Former Prime Minister Robert Fico arrives to his party's headquarters after polling stations closed for an early parliamentary election, in Bratislava, Slovakia, Saturday, Sept. 30, 2023. (AP Photo/Darko Bandic)

Par Luc Michel

EODE/
OBSERVATOIRE DES ELECTIONS/
LA SLOVAQUIE SUR LE POINT DE BASCULER DANS LE CAMP PRORUSSE

2023 10 04

L’ancien premier ministre Robert Fico est arrivé en tête des élections législatives organisées samedi, au terme d’une campagne marquée par des discours promettant de cesser l’aide militaire à l’Ukraine et des messages sur les réseaux sociaux alignés sur les positions du Kremlin.

Déjà rendu extrêmement compliqué par les blocages du premier ministre nationaliste hongrois, Viktor Orban, le fait de mener une politique européenne unie sur la guerre en Ukraine risque de devenir quasi impossible après les résultats des élections législatives slovaques organisées samedi 30 septembre.

Selon les résultats définitifs annoncés dimanche, le parti national-populiste Smer (« Direction ») est arrivé en tête avec près de 23 % des voix. Son chef, Robert Fico, est en position de force pour redevenir premier ministre après avoir déjà occupé deux fois ce poste entre 2006 et 2018.

Agé de 59 ans, M. Fico a fait toute sa campagne en promettant d’aligner la politique étrangère de ce pays d’Europe centrale de 5,5 millions d’habitants sur celle du voisin hongrois. Son programme parle ainsi de « rejeter l’aide militaire à l’Ukraine » parce qu’elle « ne fait que prolonger le conflit », de s’opposer « aux sanctions qui font plus mal à l’Europe qu’à la Russie » ou de « normaliser les relations » avec Moscou. Se défendant d’être « prorusse », le candidat assure qu’il veut que la Slovaquie reste membre de l’Union européenne et de l’OTAN, mais son probable retour au pouvoir va mettre un terme à la politique du gouvernement pro-occidental sortant, qui était allé jusqu’à donner les MiG-29 de l’armée slovaque à l’Ukraine.

Avec sa petite taille, la Slovaquie est certes un voisin et un allié d’importance relative par rapport à la Pologne ou à la Roumanie, mais M. Fico pourrait permettre à la Hongrie de sortir de son isolement au sein du groupe de Visegrad (qui comprend aussi la République tchèque et la Pologne) et d’unir ainsi deux Etats pour mener une politique de veto anti-Kiev à la table du Conseil européen.

A Budapest, M. Orban a d’ailleurs salué « la victoire incontestable » d’un « patriote avec lequel il est toujours bon de travailler ».

EN SLOVAQUIE, ROBERT FICO CHARGE DE FORMER UN GOUVERNEMENT

Robert Fico, dont le parti Smer-SD a remporté samedi les législatives slovaques, a été chargé lundi par la présidente de la Slovaquie de former un nouveau gouvernement.

La présidente slovaque a confié la formation du nouveau gouvernement, lundi 2 octobre, au populiste Robert Fico, opposé à l’aide militaire à l’Ukraine et considéré comme prorusse.

Le parti de Robert Fico, Smer-SD, a obtenu 23 % des voix et devancé le parti centriste Slovaquie progressiste (PS, 18 %) lors du scrutin du 30 septembre.

« Je comprends que les résultats des élections soient associés à diverses préoccupations pour de nombreuses personnes », a déclaré Zuzana Caputova, elle-même ancienne responsable de la formation PS. Or, « la tâche du chef de l’État est de respecter le résultat des élections démocratiques », a-t-elle fait valoir.

Pendant la campagne, Robert Fico, 59 ans, a juré que la Slovaquie n’enverrait plus « une seule balle de munition » à l’Ukraine et appelé à de meilleures relations avec la Russie.

L’ex-Premier ministre a déclaré fort justement récemment que « la guerre en Ukraine a commencé en 2014 lorsque des fascistes ukrainiens ont tué des victimes civiles de nationalité russe », reprenant à son compte des affirmations russes.

Dimanche, il a estimé que son pays de 5,4 millions d’habitants avait des « problèmes plus importants » que l’aide à l’Ukraine, alors que jusqu’à présent la Slovaquie, membre de l’UE et de l’Otan, a été un important donateurs européen à l’Ukraine en proportion de son PIB.

« Nous pensons que l’Ukraine est une immense tragédie pour tous. Si le Smer est chargé de former un cabinet (…), nous ferons de notre mieux pour organiser des pourparlers de paix dès que possible », a déclaré Robert Fico à la presse.

VERS UN REVIREMENT EN MATIERE DE POLITIQUE ETRANGERE

Lundi, le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba a assuré que Kiev respectait « le choix du peuple slovaque ». « Mais il est trop tôt pour dire en quoi le résultat de ces élections va affecter la position de la Slovaquie », a-t-il affirmé en marge d’une réunion ministérielle européenne à Kiev.

