millénaire et regorge de faits glorieux dont les traces survivent au temps. Le legs des Novembristes doit être sauvegardé coûte que coûte, et le président Tebboune s’inscrit dans cet héritage. L’Algérie de Novembre qui a connu tellement de souffrances et de massacres pendant la longue nuit coloniale résistera à toutes les trahisons et restera une forteresse infranchissable de la résistance face aux ennemis quels qu’il soient et sera le phare éclairant la route de tous les peuples qui luttent pour leur libération.

Mohsen Abdelmoumen

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