Par Leila Mazboudi

La relation entre « Israël » et les Etats-Unis est bien affectée par la crise causée par la réforme judiciaire que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu tente de faire adopter dans la Knesset. Décrié par l’opposition qui n’a cessé de manifester contre elle depuis une douzaine de semaines, cet amendement qui veut réduire le pouvoir de la Cour suprême en faveur du gouvernement et du parlement israéliens ne dispose pas de l’appui de la Maison Blanche. Mais cette dernière a gardé un ton pondéré, insistant dans ses communiqués sur la nécessité de parvenir à un compromis. Sans être entendue.

Son ton est monté lorsque Netanyahu a démis de ses fonctions de ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant. Selon les médias israéliens, citant des sources américaines, cette démarche a surpris l’administration américaine laquelle a alors entrepris des tractations avec les conseillers sur la riposte à donner. L’une des propositions qui ont été faites est d’annuler son invitation au Sommet démocratique de la Maison Blanche prévu cette semaine pour l’inciter à suspendre la réforme.

Une lettre secrète

À l’issue de ces tractations à la Maison Blanche, les conseillers ont décidé de prendre deux démarches : une publique et une secrète.
Dans la première, un communiqué a été publié via les médias, par la voix du porte-parole du Conseil de sécurité nationale pour exprimer la profonde inquiétude de la situation incitant Netanyahu à parvenir à un règlement.

La seconde a été une lettre secrète de Biden à Netanyahu qui lui a été transmise par le biais de l’ambassadeur des Etats-Unis en « Israël ».
Dans cette lettre écrite avec un ton plus sévère que le communiqué livré aux médias, Biden fait part à Netanyahu qu’il s’attendait à ce qu’il se renonce à la réforme judiciaire.

Le mardi 28 les conseillers de Biden ont décidé de la rendre publique.
Le jour même, Biden annonçait que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu ne serait pas invité à la Maison Blanche. Le Premier ministre israélien venait de reporter l’adoption des projets de loi de sa reforme en deuxième et troisième lectures pour après les fêtes de Pâques. Sans y renoncer.

« Comme beaucoup de fervents partisans d’Israël, je suis très inquiet. Je crains qu’ils ne comprennent cela. Ils ne peuvent pas continuer dans cette voie. Netanyahu ne sera pas invité à la Maison Blanche à court terme », a déclaré Biden, cité par les médias américains.

Ce à quoi Netanyahu a répliqué le lendemain en déclarant qu’Israël « ne prend pas ses décisions compte tenu des pressions étrangères ».
« Israël est un pays souverain [qui] prend ses décisions par la volonté de son peuple et non sur la base des pressions de l’étranger, y compris des meilleurs amis ».

« Israël » n’est pas une étoile sur le drapeau américain

Mais il a par la suite essayé de calmer les tensions et a demandé aux ministres de son gouvernement et aux députés du Likoud de ne pas exprimer leurs points de vue sur les relations avec les Etats-Unis dans les médias. En vain.

Son ministre de la Sécurité nationale Itamar ben-Gvir n’a pu s’empêcher de déclarer que Washington « doit comprendre qu’Israël est un pays indépendant » et « non une autre étoile sur le drapeau américain ».

« Alors qu’Israël apprécie le régime démocratique là-bas (aux États-Unis), c’est précisément pour cette région qu’ils doivent comprendre qu’Israël est un pays indépendant et non plus une étoile sur le drapeau américain », a-t-il pesté à la radio de l’armée israélienne sur Mercredi matin.

« Cela devrait être clair partout dans le monde – les gens ici sont allés aux élections et ils ont leurs propres désirs », a-t-il ajouté, cité par le Times of Israel.

Même son de cloche de la part du député du Likoud Nissim Vaturi qui a affirmé que le régime sioniste est « probablement plus démocratique » que les USA.
« Si nous devons nous protéger, nous le ferons sans les États-Unis s’ils ne nous soutiennent pas », a-t-il déclaré à la radio israélienne 103FM.

Un autre député du Likoud, Dan Illouz, a déclaré : « L’intervention répétée de l’administration américaine n’indique pas une relation entre amis et est inacceptable. La politique intérieure d’Israël n’appartient qu’à Israël, et cela doit rester ainsi ».

Les membres de la Knesset doivent se taire

Ces propos ne sont pas sans faire grincer des dents certains médias.

Selon le quotidien israélien de gauche Haaretz, « Biden a jeté aux visages des Israéliens toute la vérité ».
« L’humiliation de Biden montre clairement comment le monde occidental voit Israël aujourd’hui », a-t-il titré sa diatribe.

Le journal Maariv a pour sa part, indiqué que des sources sécuritaires lui ont fait part que la coopération sécuritaire entre les Etats-Unis et « Israël » pourrait être sérieusement affectée si les divergences perdurent entre Netanyahu et l’administration américaine.

Israel Hayom a lui aussi adopté un ton alarmiste estimant dans un billet intitulé « Carte jaune de Washington » que « sans l’aide des Etats-Unis Israël est bien plus faible et plus altérable et ceux qui croient autre chose ne comprennent rien ».
« Les membres de la Knesset devraient fermer leur bouche et s’abstenir de dire des absurdités nuisibles en réponse à l’inquiétude exprimée par Biden », a sommé le site israélien.

Source: Divers

Source : Al Manar
https://french.almanar.com.lb/…