Par Luc Michel

# RADIO.LUCMICHEL/ 
INTERVIEW DE LUC MICHEL POUR PRESS TV DU 01 10 2022/ L’ANGLETERRE EPICENTRE DE LA CRISE ECONOMICO-SOCIALE SUSCITEE PAR LE COUT EXORBITANT DE LA GUERRE AMERICAINE EN UKRAINE

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Dans la capitale Londres, des centaines de personnes se sont rassemblées samedi pour protester contre la hausse des prix qui pèse lourdement sur le pouvoir d’achat.

Les gens se rassemblent dans un certain nombre d’endroits, dont Queen’s Gardens et Hull City Centre, pour appeler à l’action. Des représentants du Parti travailliste d’opposition et des syndicalistes prononcent des discours, manière de fustiger la situation et l’action du gouvernement.  Les gens ont appelé des célébrités à se joindre à eux. Ils exigent des salaires plus élevés pour les travailleurs et des impôts pour les riches.

Le coût de la vie augmente au Royaume-Uni depuis le début de 2021 et a atteint près de 10 % en août 2022, du jamais vu depuis 30 ans. La crise a affecté l’accès sûr et facile à des biens et aux services pour les ménages.

Avec une inflation proche de 10% et des tarifs de l’énergie qui ont doublé en un an, de nombreux ménages britanniques se demandent s’ils vont pouvoir payer leurs factures cet hiver.

Dans le viseur des manifestants, le nouveau gouvernement dirigé par Liz Truss est accusé d’avoir privilégié les ménages les plus aisés en annonçant des baisses d’impôts. Selon un récent sondage, 51% des personnes interrogées souhaitent la démission de la Première ministre, en poste depuis à peine un mois.

Luc Michel, géopoliticien, nous donne plus d’explications.

AVEC LIZ TRUSS, LE ROYAUME-UNI S’ENFONCE DANS LA CRISE

La première ministre, qui préside le congrès annuel de son parti, les tories, est sous le feu des critiques.

Après l’annexion par Vladimir Poutine de territoires ukrainiens, un site satirique britannique a titré qu’en représailles le Royaume-Uni envisageait de placer Liz Truss une semaine à la tête de l’économie russe… La presse «sérieuse» n’est guère plus tendre avec la nouvelle première ministre, depuis la tempête financière qu’elle a déclenchée dès ses premiers pas. Et c’est sous pression et déjà fragilisée qu’elle va présider à Birmingham le congrès annuel d’un parti conservateur à l’humeur bien sombre.

Pour un chef de gouvernement britannique, rarement «lune de miel» aura été si courte. D’autant que toute vie politique a été gelée deux semaines, après la mort de la reine Elizabeth II. Enclenché avant l’annonce du décès royal, le premier acte politique de Liz Truss avait été bien accueilli, puisqu’il débloquait quelque 150 milliards de livres pour soulager les factures énergétiques des foyers comme des entreprises britanniques. La période de deuil passée …

GREVE AU ROYAUME-UNI : « LE GOUVERNEMENT DE LIZ TRUSS SE BOUCHE ACTIVEMENT LES OREILLES » FACE A LA COLERE SOCIALE, ESTIME UNE SPECIALISTE

Après les annonces de la Première ministre sur sa politique économique, un nouveau mouvement de grève est prévu sur les rails pour une augmentation des salaires. « Il peut y avoir un effet d’entraînement », prévoit Clémence Fourton :

« Non seulement le gouvernement de Liz Truss n’entend pas la colère sociale, mais il se bouche activement les oreilles », a déclaré vendredi 30 septembre sur franceinfo Clémence Fourton, maîtresse de conférences en études anglophones à Sciences-Po Lille, alors qu’un nouveau mouvement de grève est annoncé à partir de samedi 1er octobre sur le rail britannique pour des augmentations de salaires face à l’inflation, qui atteint presque les 10%. Les nombreuses grèves dans le pays depuis juin avaient été interrompues pour les funérailles d’Elizabeth II. « Il peut y avoir un effet d’entraînement, de construction d’un mouvement interprofessionnel plus large », estime la spécialiste.

franceinfo : Faut-il s’attendre à un octobre noir dans les transports ?

Clémence Fourton : C’est sûr que la situation sociale au Royaume-Uni est assez conflictuelle actuellement. Je pense effectivement qu’on va vers une intensification de cette colère sociale du fait de l’arrivée au pouvoir de Liz Truss et des premières mesures économiques qu’elle a annoncées il y a maintenant une semaine. Ces mesures, économiques, les baisses d’impôts et le bouclier tarifaire, ne me semblent pas en mesure d’apaiser la situation, pour plusieurs raisons. Premièrement, sur le plan symbolique, ces baisses d’impôts concernent seulement les 1% les plus riches de la population britannique. Le symbole est assez violent pour les personnes qui ont du mal à finir les fins de mois. Deuxièmement, ces choix budgétaires aggravent la situation économique et financière du Royaume-Uni, puisqu’on a vu dans la semaine passée un effondrement de la livre sterling, qui est maintenant égale à peu près à un dollar, ce qui est tout à fait inédit dans l’histoire économique du pays. Cela va probablement se traduire par une hausse des prix encore plus forte.

Cela veut-il dire que les mesures que prend en ce moment le gouvernement britannique vont aggraver la situation et risquent donc de relancer ces mouvements sociaux ?

Oui, tout à fait. En fait, ce nouveau gouvernement fait le pari de la croissance en voulant attirer l’investissement au Royaume-Uni. Cependant, nous sommes en droit de douter de l’efficacité de ces mesures puisque c’est un pari à long terme, alors qu’il y a une urgence sociale actuellement avec cette inflation à 10%. Je pense qu’il y a une forme de radicalisation de la politique libérale. C’est un pari qu’ils font, mais qui va vraiment encore plus loin que ce qui s’était fait jusqu’à présent au Royaume-Uni dans cette forme de dérégulation de l’économie. Non seulement ce gouvernement n’entend pas la colère sociale, mais j’irais même plus loin en disant qu’il se bouche activement les oreilles. En plus de ces allègements d’impôts des plus fortunés, le gouvernement a également annoncé des mesures anti-syndicales, de restriction du droit de grève qui est déjà très restreint au Royaume-Uni, avec des obligations encore accrues de service minimum. Pour moi, c’est un gouvernement qui va vraiment au clash avec le mouvement social et le mouvement syndical.

Le mouvement, notamment samedi dans les compagnies de trains du pays, peut-il s’étendre à d’autres secteurs ?

Oui, c’est un mouvement qui se construit depuis le mois de juin. Il y a aussi les ports avec les dockers. Il y a également les postiers, des téléconseillers, des infirmières, des avocats. Cette multiplication de secteurs en grève est tout à fait frappante. Effectivement, il peut y avoir un effet d’entraînement, de construction d’un mouvement interprofessionnel plus large.

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