Par EuroMed

Les organisations de défense des droits humains se battent depuis des années pour rendre justice à la famille Bakr, qui a perdu quatre enfants tués par les forces militaires israéliennes. Le 16 juillet 2014, le monde assistait avec stupeur au meurtre de ces enfants dans la bande de Gaza assiégée. Lors d’une frappe aérienne, les forces israéliennes ont bombardé une plage et une zone portuaire de Gaza où les enfants jouaient. Le premier obus a tué l’un des enfants ; un deuxième obus a tué les trois autres alors qu’ils tentaient de s’échapper. Quatre autres enfants de la famille Bakr ainsi que deux civils qui travaillaient alentour ont également été blessés.  

La Commission d’enquête indépendante des Nations unies sur le conflit de Gaza de 2014 a conclu que l’armée israélienne avait violé les principes du droit humanitaire international dans ce cas. De nombreuses autres commissions d’enquête spéciales de l’ONU se sont penchées sur les violations répétées du droit international en Palestine (en 2009, 2012 et 2018). Ces enquêtes n’ont rien changé à la manière dont Israël enquête et engage des poursuites judiciaires sur ces crimes. 

Entre le 8 juillet et le 26 août 2014, l’offensive militaire israélienne à Gaza a entraîné la mort de 2.251 Palestinien.ne.s, pour la plupart des civils, dont 299 femmes et 551 enfants. Les instances de l’ONU et les groupes de défense des droits humains ont été particulièrement consternés par les saccages à grande échelle qui ont suivi l’offensive militaire. Selon un rapport du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies, environ 18.000 maisons ont été rasées et d’autres installations publiques telles que des hôpitaux ont également été détruites. 

Le système judiciaire israélien est conçu pour donner une apparence d’examen sérieux… mais cette apparence s’effrite lorsqu’on examine de plus près ses résultats. 

Près de huit ans plus tard, et après que le procureur militaire israélien en 2015 et le procureur général israélien en 2019 ont respectivement décidé de clore l’enquête criminelle sur ces meurtres, la famille Bakr attend toujours que justice soit rendue. Le 6 janvier 2022, la Cour suprême israélienne a entendu les pétitionnaires Adalah, Al Mezan et le Centre palestinien des droits de l’Homme (PCHR) au nom de la famille Bakr et a déclaré « qu’elle était convaincue que l’armée israélienne disposait de suffisamment de renseignements pour déterminer que le périmètre de la zone était effectivement une cible militaire ». Les avis de la Cour suprême divulgués lors de l’audience semblent conforter les décisions de l’armée israélienne et du procureur général.  

Ce récit brutal des événements qui se sont déroulés un après-midi d’été 2014, bien qu’il ait suscité de nombreuses condamnations contre les forces et les autorités israéliennes pour leur mépris total du droit international, n’a toujours pas abouti à une quelconque forme de justice pour la famille. Le système judiciaire israélien est conçu pour donner une apparence d’examen sérieux des crimes présumés contre les Palestinien.ne.s, mais cette apparence s’effrite lorsqu’on examine de plus près ses résultats. Selon Adalah, Al Mezan et PCHR, « le procureur général militaire et le procureur général israélien ont refusé de mener toute enquête criminelle sérieuse susceptible de déboucher sur une mise en accusation dans des affaires où des civils de la bande de Gaza ont été tués ». 

Alvaro Lagresa, Responsable de programme Mashreq à EuroMed Droits 

Source : EUROMED
https://euromedrights.org/fr/…