Par Jeff Wright / Mondoweiss

Les chrétiens palestiniens se joignent aux organisations internationales de défense des droits de l’Het à un nombre croissant d’organismes religieux pour désigner Israël comme un État d’apartheid.

Les alertes répétées des chrétiens palestiniens dénonçant l’apartheid d’Israël sont restées largement sans réponse. Vendredi dernier, les chrétiens et leurs alliés du monde entier ont repris la parole, ajoutant leur voix à celles des organisations internationales de défense des droits humains et d’un nombre croissant d’organismes ecclésiastiques qui qualifient Israël d’État d’apartheid.

Lors de la publication vendredi dernier, de A Dossier on Israeli Apartheid : A Pressing Call to Churches Around the World, le patriarche latin palestinien émérite Michel Sabbah a déclaré : « Israël a besoin de vrais amis qui lui disent la vérité. Ceux qui disent à Israël : « Tout ce que tu fais, que ce soit mal ou bien, est bien », ne sont pas les vrais amis d’Israël ». Le patriarche Sabbah a déclaré : « Les vrais amis vous disent : ’Ne vous faites pas du mal en faisant du mal aux autres, à savoir au peuple palestinien’. »

Le document de 48 pages fournit une description détaillée du crime d’apartheid et de la manière dont Israël répond à la définition internationale ; il établit un argumentaire biblique/théologique pour décrire l’apartheid comme un péché ; il lance un appel sincère à l’église mondiale et à toutes les personnes de bonne volonté pour qu’elles entendent les revendications des chrétiens palestiniens ; il fournit une liste annotée de rapports détaillés, de déclarations et de résolutions pointant vers le régime d’apartheid d’Israël ; et une liste d’actions recommandées.

Le dossier a été formé par Kairos Palestine, le plus vaste mouvement œcuménique non violent de chrétiens palestiniens, présidé par le Patriarche et Global Kairos for Justice, une coalition mondiale de chrétiens concernés formée en réponse au document de 2009 « A Moment of Truth« .

Le coordinateur général de Kairos Palestine, Rifat Kassis, a décrit le dossier comme étant à la fois une ressource et un défi pour les églises du monde entier, qui doivent étudier les preuves de plus en plus nombreuses des lois, politiques et pratiques d’apartheid mises en place par Israël.

« Le terme apartheid pointe – tant dans sa définition en droit international que dans sa description des réalités sur le terrain – vers une vérité. La vérité compte, et elle compte le plus lorsqu’elle est nommée. »

L’un des éléments clés du dossier est une réponse aux objections que certains responsables religieux font à l’utilisation du mot apartheid par l’Église : « ce n’est pas utile » ; « cela brûle les ponts et met fin au dialogue avec les partenaires » ; « il faut laisser les tribunaux décider » ; et « c’est une mauvaise stratégie ». En réponse à chaque objection, le document insiste : « Le terme apartheid renvoie à une vérité, tant dans sa définition en droit international que dans sa description des réalités sur le terrain. La vérité compte, et elle compte le plus lorsqu’elle est nommée ».

Lors du lancement du document via un webinaire, Akshaya Kumar, de Human Rights Watch, et Wesam Ahmad, de Al Haq – l’une des organisations palestiniennes de défense des droits de l’Homme qu’Israël a désignée l’année dernière comme « terroriste » – ont évoqué les deux poids-deux mesures lorsqu’il s’agit d’appliquer les conséquences d’un comportement jugé criminel en droit international. Kumar a décrit les nombreuses sanctions et interdictions que les nations se sont empressées d’imposer en réponse à l’occupation de l’Ukraine par la Russie. Ahmad a également souligné « la vaste panoplie d’outils » que la communauté internationale utilise lorsqu’elle veut agir avant de décrire le manque de volonté politique de l’Occident face à l’occupation de la Palestine par Israël depuis plus de cinquante ans.

Kumar et Ahmad ont tous deux fait écho à une déclaration publiée par l’organe directeur du Conseil œcuménique des Églises (COE) lors de sa réunion du mois dernier. Faisant état des nombreux « obstacles croissants à une paix juste dans la région, et des menaces de plus en plus graves qui pèsent sur la présence chrétienne sur la terre où est né le Christ », le Comité central du COE a déclaré que « la réponse de la communauté internationale continue de refléter deux poids, deux mesures ».

Dans le dossier, les Palestiniens déclarent :

Nous sommes troublés lorsque nos sœurs et frères sont plus préoccupés par leurs relations avec les partenaires du dialogue religieux que par notre réalité sous une dure occupation… lorsque nos sœurs et frères sont plus préoccupés par leur image que par notre souffrance. Souvent, lorsque nous parlons avec audace de notre oppression et de l’apartheid israélien, on nous dit que notre cri est trop fort. Mais lorsque nous parlions doucement, on nous ignorait. Trop de choses sont en jeu – pour les Palestiniens, pour l’Église palestinienne, pour l’Église mondiale – pour que nous parlions doucement et utilisions des euphémismes pour décrire notre souffrance.

Citant la vision du patriarche Sabbah selon laquelle la terre devient « comme le jardin d’Eden, une demeure de Dieu avec l’humanité, et une patrie pour tous les enfants de Dieu », le dossier se termine par un appel lancé par les chrétiens palestiniens : « Pouvez-vous nous aider à retrouver notre liberté, car c’est la seule façon d’aider les deux peuples à atteindre la justice, la paix, la sécurité et l’amour ? »

Traduction : AFPS

Source : AFPS
https://www.france-palestine.org/…