Par Luc Michel

# CENTRAFRICA-NEWS-TV/
REVUE DE PRESSE (I) : LE FANTOMATIQUE ‘GROUPE WAGNER’ ET LA CENTRAFRIQUE
2022 03 27/

L’Europe sanctionne le groupe russe Wagner pour ses « actions de déstabilisation »…

* Voir l’analyse de Luc MICHEL:

LE GROUPE WAGNER N’EXISTE PAS. MEDIAMENSONGES, COMMENT SANCTIONNER UN GROUPE QUI N’EXISTE PAS ?
(SUR AFRIQUE MEDIA)

https://vimeo.com/664987791

« RUSSIE-AFRIQUE : CENTRAFRIQUE, LE PAYS DES SOVIETS ? »
(Jeune Afrique, 20 août 2019)

« Or, diamants, armes, blanchiment d’argent et trafics en tout genre… La présence russe en Centrafrique suscite bien des fantasmes. Parfois à tort, souvent à raison.

Russie-Afrique : à Sotchi, les dirigeants africains répondent à l’appel de Vladimir Poutine…

Au loin, les vertes montagnes du Caucase. À leurs pieds, les eaux saphir de la mer Noire. La température est plutôt fraîche en ce début d’octobre 2017, mais les six Centrafricains présents dans la station balnéaire de Sotchi n’en ont cure. Tout ce qui les intéresse, c’est leur rencontre avec Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères.

Président depuis moins de deux ans, Faustin-Archange Touadéra s’est entouré de ses plus fidèles conseillers : Firmin Ngrebada, son directeur de cabinet – devenu depuis Premier ministre –, Rameaux-Claude Bireau, son cousin et conseiller économique, Noël Bienvenu Selesson, conseiller délégué au Désarmement (et aujourd’hui ministre), Thierry Oronfei, conseiller chargé des nouvelles technologies, et le diamantaire Issa Bourma, un ancien de la société Primo.

Ngrebada a préparé la visite avec soin. Car l’homme du rapprochement avec Moscou, c’est lui. Anecdote significative : en mars 2013, lors de la chute de François Bozizé, alors que lui-même n’était encore que membre du cabinet présidentiel, c’est à l’ambassade de Russie qu’il avait trouvé refuge, tandis que les rebelles de la Séléka prenaient le contrôle de Bangui.

Ngrebada passera plusieurs jours en compagnie de l’ambassadeur Sergueï Lobanov. On peut imaginer qu’il lui en a été reconnaissant. En tout cas, en septembre 2017, il organise coup sur coup deux rencontres entre Touadéra et des investisseurs russes. D’abord dans un grand hôtel parisien où le président a ses habitudes, puis en Suisse. Les bases d’un futur accord sont posées.

Quelques jours plus tard, à Sotchi, le chef de cabinet, qui assiste à la rencontre entre son patron et Lavrov, n’est pas déçu. Au Conseil de sécurité de l’ONU, la Russie accepte de lever son veto sur la livraison d’armes françaises au régime de Bangui et propose même de plaider pour une levée temporaire de l’embargo sur les armes. »

« Centrafrique : nouvelle livraison d’armes russes à Bangui »

L’accord ne tarde pas à être appliqué. Dès le 26 janvier 2018, des avions russes atterrissent à Bangui, et les premières armes sont livrées…

Les « conseillers à la présidence »

« Ancien policier de Saint-Pétersbourg reconverti dans les industries extractives, Khodotov, 55 ans, travaille, dans l’ombre, en étroite collaboration avec son compatriote Valery Zakharov, conseiller à la sécurité du président Touadéra et ancien, lui aussi, de la police pétersbourgeoise. Un temps omniprésent dans les médias, Zakharov se fait aujourd’hui plus discret.

Mais le marigot de la politique centrafricaine n’a plus aucun secret pour lui. Il n’hésite pas à convoquer ministres et députés et à discuter avec les chefs des groupes armés, notamment Noureddine Adam, le patron du Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC). On le dit aussi en contact régulier avec Michel Djotodia, l’ancien président en exil.

Lié au FSB, les services de renseignements russes, Zakharov – qui aurait obtenu la nationalité centrafricaine – déjeune presque chaque matin à l’ambassade de Russie avec le chargé d’affaires Viktor Tokmakov. Il s’entretient aussi régulièrement avec Mikhaïl Bogdanov, le vice-ministre des Affaires étrangères chargé de l’Afrique et du Moyen-Orient.