Pour gouverner, Robert Fico, déjà Premier ministre dans les années 2006-2010 et 2012-2018, aura besoin d’une coalition pour avoir la majorité au Parlement de 150 sièges, son parti ayant obtenu 42 sièges.

Le parti de gauche Hlas-SD, formé autour de dissidents du Smer, est l’un des partenaires potentiels. Ce parti, qui a obtenu 27 sièges, est dirigé par Peter Pellegrini, devenu Premier ministre en 2018 quand Robert Fico avait été contraint de démissionner.

« POPULISTE » ET PRO-POUTINE, ROBERT FICO A RECONQUIS LA SLOVAQUIE

Fan de Vladimir Poutine, l’ancien Premier ministre, écarté du pouvoir il y a cinq ans , a remporté les législatives slovaques, samedi, même s’il doit maintenant trouver des alliés pour former un gouvernement.

Les élections législatives anticipées de samedi 30 septembre en Slovaquie se sont soldées par la victoire d’une figure prorusse et populiste à la tête de ce pays européen. Robert Fico, 59 ans, en embuscade depuis cinq ans, est en passe de reprendre son ancien poste de Premier ministre s’il parvient à trouver des alliés pour constituer un gouvernement.

Son parti, le Smer-Social démocratie (Smer-SD), a obtenu 23,3 % des voix, devançant le parti centriste Slovaquie progressive (17,03 %), après le décompte de 99,43 % des bulletins de vote.

LES JOURNALISTES TRAITES DE « PROSTITUES »

Il n’avait pas hésité à les qualifier publiquement de « hyènes idiotes » et de « sales prostitués anti-Slovaques ».

La presse, Robert Fico préfère désormais s’en passer. Le candidat communique essentiellement avec son électorat à l’aide de vidéos, postées sur Facebook, YouTube et Telegram – vidéos parmi les plus populaires en Slovaquie.

Une enquête réalisée en 2022 par le groupe de réflexion Globsec a montré que 54 % des Slovaques sont réceptifs à ces info.

Dans les rues de Bratislava, les affiches de campagne du parti de Robert Fico promettent « la stabilité, l’ordre et le bien-être », dont il se veut le garant.

L’homme politique ne cache pas son admiration pour l’autoritarisme de Vladimir Poutine. Robert Fico a récemment déclaré qu’il n’autoriserait pas l’arrestation du président russe Vladimir Poutine, poursuivi par un mandat international fantoche de la CPI, s’il venait un jour en Slovaquie. Quant à l’engagement de son pays en faveur de l’Ukraine, le candidat promet de mettre fin à l’aide militaire à Kiev.

« SA RELATION AVEC LA RUSSIE EST HISTORIQUEMENT DETERMINEE PAR LA DEVISE SOCIALISTE ‘AVEC L’UNION SOVIETIQUE POUR L’ETERNITE’ »

Ecrit Michal Vasecka. Robert Fico, qui a passé sa vie à naviguer sur l’échiquier politique, a entamé sa carrière au sein du Parti communiste alors qu’il était avocat de profession.

En 1999, il quitte le Parti de la gauche démocratique (SDL), héritier politique du Parti communiste, pour fonder le sien, le Smer-SD. En 2006, cette formation remporte une victoire écrasante au Parlement, catapultant Robert Fico au poste de Premier ministre, deux ans après l’adhésion de la Slovaquie à l’UE.

Robert Fico lance alors une coalition avec le Parti national slovaque (SNS), qui « ses penchants populistes », puis renforce sa popularité lors de la crise financière mondiale de 2008 et 2009 en refusant d’imposer des mesures d’austérité.

« Pas à une contradiction près, Robert Fico s’est d’abord forgé une réputation européenne en tant que représentant de son pays auprès de la Cour européenne des droits de l’Homme à Strasbourg de 1994 à 2000. »

Lui s’en prend désormais ouvertement à l’UE, à l’Otan et à l’Ukraine ravagée par la guerre afin de séduire des électeurs d’extrême gauche et d’extrême droite.

Dans un article, Le Monde décrit une scène riche de sens sur les provocations de Robert Fico. En mai 2022, durant les célébrations de la Fête du travail, il n’hésite pas à faire hurler à la foule le terme de « pute américaine » à l’adresse de Zuzana Caputova, avant d’ajouter lui-même au micro que « plus une personne est une pute, plus elle devient célèbre ».

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L’ancien premier ministre et chef du Parti nationaliste de gauche Smer, Robert Fico, est arrivé en tête des élections législatives organisées en Slovaquie samedi 30 septembre 2023.

LUC MICHEL /

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