Parmi les députés reçus par Lamamra, l’un travaille pour le Maroc. D. R.

Par Mohsen Abdelmoumen

Quelle horreur ! Quand l’une de mes sources m’a envoyé cette photo du ministre des Affaires étrangères de la République algérienne démocratique et populaire posant à côté d’un espion du Makhzen, un personnage vulgaire et de piètre envergure dont j’ai parlé dans mon précédent article, ce fut un choc immense pour moi. De toutes les compétences algériennes établies à l’étranger, c’est ce gougnafier qui est devenu député et la présence de cet énergumène de Brahim D. aux côtés de Lamamra est une insulte à la diplomatie algérienne. Je me suis posé bien des questions et je n’ai guère eu de réponse. Pourquoi Syphax a-t-il été trahi ? Pourquoi Takfarinas a-t-il guerroyé si vaillamment ? Pourquoi Jugurtha nous a-t-il enseigné la bravoure ? Nos illustres ancêtres étaient des personnages épiques. J’ai cherché d’autres traces de courage et de dignité et j’ai vu le sourire de Ben M’hidi, le regard d’El-Mokrani, la fierté d’Abdelkader, l’héroïsme de Fatma N’soumer. Et tant d’autres.

Nous avons tenu tête à tous les empires coloniaux, aux généraux romains, turcs, français, tous assoiffés de notre sang et de nos richesses, venus, paraît-il, «civiliser» la terre de l’homme premier. Quand nous frappions monnaie, les Français vivaient dans des huttes et ce sont ces égorgeurs qui sont venus nous donner des leçons de civilisation à coups d’enfumades. Pourtant, nous les avons chassés de chez nous en portant l’étendard des peuples opprimés de la Terre. Et ce fut l’Algérie belle et rebelle, la Mecque des révolutionnaires, aimée par le général Giap, par Ho Chi Min, par Castro, par Che Guevara, par Tito, par Mandela, par Lumumba, par Amilcar Cabral, par tant d’hommes libres, camarades et frères d’armes. Les guérilleros d’Amérique latine, tous les révolutionnaires de la planète se sont inspirés de la Révolution algérienne.

Je me suis posé tellement de fois la question : pourquoi les braves sont-ils trahis, pourquoi le courage côtoie-t-il la lâcheté ? Comment un personnage comme Brahim D. est-il devenu député sous la bannière MSP des Frères musulmans algériens de Mokri, lequel ne nous a jamais expliqué pourquoi il avait passé une année dans un asile psychiatrique en 1992 ? Les Frères musulmans dans toute leur splendeur, entre djihadisme et vol au-dessus d’un nid de coucou.

Ce petit cancre de Brahim D. a gravi tous les échelons, de gardien de nuit, il est devenu parlementaire. Il a manigancé, manœuvré, louvoyé jusqu’à trahir sa propre communauté en livrant les bases de données du consulat général d’Algérie de Bruxelles au Makhzen marocain. Pour cet «exploit», au lieu d’être en prison, il a reçu 30 000 euros d’indemnités de départ du consulat général et, cerise sur le gâteau, il siège désormais au Palais de Zighout-Youcef. J’ai vu nos martyrs se retourner dans leur tombe. Tous ceux qui sont morts pour le drapeau algérien, je les ai entendus me crier ce texte d’outre-tombe. Mes ancêtres m’interpellent : mon grand-père massacré par les paras français et mes ancêtres tombés à la prise de Constantine, tous ont donné leur vie pour l’Algérie et pour l’honneur.

Que vois-je aujourd’hui ? Un vulgaire espion du Makhzen qui transportait jadis du ciment sur son dos pour gagner quelques sous est devenu parlementaire. Qu’est-il donc arrivé à l’Algérie ? Ma chère patrie, qu’ont-ils fait de toi ? J’ai encore mal à ma patrie, comme au temps de Bouteflika l’infâme. Pour quelles raisons devons-nous subir ces humiliations incessantes ? Sommes-nous maudits pour mériter ces calamités successives ? J’ai tant écrit, à quoi cela a-t-il servi ? Nous allons de trahison en trahison et nous n’en voyons pas le bout. Ce misérable individu de Brahim D. a souillé notre représentation diplomatique à l’étranger, il a trahi notre patrie et, au lieu de le juger pour les crimes qu’il a commis, il parade auprès du ministre Lamamra et à l’Assemblée. Pourtant, mes sources ainsi que moi-même sommes prêts à témoigner contre lui en fournissant toutes les preuves. Nous l’attendons de pied ferme devant la justice.

Par ailleurs, je sais qu’il est impliqué dans mon procès contre Rachad et qu’on ne me dise pas qu’il s’agit d’une affaire personnelle car je n’ai aucun litige avec ce triste sire. C’est donc ça l’Algérie nouvelle ? Qu’a-t-elle donc de neuf par rapport à celle de la fratrie Bouteflika ? Je ne vois pas de différence. Les lâches et les traîtres sont récompensés et prospèrent, et les patriotes trinquent en se consumant à petit feu dans une amertume sans fin. Ils subissent l’exil ou la prison et portent la braise du martyre de nos ancêtres. Des symboles de l’Algérie sont traînés dans la boue et des traîtres sont couronnés. Oui, les mots sont vains pour évoquer le courage et le sacrifice des patriotes algériens à travers le temps. Nous n’oublions pas ceux qui sont morts face au terrorisme islamiste, certains d’entre eux vivaient dans des conditions très dures. Ils ne se battaient pas pour des biens et des privilèges, ils se battaient pour une idée : l’Algérie de Novembre. La terre de ma patrie a vu ses braves broyés pour récolter du fumier, car de l’Algérie des martyrs à l’Algérie de Brahim D., le chemin est bien long.

J’aimerais bien savoir ce que l’APN va proposer à cette vermine comme commission : les relations d’amitié avec le Makhzen ? A la Mamounia, on doit sabrer le champagne. Car quelle image ces gens donnent-ils de l’Algérie ? Ils ont fait de l’Algérie un cabaret, et c’est le Makhzen qui doit bien rigoler en voyant son espion à l’Assemblée.

J’écris ce texte car je refuse de me taire au moment où tout le monde détourne les yeux de cette affaire, comme de tant d’autres affaires répugnantes qui ont nui à notre pays. Malheureusement, la corruption et la trahison se sont banalisées chez nous. C’est, hélas, le legs de la fratrie Bouteflika et je me demande quand nous pourrons nous en débarrasser définitivement. La trajectoire de ce Brahim D. avec ses lâchetés et ses félonies est l’antithèse de l’Algérie de Novembre et la place de ce scélérat n’est pas dans quelqu’assemblée ou administration que ce soit mais en prison.

Je ne le dirai pas assez, le sourire de Ben M’hidi triomphera de toutes vos trahisons.

Mohsen Abdelmoumen

Reçu de l’auteur pour publication
Source : Algérie Résistance

https://mohsenabdelmoumen.wordpress.com/…