« DEPUIS AVRIL 2018, DES « INSTRUCTEURS » RUSSES RÉSIDENT DANS L’ANCIENNE PROPRIÉTÉ DE JEAN-BEDEL BOKASSA À BERENGO, OÙ UN CAMP D’ENTRAÎNEMENT A ÉTÉ CRÉÉ »

« Mais les deux hommes doivent rendre des comptes à un autre de leurs compatriotes : Evgueni Prigojine, un familier de Poutine, qui lui aurait confié la défense des intérêts russes au Zimbabwe, en Libye, au Soudan, en Angola, en Guinée, en Guinée-Bissau, au Mozambique et à Madagascar. Prigojine finance par ailleurs le groupe Wagner, qui a beaucoup travaillé en Syrie et en Crimée.

Cette société de sécurité privée fournit aujourd’hui plus d’un millier d’instructeurs à la Centrafrique, assure la sécurité de diverses institutions et prend en charge une partie de la formation de la garde présidentielle et de l’armée. Comme Sewa Security Services, une autre société russe présente en Centrafrique, Wagner est organisée sur le modèle de la sud-africaine Executive Outcomes, dont le patron, Eeben Barlow, avait, dès 2004 à Saint-Pétersbourg, fait forte impression sur les responsables militaires russes.

Quel est le rôle exact de Wagner en Centrafrique ? Les contours en sont délibérément flous, mais, s’il faut en croire leurs cartes de visite, certains de ses employés seraient aujourd’hui « conseillers à la présidence ».

« Autre symbole : depuis avril 2018, des « instructeurs » russes résident dans l’ancienne propriété de Jean-Bedel Bokassa à Berengo, où un camp d’entraînement a été créé. L’accès de la zone est aujourd’hui totalement interdit, notamment à la famille du défunt empereur. Wagner et Sewa Security Services – qui disposent déjà d’aérodromes à Ndelé, à Birao et à Ouadda – ont réhabilité la piste, longue de plus de 2 000 m, construite par Bokassa. Des tentes ont même été dressées à proximité du mausolée de l’ancien président. Sans l’autorisation de sa famille, jure Jean-Serge Bokassa, son fils – et ancien ministre de l’Intérieur de Bozizé. »

« MOSCOU APPRÉCIE DE POUVOIR METTRE UN PIED DANS LE PRÉ CARRÉ FRANÇAIS, MAIS SEMBLE PRIVILÉGIER LES RÉSEAUX D’AFFAIRES ET N’A PAS VRAIMENT ENGAGÉ D’ACTION DIPLOMATIQUE »

« On parle beaucoup de la Russie, mais on devrait surtout parler des entreprises russes, explique un ancien ministre. Moscou apprécie de pouvoir mettre un pied dans le pré carré français, mais semble privilégier les réseaux d’affaires et n’a pas vraiment engagé d’action diplomatique. » « En 2017, beaucoup se sont dit que les Russes allaient faire ce que la France n’avait pas fait : nettoyer le pays, ajoute un autre ancien membre du gouvernement. »

« Dimitri Mozer, l’homme à tout faire…

Façonné par l’ambassadeur Sergueï Lobanov (en poste à Bangui dès 2011), puis, depuis janvier 2019, par Vladimir Titorenko, l’axe Bangui-Moscou semble toujours aussi solide. D’autant qu’il s’appuie sur un autre pays essentiel pour la Centrafrique : la Belgique. Touadéra compte en effet sur un étrange homme d’affaires nommé Dimitri Mozer. Ce patron d’une société de transports (Mozer International) est aussi consul de Centrafrique en Belgique.

L’homme est très influent. Fort bien implanté dans les cercles dirigeants de l’Union européenne comme dans les milieux portuaires et diamantaires belges, il dispose de bureaux à Bruxelles, à Anvers, à Liège et anciennement… à Moscou – où la succursale de Mozer International était dirigée par un certain Kirill Makarenko, ancien élève de l’Institut d’État des relations internationales de Russie.

