Par Karine Bechet-Golovko

La question de l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne va être une des questions centrales du sommet de Versailles, qui doit se dérouler les 10 et 11 mars. Si les instances européennes et certains pays de l’Est y sont favorables, l’on voit une opposition franche de la France. L’entrée de l’Ukraine dans l’UE serait une erreur stratégique terrible pour l’Europe, mais servirait parfaitement les intérêts atlantistes dans le cadre de ce combat global mené avec la Russie et l’asservissement du Continent européen.

Utilisant le conflit armé en Ukraine, Zelensky plaide pour une entrée accélérée de l’Ukraine dans l’Union européenne, ce qui aurait pour effet direct de sortir le conflit de sa dimension locale pour le globaliser. Ursula von der Leyen, elle, soutient l’adhésion, comme cela est formulé sur Euronews :

« Pendant que nous discutons, la foule est dans la rue devant le bâtiment de la Commission et réclame également l’adhésion à l’Union européenne. L’Ukraine devrait-elle être candidate à l’adhésion à l’UE ?

Nous avons un processus avec l’Ukraine qui consiste, par exemple, à intégrer le marché ukrainien dans le marché unique. Nous avons également une coopération très étroite sur le plan énergétique. Autant de sujets sur lesquels nous travaillons en étroite collaboration et au fil du temps. Il y a un sentiment d’appartenance, ils font partie de nous et nous voulons qu’ils nous rejoignent. »

Ainsi, le 7 mars, l’UE a lancé la procédure d’examen de la demande d’adhésion déposée par l’Ukraine, ainsi que celles de la Moldavie et de la Géorgie. Si l’Ukraine demande une adhésion sans délai, il est rappelé qu’une telle procédure n’existe pas, en fait elle est extrêmement longue et complexe.

De son côté, pour des raisons politiques, la France ne soutient pas une adhésion de l’Ukraine à l’UE :

« il n’est pas question d’évoquer une adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne. « Il est trop tôt pour passer de vingt-sept à vingt-huit », souligne l’Élysée qui estime que cette décision ne peut pas être prise en un week-end. » 

Soutenir l’Ukraine, adopter des sanctions, fournir des armes, à cela les pays européens sont prêts et ils le font, même à l’encontre de l’intérêt national des pays composant l’UE, même au prix de leur économie nationale, déjà mise à mal après deux années de guerre globale covidienne contre les hommes et les Etats. Mais faire entrer l’Ukraine dans l’UE serait offrir sur un plateau la tête de l’Europe aux Etats-Unis.

Même si ce scénario semble peu réaliste, voyons les effets possibles. Sans entrer dans toutes les conséquences économiques et sociales pour les pays européens, l’entrée de l’Ukraine dans l’UE pose la question principale de savoir dans quelles frontières elle entrerait. Puisqu’il y a peu de chances pour que l’Occident reconnaissance la Crimée et l’indépendance du Donbass, cela voudrait dire que l’UE importe en son sein le conflit avec la Russie et que les pays de l’UE entrerait directement en conflit avec la Russie. Le conflit ne serait alors plus local, mais se généraliserait avec le jeu des alliances.

Cela ne signifie pas pour autant qu’il serait militaire, mais un nouveau rideau de fer, que les Atlantistes imposent à l’Europe et au Monde, se dessinerait pour des années entre la Biélorussie, la Russie d’un côté et l’UE de l’autre. Mais un étrange rideau, dont le positionnement déclaratif ne corespondra pas à la réalité politique vécue (avec ou sans Crimée, avec ou sans Donbass, quid des Etats qui soutiennent la Russie, etc.). Cette division, aussi artificielle qu’émotive, servirait parfaitement les intérêts Atlantistes, dans leur volonté d’isoler pour assécher la Russie et au passage terminer le travail d’écrasement des pays européens à travers les institutions de l’UE.

Espérons qu’à défaut d’une vision stratégique, il restera au moins un certain instinct de survie à l’Europe pour éviter de tomber dans ce piège.

Source : Russie politics
http://russiepolitics.blogspot.com/…

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