Un graphique créé par l’OTAN montrant le «flanc oriental» de l’alliance militaire. [Photo : OTAN]

Par Andre Damon

Les ministres des Affaires étrangères de l’OTAN se sont réunis mardi à Bucarest, en Roumanie, avec des représentants des futurs membres de l’OTAN Ukraine, Finlande et Suède. Ils ont discuté d’une nouvelle extension de la guerre de l’OTAN contre la Russie en Ukraine et du stationnement de troupes supplémentaires aux frontières occidentales de la Russie.

«En réponse à l’invasion totale de l’Ukraine par la Russie, nous augmentons le niveau de préparation de nos troupes», a déclaré le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, au début de la réunion. «Et nous avons doublé le nombre de groupements tactiques de l’OTAN, passant de quatre à huit. Dont un ici en Roumanie, dirigé par la France».

«Nous avons augmenté notre présence sur le terrain, nous avons plus de présence dans les airs», a déclaré Stoltenberg.

Il a poursuivi: «La semaine dernière encore, les Alliés de l’OTAN ont mené un exercice pour tester les défenses aériennes et antimissiles en Roumanie. Des avions espagnols, turcs et américains y ont participé, ainsi que des avions de chasse français venant du porte-avions Charles de Gaulle. Cet exercice a montré que les Alliés de l’OTAN opéraient ensemble et étaient prêts à défendre chaque centimètre carré, mais aussi l’espace aérien des Alliés de l’OTAN».

L’«espace aérien des alliés de l’OTAN» s’étend rapidement, Stoltenberg considérant la Finlande et la Suède comme des membres de l’alliance. Il a déclaré: «Leur adhésion à l’OTAN change la donne pour l’architecture de sécurité européenne. Elle les rendra plus sûrs, notre Alliance plus forte et la zone euro-atlantique plus sûre».

Stoltenberg a réaffirmé l’engagement de l’OTAN dans la guerre contre la Russie: «Le message que nous envoyons de Bucarest est que l’OTAN restera aux côtés de l’Ukraine aussi longtemps qu’il le faudra. Nous ne reculerons pas».

Dans les coulisses, ces promesses générales d’une implication élargie de l’OTAN dans la guerre sont complétées par des discussions concrètes visant à envoyer des avions de chasse américains, des missiles à longue portée et des drones d’attaque dans la zone de guerre.

Dans un article paru dans Bloomberg, James Stavridis, ancien commandant suprême des forces alliées de l’OTAN en Europe, a déclaré: «la meilleure option pour l’Occident sera d’augmenter de manière significative son assistance à l’Ukraine dans le domaine aérien du conflit».

Stavridis a affirmé que les membres de l’OTAN discutaient activement de l’envoi d’avions de combat américains à l’Ukraine: «Les dirigeants des capitales de l’OTAN reviennent également sur une idée qui avait été écartée dans les premiers jours de la guerre: fournir des chasseurs  MiG-29 de l’ère soviétique (les Polonais ont proposé de les transférer aux Ukrainiens) ou même des F-16 Américains excédentaires, un chasseur multi-rôle facile à apprendre».

Dans une interview à Bloomberg, le ministre letton des Affaires étrangères Gabrielius Landsbergis a déclaré que l’OTAN devrait «autoriser» l’Ukraine à frapper des cibles à l’intérieur de la Russie: «Nous devrions permettre aux Ukrainiens d’utiliser des armes pour viser des sites de missiles ou des aérodromes à partir desquels ces opérations sont lancées». L’OTAN «ne devait pas craindre» la réponse de la Russie, a-t-il ajouté.

Avant la réunion, Landsbergis avait tweeté: «Mon message aux collègues ministres des Affaires étrangères à la réunion de l’OTAN d’aujourd’hui est simple: Gardez votre calme et donnez des chars».

De tels appels étaient étroitement coordonnés avec les demandes des responsables ukrainiens. «Aucun discours éloquent n’en dira plus que des actions concrètes. “Patriot”, “F-16” ou “Leopard” pour l’Ukraine», a tweeté le conseiller présidentiel Mykhailo Podolyak – faisant référence aux avions de chasse américains F-16 et aux chars de combat allemands Leopard.

Un groupe de sénateurs américains a entre-temps publié une lettre appelant les États-Unis à fournir à l’Ukraine des drones d’attaque armés létaux, le fameux «Aigle gris», dont ils ont loué la «létalité».

Ils notent surtout que les systèmes aériens armés sans pilote (UAS) peuvent trouver et attaquer les navires de guerre russes en mer Noire.

Ils déclarent que «Le MQ-1C, en plus des capacités de tir à longue portée déjà fournies, offre à l’Ukraine la létalité supplémentaire nécessaire pour éjecter les forces russes et reconquérir le territoire occupé».

Parmi les signataires figurent Joe Manchin, un allié clé du président américain Joe Biden au Sénat, et Lindsay Graham, un allié de Trump.

Signe du degré de tension qui entoure le conflit, la Russie a annulé en dernière minute cette semaine des négociations nucléaires avec les États-Unis.

Le vice-ministre des Affaires étrangères, Sergueï Ryabkov, a déclaré: «Nous envoyons des signaux aux Américains pour leur faire comprendre que leur ligne d’escalade et leur implication toujours plus grande dans ce conflit sont lourdes de conséquences. Les risques sont croissants».

Alors que les États-Unis interviennent de plus en plus directement dans le conflit, leurs stratèges militaires sont d’autant plus directs en déclarant leurs objectifs. Dans un essai intitulé «L’aide des États-Unis à l’Ukraine: un investissement dont les bénéfices dépassent largement le coût», le géo-stratège chevronné américain Anthony H. Cordesman reconnaît que «la guerre en Ukraine est devenue l’équivalent d’une guerre par procuration avec la Russie».

Cordesman explique que «les États-Unis ont déjà obtenu des avantages stratégiques majeurs en aidant l’Ukraine» alors que «la Russie consacre déjà une part bien plus importante de son produit national brut et de son économie à mener la guerre en Ukraine que les États-Unis et leurs partenaires ; la Russie a déjà subi des pertes massives en armes, réserves de guerre et personnel militaire».

Si, l’essai de Cordesman traite la mort des troupes russes et la dévastation de l’économie russe comme un bénéfice, il ne prend nulle part en compte le coût en vies ukrainiennes ou les souffrances infligées à la population ukrainienne par la guerre.

Alors même que les États-Unis et l’OTAN continuent de déverser des armes en Europe de l’Est, la Russie a répondu par des semaines de frappes sur les infrastructures électriques et hydrauliques de l’Ukraine, privant des millions de personnes, dont une grande partie de la capitale Kiev, d’électricité par des températures glaciales.

(Article paru d’abord en anglais le 30  novembre 2022)

Source : WSWS
https://www.wsws.org/fr/…

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