« Mozer est présent depuis longtemps en Centrafrique, confie un ancien ministre. Il était l’un des hommes à tout faire de Bozizé et fournissait des véhicules (motos, voitures, bus) à son administration. »

Depuis, sa puissance s’est encore accrue. « Ses liens avec le groupe Wagner, ses origines, le fait qu’il parle russe… Tout cela a contribué à renforcer ses positions », explique un proche de la présidence. Lorsque Touadéra se rend à Bruxelles, qu’il considère comme sa base arrière européenne, c’est Mozer qui se charge de l’organisation. Et quand le président passe par Paris, le même Mozer peut fort bien, à l’occasion, s’y inviter. »

« Il est un peu notre principal ambassadeur en Europe », ajoute un autre ancien collaborateur de Bozizé. Il organise des forums et des rencontres où se croisent responsables politiques, hommes d’affaires et investisseurs potentiels. Proche de Daniel Emery Dede, l’ambassadeur en Belgique, Mozer serait également en relation avec le diamantaire Abdoulkarim Dan-Azoumi, patron de la société Minair et ancien financier de la Séléka. Ce dernier, qui travaille régulièrement avec la Chine et… la Russie, réside d’ailleurs à Liège, notamment dans l’un des palaces de la ville. »

« Les intermédiaires

Ces contacts auraient aussi été facilités par d’autres intermédiaires, comme Dimitri Mozer. Consul honoraire de la Centrafrique en Wallonie et patron d’une société spécialisée dans le déménagement d’entreprises, sise près de Liège, ce Belgo-Russe s’est entretenu avec FAT lors de la visite de ce dernier à Bruxelles le 6 mars. Mozer connaît bien Daniel Emery Dede, l’ambassadeur de RCA en Belgique. »

« LES MERCENAIRES DE WAGNER SONT-ILS VRAIMENT EFFICACES ? »

( Jeune Afrique, 22 février 2022)

« Engagés en Libye, en Centrafrique et au Mozambique ces dernières années, les hommes de Wagner ont investi le théâtre malien depuis trois mois, suscitant l’enthousiasme d’une partie de l’opinion. Mais ont-ils pour autant prouvé leur savoir-faire ?

Nous sommes au début du mois de janvier 2021. Au sein de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC, alliance de groupes armés centrafricains), l’optimisme est de mise. Les chefs de la rébellion, notamment Noureddine Adam et Ali Darassa, affirment à qui veut les entendre qu’ils sont aux portes de Bangui et en mesure de renverser le gouvernement du président Faustin-Archange Touadéra. Leurs troupes asphyxient la capitale, ils en contrôlent les principales voies d’accès, notamment celle reliant la ville au Cameroun et faisant figure d’artère vitale pour alimenter les Banguissois. La victoire n’est, disent-ils, qu’une question de temps.

Mais Bangui ne tombera pas. « Le président Touadéra savait qu’il pouvait compter sur le soutien des soldats rwandais et surtout sur les mercenaires de Wagner, qui étaient déjà plus d’un millier. Ce sont eux qui ont desserré l’étau et repoussé les combattants de la CPC », explique une source sécuritaire à Bangui. Aux côtés des alliés « russes » (en réalité des combattants originaires de tout le Caucase, voire de Syrie), l’armée centrafricaine, peu formée et surtout mal équipée, tente de faire bonne figure. Mais Wagner est déjà aux commandes. Installés à Bangui, aux camps de Roux et de Kassaï, et à Berengo, où se situe leur quartier général, les « Russes » sont les véritables maîtres d’œuvre de la reconquête. »

L’EUROPE SANCTIONNE LE GROUPE RUSSE WAGNER POUR SES « ACTIONS DE DESTABILISATION »

« L’Union européenne a sanctionné lundi 13 décembre le groupe paramilitaire russe Wagner ainsi que huit personnes qui lui sont liées, dont Valery Zakharov, conseiller pour la sécurité du président centrafricain, Faustin-Archange Touadéra.

Bruxelles hausse le ton : dans une décision approuvée à l’unanimité par les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne (UE), le groupe Wagner est accusé d’avoir « recruté, formé et envoyé des agents militaires privés dans des zones de conflit du monde entier afin d’alimenter la violence, de piller les ressources naturelles et d’intimider les civils en violation du droit international ».

 « Les personnes figurant sur la liste de l’UE sont impliquées dans de graves violations des droits de l’homme (…) ou dans des activités de déstabilisation dans certains des pays où elles opèrent, notamment en Libye, en Syrie, au Donbass en Ukraine et en République centrafricaine », poursuit le communiqué. Ces sanctions, qui consistent en une interdiction de visas pour les personnes et le gel des avoirs dans l’UE, frappent le fondateur et commandant militaire du groupe Wagner, Dmitri Outkine, un ancien membre des forces spéciales russes, et plusieurs de ses collaborateurs, dont Valery Zakharov, conseiller pour la sécurité du président centrafricain, Faustin-Archange Touadéra. Les autres personnes visées sont des responsables du groupe et des mercenaires actifs en Ukraine, en Syrie et en Libye.

Les ministres européens ont également approuvé lundi un cadre juridique leur permettant de « sanctionner ceux qui feraient obstruction à la transition au Mali », où l’UE s’inquiète de la volonté des autorités de recourir aux services de Wagner. La France a averti Moscou que le déploiement de mercenaires russes dans la bande sahélo-saharienne serait « inacceptable ».

« Wagner est une société militaire privée russe utilisée pour déstabiliser la sécurité en Europe et dans des pays tiers de son voisinage, notamment en Afrique », estime un diplomate européen. En 2020, l’UE avait déjà sanctionné l’oligarque russe Evgueni Prigojine, proche du pouvoir russe et considéré comme le financier du groupe Wagner, rappelle la décision adoptée lundi. »

« CENTRAFRIQUE : MANIFESTATION DE SOUTIEN A LA RUSSIE »

(Jeune Afrique, 6 mars 2022)

« Manifestation à Bangui, le 5 mars 2022 :

Une centaine de personnes ont participé à une manifestation à Bangui, en soutien à la Russie dans son offensive contre l’Ukraine.

Le 5 mars, des manifestants se sont réunis au pied d’une statue, inaugurée à Bangui fin 2021 par le président Faustin Archange Touadéra, représentant des combattants russes qui protègent une femme et ses enfants. Nombre d’entre eux ont agité des drapeaux russes et centrafricains en plein cœur de la capitale, près de l’université.

Face à une rébellion menaçante il y a plus d’un an, le président Touadéra avait appelé Moscou à la rescousse de son armée démunie et mal entraînée. Des centaines de paramilitaires russes étaient venus s’ajouter à de nombreux autres présents depuis trois ans. En quelques mois, ils avaient repoussé les groupes armés qui occupaient alors deux tiers du pays et récupéré la grande majorité du territoire.

Les manifestants ont brandi des pancartes proclamant notamment « La Russie sauve le Donbass », en référence à ce territoire séparatiste pro-russe de l’est de l’Ukraine ou bien encore « Russie et Centrafrique contre le nazisme » et « C’est la faute de l’Otan ».

Abstention à l’ONU :

Lors d’un vote mercredi à l’Assemblée générale des Nations unies d’un texte qui « exige que la Russie cesse immédiatement de recourir à la force contre l’Ukraine », la Centrafrique s’est abstenue. « Nous sommes là pour apporter notre soutien indéfectible à la Russie dans cette guerre. Je pense qu’elle a été imposée par les Occidentaux à la Russie », a estimé Blaise-Didacien Kossimatchi, membre de la plateforme de la Galaxie Nationale, l’une des associations qui organisait la manifestation et qui vilipende régulièrement la France, ancienne puissance coloniale, et l’ONU. « L’Otan voulait installer sa base militaire en Ukraine pour attaquer la Russie », a-t-il poursuivi.

Galaxie Nationale avait organisé une précédente manifestation de soutien à la Russie, qui avait rassemblé une centaine de personnes le 23 février à Bangui. « Nous sommes venus soutenir la Russie qui est venue donner la paix dans notre pays », a déclaré de son côté Brice Plegba, tout en agitant des drapeaux russes et centrafricains.

Fin février, la France et les États-Unis ont accusé pour la première fois au Conseil de sécurité de l’ONU les « mercenaires de Wagner » d’avoir « massacré » et « exécuté » des dizaines de civils en janvier. Ce qu’une diplomate russe a aussitôt démenti, accusant Paris et Washington de tenter de « discréditer » les « spécialistes » russes présents en Centrafrique. »

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